Les privilèges.
L'élection de Bruxelles.
La dîme en Belgique.
2° Au point de vue des électeurs pour 1890,
les libéraux en ont 25, les cléricaux 23
3° Au point de vue des diplômés, majeurs et
mineurs, les libéraux en ont 46, les cléricaux 42.
Nous pourrions borner ici notre démonstra
tion, elle doit crever les yeux aux plus myopes.
Nous tenons cependant faire observer que ces
résultats nous sont acquis malgré les conditions
les plus mauvaises pour notre parti. Voyez la
composition des jurys et dites-nous, là sincère
ment, si les catholiques ont des raisons pour s'en
plaindre De 48 membres qui composent les
différents jurys de l'arrondissement judiciaire
d'Ypres, on compte 40 cléricaux, 3 douteux et 5
libéraux, et cela ne fait rien et cela ne donne
aucune force Nous savons bien qu'il n'y a rien
de juste, d'impartial, de franc, de sincère et de
droit comme un bon clérical, mais on a beau
dire, nous sommes de l'avis de M. de la Palisse,
les amis ne sont pas des ennemis. Et malgré cela
nous en sortons sans trop de horions, comme le
prouvent nos chiffres. Cela fait honneur nos in
stituteurs officiels et nous pourrions, l'exemple
du Journal, profiter de l'occasion pour rendre
ces vaillants pionniers un hommage bien mérité,
mais quoi bon Leur mérite est connu. D'ail
leurs leur modestie s'en trouverait mal l'aise
et se passe facilement de tout ce tambourinage
que nous laissons pour les leurs aux Mengins de
la réclame cléricale. Leur devoir a toujours été
leur unique guide, et, sourds aux sollicitations
emmiellées de ceux qui voulaient les détourner
de la ligne droite, la seule voie de l'honneur, ils
ont, fidèles leur poste, respectueux de leurs
engagements, toujours su repousser avec indi
gnation toute offre tendant en faire des capi-
tulards ou des déserteurs.
Moralité. Croyez en Dieu, mais ne croyez pas
au Journal cCYpres.
La majorité parlementaire vient encore de
prouver d'une singulière façon, en adoptant
au premier vote le projet de loi consacrant un
privilège pour les sommes dues raison de
fournitures d'engrais, sa bienveillance pour
l'agriculture.
On réclame cor et cri la constitution du
crédit agricole; la Chambre, des membres
démontrent fort nettement que ce qui s'oppose
cette constitution, ce sont les privilèges nom
breux qui étreignent le cultivateur; que ces
privilèges l'empêchent de se procurer bon.
marché l'argent qui lui est indispensable, dans
la crise qu'il traverse, pour améliorer son ex
ploitation et sortir de peine; que, s'il se procure
de l'argent, il pourra acheter au comptant, et
dans de bonnes conditions, les semences, l'en
grais, les ustensiles dont il a besoin.
Et la majorité conclut... en ajoutant un pri
vilège de plus tous ceux qui empêchent le
malheureux de se remuer.
M. Pirmez a examiné de haut la question des
privilèges, et sa démonstration ingénieuse,
approuvée par la gauche et par des membres
de la droite, vaut la peine qu'on y revienne.
En droit commun, les biens d'un débiteur
doivent, en cas de liquidation, être répartis en
tre tous les créanciers proportionnellement
l'importance des créances.
Le privilège consiste attribuer un créan
cier plus que sa part dans l'avoir du débiteur,
lui donner ce qui devrait revenir tous.
On inscrit le marchand d'engrais parmi les
privilégiéssans examiner quels autres créan
ciers son; frustrés son pront.
L'étude s privilèges conduit aux remar
ques les plus curieuses.
Le privilège primant tous les autres est celui
des frais funéraires. Il a son origine dans le
droit romain, et pour justification première des
considérations d'hygiène..-
Le législateur ne voulait pas que les corps
fussent privés de sépulture. C'était tout.
Aujourdhut le privilège s'est etendu toutes
les cérémonies dont la vanité des familles se
plaît entourer les funérailles. On paiera les
cierges, les chantres, les tentures par des pré
lèvements sur le salaire des ouvriers et des
domestiques impayes, sur les capitaux con
fies au défunt I
Le privilège des médecins dérive du privi
lège des frais funéraires qui comprenait les
produits nécessaires l'embaumement. Puis
qu'il y avait privilège pour ce qu'on met dans
le corps du mort afin de le conserver, le moyen
âge trouva juste de privilégier aussi ce qu'on
avait mis dans le corps du vivant pour le gué
rir, c'est-à-dire les remèdes du pharmacien.
Les soins du médecin s'y rattachèrent; autrefois
les deux se confondaient.
11 s'agissait des frais de la dernière maladie
seulement. Si le malade guérissait, sa maladie
n'était plus la dernière, et le médecin per
dait son privilège. La loi moderne trouva le cas
dangereux, et décida que les frais de maladie
seraient toujours privilégies.
Mais pourquoi préférer le médecin et le phar
macien ceux qui ont fourni aux besoins les
plus impérieux du débiteur et de sa famille
Autre bizarrerie noter les frais de mala
die de la femme et des enfants ne jouissent pas
du privilège! Voyez quelle perversion de la mo
rale D'après la loi, le chef de la famille ne doit
pas sa femme et ses enfants les mêmes soins
qu'à lui-même; c'est ce qu'il dépense en soins
pour lui seul qui constitue une dette sacrée
Et cependant si cet homme appelle un vé
térinaire pour soigner un de ses bœufs, les
soins donnés au bœuf jouissent du privilège
refusé aux soins donnés la femme et aux en
fants
La loi accorde le privilège pour les subsistan
ces fournies pendant les six derniers mois au
débiteur et sa famille; elle ne l'accorde pas
pour les vêtements. En quoi, pourtant, le bou
cher, le boulanger et le brasseur méritent-ils
plus d'être payés que celui qui a fourni des
vêtements et des souliers des malheureux en
hiver
Et pourquoi favorise-t-elle le crédit en ce
qui» concerne les choses qui se consomment
tous les jours, celles qu'il importe le plus de
payer comptant
Le privilège du propriétaire est exhorbitant.
Il peut tout prendre au débiteur, faire vendre
jusqu'à son dernier pain. 11 a un privilège sur
les marchandises qui garnissent le magasin
d'un failli; celui qui a fourni cette marchan
dise, et qui a engagé son capital, ne sera pas
payé; le propriétaire, qui n'a engagé que son
revenu, le sera. N'est-ce pas une iniquité?
Le propriétaire d'une ferme a le droit d'aller
reprendre le bétail vendu par son fermier aux
mains de celui qui l'a acheté et payé au mar
ché
En matière commerciale, la marchandise li
vrée est libre en mains de l'acheteur. Le ven
deur perd tout droit la marchandise qui est
restée intacte ou qui est mise en fabrication. Le
marchand de minerais n'a aucun droit sur la
fonte fabriquée avec son minerai, le fournisseur
de coton sur les fils fabriqués avec son coton.
Pourquoi, alors, accorder un privilège au
marchand de semences et d'engrais sur la ré
colte produite par sa semence et son engrais?
On se trouve en présence de deux régimes
le régime industriel, sans privilèges, qui a dé
veloppé au plus haut point le crédit, et le ré
gime agricole, avec privilèges, qui anéantit le
crédit. Pour venir en aide au cultivateur, qui a
besoin de crédit, la Chambre ne trouve rien
faire que de constituer un privilège nouveau
Le privilège tue la confiance. Un homme
dont les biens sont grevés d'hypothèques perd
son crédit. Et pour donner du crédit au culti
vateur, on i'accab'e d'hypothèques.
Ce sont les idées de l'ancien régirae,dèfavo-
rableau prêt intérêtqu'il condamnait comme
usure, ce sont ces idées qui subsistent. Le Code
en est resté imprégné. Comment favoriser le
crédit agricole en restant attaché un regimè
qui condamnait le crédit?
Des amis politiques, même d'être fort bien
renseignés nous ont déclaré que M. Paul
Janson serait disposé accepter une candida
ture aux Chambres, en donnant son élection
le caractère que nous indiquions dans un de
nos derniers numéros celui d'une protestation
contre les procédés de.Bas-Empire employés
par notre gouvernement.
L'éminent avocat mettrait cependant deux
conditions son acceptation.
Dabord, ce tjui est juste, que sa can
didature fut agreée par Association libérale
dont il est membre.
Ensuite, que si un autre candidat libéral lui
était opposé, les deux fractions libérales pris
sent lengagemenl de se rallier au ballottage
contre l'ennemi commun.
Nous souhaitons que ces renseignements
soient exacts.
S'ils se confirment, l'attitude de M. Janson
serait si patriotique, que nul candidat libéral
ne serait sans doute disposé faire les affaires
des cléricaux en lui disputant son siège.
D'après le compte-rendu du Journal de
Bruxelles, la séance tenue le 1r Mai, par la 3°
section du Congrès de Malines, sous la prési
dence de M. Woeste, un M. Tykort, professeur
l'Université de Louvain, a émis le vœu sui
vant
Ce vœu n'a pas rencontré une seule protes
tation.
La dîme en effet manque encore au bonheur
des curés et des moines.
Elle sera rétablie avec le reste de l'ancien ré
gime.
Mais que penseront les fermiers de cette me
nace de leur bons amis les cléricaux, ces sin
cères amis de l'agriculture
A qui devrait profiter l'établissement d'un
impôt sur les céréales
Aux cultivateurs, aux fermiers, disent les
cléricaux.
Aux propriétaires, avons-nous toujours dit.
Qui a raison
Le Courrier de Nivelles va nous l'apprendre
Nous avons eu celte semaine sous les yeux, écrit-il, un
bail récemment passé entre un fermier de notre arrondis
sement et un gros propriétaire... clérical (fervent défen
seur des droits protecteurs), lequel bail stipule une
majoration de loyer pour le cas où il serait établi une taxe
douanière l'entrée des grains en Belgique
Cette majoration serait proportionnelle l'importance
du droit et semblerait devoir dépasser le profit aléatoire
que le fermier attend des mesures protectionnistes qu'on
ne cesse de lui promettre, mais qu'on ne lui accorde ja
mais
Voilà donc un contrat qui dès présent ex
ploite un impôt éventuel. 11 y en a sans doute
beaucoup de ce genre. Maisen supposant
même qu'il n'y en ait guère, qui empêcherait
les propriétaires de majorer les fermages une
fois l'impôt voté
C'est décidément au mois d'Octobre que se
réunira, Bruxelles, la conférence internatio
nale dont l'Angleterre a pris l'initiative, pour
mettre fin au commerce des esclaves auquel les
Arabes se livrent sur le continent noir.
Chronique
a Lorateur souhaite qu'une révolution paci-
fique nous rende la dîme qu'une révolution
sanglante nous a enlevée. LE FERMIER
PAIERAIT EN PROPORTION DE LA RE-
COLTE.
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