S0 44. Dimanche, 49e ANNÉE. 2 Juin 1889. or JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. Chemin de fer. Résumé politique. Un aveu. Ia 6 FRANCS PAR AN. PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00 Idem. Pour le restant du pays7-00. tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20. INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25. Insertions Judiciaires la ligne un franc. Pour les annonces de France et de Belgique s'adresser l'Agence Havas, Bruxelles, 89, Marché aux Herbes. Heures de départ d'Ypres pour Poperingbe, 6-50 9-09 10-00 12-07 3-00 4-00 6-42 9-05 9-58. Poperinghe-Hazebrouck, 6-50 12-07 6-42. Houthem, 5-30 8-20 11-16 5-20 7-50. Comines, 5-30 - 8-05 8-20 - 9-58 10-10—11-16 2-41 2-53 5-20 7-50 8-58. Comines-Armentières, 5-308-05—11-16—2-53—8-58 Roulers, 7-45—10-45— 12-20 2-45 -4-10 6-42 Langemarek-Ostende, 7-16 -9-57— 12-173-56 6-21 -8-14. Court rai, 5-30 8-20 9-58 11-16 2-41 5-20 7-50. Courlrai-Bruxelles, 5-30—9-58—11-16—2-41 5-20. Courtrai-Gand. 5-30 8-20 11-16 2-41 5-20. un débat extrêmement tumultueux s'élevait la Chambre des députés de France. Nous allons résumer leB faits aussi succincte ment que possible. M. Laguerre, un des rares amis qui persistent suivre la fortune du géné ral Boulanger, a cru utile de réveiller le souve nir, un peu assoupi,de ce dernier, en interpellant le gouvernement au sujet de la haute cour de justice. Bien entendu, M. Laguerre n'avait pas un désir immodéré d'apprendre où en étaient, au juste, les travaux de la commission. Il avait pour cela des raisons diverses. D'abord, il savait, comme tout le monde, que les travaux de la commission d'instruction sont absolument se crets, et ensuite, il doit avoir le pressentiment qu'il pourrait bien être impliqué dans les pour suites, qui ne visent jusqu'à présent que le général, MM. Dillon et Henri Rochefort. Mais l'occasion était bonne pour dire la commission du Sénat et la haute cour de jus tice des choses désagréables, et M. Laguerre n'y aurait pas manqué mais M Méline, le prési dent, lui a fait remarquer que la Constitution interdisait dans la Chambre des députés toute attaque contre le Sénat. Il a donc refusé de laisser mettre l'interpella tion en discussion. Mais cela ne faisait pas les affaires de la droite, qui s'est mise protester avec une violence extrême, au point que M. Paul de Cassagnac s'est emporté jusqu dire Î[ue la haute cour était une parodie ignoble de a justice. Rappelé l'ordre par le président, M. de Cas sagnac a maintenu sou injure, ce qui lui a valu la censure, votée par la Chambre par 308 voix contre 203. On croyait l'incident clos,quand M. Andrieux, l'ancien préfet de police, est monté la tribune pour accuser certains ministres d'avoir trans- formé leurs cabinets en je ne sais quelle s officine de renseignements policiers au profit de la haute cour, en une sorte d'agence Tri- coche et Cacolet pour préparer de faux témoi- gnages l'aide de fonds secrets. M. Tirard, le chef du cabinet a bondi sous l'accusation et a mis M. Andrieux en demeure de s'expliquer séance tenante. L'explication a été quelque peu embarrassée. M. Andrieux n'a vait fait, disait-il, que rapporter des bruits qui couraient. On était convaincu dans le public que le gouvernement faisait durer l'instruction afin d'exercer une pression sur le corps électoral. C'est le ministre de la justice qui a répondu. Il a affirmé que le gouvernement était absolu ment étranger aux travaux de la commission, et la Chambre, convaincue de la sincérité de cette déclaration, a voté l'ordre du jour pur et simple sur la demande d'interpellation de M. Andrieux. Beaucoup de bruit, en somme, et de mauvais bruit, pour rien. Mais n'est-ce pas une étrange coïncidence que le retentissement fait autour du rôle joué par les ministres belges dans l'af faire du complot de Châtelet ait eu son écho sous les voûtes du Palais-Bourbon et qu'on ait posé là aussi la question de savoir si de faux témoins n'étaient pas mêlés des instructions judiciaires par les membres du gouvernement. Ypres, le lr Juin 1889. Quand un adroit adversaire nous fait au moyen de dés pipés, il est naturel que nous ne nous laissions pas prendre une seconde fois la même manœuvre. Celte précaution s'impose non seulement en jeu, mais encore en toutes choses où la vérité et la sincérité doivent être la base de l'opéra tion. Cette logique est élémentaire, mais nous avons le regret de devoir constater que nous ne la suivons pas toujours en politique, quoique ce soit surtout en cette matière que la sincérité dans les convictions doive le plus être prise en considération. Tayllerand a dit que la parole est donnée l'homme pour déguiser sa pensée. Nos adver saires abusent de cet aphorisme. En examinant leur plate forme électorale, on doit dire que les déclarations des candidats, qui briguent des mandats politiques, sont rédigées exclusive ment pour tromper les électeurs. Les professions de foi sont arrangées une nouvelle sauce la mode en vue de faire passer les mets les plus indigestes. 'Nous le savons de longue date, c'est le parti clérical surtout qui excelle en l'art de préparer cette sauce électorale la plus adaptable aux goûts des électeurs, en l'art de déguiser la pensée. La raison en est bien simple. Ce parti n'a pas la raison pour base et il se compose d'électeurs ignorants qui suivent aveu glément les désirs ou les ordres de leur curé. Ils n'ont qu'un but, qu'une croyance sauver leur âme, lui préparer les délices éternels. Auprès de ceux-ci point de raisonnement. Pas moyen de leur faire comprendre que l'alimen tation du corps n'a pas plus de rapport avec lame, que la culture d'un champ de trèfles ou de pommes de terre. A ces électeurs il n'y a rien dire, rien faire. On ne peut les régéné rer qu'en les remplaçant par une nouvelle couche pourvue d'une bonne instruction. Aussi longtemps que ce parti était sanr- autre direction que celle de l'église, il n'y avait pas grand mal. Mais aujourd'hui la comédie a éten du son empire de ce côté. Des farceurs, des am bitieux, des libéraux masques, aux fins de se voir octroyer des places, des honneurs, se sont faufilés dans les rangs de l'ignorantisme et sont parvenus, grâce nos funestes divisions, ren- 'orcef ce parti. C'est ainsi que nous nous aissons leurrer et que depuis 1880, sous toutes sortes de motifs futiles, l'opinion libérale se querelle et laisse le champ libre aux cléricaux, qui abusent de leur présence au pouvoir. Malgré les dures leçons que nous recevons tous les jours, il semble que celles-ci ont peu d'influence jusqu a présent pour ramener l'union au sein du parti libéral, dont le devoir est de démasquer et de chasser ces faux politiciens, qui ne font que tromper la nation. En effet, pour l eleetion de demain Bruxel les nous voyons de nouveau deux libéraux se disputer le siège au lieu de s'unir pour com battre le candidat clérical, qui arrive sur la scène avec des habits d'arlequin, sous la haute protection des indépendants. M. De Becker, ancien représentant clérical de Louvain, se présente aux suffrages des élec teurs de la capitale, appuyé la fois par les associations des cléricaux et des indépendants. Sa profession de foi est un amalgame de ce que peut produire la bêtise humaine. Elle aborde toutes les questions l'ordre du jour, sans don ner la solution d'aucune. C'est au moyen de pareils trucs qu'on est parvenu tromper le public. Ainsi pour la question ouvrière, il trouve Îu'on a beaucoup fait,mais qu'ibfaut continuer? es desiderata des anti-coopéraleurs sont son avis très sérieux, mais il faut y réfléchir? Pour la question flamande il est fils d un père fla mand et d'une mère wallonne. C'est donc un produit métis, qui promet tout, sauf la saine raison. 11 veut l'extension du suffrage, mais la Malou; c'est-à-dire au profit exclusif du cléricalisme. Cependant ce sur quoi il oublie de donner son opinion, c'est sur cette question pendante, la seule en cause, celle qui forme le problème moderne, savoir Faut-il que le pouvoir mon dain soit entre les mains des évêques, des curés et des vicaires ou bien entre les mains des re présentants de la société civile Pour nous, poser la question c'est la résoudre. M. De Becker est partisan de l'immixtion hy bride du clergé dans nos affaires gouverne mentales, de la suprématie du spirituel sur le temporel, comme tel il doit être combattu outrance par l'opinion libérale unie. Il faut que notre armée marche compacte et en rangs serrés pour écarter ce candidat idées multi colores. C'est le seul moyen d'avoir raison de l'outrecuidance cléricale et de faire rendre César ce qui est César. X. Si nous avions faire la parodie de la réunion qui a suivi l'élection du 26 Mai, au Cercle catholique, nous trouverions la besogne toute LE PROGRÈS vires acqcirit eundo.

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Le Progrès (1841-1914) | 1889 | | pagina 1