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N° 46. Dimanche,
49e ANNÉE.
9 Juin 1889
A
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Chemin de fer.
Résumé politique.
Les exploits du contrôleur.
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
VIRES ACQUIRIT EUR DO.
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D'assez nombreux correspondants de France
témoignent leur étonnement de ce que le gou
vernement belge n'ait pas envoyé des fonction
naires civils et militaires complimenter M.
Carnot pendant sa présence Calais pour l'inau-
guratiuu du nouveau port.
C'est une tradition, quand le chef d'un Etat se
rend dans une ville de son territoire voisine de
la frontière d'un Etat voisin, qu'une délégation
de courtoisie et de bon voisinage lui soit
envoyée.
On nous prie d'expliquer pourquoi cette tra
dition a été interrompue l'égard de M. le
S résident Carnot, que des souvenirs particuliers
e famille rattachent cependant l'histoire po
litique et militaire de notre pays.
Nous sommes assez embarrassé pour donner
cette explication. Il est évident qu'il n'est pas
entré dans la pensée de nos gouvernants, si
préoccupés qu'ils soient d'échapper l'orage
intérieur qui gronde sur leurs têtes, dé manquer
de courtoisie, même par omission, envers le
chef d'un état voisin et ami, qui a contribué si
vaillamment assurer notre indépendance
nationale.
Peut-être la tradition ne prescrit-elle la dé
monstration dont il s'agit que pour le cas où le
chef de l'Etat visite le chef-lieu du département
frontière.
Quoi qu'il en soit, l'abstention a été remar
quée, et il est fâcheux qu'on ait donné prétexte
de pareilles remarques.
Les nouvelles politiques manquent aujour
d'hui. On discute toujours la nouvelle conven
tion militaire entre l'Italie et l'Allemagne.
L'Autriche est particulièrement froissée de cet
arrangement qui l'isole et la met presque en
dehors de la triple alliance.
Il résulte de tout ce qui a été dit ce propos
que l'Italie et l'Allemagne ne songent plus qu'à
la guerre contre la France (c'est bien naturel de
la part de l'Italie, qui lui doit son existence), et
Î[ue, si une guerre éclatait entre l'Autriche et la
lussie, ni l'armée italienne, ni l'armée alle
mande ne mobiliserait un heul homme pour
^défendre l'allié autrichien.
En Hongrie surtout on est indigné de cette
sort* de conspiration contre l'empire austro-
hongrois, et des scènes d'une grande violence
ont eu lieu ces jours derniers la Chambre des
députés de Buaa-Pesth, où on a été jusqu'à ac
cuser de trahison le ministre Tisza.
En attendant, l'Autriche se prépare faire
une réception solennelle l'ex-roi Milan, ce qui
ne peut manquer d'avoir son contre-coup en
Russie, surtout si tout ce qui a été dit ces jours
derniers propos du toast de l'Empereur
Alexandre au prmee de Monténégro venait se
confirmer.
Les véritables nouvelles au point de vue
strïct du mot nous viennent aujourd'hui
d'Abyssinie. Avant de les reproduire, prévenons
qu'elles émanent d'une source italienne.
C'est une dépêche de Massaouah, en date du 5
Juin, portant ceci
Le major Dimajo, avec un bataillon d'indi-
fènes, une batterie de montagne et un peloton
'explorateurs, a occupé Keren le 2 Juin, sans
rencontrer de résistance.
A midi, le drapeau italien a été hissé sur le
fort de Keren et salué de 21 coups de canon.
L'occupation de Keren avait été décidée
la suite de rapports sur l'attitude suspecte de
Barambaras Kafel. Ce chef, qui disposait d'en
viron 2,000 soldats avec 600 fusils, a été entouré
par surprise et fait prisonnier avec cinq de ses
principaux lieutenants. Ses soldats ont été
désarmés.
Une bande indigène venue d'Asmara a pris
part l'affaire sous la conduite du lieutenant
italien Carchichio.
Une partie des troupes rentreront après-
demain Massaouah. L'autre partie demeurera
en garnison Keren.
Ypres, le 8 Juin 1889.
La séance du Conseil communal du Ir Juin
dernier mérite qu'on y revienne un instant.On
y verra un joli parallèle entre l'administration
de la commune telle que l enlendent les libé
raux et ce que serait cette môme administra
tion entre les mains de nos aigles catholiques.
Il s'agissait du renouvellement du bail de la
Société la Concorde pour un terme de neuf
années aux conditions ordinaires. La Société
la Concorde installée la Châlellenie de
puis 50 ans, au prix de 1,600 fr., est pour la
Ville un locataire précieux. Elle paie rubis sur
l'ongle; elle entretient le local comme pas un
locataire ne le ferait; elle a donne l'immeu
ble une valeur supérieure ce qu'il représentait
avant qu'elle y entrât; elle s'est imposé des sa
crifices parce qu'elle comptait sur le lendemain,
ce qu êîle n'aurait pas fait si un propriétaire
mal avisé lui eût rendu la vie incertaine et
toujours prête lui échapper. La Ville, de son
côté, palpait sans se déranger et pour ainsi
dire sans bourse délier les 1.600 fr.. heureuse
d'avoir un locataire sûr et qui se substituait
elle pour une foule de changements et de répa
rations où elle aurait dû, avec tout autre, inter
venir souvent grands frais. Aussi, peut-elle,
en calculant bien, se flatter d'avoir réalisé ainsi
au bout de 50 ans, un capital de cent soixante-
quinze mille francs en chiffres ronds, aux inté
rêts de 4 ce qui n'est pas si mal et ce qu'on
ne trouverait pas toujours. Continuer sur ce
pied paraissait donc être la solution la plus pro
fitable et qui semblait tout indiquée.
Mais, (oui, il y a un mais,) le contrôleur était
là, qui devait dire son petit mot, et, obéissant
la consigne, ruer dans les rangs. Pour le con
trôleur, le bail ne pouvait passe renouveler de
cette façon pour lui, il lui faut l'adjudication
îublique. L'adjudication publique, on ne sait
)as bien où cela mènera, mais c'est égal il faut
'adjudication publique. C'est la règle obser
ver, et rien de tel que la règle. Que l'adjudica
tion publique soit l'inconnu, un saut dans les
ténèbres, le contrôleur s'en bat l'œil; il lui faut
son adjudication publique. Est-ce l'intérêt de
la ville qu'il a en vue? Il dira oui mais d'autres
ne diront pas oui.
Voyons. Supposé qu'au lieu de faire ce
qu'elle a fait depuis 50 ans, la ville eût mis le
local de la Concorde en adjudication publi
que tous les neuf ans; en combien de mains et
par quelles phases eût passé la Châtellenie en
ce temps Quels locataires eût-elle eus A
quelles transformations eût-elle dû souscrire
Quelles pertes "eût-elle subies L'immeuble
eût-il toujours été occupé Aujourd'hui tel
prix, demain tel autre.Tantôt un bon locataire,
tantôt un mauvais ou pas du tout. Un aventu
rier, un bohème, peut-être un occupeur conve
nable, mais tout cela est incertain. Aurait-on
jamais pu trouver mieux que ce qu'on a aujour
d'hui Un propriétaire n'est-il pas heureux de
rencontrer un locataire qui habite convenable
ment son immeuble Et où en trouver un qui
vaille la Concorde
D'ailleurs l'adjudication publique est-elle
donc une panacee souveraine et infaillible?
Pourquoi le particulier n'y recourt-il pas Lui
aussi comprend son intérêt, cependant il s'en
passe, c'est qu'il entend autrement son intérêt
que M. Colaert. Et la ville aussi l'entend autre
ment et mieux que son contrôleur. C'est que
d'abord elle estime, et avec raison, qu'un tiens
vaut mieux que deux tu l'auras, et ensuite elle
pense, et d'autres avec elle, que le miel du con
trôleur n'est pas pur, que ce miel est frelaté et
qu'analysé de près il faut le classer parmi les
denrées dangereuses. La ville n'y a pas con
fiance et nous l'approuvons.
Tenez, veut-on savoir ce que c'est que ces
adjudications publiques et les contrôleurs qui
font cet article, car ne croyez pas que M. Co
laert ait inventé cela Cela est très commun
dans l'arsenal des catholiques et c'est une arme
dont se servent les contrôleurs qui se croient
malins. La commune de Laeken en possède un
aussi qui est entré au Conseil en Octobre 1887,
tout comme le nôtre. Il répond au nom de Gel-
lens. Ce Gellens, comme son confrère Yprois,
(non Poperinghois) en contrôle, se bat les flancs
pour faire parler de lui et il croit en âme et
conscience qu'après lui on peut tirer l'échelle.
Il ne laisse échapper aucune occasion de mon
trer son zèle pour les intérêts de la commune
auprès de laquelle les braves Laekenois font
délégué et il s'y entend presque aussi bien que
notre M. Colaert, ainsi que vous allez voir.
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