flo 51. Jeudi,
49e ANNÉE.
21 Juin 1889.
y
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Chemin de fer.
Résumé politique.
Le clergé espagnol
et la politique.
L'Auguste de la droite.
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
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Poperinghe-Hazebrouck, 6-50 12-07 6-42.
Houthem, 5-30 8-20 11-16 5-20 7-50.
Comines, 5-30 - 8-05 8-20 - 9-58 10-10—11-16
2-41 2-53 5-20 7-50 8-58.
Comines-Armentières, 5-30 8-05—11-16—2-53—8-58
Roulers, 7-45—10-45— 12-20 2-45 -4-10 6-42
Langemarck-Ostende,7-16 —9-5712-173-56 6-21
8-14.
Courtrai, 5-30 8-20 9-58 11-16 2-41 5-20
7-50.
Courlrai-Bruxelles, 5-30 9-58 11-162-41 5-20.
Courtrai-Gand. 5-30 8-20 11-16 2-41 5-20.
La question crétoise pourrait s'imposer bien
tôt l'attention du monde politique et diploma
tique l'égal de la question des Balkans. En
Allemagne déjà, on s'en préoccupe beaucoup.
Les rapports du ministre d'Allemagne
Athènes, des consuls de la Canée et de Chio
peignent sous de sombres couleurs la situation
des îles tyrannisées par les Turcs. Ils signalent
en même temps les intrigues de l'Angleterre en
vue de déterminer la constitution en Crète d'un
Etat autonome tributaire de la Porte.
Le gouvernement allemand est décidé em
pêcher par tous les moyens la réalisation de
cette combinaison, qui équivaudrait l'annexion
déguisée de la Crète par l'Angleterre.
A l'instigation du cabinet de Berlin, M Tri-
coupis a fait des représentations au ministre
d'Angleterre au sujet des menées du voyageur
anglais Stillmann, qui accomplit une soi-disant
mission archéologique et qui cherche prouver
aux Crétois qu'ils ne retireraient aucun avan
tage de la cession de la Crète la Grèce.
Le cabinet d'Athènes a obtenu satisfaction,
M. Stillmann est parti.
En vue de donner l'intervention de l'Alle
magne un caractère plus énergique, le gouver
nement, invoquant la nécessité de protéger ses
nationaux de Chio, enverra un navire dans la
mer Egée. Les derniers événements et la bruta
lité des soldats turcs justifient cette mesure,
déjà prise par la France.
On ignore si le prince de Bismarck réussira
mettre dans la corbeille de noces de la princesse
Sophie la Crète ou toute autre augmentation ter
ritoriale tant désirée Athènes cependant, il est
certain qu'il favorise habilement ces vœux.
La Grèce, agrandie et fortifiée par l'appui de
l'Allemagne, deviendrait une alliée reconnais
sante, capable de compenser largement les
derniers echecs de la triple alliance dans les
Balkans.
Le moment est d'ailleurs très favorable pour
mettre ce plan exécution.
Les plaintes des populations chrétiennes contre
la domination turque augmentent chaque jour
les abus de l'administration anglaise Chypre
sont incontestables et ne disposent pas les puis
sances seconder les nouvelles intentions an
nexionnistes de l'Angleterre l'égard de la
Crète.
La France, protectrice attitrée de la Grèce, ne
pourra qu'acquiescer au désir des puissances de
mettre fin cette situation, et la Russie, de son
côté, ne pourra rien objecter la délivrance
des chrétiens orthodoxes des persécutions de
l'Islam.
En France, les boulangistes ont essayé de
faire de l'agitation dans l'Hérault, mais les
commis-voyageurs de la secte se sont fait siffler
Béziers, où Déroulède s'est fait de nouveau
arrêter pour voies de fait sur un commissaire de
police.
M. Lissagaray, directeur de la Bataille, était
allé manifester dans la même ville contre le
boulangisme. Une foule énorme a écouté une
conférence qu'il a donnée, et le banquet organisé
çar les boulangistes a été, au contraire, un four
enorme.
Il baisse, le boulangisme.
Ypres, le 26 Juin 1889.
D'après ce que nous raconte la Flandre libé
rale uans un de ses derniers numéros, voici la
troisième fois cette année, que le tribunal de
Bilbao s'occupe d'affaires intentées des curés
pour s'être immiscés dans les élections.
Le curé d'Elorrio (Biscaye), lors des dernières
élections provinciales, avait entrepris une vio
lente campagne contre les candidats libéraux,
en déclarant ses fidèles que tous ceux qui
votaient pour des libéraux réprouvés par
l'Eglise étaient sûrs d'encourir les peines éter
nelles de l'enfer et qu'il fallait voter pour des
catholiques. En même temps, il disait que,
si quelqu'un était dans le doute au sujet des
candidats auxquels il fallait donner son vote,
il n'avait qu'à venir le trouver chez lui, qu'il
fournirait, lui, le curé, les renseignements né
cessaires.
La presse libérale publia ces faits et le curé
fut traduit devant le tribunal de Bilbao. L'in
culpé reconnut que, d'après les instructions
qu'il avait reçues de son évêque, il avait re
commandé de voter pour les catholiques, mais
il nia avoir ajouté que les libéraux étaient des
réprouvés Tous les témoins, cependant, dépo
sèrent catégoriquement en ce sens. Le minis
tère public fit ressortir que, des dépositions des
témoins, résultait toute évidence que le
curé avait voulu violenter la conscience des
électeurs.
Dans le courant de son réquisitoire, fhono-
rable avocat général donna une bonne leçon au
clergé, cequi produisit dans la foule des mur
mures de satisfaction et des applaudissements.
Le curé, convaincu du délit decoaction élec
torale, a été condamné 5 ans et 7 mois de
travaux forcés, 7 ans de perte de ses droits
civils, 300 fr. d'amende plus frais et acces
soires.
de même en Belgique, où il est toléré que les
mots prêtre et sectaire politique soient syno
nymes
i non i i
On nous écrit de Bruxelles, 24 Juin
La gauche s'est fortifiée de tout ce que le
ministère a perdu en considération, et la droite
regarde maintenant comme un embarras un
ministère compromis par les révélations du
procès de Mons et dont les opinions personnel
les jurent avec la conduite politique, un minis
tère dont le chef est libre échangiste en théorie
et protectionniste dans la pratique qui recon
naît la nécessité du service personnel et se
refuse l'introduire dans l'armée malgré les
dangers qui nous menacent. A ces hommes
d'Etat chauve souris, les purs préféreraient
quelques fauves qui dévoreraient promptement
ce regain de libéralisme dont ils s'effraient.
Mais on a compter avec l'opinion publique,
cette puissance qui finit toujours par remporter
la dernière victoire et qui, chaque fois qu'il
s'agit d'honneur, de loyauté politique, parle
haut et veut qu'on lui obéisse. Le fait est qu'à
la forfanterie, la sécurité des premiers jours
de la crise de déconsidération a succédé dans
les hôtels ministériels une grande anxiété et
que les bruits d'une amputation prochaine du
ministère commencent circuler.
La manifestation qui aura lieu Bruxelles
le 30 Juin, témoignera du terrain que la gau
che a gagné et de la nécessité de donner salis-
faction au pays libéral.
L'orthodoxe députation de Gand compte un
membre qui a comblé une lacune dans la majo
rité. Il Y joue le rôle d'Auguste l'Idiot. Il s'agit
de M. Eeman, qui remplace les discours par
des interjections saugrenues, qui tombent dans
la discussion comme des cheveux sur la soupe.
C'est tout fait le gracieux Auguste qui court
partout, et ne fait jamais rien. M. Eeman a la
prétention tantôt de voler au secours d'un mini
stre, tantôt d'accabler un membre de l'opposi
tion. Mais il se remue dans le vide et nagace
que ses amis. Dans la séance de Mardi, il a cru
trouver un trait de génie, en s'écriant tout
coup Attends, je viens 1 mot stupide dont
les gav'oehes eux-mêmes ne veulent plus. Il
faut croire qo n a fait comprendre au pauvre
Eeman qu'il ferait mieux de garder pour lui ses
clichés de basse-cour, car Mercredi il s'est tu
comme une carpe. Nous engageons M. Eeman
se coiffer d'une perruque rousse, revêtir un
habit aux pans démesurés et mettre de longs
LE PROGRÈS
Heures de départ cê'Ypres pour
Et voilà ce gui se passe en Esmgne, le pays
le plus catholique de l'Europe I II n'en est pas
Il n'y a pas de fumée sans feu. Or, les che
minées des différents ministères, surtout celle
de M. Beernaert, fume tellement que l'on se
demande ce qui va advenir et s'il n'y a pas là
un foyer â'où la flamme jaillira bientôt.
Faudra-t-il faire la part du feu en sacrifiant les
plus compromis des membres du cabinet ou
consulter le pays. On croit généralement que
l'on s'arrêtera au premier moyen. Quant au
statu quo on le juge impossible.