Un pauvre truc.
Mesures de guerre.
Nouvelles locales.
1 endroit où on peut décemment appeler encore
des Ministres ou des Gouverneurs
Si donc le grand tralala est difficilement réa
lisable, si pas impossible, de par la faute des
cléricaux, reste le petit tralala. En quoi con
siste le petit tralala Le petit tralala, la fête de
rue étant écartée, ne peut consister que soit en
un banquet, soit en un bal, soit en un banquet
suivi de bal.
Pour ce qui est du banquet, cela peut plaire
Gargantua, mais où est le profit pour le dé
taillant Ce qui est consommé en bloc au ban
quet ne l'est pas en détail chez chacun des
convives. Il y a un boucher qui livre pour tous,
les autres livrent d'autant moins leur clien
tèle. Pour le reste, ce n'est pas la peine et le
public ne s'en engraissera pas d'une once. Si
donc on veut faire quelque chose pour le com
merce, il faut organiser un bal, un grand bal,
un bal somptueux et chicocandard. A cela il y
a profit pour tout le monde les bottiers, les
tailleurs, les tailleuses, les couturières, les
chemisiers, les laveuses, les repasseuses, les
modistes, les brodeuses, les coiffeurs, les parfu
meurs, les lingères, les gantières, les monteu
ses, les musiciens, les marchandsdecomestibles,
les bijoutiers, les pâtissiers, les garnisseurs, les
vernisseurs, les loueurs de voitures, les serveurs,
les liqjioristes, les fleuristes, les lampistes, pen
dant que prient les congréganistes.
Mais pour cela il faut du monde, beaucoup
de monde, et les catholiques ne dansent pas,
ils ne fraient pas avec le diable.
Donc, enfoncé le petit tralala.
Morale. Donner des fêtes, c'est bien, mais
comment faire? Les cléricaux les empêchent,
et quand ils ne peuvent les empêcher, ils les
gâtent.
Grosse affaire
M. Colaert a proposé au Conseil communal
de donner des fêtes l'occasion de l'ouverture
de la ligne du tramway d'Ypres Furnes, et le
Conseil a repoussé sa proposition.
Electeurs I il faudra vous en souvenir la
prochaine occasion I
Voilà ce que, depuis dix jours, les Tartufes
du parti clérical crient par-dessus tous les
toits.
Oh 1 la grosse malice cousue de gros fil
blanc
Pour quelle espèce d'imbéciles prend-on
donc les habitants d'Ypres?
Allez fumistes qui ne doutez de rien I Vous
aurez beau en appeler aux électeurs, ceux-ci
ne croiront pas un traître mot de tout ce que
vous voudrez leur faire accroire.
Eh qui n'a compris que, lorsque Maître
Colaert a formulé sa fameuse proposition, il n'a
eu d'autre mobile, d'autre but et d'autre espoir,
ue d'embarrasser ses collègues du Conseil, et
e se tailler lui-même une bonne petite
réclame électorale
On eût douté un instant de ses intentions,
que la circulaire flamande répandue quelques
jours après aurait suffi pour ouvrir les yeux aux
plus aveugles.
Une fête? Et pourquoi? Pour célébrer la
mise en exploitation d'un tramway vicinal? La
belle affaire
Passe encore s'il s'agissait d'une toute pre
mière ligne de communication la vapeur, et
qu'il fût démontré que la ville, actionnaire dans
la chose, n'y laissera point de ses écus
Mais il s'agit d'une simple voie complémen
taire, et il y a toute apparence que la caisse
communale sera, du chef de l'exploitation, en
déficit chaque année.
Il nous est revenu que déjà, au lendemain de
la proposition de maître Colaert, la société de
construction a réclamé la ville une somme de
3,500 francs environ, pour sa part contributoire
dans les frais d'avant la mise en mouvement.
Voyez-vous nos édiles voter avec empresse
ment une grosse somme encore, dépenser en
festivités d'inauguration
On fait dire au Président du Conseil que pa
reilles festivités coûteraient bien 1,000 fr
C'est de plusieurs milliers que M. l'Echevin
f.f. de bourgmestre a parlé. Et, de fait, l'inau
guration grand orchestre, préconisée par M. le
contrôleur des deniers de la ville, aurait en
traîné une dépense de 5,000 francs au moins.
Mais si semblable occurrence nécessite qu'une
administration se mette en frais de représen
tation, pourquoi L'ôdilité, toute cléricalede la
ville de Furnes qui, elle, forme l'autre tête de
la ligne,, ne s'est-elle pas occupée, défaut,
d'Ypres, d'organiser des réjouissances pour le
plus grand profit de ses administrés
Et pourquoi aussi l'administration non moins
cléricale de Roulers n'a-t-elle pas, l'occasion
de la récente mise en mouvement de la ligne
grande section sur Menin, décrété de festivi
tés populaires, avec invitation de Ministres et
de Gouverneur la clef
Ailleurs, on le voit, on apprécie les choses
comme ici on ne s'engoue guère on ne s'em
balle point et on se garde bien d'imiter les par
venus qui jettent tout propos l'argent par les
fenêtres.
Encore une fois, M. Colaert n'a point cru que
le Conseil voterait sa motion, et c'est précisé
ment pour cela qu'il l'a faite, se disant part
lui, le renard la queue coupée, qu'il y avait
toujours quelques naïfs cabaretiers qui le pren
draient au sérieux, mordraient son hameçon
et goberaient sa mouche, sauf faire la gri
mace après.
A d'autres, maître Escobar
Les cléricaux ont toutes les audaces.
Les voilà qui, malgré I irrémédiable décon
sidération qui pèse sur leur ministère, malgré
la nécessité qui s'impose celui-ci, plus impé
rieuse que jamais, d'affecter les dehors de la
modération et de la sagesse, embouchent la
trompette de combat et réclament des lois de
parti.
Une campagne est entamée, active et ar
dente, pour pousser le ministère présenter,
d'urgence, un projet de réforme électorale sup-
Ïirimant les capacitaires de droit et abaissant
e cens provincial 10 francs.
Pareille réforme est depuis longtemps, nous
le savons, dans les vœux de la droite, et peut-
être, sans les incidents du procès de Mons et de
l'élection Janson, ses chefs l'eussent-ils, au
cours de la présente session, portée au Parle
ment.
La honte qui a rejailli sur notre clérical
gouvernement et qui a énervé sa puissance
autant qu'elle a entamé son prestige, semblait
devoir le condamner l'inertie.
Mais les intransigeants du parti, les bachi-
bouzouks de l'armee cléricale en ont décidé
autrement. Peu leur importe que le ministère
ait du plomb dans l'aile il faut qu'il donne le
change sur sa vigueur et fasse preuve de témé
rité, au risque de précipiter son agonie.
C'est l'Escaut d'Anvers qui, dans ces injonc
tions adressées au ministère, met le plus
d'acharnement et de hauteur. Sa réforme élec
torale, il la lui faut sur l'heure, avant le 15
Août, sans modifications ni tempéraments
d'aucune sorte, radicale et impitoyable.
Et voici les menaces dont il agrémente celte
sommation.
Si on nous refusait justice, la décision mi-
nistérielle jetterait dans nos rangs une déso-
lation, un découragement tels que beaucoup
de nos amis se refuseraient dorénavant
participer aux élections, servir un parti
sans énergie, manquant ses plus solennelles
promesses, et le renouvellement de Juin 1890
ainsi que toutes les élections futures se fe-
raient, en conséquence, dans des conditions
désastreuses.
Le jeu des cléricaux est clair et leur but évi
dent. Ce qu'ils veulent, c'est le suffrage univer
sel des ignorants.
De là cette haine aveugle, implacable, dont
ils poursuivent l'élite de notre corps électoral,
les capacitaires de droit.
Us ne leur pardonnent pas d'avoir si vaillam
ment contribué, en 1884, sauver nos hôtels-
de-ville et faire chasser du pouvoir, comme
indignes et dangereux, MM. Jacobs et YVoeste.
Ils ne leur pardonnent pas leur incorruptible
indépendance, leur patriotisme éclairé, leur
intègre détachement des mille et une mesqui
neries qui, trop souvent, entraînent et sédui
sent l'électeur censitaire.
Renseignement curieux, que nous fournit
l'Escaut lui-même, et qui atteste une fois de
plus, avec une mathématique évidence, com
bien les éléments les plus intelligents de la
nation répugnent au cléricalisme sur 2471
électeurs capacitaires que compte la ville
d'Anvers, il n'y a que 427 cléricaux.
Voilà qui explique surabondamment, n'est-
ce pas l'ardeur réformatrice et les sectaires im
patiences des journaux de sacristie.
Ne leur demandez pas si ces milliers d'élec
teurs qu'ils veulent voir rayer des listes ont
démérité de la confiance du législateur, s'ils
ont introduit dans le corps électoral des élé
ments d'anarchie ou de désordre, s'ils ont jus
tifié de quelque façon que ce soit la déchéance
dont on veut les atteindre. Non il suffit qu'ils
soient en majorité libéraux pour que le Parle
ment doive les proscrire.
On les remplacera par de nouvelles charrues
croyant en Dieu ainsi le veut la réaction.
C'est un nouveau défi l'opinion. Si le minis
tère, cédant aux objurgations des impatients
et des éhontés du parti, devait s'y laisser en
traîner, il se heurterait d'insurmontables
résistances et d'incompressibles explosions.
Lundi a eu lieu, en l'église S' Martin, la con
firmation des enfants de la ville.
A 9 1/2 h. la grande nef est remplie du régi
ment des jeunes chrétiens. Entre les piliers se
masse le monde s'étageant sur les chaises, com
me aux gradins d'un amphithéâtre. En tête des
confirmés, se tiennent des prie Dieu d'honneur
les parrains et marraines. On attend Monseigneur
Faict. Mais le saint patriarche se fait désirer.
Dix heures sonnent et pas d'évêque. Les enfants
se remuent, se retournent. Les vicaires se multi
plient pour tenir l'ordre et causent entr'eux
voix basse avec une visible inquiétude. Dans la
foule on fait la causette, assez bruyamment, ce
me semble. M. Surmont regarde sa montre, se
retourne, se lève, s'agenouille, s'assied, parle
M. Rabau, M. Boone. M. Seys aux cheveux
pommadés murmure des prières en dévisageant
la galerie.
Décidément il ne viendra pas.
NonSi
Oui, il arrive. Une note de tuba, un prélude
cacophonique bourdonne.
Mgr Faict, Jean-Joseph pour les dames, fonc
tionnaire de l'Etat 20,000 fr., s'avance petits
pas précipités, souriant et gaillard, malgré le
poids de 3/4 de siècle. Il sème les bénédictions
sur les fidèles plus ou moins courbés. La vieille
piété qui jetait les rois, le front dans la poussière,
aux pieds des évêques, s'est envolée, hélas trois
fois hélas
L'imprésario, pardon le doyen vient déclarer
la séance ouverte Priez pour la prospérité de
la ville d'Ypres et de ses habitants dit-il entr'-
autres choses. Aussitôt, retrouvant un stock
a. g<J 9 -s