Un peu d'histoire. Pas plus loin que le bout du nez. voua d'abandonner pour cela la défense de vos droits. Les personnes ne sont ici qu'une chose secon daire, des INSTRUMENTS. La grande affaire est de sauver la liberté de conscience et la liberté des cultes. Le choix des moyens LÉGAUX et HONNÊTES est une affaire tout-à-fait ACCESSOIRE, qui jamais ne doit, ni ne peut tourner au détriment du but principal. De là vous conclurez, N. T. C. F.que vous ne pouvez accorder vos suffrages aux candidats ennemis de l'Église, quelqu'obligeants et aima bles qu'ils se montrent dans les rapports de la vie privée ni sacrifier surtout le cri de votre conscience l'espoir d'obtenir de l'argent ou des subsides, dans un intérêt quelconque. L'in térêt de la religion catholique qui se trouve directement mis en cause, dépasse évidemment et de beaucoup, dans les circonstances où nous sommes, tout autre intérêt quel qu'il soit ou quel que l'on puisse se l'imaginer. Si un adversaire de la religion tentait d'ache ter votre suffrage, répondez-lui, sans hésiter, ce que S1 Pierre répondit Simon, qui voulait ac quérir prix d argent les dons de Dieu Que votre argent périsse avec vous Ces sentiments de foi et d'attachement l'Église doivent du reste demeurer purs de toute haine et de toute animosité envers les personnes qui attaquent aussi perfidement l'Église, et qui travaillent anéantir ses droits. 11 faut ici encore envisager le principe et faire peu d'attention aux personnes. Vous tâcherez même d'excuser celles-ci quelquefois, si la chose est possible. On ne peut se le dissimuler, la séduction est grande aujourd'hui; les scandales descendent de aut; une presse avilie, dégradée, immorale et hypocrite vitie l'atmosphère de ses sophismes, de ses impostures et de ses mensonges; Dien des esprits ont été corrompus par une éducation indifférente ou anti-chrétienne, ou par de mau vaises lectures. Il est naturel de compatir leur malheur. Vous éviterez donc pour vous-mêmes ces séductions, et vous ne refuserez pas un sen timent de pitié aux séduits vous continuerez les aimer comme votre prochain, mais vous dé testerez leurs entreprises et leurs œuvres; vous prierez pour eux, mais vous ne voterez ni pour eux, ni avec eux, et puis, bien convaincus de l'importance de votre mission, vous accomplirez votre devoir en véritables enfants de l'Eglise, en vrais soldats de Jésus-Christ. Nous vous écrivons ces lignes. N. T. C. F. pour obéir au cri de notre conscience, la vue des maux qui menacent l'Église. Puissent-elles in spirer chacun de vous, N. T. C. F. la ferme et généreuse volonté de faire, pendant ces jours décisifs, ce qu'attendent et réclament de lui Dieu et sa conscience. En vous parlant aujour d'hui de vos intérêts spirituels et de vos libertés religieuses, Nous avons accompli un devoir; que chacun de vous, N. T. C. F., accomplisse maintenant le sien. Cette lettre pastorale sera lue, au prône, dans les églises paroissiales, les chapelles et oratoires du diocèse, selon la coutume, le Dimanche 17 Mai. Donné Bruges, le 8 Mai 1863. t J.-B., Évêque de Bruges. Imp. de l'Ép" Vanhee-Wanle, feruges. C'est tout bonnement scandaleux 1 A présent la parole est au Journal d'Ypres qui nous fera connaître dans quels rangs se trouvent les infâmes, lui qui se sert si volon tiers du mot infamie I Rapprochons de cet odieux mandement de l'évêque Malou les nobles paroles de Monsei gneur Sibour, archevêque de Paris a 11 faut nécessairement, nos très chers coo- péraleurs, que dans notre conduite avec les fidèles, nous demeurions étrangers àcesopi- nions, ces partis, quelles, que soient d'ail- leurs nos convictions et nos sympathies. Le prêtre qui, dans sa vie sociale, dans ses rap- ports officiels et journaliers avec le monde, se mêlerait aux débals passionnés de la politi-»- que celui surtout qui, dans l'accomplisse- ment des devoirs de son saint ministère, et particulièrement dans la prédication de la parole divineoubliant le respect dû la chaire chrétienne, la transformerait en une espèce de tribune, ou seulement s'y permet- trait des allusions plus ou moins directes aux affaires politiques et ceux qui y prennent part, celui-là aurait bientôt compromis, avec son caractère de prêtreles intérêts augustes de la l'eligion celui-là frappant lui-même sa foi et son zèle de stérilité, rendrait d'avan- ce infructueuses toutes les œuvres de son sacerdoce, au moins l'égard de ceux dont il aurait froissé les sentiments par ces démon- strations d'esprit de parti, démonstrations dès lors plus coupables encore quinlempesti- ves, véritablement criminelles aux yeux de Dieu comme aux yeux des hommes. Et dire que ce sont les Malou de nos jours qui gouvernent la Belgique 1 Dire que nos ministres sont leurs très humbles serviteurs et leurs créatures! Dire que depuis 1884 nous haletons sous le joug d'un clergé tout-puissant, qui. pour assouvir sa soif de domination, pour arriver au pouvoir, n'a reculé devant aucun moyen, pas même devant l'abaissement de sa propre dignité Puisque le petit Journal d'Ypresl'organe des sacristies de notre arrondissement, nous a forcé par son opiniâtreté maladroite, déterrer un vieux document clérical, rappelons en quel les circonstances la pièce qu'on vient de lire a été produite et publiée. Rappelons en quelles circonstances le clergé de nos Flandres, sans crainte, sans honte, de faire disparaître dans l'avenir tout le respect que les hommes sensés pouvaient encore avoir pour la Religion, est entré résolument dans la lutte des partis. C'était en 1863. Le 9 Juin de cette année devaient avoir lieu des élections législatives. Les candidats libéraux étaient MM. Alphonse Vandenpeereboomministre de l'Intérieur, membre sortant, Léon de Florisone, membre sortant, Désire Vandenboogaerde, notaire Poperinghe. Les candidats cléricaux étaient MM. Charles Van Reninghe, Auguste Sartel et Gustave Duparc. Dès le Dimanche 17 Mai, au grand scandale d'un grand nombre de fidèles, la stupéfaction de la généralité, toutes les chaires de vérité de notre Flandre se transformèrent subitement en tribunes politiques. Dans toutes les églises, chaque service, on lut au prône (parfois avec commentaires) un bouleversant mandement de l'évêque de Bruges, visant les élections prochai nes pour les Chambres. Ce document, véritable libelle politique, n'était rien moins qu'un bel liqueux appel, une violente provocation une lutte générale et désespérée sur le terrain des comices électoraux. Relevant, en termes pleins d'acrimonie et de colère, tous les prétendus griefs de la Religion (aliàs du clergé) rencon tre du ministère libéral et de la majorité par lementaire, le fougueux prélat, dans ses épiques transports, feignit que le catholicisme lui- même était en grand péril de destruction, et, pour conjurer ce désastre, adjura tous les élec teurs croyants, au nom de leur salut en ce monde et en l'autre, de marcher ensemble, en rangs serrés, au scrutin pour la défaite des libé raux et le triomphe des candidats de l'Eglise. Jamais lutte électorale n'avait eu les carac tères de celle 5 laquelle on assista ce moment. L'opinion publique livrée elle-même eût donné les quatre cinquièmes des voix aux can didats libéraux et il n'y aurait pas eu de lutte Eossible, mais le clergé en décida autrement. In prélat vint, la mitre en main, organiser la lutte et le clergé fut lancé sur le corps électoral comme un vautour qui sent sa proie lui échap per. Tous lés conciliabules avaient lieu chez les doyens on siégea là en permanence, tous les ecclésiastiques y accoururent et vinrent fournir des renseignements sur leurs ouailles. On pres sura les propriétaires pour les contraindre voter pour la bohne cause, etc A cette époque Y Etoile belge publia les lignes suivantes En lisant le mandement de l'évêque de Bruges, sur lequel nous avons exprimé notre opinion, nos lecteurs ont dû se dire que les attaques du prélat étaient dirigées d'une ma- nière toute spéciale contre M* Alphonse'Van- denpeereboom, qui doit se représenter le 9 Juin devant les électeurs de l'arrondissement d'Ypres. En dénonçant les libéraux aimables et bons, en parlant du dédain des bienfaits octroyés au pays par la voie du budget, Mgr. Malou cherchait évidemment exciter les esprits contre un des hommes les plus obligeants, les plus impartiaux et les plus généreux que le parti libéral puisse s'honorer de compter dans son sein. Gomme nous l'avons fait remarquer, la foudre èpiscopale dépassera le but qu'elle devait atteindre. La violence nuit toutes les causes, même aux bonnes. Elle nuit surtout quand elle est aux mains d'un ministre de Dieu qui devrait prêcher la mansuétude et la justice. Les électeurs d'Vpres, nous en sommes convaincus, n'oublieront pas ce qu'ils doivent leur ancien bourgmestre, leur reprôsen- tant, et nous avons trop de confiance dans le bon sens des populations flamandes, pour ne pas être persuadés qu'elles se souviendront des services de leurs mandataires. Les èlec- teurs d'Ypres tiendront honneur de pro- tester contre les attaques de l'évêque de Bruges et renverront leurs députés la Chambre, en maintenant l honneur du dra- peau qu'ils portent si honorablement depuis 1859. Quel fut le résultat de cette ardente polémi que? M. Vandenpeereboom obtint plus de cent cinquante voix au de là de la majorité absolue, M. Léon de Florisone soixante-dix voix. M. Van Reninghe, candidat clérical, et, heureu sement pour lui, membre sortant, sept voix de plus que la majorité indispensable pour être élu. Eh bien ce nombre de voix fut obtenu par les candidats libéraux, malgré la plus extrême tyrannie exercée sur les consciences par le clergé. Prêches, menaces, tromperies, injures, infamies débitées sous le manteau du secret et dans le confessionnal, par les cléricaux, tout avait été mis en œuvre. On n'avait reculé de vant aucune méchante action pour intimider les électeurs de la campagne. Les électeurs de la campagne possédaient alors assez d'énergie pour ne pas vouloir écouter ces prêtres simo- niaques, polluant leur saint ministère dans l'intérêt de la domination cléricale. Et maintenant Maintenant, le travail de taupe entrepris et sourdement mené par Basile depuis 1863 a fait son œuvre. Notre bel arrondissement d'Ypres, jadis si libéral, n'envoie plus la Chambre que des jésuites de robe courte, dont la ligne de conduite est tracée d'avance par Monsieur le Doyen ou Monseigneur l'Ëvêque La situation est triste. Mais est-elle sans issue? Espérons que non, espérons que dans un avenir rapproché, les libéraux de chez nous, redoublant de courage et d'énergie, entreront vigoureusement dans la lutte, et aideront le pays entier chasser les larrons du temple I -aSCSJî^ Mettant \e Journal d'Ypres en contradiction flagrante avec lui-même, nous avons rappelé qu il était au moins étonnant qu'il admît, com me juste et rationnel, le maintien des officiers aux listes électorales, en qualité de capacitaires de droit, par le fait de leur examen l'armée, tandis que, lors de la présentation de la loi Devolder, il avait soutenu, en plus d'un arti cle, que MM. les officiers, pour Conserver le m— Par mandement de Mgr VEvêque, F. Nolf, Chan. Secrét.

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Le Progrès (1841-1914) | 1889 | | pagina 2