F. Nouvelles locales. nage, vous pouvez vous attendre un chômage complet de toutes nos usines métallurgiques, verreries et glaceries. Qu'adviendra-t-il On ne peut se poser cette question sans une grande inquiétude. Plusieurs de nos usines ont pu se procurer des charbons étrangers. C'est ainsi que, notamment aux laminoirs Goffin, de l'Espérance et Thibaut, Marchienne, on a repris le travail aujourd'hui; mais d'autres, il y a absence complète de com bustible. Les hauts-fourneaux et laminoirs de Monceau, les laminoirs de Belle-Vue et la fabri que de fer de Marchienne chôment depuis ce matin. Les autres établissements métallurgiques, de même que les verreries et les glaceries, n'ont plus de charbon que pour un jour ou deux au plus. Nous sommes entrés dans lan neuf. Que nous apporte-t-il dans les plis de son manteau de couleur sombre La paix ou la guerre? Un romantique, auquel on eut adressé cette ques tion aurait répondu solennellement Encore une année qui tombe dans le goulfre toujours béant qu'on nomme l'éternité un mathémati cien annoncerait que nous comptons un mil lésime de plus; un pessimiste se moquerait de la paix, un optimiste pleurerait d'avance sur les horreurs de la guerre. Pour les indiffé rents, le 1r Janvier n est qu'un jour de plus ajouté aux jours écoulés, et ils laissent au ha sard ou la Providence le soin de régler l'em ploi, disant Cette formule est quelque peu égoïste, com ment d'ailleurs oublier les dix années que nous laissons derrière nous En dix ans? Que de jours perdus en piétine ments sur place; que d'annees consumées en hésitations; que de lustres consacrés de vai nes discussions sur l'application des principes par la guerre Oh oui Dix années s'écoulent vite. N'était-ce pas hier que la Belgique heureuse, glorifiait cinquante années de paix et de pro grès Comme les cœurs battaient le jour de cette inoubliable fête patriotique laquelle le clergé avait refusé de s'associer Quelles explosions d'enthousiasme en ce jour ensoleillé par le bon heur et l'espérance I Comme on respirait libre, comme on se sentait fort Les cœurs ne battent plus; le malaise a tout envahi. Plus de cœur pour l'enthousiasme, plus de cœur pour l'indignation. L'injuste nous laisse froids, l'odieux, indiffé rents et le pays reste impassible la destruc tion lente de ce qui fit, jadis, son honneur et sa gloire Comme on change en dix ans Mais tout cela, c'est du passé èt du présent. El l'avenir Je ne sais pas ce qu'il nous réserve, mais je souhaite qu'il redevienne le passé, et qu il rende la Belgique tout ce qu'elle a perdu. Le Moniteur officiel de Mardi, 31 Décembre, ublie un arrêté royal en date du 28 Décem- re 1889, décernant la croix civique ou la médaille des inspecteurs de l'enseignement primaire. M. De Deyne, inspecteur cantonal de l'ensei gnement primaire Ypres, obtient la médaille civique de 1" classe parce qu'il comptait plus de vingt-cinq années de services au 1' Juillet 1889. Or. par un arrêté royal du mois de Juin ou de Juillet 1886, le même M. De Deyne a obtenu la même décoration civique pour le même terme de services. Les membres de la Société Royale des ex-sous- officiers nous apprennent qu'avant leur fête du 22 Décembre passé ils ont envoyé une annonce au Journal d'Ypresavec prière d'insertion. Ce journal n'a rien reproduit. Ce journal cherche donc décidément mettre de la politique dans une société où, jusqu'ici, n'ont régné que l'union et la concorde Que le Journal d'Ypres ait fait mauvais accueil la protestation des ex-sous- officier3 contre le projet de loi Devolder, cela se comprend encore, mais ici, pour une annonce de concert, pour une annonce qui a été affichée au Cercle catholique, faire le récalcitrant, "c'est trop fort Lo pieux Journal n'aura plus doréna vant refuser les annonces, car les ex-sous-offi ciers auront soin de ne plus lui en envoyer. Dans beaucoup de maisons on a planté l'arbre de Noël dans quelques-unes on s'est même amusé très tard. La fête de Noël se prête mer veilleusement toutes sortes de plaisirs; mais ce que ne savent pas les maîtres de maison qui 1 organisent, c'est que l'arbre qu'ils ornent de joujoux et de bonbons viennent quelques-uns des jardins de nos remparts. Les gredins qui vendent ces arbres trouvent commode de les couper tout bonnement là où ils les trouvent et sans autre souci. Nous croyons qu'il suffira de signaler ce genre de commerce pour qu'il y soit mis fin dans la suite. THÉÂTRE D'Y PRES. LES CONTES D'HOFFMANN, opéra en 4 actes, paroles de MM. Barbier et Michel Carré, musique de Jacques Offenbach. Roi de l'opérette et acclamé comme tel, on fieut le dire sans aucune exagération, dans tous es théâtres du monde,Offenbach était poursuivi, en ses vieux jours, par une idée fixe: celle d'é crire une œuvre jqui n'eût ■rien de" commun avec les partitipaa légères et sautillantes auxquelles il devait son universelle réputation, une œuvre d'un genre nouveau pour lui, opéra-comique ou drame lyrique, qui lui permettrait de se faire jouer, comme un auteur sérieux, sur une scène sérieuse. De là sont nés Les Contes d?Hoffmann, musicale ment parlant bien entendu, car la pièce elle- même existait déjà depuis longtemps. - MM. Barbier et Carré ayant fabriqué leur libretto avec un drame fantastique qu'ils avaient fait re présenter jadis l'Odéon. On sait qu'Offenbach ne devait pas avoir la satisfaction de voir représenter cette œuvre qui lui tenait tant cœur et dont il disait quelques jours avant de succomber au mal qui le minait J'y ai mis tout ce qu'il y avait en moi d'inspi ration et de génie. Ce Moïse de l'opérette ne devait pas voir la terre promise de l'opéra-comique. Quand il mou rut, 1 orchestration des Contes Y Hoffmann n'é tait même par terminée ce fut MEugène Guiraud qui fut chargé d'achever l'œuvre du maëstro. A Paris, où la pièce fut représentée dans le cours de l'année 1881, le succès fut grand il prit les proportions d'une manifestation posthu me en l'honneur du célèbre compositeur. Vivant, Offenbach eût vu son œuvre discutée et déchirée belles dents mais il avait l'avantage d'être mort; il ne gênait plus les jaloux, les envieux et les bons petits confrères de la famille artistique et musicale. Il n'en coûtait plus rien de lui ren dre justice et même de crier au chef-d'œuvre. L'ouvrage, dont le libretto des Contes d'Hoff mann est tiré, n'a plus que de rares lecteurs et n'est plus connu que de nom. Et cela se conçoit jusqu un certain point. Caricaturiste mordant, excellent musicien, Hoffmann était en littérature un rêveur doublé d'un métaphysicien c'était de plus un incorrigible pochard, qui affirmait ne pouvoir trouver l'inspiration qu'au fond du verre. La terrible maladie dont il est mort l'âge de 46 ans, était en partie causée par l'abus des liqueurs fortes. De là ce caractère nuageux, cette fumée d'ivresse répandue sur l'œuvre étrange qu'il nous a laissée et dont un de ses traducteurs a dit avec raison: L'auteur se livre de telles abstractions, qu'à peine pénètre-t-on le sens intime de sa pensée sous les images con fuses et les aphorismes qui la voilent. Bon nombre de nos amateurs connaissent pro bablement Le 2'imbre d'argent de Saint-Saëns dans cet opéra, le personnage principal s'endort au premier acte; il fait un rêve qui se déroule dans les trois actes suivants il se réveille au cin quième acte.... Eh bien, dans les Contes, c'est peu près la même chose, avec cette différence que c'est encore moins clair au premier acte, Hoffmann est la taverne avec ses amis, et il doit avoir bu un rude coup ce soir-là, car il ra conte aux étudiants qui 1 entourent les histoires les plus étourdissantes; il a aimé trois fois, il a aimé trois femmes; mais il n'a cependant aimé qu'une seule femme une seule fois; car ses trois amours n'en font qu'un, comme les trois femmes n'en font qu'une; il annonce qu'il va narrer cet amour unique et triple la fois; puis la toile tombe, et aux actes suivants les auteurs nous montrent Hoffmann vivant et jouant les ahuris santes aventures qu'il se disposait raconter. Nous le trouvons d'abord chez Coppelius, où il devient amoureux de la belle Olympia la belle Olympia n'est qu'un automate, une poupée que font mouvoir des ressorts merveilleusement combinés. Au troisième acte, nous sommes chez le con seiller Crespel; ici nous trouvons traduite sur la scène une des pages les pliis émouvantes d'Hoffmann; Antonia, la fille de Crespel, est passionnée pour l'art du chant elle est atteinte d'une affection de poitrine qui s'aggrave chaque fois qu'elle s'abandonne son penchant; mais la passion musicale l'emporte, et la jeune fille ex pire dans un chant suprême il est vrai que le diable s'en mêle car il y a un diable dans l'af faire, une espèce de Méphistophélès de pacotille, le docteur Miracle, qui est aussi Coppelius, qui n'en est pas moins Lindorff, de même qu'Olym pia est également Antonia, sans cesser pour cela d'être Stella, et aurait été également la courti sane Giuletta par-dessus le marché, si l'on n'a vait pas coupé un acte entier, qui faisait lon gueur, et réduit ainsi quatre actes l'opéra qui primitivement en avait cinq. Alors surgit la muse qui vient réciter des alexandrins Hoffmann et lui dit comme la reine Elisabeth Shakespeare dans le Songe d'une nuit d'été Et Hoffmann envoie Stella au diable et part pour la gloire Quant l'interprétation, les artistes y ont donné tant de soin, qu'on peut, sans exagération, S rédire un brillant succès, que l'ouvrage a, 'ailleurs, obtenu partout. Comme lever de rideau, nous aurons Une sur prise, vaudeville en un acte. Avis aux amateurs. s—=.KaM«="c Nous apprenons que la première représenta tion d Inès le nouvel opéra-comique de M. Jules Goetinck aura lieu au théâtre de Bruges, le Dimanche 5 Janvier 1890. Une deuxième séance de musique de chambre (violon et piano) aura lieu le Dimanche 12 Jan vier, midi, en la salle de l'Aigle d'Or. Programme 1. Sonate en fa. Edvard Grieg. a) Allegro con brio. b) Allegretto quasi andantino. c) Allegro molto vivace. 2. Romanze, Joseph Joachim. 3. Zigeuner tânse nos 1 et 2, Tivadar Nachès. Je lègue l'oubli le passé, Le présenl l'indifférence, Et, pour vivre débarrassé, L'avenir la Providence. uni »onullement Qua de -naaux. créés m* COOCQUi i Les Contes d'Hoffmann eurent plus de cent re présentations ils étaient d'ailleurs encadrés dans une superbe mise en scène, et les deux prin cipaux rôles étaient tenus d'une façon réellement supérieure par M. Talazac et Mlle Isaac. Cesse d'être homme, Hoffmann Je t'aime sois poète *- Les Contes d'Hoffmann seront joués, MARDI 7 JANVIER PROCHAIN, sur notre scène. Pour l'intelligence do l'œuvre d'Offenbach nous avons voulu donner une idée du poëme, d'ail leurs assez décousu et assez peu compréhensible. On pourra en juger Mardi soir.

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Le Progrès (1841-1914) | 1890 | | pagina 2