flo 4. Dimanche,
50e ANNÉE
12 Janvier 1890.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Chemin de fer.
Prospérité.
Les grèves.
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
Heures de départ d'Ypres pour
Y PRES-FU RN ES
FURNES-YPRES.
V
Chantons les louanges de l'excellent gouver
nement que le Ciel nous a donné.
Il y aura bientôt six ans que la majorité
cléricale est entrée la Chambre. Vous vous
rappelez sur la foi de quelles promesses
On allait renoncer la politique stérile pour
s'occuper exclusivement de la prospérité et du
bonheur du pays on allait amener l'apaise
ment, la tranquillité, faire surtout le bonheur
des classes ouvrières.
Ah I ces classes ouvrières Allait-on les
soigner, les cajoler, les dorloter, les contenter
de toutes les façons Allait-on les combler
d'attentions, de satisfactions de toute sorte
Ces admirables lois sociales qu'on allait nous
faire Comme les patrons et les ouvriers al
laient s'entendre, grâce l'intervention de ce
gouvernement paternel et prévoyant 1 L'âge
d'or allait renaître.
Nous y sommes donc, dans l'âge d'or, en
plein 1 Et nous jouissons du résultat des mesu
res que notre incomparable gouvernement a pu
prendre tout loisir
U faut avouer, vraiment, que bien rarement
les événements ont mieux fait ressortir le char
latanisme d'une politique et l'imbècilité de
ceux qui y ont ajouté foi que bien rarement
les faits ont démenti aussi brutalement les im
postures d'un parti au pouvoir
Jamais peut-être nous ne nous sommes trou-
yésdans une situation aussi inquiétante, aussi
irritante, tranchons le mot aussi baroque
qu'aujourd'hui.
Ces grèves charbonnières, prenant de telles
proportions, et forçant toute notre industrie
chômer, éteindre ses feux au moment où la
reprise des affaires, si ardemment desirée, se
produit, est une véritable catastrophe. Elle
peut avoir des conséquences terribles. Elle
aonne nos concurrents de l'étranger une
avance que nous ne rattraperons peut-être
jamais. Elle nous fait perdre tout le bénéfice
d'une situation qui pouvait nous en procurer
beaucoup. Loisiveté forcée, en un pareil mo
ment, c est pour nos producteurs, affamés de
besogne, un véritable supplice de Tantale.
Ce qu'il y a de plus grave, c'est que la situa
tion nous révèle tout le contraire de l'apaise
ment et du rapprochement promis.
Ce qu on trouve au fond de tout cela, c'est
une antipathie croissante entre le capital et le
travail c'est, chez les patrons comme chez les
ouvriers, une mauvaise volonté, une répu
gnance s'accorder qui font méconnaître les
intérêts communs les plus importants c'est
une hostilité telle, entre les classes de la société
belge, qu'il semble qu'elles aiment mieux voir
1 étranger leur ôter, aux unes et aux autres, le
pain de la bouche, que de s'entendre entre
elles et de se faire des concessions. C'est l'aveu
glement le plus pénible 1
Qu'on vienne nous vanter, présent, les
bienfaisantes lois gâchées par la Législature
actuelle la loi sur l'ivresse, la loi sur la régle
mentation du travail, la loi sur les Conseils de
prud'hommes, la loi sur les habitations ouvriè
res, et les autres.
Vraiment, elles ont produit un bel effet
De toutes les mesures sociales du cabinet
Beernaert, il n'en est qu'une catégorie, hélas
qui semble avoir été efficace ce sont celles
qu il a prises avec ses mouchards pour épou
vanter le pays.
De la haine et de la défiance, voilà tout ce
qu'il a semé.
Et quand nous regardons au dehors de nos
frontières, nous ne sommes pas plus rassurés.
L'obstination avec laquelle le parti des évêques
repousse une réforme absolument nécessaire de
notre système militaire a semé de nombreuses
défiances et l'insuffisance de nos moyens de
défense nationale inspire, tous les esprits
clairvoyants, et jusqu'aux plus hautes person
nalités de l'état, des inquiétudes non dissimu
lées.
Et la Chambre, que fait-elle en présence de
cette situation
La Chambre a pris trois semaines de vacan
ces, et quand elle rentrera, elle se remettra
discuter sur l'utilité de l'étude des Pandectes et
du grec
Le Times, dans un article qui irrite la servi
lité ministérielle du Journal de Bruxelles
donne pleinement raison l'opposition du parti
libéral contre le projet de coquinerie électo
rale de M. Devolder.
Ce journal qui juge la question de haut, en
faisant abstraction de toute mesquinerie de
parti, n hésite pas signaler le projet comme
une mesure sans excuse, comme une agres
sion injustifiable contre des électeurs méritants,
comme un abus de la force enfin, comme un
coup de parti, destiné fixer la suprématie du
parti clérical et éterniser son joug.
Le Journal de Bruxelles a beau s'inscrire en
faux contre cette appréciation, elle n'est que
l'expression même de la vérité, proclamée par
la conscience publique en Belgique et recon
nue par lui-même.
Il prétend que les critiques du journal de la
cité, injustes quant au projet Devolder, s'appli
quent avec raison la loi de 1883 sur les capa-
citaires. Quelle bouffonnerie l Mais n'a-t-il pas
déclaré lui-même, en toutes lettres, dans un
article reproduit par toute la presse libérale,
que le parti clérical n'avait pas se plaindre
de cette loi qui leur avait donné la majorité
dans six provinces sur neuf et dans une foule
de communes? Si ces avantages ne les satis
font pas encore, s'il veut, par des artifices
légaux, enlever aux libéraux le peu d'influence
politique qui leur reste, n'est-ce pas la preuve
qu'il veut supprimer les derniers obstacles sa
toute-puissance, et être le seul maître dans
celte Belgique où, pour le bien de tous, il n'est
déjà que trop fort
Dès lors, l'appréciation du Timesen ce qui
concerne le projet Jacob-Devolder, est d'une
vérité absolue, que le Journal de Bruxelles
devrait être le dernier mettre en question.
En tous cas, le langage du grand journal an
glais, dont l'impartialité ne peut être mise en
doute, est un puissant encouragement pour les
libéraux il leur indique qu'ils sont dans la
bonne voie, et que si, l'intérieur, des gens
modérés de tous les partis sont avec eux pour
protester contre l'iniquité du projet Devolder,
ils ont aussi l'étranger l'appui moral des gens
impartiaux.
Ce n'est pas seulement l'appréciation du
Times sur la coquinerie Devolder qui a froissé
la susceptibilité du Journal de Bruxelles, mais
encore le jugement que le journal anglais a
porté sur la besogne scolaire de notre gouver
nement.
Avec l'éminent professeur du collège de
France, M. Michel Bréal, le Times répèle que le
gouvernement clérical est l'ennemi de fenseigne
ment public, et que l'enseignement libre qu'il
favorise est une farce.
Ces appréciations resteront comme la flétris
sure méritée de l'œuvre infâme entreprise par
nos indignes ministres.
A Charleroi, les manifestations d'agitation
que l'on craignait ne se sont pas produites. Les
grévistes se sont borné aux promenades tra
ditionnelles. Les bandes étaient nombreuses et
plus irritées que jamais, mais tranquilles au
demeurant.
Toute la garnison était consignée.
Les ouvriers sont persuadés, en restant bien
tranquilles de mettre le public de leur côté.
Quant reprendre le travail, ils n'en parlent
pas, au contraire. Ils ne le feront quà bout de
LE PROGRÈS
vires acqu1r1t ecnik).
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Ypres, le 11 Janvier 1890.