M0 5. Jeudi, 50e ANNÉE. 16 Janvier 1890. JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. Chemin de fer. Un portrait. Nos contributions. 6 FRANCS PAR AN. PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. YPRES-FURNES. FURNES-YPRES. Ypres, le 15 Janvier 1890. Bon cela recommence, et, pour la cent- vingtième fois, le Journal d'Ypres annonce sa victoire prochaine. Mais cela manque décidé ment de chaleur. La confiance n'y est plus, et s'il reprend son thème usé jusqu'à la corde, c'est pour ne pas s'effacer trop piteusement. Après avoir brodé, d'un ton très embarrassé, sur la situation respective des partis en notre ville, le pieux organe de sacristie avoue que le parti libéral Yprois n'est pas mort, et l'on sait, continue-t-il, que, suivant un dicton populaire, tant qu'il y a vie, il y a espoir. Ainsi le Journal reconnaît que le parti libé ral Yprois n'est pas mort Pour que la situation du parti libéral Yprois lui arrache cette con fession, il faut qu'il en ait une peur bleue, lui qui, naguère, le traitait avec un dédain dont chacun se souvient. Cest qu'en effet les choses ont quelque peu changé depuis et que ce dédain, aujourd'hui, ne saurait plus donner le change. Rendant hommage, d'ailleurs, la force du libéralisme, le pieux Journal ajoute Il ne faut jamais perdre de vue que, si bas que puissent être tombées (il ne dit pas que soient tombées) aujourd'hui les forces propres du libéralisme, celui-ci dispose de ressources qu'il trouve en dehors de lui (rien de la caisse diocésaine) et dont l'apport exerce en temps électoral, une influence considérable. Vous voyez le parti libéral n'est pas mort et exerce encore une influence considérable, de laveu même du rodomont avocat de la cause cléricale. Tout cela ne doit pas étonner. Le Journal sent trop bien le terrain s'effondrer sous ses pas pour conserver, avec sa crânerie habituelle, ses airs de capitaine Fracasse. Il tente cepen dant un dernier effort, mais le souffle lui man que, et l'effet est tout-à-fait raté. Il n'en saurait d'ailleurs être autrement. 11 a tant vanté ses hommes son contrôleur allait tout renverser et les naïfs gobaient ces fanfa ronnades. On attendait et on reclamait des miracles et tous les yeux étaient braqués sur ce nouveau saint qu'on adorait avec une confiance aveugle. Le saint s'est hissé sur son socle, on l'a porté dans sa niche les fideles et les néophytes sont venus et le saint n'a pas fait de miracles. Or, un saint qui ne fait pas de miracles, n'est qu'un saint de contrebande, et d'un saint pareil on en a tout de suite assez. C'est comme d'un vieux parapluie qui ne peut plus servir, on le jette parmi les tessons et la vieille ferraille. 11 y en aura bientôt beaucoup de ces vieux parapluies dans le camp clérical. Dans sa tirade contre le parti clérical, le Journal fait miroiter, au cas où ses amis arri vent I Hôtel-de-ville 1 inauguration d'une administration financière plus judicieuse et plus profitable aux intérêts de la ville. On n'est pas plus maladroit. S'il y a un côté qui fasse honneur l'administration de la ville, c'est sa gestion financière. Si le Journal peut citer une ville dont les finances soient en meil leur état que celles d Ypres, nous nous voilerons la face et accepterons notre condamnation. Mais cette démonstration il ne la fera pas. Par contre nous voyons déjà de quelle façon seraient manipules les écus honnêtement ras semblés par nos contribuables, s'ils étaient confiés aux mains intelligentes de nos faiseurs cléricaux 1 Dieu de Dieu Si c'est par là que le Journal espère attirer les alouettes dans son miroir, il n'en prendra pas beaucoup. Aussi nous sommes tout—fait tranquilles et nous le ferons bien voir quand le moment sera venu. Voici un portrait tracé de main de maître, par le Journal d'Ypres. Nous le donnons tel qu'il est et, après examen, le lecteur dira qui il ressemble Ce parti (au lecteur deviner lequel) ne recule devant rien quand il s'agit de sa pré- dominance. La fortune ni l'honneur des citoyens ne comptent pas plus pour lui, quand il est lancé dans le tourbillon électoral, qu'un grain de sable pour la tempête. Si vous n'êtes pas des siens, s'il a quelque chose craindre de vous pour ses projets de domination, il vous poursuivra, toujours et partout de sa haine et de sa vengeance. Il cherchera vous atteindre dans vos moyens d'existence, vous enlever la croûte de pain dont vous vivez, il brisera votre carrière, il fauchera votre ave- nir dans sa fleur, il vous ruinera vous et vos enfants, si vous en avez, il vous attaquera dans votre considération et votre honneur, il emploiera contre vous la diffamation et la ca- lomnie, et cela quand vous y penserez le moins, surtout dans les cas où il croira que vous ne pouvez pas vous défendre et lui recracher toutes ses vilenies la figure, il o vous abattra matériellement et moralement, sans regrets, sans remords, ne voyant pas I homrac en vous mais simplement l obslacle la réalisation de ses projets. Vous voyez, le portrait est complet. Dites maintenant, qui reconnaissez-vous là-dedans? Parbleu, c'est frappant, le parti clérical 1 Parfaitement, et tout le monde dira com me vous. C'est trop clair; d'ailleurs c'est tiré de Paul L. Courier, flagellant les jésuites. Hé bien, mon cher, vous n'y êtes pas du tout, c'est le portrait du parti libéral crayonné par le Journal d'Ypres. Le Journal d! Ypres radote. C'est aussi notre avis. Personne ne contestera, pensons-nous, dit la Gazette, que les impôts votés sous l'ancienne administration libérale ont contribué, pour une large part, au revirement d opinion qui a ra mené les cléricaux au pouvoir. A force d'entendre répéter chaque jour, dans les Chambres et dans la presse, que ces impôts étaient inutiles, que de sages économies suffi raient rétablir l'équilibré de nos finances, les contribuables ont fini par se laisser persuader et, aux élections de 1884, ils ont voté en masse pour ceux qui s étaient engagés les suppri mer. Or, nous voici en 1890, le parti clérical oc cupant le pouvoir.depuis bientôt six ans, et chacun peut constater que, sauf certaines ré dactions de peu d'importance, tous les impôts dont on avait promis l'abolition ont été reli gieusement maintenus, entre autres le plus important de tous, celui qui augmente les con tributions personnelles de 20 pour cent. Les contribuables qui ont eu foi dans les promesses cléricales ont donc été outrageuse ment mystifiés. En est-il, dans le nombre, qui en doutent encore Un moyen de vérification bien simple s'offre leur disposition qu'ils comparent leurs cotes de contributions de 1884 avec leurs cotes actuelles. S'ils paient moins aujourd'hui, nous consentons proclamer, avec toute la presse officieuse, que M. Beernaert est bien le grand ministre dont elle exalte journellement les in comparables mérites. Mais nous n'aurons pas nous infliger cette pénitence. Les impôts n'ont pas diminué d'un centime. Les dégrèvements partiels opérés de puis cinq ans sont largement compensés par les impôts nouveaux, et le fisc n'y perd rien, au contraire. Le fisc a lâché les assurances, mais il se rat trape, et avec usure, sur le bétail étranger. Il a dégrévé le tabac, mais il en a endossé toute la charge au vinaigre et aux eaux-de-vie. Si bien 3ue, tout compte fait, que ce soit sur un objet e consommation ou sur un autre, le fisc nous rogne ni plus ni moins qu'auparavant. Le jour ne va plus tarder où les mystifiés pourront demander compte M. Beernaert de "P LE PROGRÈS vires acquirit eupuk) ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00. Idem. Pour le restant du pays7-00. tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20. INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25. Insertions Judiciaires la ligne un franc. Les annonces sont reçues Pour l'arrondissement d'Ypres aux bureaux du Procrês Pour le restant de la Belgique et de l'Etranger 1'Agence Rossel, 44, rue de la Madeleine, et 1, rue de l'Enseignement, Bruxelles. Heures de départ d'Ypres pour Poperinghe, 6-50 9-09 10-00 12-07 3-00 4.00 6-42 9-05 9-58. Poperinghe-Hazebrouck, 6-50 9-09 12-07 4-00 6-42 6-05. Ilouthem, 5-30 8-20 11-16 5-20. Comines, 5-30 - 7-55 8-20 - 9-58 10-03 11-16 2-43 2-54 5-20 7-50 8-55. Comines-Armentières, 5-30 11-16—2-545-20—8-55 Roulers, 7-45 10-45— 12-20 2-45 -4-10 6-42 Langemarck-Ostende, 4-30 (Cortemarck) 7-18 9-57 -12-17 3-56—6-21. Courtrai, 5-30 8-20 9-58 11-16 2-43 5-20 7-50 8-55. (Dép. de Comines Courtrai 9-35.) Courlrai-Bruxelles, 5-30 9-5811-162-41 5-20. Courtrai-Gand. 5-30 8-20 11-16 2-41 5-20. 5-00 8-10 11-10 1-40 3-00 6-55. 5-40 7-35 10-20 - 11-30 3-04 - 6-20.

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Le Progrès (1841-1914) | 1890 | | pagina 1