30 Janvier 1890.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Chemin de fer.
Les grrrands financiers.
six millions.
vingt millions
Catholiques et citoyens.
50e ANNÉE,
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
YPRES-FURNES.
FURNES-YPRES.
Ce sont les électeurs des provinces de Liège,
du Hainaut, de la Flandre orientale et du
Limbourg qui seront appelés choisir leurs
mandataires aux Chambres. On se demande
e qui sortira de l'urne sphinx. Rien de plus
auvais que ce que nous avons le mieux,
eut, au contraire, sortir du mal, puisque en
prenant tout pour le mieux, nous pouvons ga-
ner Gand sept sièges, VVaremme deux,
rerviers un, Charleroi deux, sans compter
autres perspectives heureuses qui peuvent
ouvrir nos justes aspirations.
Mais nos adversaires ne désarment pas. Ils
nt beaucoup, trop même, et cela ne suffit pas
leur insatiable soif de pouvoir, leurs visées
ominalrices. Tout n'est pas encore assez. Ils
nnoncent l intention de porter la lutte au cœur
même du pays libéral Tournai, Mons
Thuin.
Disons cependant qu'ils nous semblent peu
rassurés, dans leur for intérieur, sur le succès
de la nouvelle emprise qu'ils voudraient opérer
sur le terrain électoral.
La Flandre occidentale ne volera pas cette
innée, mais elle n'en est pas moins intéressée
eu résultat, car c'est plutôt d'une élection na-
ionale qu'il s'agit que d'une élection partielle,
pays entier y est intéressé, car c'est sa
ibération qu'il travaille.
Pour réussir dans cette tâche honorable,
itile, libératrice, il ne faut pas faire de la poli—
ique piétinée sur place, mais marcher résolu
rent la conquête, ne fût-ce que d'un seul
iége. Nos adversaires nous ont vaincu par un
Bravai! de termite. Imitons-les, et surtout
adoptons leur devise
«La foiqui n'agitpas, est-ce une foi sincère?»
Les journaux cléricaux, la suite du Jour
nal de Bruxelles, recommencent leurs dithy
rambes l'adresse du grrrand ministre qui la
Belgique doit, disent—ils, sa situation prospère.
Une nouvelle découverte exalte surtout leur
imagination en délire Les bonis résultant de
la gestion financière des amis de Pourbaix
augmentent chaque année et le dernier compte
accuse, d'après eux, un excédant de plus de
18 millions.
Il est malheureux que cette bonne presse ne
produise qu'un total, et se refuse entrer dans
les détails.
Les détails, c'est cela qui met en lumière le
mérite du ministre et le talent singulier qu'il lui
a fallu déployer pour arriver ses fins. Exami
nons un peu.
D'abord le grand ministre a bénéficié du bas
prix exceptionnel de la houille, et épuisant les
approvisionnements du ministère libéral, il a
fait des réductions sur les travaux d'entretien
du chemin de fer pour
Ensuite il a converti la dette de l Elat et les
obligations du Grand-Luxembourg et rogné,
au profit du trésor, les revenus des rentiers.
Ci, une nouvelle économie de
§:x mâllsoais.
Il a suspendu l'amortissement du 3 p. c. et
disposé ainsi d'une nouvelle économie de
1,300,000 fr.
Enfin, manquant aux engagements du gou
vernement, il a délovalement rejeté sur les
communes la plus grosse partie de la dépense
de l'enseignement primaire et en ne payant
pas ses dettes, il a réalisé une nouvelle écono
mie de
3,500,000 fr.
En tout, seize dix-sept millions.
Ajoutez cela de nouveaux impôts, créés
par les cléricaux, sur le bétail, sur le chocolat,
etc., et vous arriverez sans peine plus de
de receltes supplémentaires, perçues par le
ministère Pourbaix.
Mais dans toutes ces économies quelles sont
celles qui lui font réellement honneur? Quelles
sont celles qui ont nécessité le moindre effort
de génie, la moindre contention d'esprit
A part les réductions opérées sur le chapitre
de l'enseignement public, part les impôts
nouveaux, toutes se seraient faites naturelle
ment, sous n'importe quel gouvernement, sans
qu'il vint personne l'idée d'en faire un mérite
extraordinaire au chef du cabinet.
Mais il faut bien que la presse cléricale pro
fite des prétextes les moins sérieux pour exalter
un ministère aussi nul que déconsidéré.
G'est ce qui explique les tableaux menteurs
que la Gazette va piller dans les autres feuilles
pour la plus grande gloire du ministère des
mouchards.
O les grands ministres, O les grands finan
ciers
Peut-on la fois concilier les obligations du
catholicisme et les devoirs du citoyen
Gomme nous n'avons aucun parti-pris de
malveillance l'égard d'aucune croyance reli
gieuse, nous serions heureux de pouvoir ré
pondre oui.
Malheureusement, le pape Léon XIII, qui
est une autorité dans le catholicisme, nous in
terdit toute réponse affirmative.
Dans sa dernière Encyclique, il déclare
qu'au-dessus de la patrie il y a la religion ca
tholique.
Que cette croyance soit logique au point de
vue ultramonlain, nous n'y contredisons pas.
Sans remonter très haut dans l'histoire, nous
savons que la papauté a encouragé jadis La
Ligue dans ses intrigues avec l'Espagne, et
l'émigration de 1789 dans sa complicité avec
les puissances étrangères.
Malgré ces précédents, cest avec une sur
prise douloureuse que nous sommes mis par la
papauté devant cette antithèse La Religion et
la Patrie.
A nos yeux, la Patrie prime tout.
La Patrie n'est ni catholique ni protestante,
ni juive, ni libre-penseuse: elle est la Patrie.
Quiconque s'offre la servir, se dévouer pour
elle, mourir pour elle se place au-dessus des
croyances sectaires. Il s'affirme comme patriote:
cela nous suffit. Mais cela ne suffit pas la
papauté. Nous ne la calomnions point.
Voici en quels termes s'exprime le pape
Léon XIII
Lorsque des conflits s'élèvent entre les
exigences de l'Etat et les droits de l'Eglise, il
vaut mieux obéir Dieu qu'aux hommes.
Avec une semblable théorie, que ne peut-on
pas légitimer
Puisque l'Eglise a le dernier mol, elle peut
tour tour se montrer favorable la France,
l'Allemagne, l'Italie, l'Angleterre ou l'Es
pagne. Ce qui sera en jeu ce n'est pas l'intérêt
de tel ou tel pays, c'est tel ou tel dogme, telle
ou telle croyance. L infaillibilité du pape sera
souveraine en matière de patriotisme. C'est lui
qui dira ce qu'il faut faire et qui déterminera
ce dont il faut s'abstenir.
Accepter une théorie de ce genre serait pure
ment et simplement revenir au moyen-âge.
Alors on regardait la papauté comme la souve
raine du monde, la directrice des rois et la
maîtresse des peuples.
Elle ordonnait les croisades et toute l'Europe
chrétienne se mettait en marche. Elle comman
dait le massacre des Albigeois et les princes
obéissaient. Elleamnistiait la Saint-Barthélémy
et l'on chantait des Te Deurn dans les églises.
Les hommes de talent ou de génie comme
de Bonald et de Maislre ont vanté cet état
d'esprit. Ils regrettaient l'ère des persécutions
religieuses. A les en croire, la domination ab-
l\° 9. Jeudi,
LE PROGRÈS
vires acquirit eundo.
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Ypres le 29 Janvier 1890.