N° 29. Jeudi,
50e ANNÉE
10 Avril 1890.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Chemin de fer.
Résumé politique.
P
6 FRANCS PAU AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
vires acqcirit el'nik).
YPRES-FURNES.
5-00 8-10 11-10 1-40 3-00
FURNES-YPRES.
Quelque opinion qu'on puisse vouloir se faire
du jeune empereur Guillaume II, on ne peut pas
dire qu'il ne prend pas extrêmement au sérieux
son rôle de chef d Etat. Il fait preuve d'une
activité véritablement dévorante, et, chose sin
gulière, il semble avoir pris pour mot d'ordre et
pour consigne de démolir toutes les vieilles tra
ditions qui ont existé jusqu'à présent en Prusse
et en Allemagne. A peine l'étonnement qu'il a
causé en publiant ses rescrits relatifs la con
vocation de la conférence du travail a-t-il eu le
temps de se calmer, qu'il vient de publier un
nouveau rescrit destiné produire un effet con
sidérable en Allemagne.
Il s'agit de l'armée allemande et du mode de
recrutement suivi jusqu'à présent pour le corps
d'officiers de cette armée, tous les degrés.
La réforme est considérable c'est presque
une mesure révolutionnaire. Jusqu'à présent, les
officiers allemands se recrutaient presque exclu
sivement dans la noblesse du pays. Le rescrit
que vient de publier l'empereur d'Allemagne
décrète que dorénavant, les fils de bourgeois
pourront prendre rang d'officiers dans l'armée
au même titre que les fils de nobles.
L'Empereur avait si bien le sentiment de
l'effet qu'il allait produire dans la noblesse alle
mande, qu'il a cherché tempérer dans l'ex
pression ce que sa réforme avait d'excessif au
point de vue des traditions héréditaires.
la
prétendre
armée il
ajoute qu'il faut cependant que les sentiments
nobles qui, de tout temps, ont dominé au sein
du corps d'officiers, restent immuables. Cela ne
S eut se réaliser que si les candidats au grade
'officier se recrutent dans un milieu où règne
cette noblesse de sentiments.
Dans un autre paragraphe de son rescrit,
l'Empereur écarte au grade d'officier dans Far
inée allemande les israélites, ce qui est injuste.
Et il paraît avoir eu le sentiment de cette injus
tice, car il n'énonce pas d'une façon nette et
précise cette proscription. Il prend une formule
détournée pour dire
Les descendants des familles nobles du pays
et les fils de braves officiers et de fonctionnaires
forment traditionnellement le noyau du corps
d'officiers mais, concurremment avec eux, les
fils de familles bourgeoises honorables qui ché
rissent le roi et la patrie, qui aiment le métier
de soldat et qui nourrissent des sentiments chré
tiens, m'apparaissent également comme devant
fournir, l'avenir, un contingent précieux
l'armée.
Il y a là une porte ouverte des arrangements
qu'on n'a pas osé nettement préciser. Il est clair
que ce rescrit va mécontenter bien du monde et
que les démissions vont pleuvoir dans l'armée
allemande. C'est peut-être le but qu'on a voulu
atteindre.
Mais une partie du rescrit qui sera bien favo
rablement accueillie dans l'armée allemande,
c'est le passage relatif au luxe de dépenses inu
tiles qui avait été considéré jusqu'à présent
comme obligatoire chez les officiers allemands,
surtout dans certains régiments.
L'Empereur s'exprime comme suit
Je recommande de nouveau aux chefs de
corps de mettre un terme au luxe et au gaspil
lage qui accompagne les cadeaux coûteux, les
banquets trop fréquents, la dépense exagérée
dans les réunions militaires de même, je tiens
combattre l'opinion d'après laquelle les chefs
de corps seraient tenus, raison de leur posi
tion, des frais de représentation considé
rables.
Il y avait aussi une tradition dans l'armée
allemande, c'est qu'on ne nommait au grade
d'officier que les jeunes gens qui recevaient de
leurs familles dea subsides mensuels destinés
compléter ce que la solde avait d'insuffisant
pour subvenir ces dépenses exagérées.
Sans supprimer complètement cette condition,
le rescrit impérial fixe le maximum de cette
subvention mensuelle des parents 45 marcs
pour les grades inférieurs et 150 pour les chefs
de corps de cavalerie.
Les Allemands auront du être singulièrement
surpris en lisant ce rescrit au journal officiel de
l'empire. Ils vont prendre l'habitude de consul
ter chaque matin ce journal pour voir quelle
nouvelle surprise leur est faite par l'Empereur,
qui semble bien décidé tout réorganiser en
Allemagne, quitte tout désorganiser, comme il
l'a dit, toute vapeur
yprès, le 9 Avril 1890.
Nous avons fait quelques remarques au sujet
du décès de M. Pirmez, dont toute la vie a
démontré cette grande vérité, que l'on peut être
parfait catholique et excellent libéral.
A peu de jours d'intervalle, nous avons
signaler de nouveau le décès d'un homme
éminent de la vieille ecole et qui, l'oppose de
M. Pirmez, prouve de son côté que l'on peut
être bon libéral et prêtre catholique modèle.
Nous voulons parler de Mgr De Haerne, an
cien membre du Congrès national et membre
de la Chambre des Représentants, dont les
funérailles ont été célébrées le 26 Mars dernier.
La vie entière de ce grand patriote a été
marquée par cet esprit de tolérance, qui sied si
bien tout ministre du culte.
Mgr De Haerne appartenait l'école des de
Foere. Au Congrès national il osa demander
la séparation de l'Eglise et de l'Etat, il fut le
défenseur de toutes nos libertés et surtout de la
liberté de la presse. Au nom de ses coréligion-
naires il repoussa la protection du Gouverne
ment.
En comparant cette mémorable époque avec
ce qui se passe tous les jours sous nos yeux, on
est obligé de s'écrier Que les temps sont
changés
Pour nous, il n'y a plus de liberté de la
presse, attendu que la puissance temporelle de
nos évoques est devenue si grande et si arro
gante, qu'elle est parvenue défendre la lec
ture de tout journal libéral. L'enseignement de
l'Etat, prescrit et ordonné par la Constitution,
n'existe plus que de nom. Les évêques lui font
ouvertement la guerre et, au moyen des foudres
de 1 église, ils dépeuplent nos écoles.
Au lieu de voir l'action de l'église se confiner
dans l'ordre moral pour se développer sous
"'égide tutélaire de nos libertés, sauvegardées
ar le gouvernement, nous voyons au contraire
es rôles complètement changés. Aujourd'hui
c'est le Gouvernement qui est soumis l'église.
Celle-ci fait agir les ministres, qui ne sont que
les entrepositaires de son pouvoir. Aucune op
position n'est possible, vu que Représentants et
Sénateurs cléricaux ne sont nommés que dans
les circonscriptions complètement inféodées au
clergé.
Oui, tout est bien changé depuis 1830. De
nos jours il n'y a plus de De Haerne. En effet,
où est le prêtre qui oserait dire
C'est avilir et ravaler la religion que de la
faire dépendre d'un bras de chair. Loin de
moi de demander une protection spéciale
pour la religion catholique, dont je me fais
gloire d'être le ministre je crois au con-
traire que rien ne peut lui être plus funeste
que les faveurs du pouvoir.
Il n'y a pas de libéral qui ne signerait des
deux mains cette proclamation de principes.
Ce que nous ne vouions pas, c'est que le pouvoir
civil soit entre les mains d'un culte (peu im
porte le nom qu'il porte), que les faveurs du
pouvoir soient la collation des évêques, des
curés et des vicaires, en un mot, que tout ce
qui se meut dans l'orbite politique et social soit
la discrétion totale des ministres d'une reli
gion quelconque.
C'est ce que Mgr De Haerne voulait faire
ressortir au Congrès national.
Cet esprit libéral lui est resté. Parfois il en a
donné des preuves. Ainsi, lors de l'exposition
de 1880, organisée l'occasion de l'anniver
saire du cinquantenaire de notre indépendan
ce, alors que les évêques et le clergé s'abstinrent
de paraître cette fête grandiose et patrioti
que, Mgr De Haerne seul fit acte de présence.
II donna ainsi un exemple frappant du devoir
des représentants de l'église envers l'Etat. A
LE PROGRÈS
ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00.
Idem. Pour le restant du pays7-00.
tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20.
INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25.
Insertions Judiciaires la ligne un franc.
Les annonces sont reçues Pour l'arrondissement d'Ypres aux bureaux du Progrès Pour
le restant de la Belgique et de l'Etranger 1'Agence Rossel, 44, rue de la Madeleine,
et 2, rue de l'Enseignement, Bruxelles.
Heures de départ d'YpREs pour
Poperinglie, 6-50 9-09 10-00 12-07 3-00
4.00 6-42 9-05 9-58.
Poperinghe-Hazebrouck, 6-50 9-09 12-07 4-00
6-42 6-05.
Houthem, 5-30 8-20 11-16 5-20.
Comines, 5-30 7-55 8-20 - 9-58 10-03 11-16
2-43 - 2-54 5-20 7-50 8-55.
Comines-Armentières, 5-30 11-16—2-545-20—8-55
Roulers, 7-45—10-45— 12-20 2-45 -4-10 6-42
Langemarck-Ostende, 4-30 (Cortemarck) 7-18 9-57
-12-17 3-56—6-21.
Courtrai, 5-30 8-20 9-58 11-16 2-43 5-20
7-50 8-55. (Dép. de Comines Courtrai 9-35.)
Courlrai-Bruxelles, 5-30 9-5811-162-41 5-20.
Courtrai-Gand, 5-30 8-20 11-16 2-41 5-20.
6-55.
5-40 7-35 10-20 11-30 3-04 6-20.
le