i\° 58. Dimanche,
50e ANNÉE.
il Mai 1890.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Chemin de fer.
Nouvelles locales.
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
Heures de départ cê'Ypres pour
YPRES-FURNES.
FURNES-YPRES.
amais le pays n'a
e mouvement des
ice.
Ypres, le 10 Mai 1890.
L'échiquier électoral est placé. Les joueurs
prennent partout position,
suivi avec plus d'attention
adversaires, qui entrent en
Ce qui depuis longtemps ne s'était vu, c'est
que les lutteurs se servent de l'ancienne straté
gie. En effet, nous voyons en présence d'une
part le libéralisme, qui représente le progrès
du présent et la perfection indéfinie de l'avenir;
d'autre part, le cléricalisme, qui représente la
corruption du présent avec les abus et leurs
sinistres conséquences du passé.
L'enjeu de la lutte, c'est le bonheur ou le
malheur de la Patrie. Le résultat doit avoir
une portée incalculable. Par suite de l'interven
tion ostentalrice des représentants de l'église
romaine, qui veut dominer le monde et qui a
la prétention de faire façonner les lois civiles
d'après les principes du Syllabus, nous avons
pour devoir de lutter avec energie. A cette fin
rien ne peut être laissé l'écart. A nous la
vérité, le droit de la justice, l'honnêteté. A nos
adversaires, en vertu du précepte immortalisé
)ar Mgr Malou la fin justifie les moyens
es mensonges, les calomnies, les corruptions,
es persécutions, pour fausser l'esprit public.
A cette action puissante, dont la cohésion est
le résultat du fanatisme et de l'ignorance, nous
opposerons l'union des libéraux qui sera notre
force.
Aujourd'hui les choses ont changé de face,
les adversaires, qui ont se disputer la partie,
sont de taille se mesurer.
Par suite de l'entente et du pacte, qui vient
de se conclure Bruxelles au sujet du partage
des mandats, entre les deux associations poli
tiques, l'union entre les diverses nuances, qui
ont pour objectif le triomphe des principes
libéraux, est présentement un fait accompli.
Nous n'aurons donc en présence que les hom
mes du passé et ceux de l'avenir.
De plus, la bataille ou le jeu n'est ouvert que
dans les circonscriptions électorales où la lutte
est possible, nous voulons dire, là où la toute
puissance du prêtre politique ne dispose pas
d'une manière complète de la majorité des vo
tants, ainsi que cela existe dans divers arron
dissements où les candidats de Mgr l'évêque,
fussent-ils des noirs du Congo, sont admis et
élus sans la moindre critique et sans la moindre
opposition.
Si nous pouvons nous baser sur les pronos
tics qui arrivent de tous côtés, nous pouvons
dire que depuis bien longtemps les chances
pour notre opinion n'ont pas été plus favorables.
Il n'en pouvait être autrement, en présence
des ruines amoncelees par les cléricaux depuis
six ans de pouvoir, de la destruction de notre
enseignement public, des scandales qui se sont
révélés dans le procès socialiste de Mons et
laffaire Nieler-de Mondion, en présence sur
tout de la partialité révoltante, que jamais
gouvernants aient mise en pratique, pour faire
des nominations cléricales, pour avantager en
tout et partout les principes de l'ultramonta-
nisme, en un mot pour faire prévaloir une
opinion politique sur une autre, ce que le fon
dateur de notre dynastie considérait comme un
danger national.
Tant d iniquités ont soulevé I indignation
partout. Le pays libéral s'est levé comme un
seul homme pour la lutte, en reprenant ses
anciennes armes en vue de combattre cet an
cien et éternel ennemi, qui saffuble de tous les
costumes, mais dont le masque, dans ces der
niers jours, a été arrache avec éclat au sein de
la représentation nationale et comme consé
quence dans tous les journaux libéraux sans
une seule exception.
Présentement le doute n'est plus possible.
Dorénavant nous verrons deux partis en pré
sence les cléricaux qui n'ont de force que par
le prêtre, qui représente leur âme et leur vie
les libéraux dont la force est la raison. Ils re
présentent les droits de I homme qui existent
de par la nature même.
Entre ces deux éléments qui sont d'une part
le résultat d'une superstition et d'autre part une
nécessité sociale, l'électeur ne saurait hésiter
pour accomplir son devoir.
Il n'y a pas de doute, la partie de l'échiquier
revient de droit au progrès.
TRUC A TRUC.
S'il pouvait rester dans l'esprit de quelques
bons bourgeois un doute quelconque sur la pu
reté des intentions du membre de l'opposition
qui siège l'hôtel-de-ville, la séance du Conseil
communal du 19 Avril devrait le dissiper com
plètement. On y verrait que la préoccupation
électorale, dont on soupçonne infecté l'honora
ble membre, est une invention d'âmes perverses,
une infâme calomnie. Oyez.
M. l'Echevin Bossaert, sans aucune allusion
personnelle,parlant du projet de réglementation
de la viande non abattue en ville, et reconnais
sant le côté vénimeux de la question, émet la
réflexion suivante On ne manquera pas d'ex
ploiter la question contre nous.
M. Colaert (très vil). Si j'exploitais contre
vous cette question...
n La loi devait être affichée l'époque de
l'élection communale de 1887. Avant que les
exemplaires fussent arrivés, on en a affiché
dans tous les cabarets avec cette mention
Loi votée par MM. Surmont, Struye et Colaert.
Tout cela dit d'un ton de colère et d'indigna
tion, plus feinte que réelle. Voilà trois ans que
cet affichage pèse sur l'estomac de M. Colaert
ce qu'il en a souffert, lui seul peut le dire, mais
on sent que la douleur a été cuisante. Pensez
donc, montrer au public, avant les élections,
une loi votée par MM. Surmont et Cie, cela s'est-
il jamais vu et cela ne crie-t-il pas vengeance
Aussi se vengera-t-il,et s'il brandit l'entrecôte
et le filet de bœuf au nez et la barbe des can
didats libéraux au mois d'Octobre, ils ne l'auront
pas volé, ces indignes protecteurs de la santé
publique.
Donc pour M. Colaert cet affichage n'a été
qu'une manœuvre électorale et qui n'est pas
l'honneur de l'Administration communale. Nous
irons plus loin que M. Colaert et nous dirons
que ç'a été un truc Est-ce bien, M. Colaert
Et comment appelle-t-on ce retard qu'a mis
le gouvernement envoyer les exemplaires offi
ciels de la Loi-Wet
Aussi un truc. Donc au truc du gouvernement
on a opposé un autre truc. N'est-ce pas de bonne
guerre et de quoi se plaint donc M. Colaert
Faut-il se laisser faire au même et baisser béné
volement la tête devant ces fiers et peu scrupu
leux Sicambres
La Loi-Wet était bonne ou mauvaise elle
allait être bien ou mal accueillie, on la présente
au corps électoral qui la jugera qu'y a-t-il là
de si subversif M. Colaert a-t-il jamais com
battu cette loi en est-il honteux ou fier Hon
teux il a eu tort de la voter ou de ne pas la
combattre et on est en droit de la montrer au
corps électoral. Fier alors de quoi se plaint-il
On dirait vraiment voir ces révoltes d'une
âme indignée, que la politique joue parfois de
mauvais tours ceux qui s'en mêlent. L'esprit
semble brouillé avec la ligne droite et le jouet
de soubresauts qui sont plus le propre de la
carpe que de l'homme politique.
Dans le cas qui nous occupe, le gouvernement
a évidemment calculé le retard qu'il mettait
distribuer la Loi- Wet tort ou raison, il y
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n M. le Président. Yous prenez cela pour
vous Vous vous trompez, mais cela prouve...
M. Colaert. Je le prends pour moi et pour
les miens et je vous réponds que si nous exploi-
tions contre vous cette question, nous ne
ferions peut-être que nous venger quelque peu
de l'exploitation honteuse qui a été faite, sous
les yeux de votre police, de la loi sur l'ivresse
publique, votée par la majorité catholique.
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