AVIS.
50e ANNÉE.
8 Juin 1890
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Chemin de fer.
Résumé politique.
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
Y PRES-FU RN ES
FURNES-YPRES.
L'affaire des pêcheries de Terre-Neuve s'enve
nime de plus en plus. Irrités par l'accueil que
reçoivent Londres leurs prétentions, les pê
cheurs terre-neuviens menacent de recourir aux
moyens extrêmes pour obtenir gain de cause,
voire de proclamer leur indépendance. Les
esprit sont tellement excités que le gouverne
ment anglais a dû se préoccuper de renforcer la
farnison et de donner au commandant de l'esca-
re des instructions spéciales.
Les journaux d'outre-Manche s'apitoient de
plus belle sur le sort de ces malheureux pê
cheurs que la concurrence illégitime des mate
lots français privent de leur gagne-pain. Le
Daily News, entre autres, fait remarquer que la
situation des terre-neuviens est intolérable,
parce que les marins français abordent les
marchers étrangers avec une prime qui leur
permet de vendre meilleur compte que leurs
compétiteurs. Pour le Daily News, cette prime
est une véritable folie de la part de la France,
et l'exaspération des habitants de Terre-Neuve
est des plus justifiées. Comment régler cette
question qui s'aggrave de jour en jour au point
de laisser entrevoir au cabinet Salisbury les
conséquences les plus fâcheuses Le Daily News
conseille son gouvernement de négocier la
cession des droits de la France, mais l'opération
lui paraît bien délicate aussi recommande-t-il
lord Salisbury d'imiter la modération que de
leur côté les ministres français ont apportée
uans lo débat.
D'après ce résumé de l'article de fond du Daily
News, on peut se faire une idée du ton acrimo
nieux et haineux qui dbmine dans le reste de la
Sresse. Les Anglais doivent bien cependant se
outer que le gouvernement français ne consen
tira jamais abandonner ses droits sur le French
Shore. La pêche daDs les parages de Terre-
Neuve, où la navigation est si dangereuse, con
stitue la meilleure école de ses marins. Les
Anglais qui se figurent que la France, pour en
finir avec cette an aire, acceptera de porter un
coup sa marine, se trompent donc. Il est cer
tain que lord Salisbury, dans le but de faire
'entrer le gouvernement français dans la voie des
concessions, a signalé M. Ribot l'irritation des
Terre-Neu viens qui peut faire perdre l'Angle
terre une de ses colonies. Mais cet argument est
sans valeur pour M. Ribot qui n'y peut ajouter
aucune importance.
Pourquoi, en effet, l'Angleterre n'a-t-elle paB
coupé court, dans les débuts, aux réclamations
de l'île de Terre-Neuve Pourquoi la presse
anglaise, au lieu de prêcher le calme et le res
pect des traités, a-t-elle excité le gouvernement
local et les pêcheurs
Le duc d'Orléans a été gracié. Extrait de la
prison de Clairvaux, il a été conduit la fron
tière de Suisse, et un arrêté d'expulsion lui a été
notifié.
Non plus des jours, mais des heures nous sé
parent du scrutin qui sera ouvert Mardi pro
chain pour le renouvellement de la moitié des
membres de la Chambre des Représentants.
Quel en sera le résultat? Personne ne saurait
le dire, il forme l'x du problème que les élec
teurs Gantois auront -résoudre.
C'est cette circonscription qui, cette fois en
core, comme elle l'a fait antérieurement, déci
dera du sort du Ministère, nous pouvons
ajouter du sort de la Patrie.
Dès que la Députation Gantoise est libérale,
elle apporte un appoint suffisant aux circons
criptions Wallonnes qui jusqu'à ce jour ont
été constamment fidèles notre opinion, pour
former une respectable majorité et constituer
un Ministère homogène qui permette de faire
voter toutes les lois jugées utiles dans l'inté
rêt du Progrès et du Pays.
C'est pour ces motifs que tous les yeux sont
tournés vers Gand, que les cléricaux sont obli
gés d'y étaler au grand jour tous les moyens
irréguliers dont ils disposent pour marcher
contre l'armée libérale, quand celle-ci se pré
sente unie et en rangs serrés.
Mardi, ce ne sera pas un combat contre une
force qui n'a qu'un drapeau déchiré mais
contre cet étendard bleu des anciens temps,
accepté par tous les soldats tenant honneur de
le planter solennellement sur la forteresse de
la réaction cléricale.
Il n'est pas étonnant, dès lors, que nous assis
tions aujourd'hui en grand la mise en
pratique du principe que la fin justifie les
moyens.
Nous ne parlerons pas de l'intervention os
tensible et publique de cette armée de prêtres,
depuis l'évêque jusqu'au dernier des moines,
qui doit absolument disparaître de nos mœurs
publiques, mais de la corruption et de l'abais
sement du caractère humain par les ripailles
que les cléricaux offrent aux électeurs dans
la ville de Gand et dans toutes les communes de
l'arrondissement, ainsi que de l'intervention
directe du Ministère dans la distribution des
faveurs gouvernementales et dont quelques
faits, des plus marquants, ont été signalés la
Chambre des Représentants par l'honorable M.
Lippens.
Tous les citoyens, attachés de cœur et d'âme
la Patrie, sont indignés de voir que l'argent
des caisses diocésaines, alimentées par l'obole
du dévêt et les testaments des faibles d'espril,
doive servir corrompre l'électeur, par consé
quent fausser le résultat du scrutin.
Un parti catholique qui use et abuse de pa
reils moyens, peut, pour un moment, se tenir
sur l'eau et ainsi conserver la vie, mais coup
sûr ses jours sont comptés. Dès que l'électeur
aura conscience de son vote, il doit disparaître
de la scène publique.
Le même sort est réservé au Ministère Beer-
naert et Cic qui est arrivé au pouvoir par la
fraude et qui s'y cramponne sous l'influence
d'un pouvoir occulte lequel n'a aucun rapport
avec les besoins de la vie civile et, aucun
point de vue, ne représente les vœux ni les dé
sirs de la nation.
C'est en vue de détourner l'attention publi
que, que les journaux cléricaux chantent tue
tête leurs victoires la Pyrrhus remportées
lors des dernières élections provinciales. L'é
lection législative de Neufchâteau, même dans
laquelle succombe M. Jules Janson plus de
cent voix, n'a aucune influence sur l'avenir, sur
le triomphe futur de nos principes. Toutes les
circonscriptions où la lutte est possible présen
tement nous appartiendront, dès que les cléri
caux auront été refoulés du pouvoir.
En tout état de choses, ce ne sont que les
élections législatives dans les arrondissements
qui ont toujours procuré une majorité libérale
qui doivent être prises en considération.
C'est donc Gand que se trouve le nœud gor
dien et de ce côté nous arrivent les meilleures
nouvelles. Nous pouvons espérer que la majorité
du corps électoral Gantois voudra reprendre
l'épée d'Alexandre pour résoudre la difficulté
en faisant disparaître tout jamais ces hommes
qui ont compromis le pouvoir, qui ont rabaissé
la Belgique l'étranger, qui ont comploté mi
nuit avec des misérables mouchards et qui
n'ont de faveurs accorder qu'aux protégés des
évêques et du clergé, pour ensuite leur donner
la mission de corrompre de plus en plus l'es
prit des masses.
Six années de domination cléricale nous
montrent le grand abîme qui a pu être creusé,
et dans lequel ont été englouties une une tou
tes les lois et mesures que l'opinion libérale
avait su obtenir grand'peine et faire accep
ter par tout le monde, sauf par les évêques.
Par la sagesse, par l'union, ces beaux jours
nous reviendront. Mardi, Gand donnera l'exem-
"S0 46. Dimanche,
LE PROGRÈS
VIRES ACQCIRIT EUNDO.
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M. Jules STRECQ nous prie
d'annoncer qu'il s'est entendu
avec l'administration des télé
graphes pour recevoir en son établissement
Le Lion Noir rue de Boesinghe, au fur et
mesure de leur réception, communication des
télégrammes officiels faisant connaître les résul
tats des élections législatives.
Ypres, le 7 Juin 1890.