N° 60. Dimanche, 50e ANNÉE. 27 Juillets890 JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. Chronique locale. 6 FRANCS PAR AN. PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. Ypres, le 26 Juillet 1890. Notre article de fonds concernant la politique générale ne pourra être inséré que dans notre prochain 'numéro cause de l'abondance mo mentanée des matières. Le moyen le plus sûr d'être loué, c'est de se louer soi-même, comme la meilleure manière de se rendre beau, c'est de faire soi-même son por trait. On se fait ainsi grand comme Turenne, quand on est militaire, éloquent comme Mira beau, quand on pose pour la parole, beau com me Antinous, quand on est épris de ses grâces physiques. On comprend cela merveille au Journal d'Ypres, et on en use, que c'est un vrai plaisir Quoi de fin, par exemple, comme M. (Jolaert Lisez le compte-rendu de la séance du 19 Juillet, que le Journal consacre la glorification du con trôleur, et dites-nous si, après cet aigle unique, aux plumes dorées et aux serres en crampons, il ne faut pas tirer l'échelle Le soleil, en plein midi, n'efface pas plus complètement les petits astres de troisième grandeur qui tournoient au tour de lui. Et cela ne cesse pas un instant. On tombe d'enchantement en enchantement, en exa minant de près ce géant que Rosche ne saurait jamais égaler, eût-il dix mètres de haut. Oyez: Si vous aviez suivi mon avis quand j'ai soutenu, deux années consécutivement, que le burea.u de bienfaisance doit payer l'écolage des enfants pauvres, vous n'auriez pas été rappe lés l'observation de la loi. C'est ainsi que le Journal tait parler M. Colaert. 53 Et plus loin: «Quand j'ai soutenu en 1888 et 1889 le système de la loi 1884, etc. Nons ne continuons pas, parce que ceci n'est que la répé tition du premier paragraphe. Mais chez les grands orateurs, les répétitions, cela fait bien et cela a l'avantage d'allonger le discours. HjMais dire deux fois la même chose ne suffit pas. M. Colaert tient le dire une troisième fois Je dois le reconnaîtrece qui est cer tain c'est, comme je l'ai toujours soutenu, que le bureau de bienfaisance doit payer pour les en fants des parents indigents secourus par lui.Vous le reconnaissez avec moi, après m avoir com battu pendant deux ans. Et cela se retrouve encore une couple de fois, toujours avec la même variante, tel point que c'est le cas ou jamais de dire que plus cela change, plus c'est la même chose. On croirait après cela que c'est fini, n'est-ce pas? Non pas, le Journal tient absolument dire que l'opinion de M. Colaert est conforme la loi et que si le collège cède l'injonction de Y auto rité supérieure .c'estunnouveau succès pour M. Colaert. Quand l'autorité supérieure met le couteau sur la gorge au collège, M. Colaert est là pour dire C'est moi qui vous accule contre le mur. L'aigle se parant des plumes du paon M. Colaert a parlé deux ans dans le désert le gouverneur fait la grosse voix, il menace, le col- ège écoute, et M. Colaert de se vanter d'avoir, par son éloquence, par son ascendant snr le pe tit conseil, terrassé ce monstre de résistance. N'est-ce pas le renversement du monde Encore un coup dans cette débauche de flatte ries. Le Journal engage ses amis assister cette séance (la prochaine séance du Conseil Communal) qui promet d'être intéressante. Ils constateront une fois de plus, dit-il, que dans cette question comme dans beaucoup d'autres, comme dans la question des eaux, M. Colaert finit par avoir raison contre tous. Surtout dans la question des eaux. Tout le monde sait que si quelqu'un a mis de l'obstruc- sionisme dans cette affaire, c'est le contrôleur. Arrêter les travaux, jeter des bâtons dans les roues, sans y apporter un atome de lumière; par ler, phraser, embrouiller, épiloguer vide et creuser le néant, voilà son fort, et il ose parler de la question des eaux. Les procès-verbaux des séances en font foi; si la distribution d'eau n'est pas complétée l'heure qu'il est, ou si elle n'est pas sur le point de l'être, M. Colaert peut en ré clamer sa grande part. Ici, il s'est vraiment sur passé, nous le reconnaissons. Et voici où mène un verbiage, plus funeste la marche des affaires qu'un discret souci du bien général, c'est qu'à force de parler et de s'éver tuer se faire valoir, il ne parvient qu'à mettre plus clairement eu évidence la légèreté du pro cédé et l'incohérence de ses idees. Exemple Dans la même séance, rapportée par le Journal d'Ypres, M. le contrôleur dit n Si notre ordre du j our avait mentionné que le collège proposerait une somme payer par le bureau de bienfaisance, je me serais préparé discuter les conséquences de votre principe. En bon français, cela veut dire que M. Colaert n'était pas prêt pour la discussion, ne connais sant pas suffisamment la question. Quelques instants après, le même contrôleur dit: Je persiste demander l'ajournement, bien que je connaisse la question. Personne de nous n'a été même d'examiner la question avant la séance. Voyons, la connaît-il, la question, oui ou non? D'abord, il ne la connaît pas, puis il la connaît, puis il ne la connaît encore une fois plus Vît-on jamais plus joli bavardage Et le Cou- seil Communal écoute tout cela Si réellement les choses se passent ainsi au Conseil (mais nous avons du mal le croire), nous plaignons amère ment ces pauvres conseillers et il est plus que temps que cela finisse. Ce n'est pas un conseiller communal qu'on a devant soi, c'est un dandi qui se mire et est épris de lui-même, c'est Narcisse. Est-ce qu'on fait de l'administration communale avec Nar cisse Le Journal d'Ypres, toujours fidèle son sys tème, fait tellement l'éloge de son contrôleur qu'il oublie les choses essentielles. Nous disons essentielles, car nous ne pensons pas que quand il s'agit de finances, le public reste indifférent. Or, voici comment s'exprime, sur cet important objet, l'organe catholique M. Cornette fait connaître l'état de la caisse com munale. Et c'est tout. Bon, mais quel est cet état Tant de complai sance pour M. Colaert et pas un mot pour la caisse Tout pour le contrôleur, rien pour nos finances? Ah! si elle était vide, cette caisse, quel déluge de grêlons sur la tête de nos hommes de l'Hôtel-de-Ville! Mais elle n'est pas vide il pa raît même que c'est comme d'haoitude, qu'elle est bien remplie. Nous n'avons pas le chiffre exact; on dit qu'il se rapproche de 50,000 fr. Nous le saurons exactement, et nous supplée rons au silence du compte-rendu du Journal. Esquivant nos observations relatives l'équi pement des Blauwe Koussenle Journal a trouvé adroit de plaider les circonstances atténuantes des particuliers (lisez les catholiques) qui se fournissent chez l'étranger. Nous avions relevé ce fait comme étant le complément de la prati que suivie par les catholiques, et nous l'avions blâmé. Là-dessus, le Journal a ergoté et nous l'avons laissé errer son aise. Si on serrait la dite feuille de près, on n'aurait jamais fini et ce serait trop de naïveté de notre part. Le Journal ne comprend pas et croit nous embar rasser en disant que nous ne répondons pas l'observation qu'il a faite au sujet des particu qui la rigueur, leurs commandes liers et des sociétés privées sont libres, dit-il, de faire où ils veulent. Nous le répétons Si nous ne répondons pas deux fois et trois fois la même argutie, c est que nous n'avons pas le temps de ressasser tou jours la même chose. C'est assez, pour que nos lecteurs nous comprennent, de le dire une fois. Nos lecteurs ne sont pas sourds comme ceux du Journal. Or, nous avons dit que la raison allé guée par le dit Journal est mauvaise. Quand on a la prétention de combler de bienfaits toute une catégorie de gens,, toujours l'affût de faveurs de toute sorte, et qu'on leur a promis le pactole, il faut tenir parole, c'est élémentaire, et ne pas se fournir ailleurs en mangeant sa parole. Pour les catholiques cela est sans excuse et nous n'a vons pas besoin de l'établir en nous répétant. CgXn EN CHINE. On voit, d'après le compte-rendu de la séance du Conseil communal, où le Journal entoure le contrôleur d'une auréole qui est bien faite pour étonner ceux qui ont eu le bonheur d'assister cette séance, que M. Colaert a éprouvé le besoin d'entretenir ses collègues des pavés de la ville, Rien qu'à lire les quelques lignes, trois ou qua tre au plus, que le saint organe consacre cet important objet, on devine tacitement toutes les tribulations par où doit passer l'échevin des travaux publics, s'il entre réellement, comme d'aucuns se permettent de le supposer, dans ses intentions de satisfaire, autant que faire se peut, tout le monde. On a commencé par réclamer le repavage de certaines rues peine y a-t-on mis la main, que M. Colaert y voit une manœuvre électorale. Il est prouvé par a b que c'est là une petite calomnie qu'on repave un peu partout, même là où il n'y a pas d'électeurs, par conséquent LE PROGRÈS VIRES ACQUIR1T EDNDO. ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arroadissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00. Idem. Pour le restant du pays7-00. tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20. INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25 Insertions Judiciaires la ligne un franc. Les annonces sont reçues Pour l'arrondissement d'Ypres aux bureaux du Progrès Pour le instant de la Belgique et de l'Etranger 1'Agence Rossbl, 44, rue de la Madeleine, et 2, rue de l'Enseignement, Bruxelles. I

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Le Progrès (1841-1914) | 1890 | | pagina 1