LE BANQUET DU 28 SEPTEMBRE.
Cléricaux et capacitaires.
Le conseil d'État.
Chronique locale.
Pour peu que cela dure, nos excellents con
frères de la presse sacrée, dont nous ne savions
pas le cœur si tendre, finiront par embrasser
sur les deux joues tous les électeurs capacitai
res que le hasard mettra sur leur chemin Ces
chers électeurs capacitaires 1 L'Escaut d An
vers lui-même se sent la paupière humide et
semble avoir oublié qu'il les a jadis qualifiés de
a vidangeurs. Quant 1 Impartial de Gand,
si on ne l'arrête pas, nous voyons le moment
où il demandera la tète de l'odieux Devolder,
coupable d attentat contre cette partie si res
pectable, si digne, si èclairee du corps élec
toral.
Visiblement inspirée par les préoccupations
électorales du moment, celte comedie de la
sainte presse est aussi impudente que gros
sière nos adversaires redoutent le scrutin
du 19 Octobre; ils regrettent d'avoir dévoilé
trop tôt leurs projets; ils veulent jeter de la
poudre de la poudre avec fumée aux yeux
des électeurs capacitaires ils s'efforcent de
leur persuader que l'ignoble projet Devolder est
définitivement abandonné.
Ces déclarations d'amour aux capacitaires
rappellent le langage effronté que le Journal
de Bruxelles tenait en 1884 aux instituteurs
lorsqu il leur jurait, par tous les saints du pa
radis, que le retour du parti clérical au pouvoir
leur assurerait une sérieuse amélioration de
position au point de vue moral et matériel et
serait pour eux un accroissement de bien-être
et de considération.
Que de malheureux ont cru ces paroles
menteuses, qui ont aujourd'hui leur position
brisée et sont plongés dans la plus affreuse
misère
Les capacitaires ne seront pas assez sots,
assez jobards, pour se laisser berner de la sorte,
par les mielleuses déclarations des saints jour
naux. Leur déchéance politique est le plus cher
désir de nos maîtres si par impossible le
scrutin du 19 Octobre n'était pas une énergique
protestation du pays contre la honteuse politi
que cléricale, celte déchéance serait bientôt un
fait accompli. Les capacitaires, dit avec
raison le Précurseurdoivent trouver en eux-
mêmes leur plus sûr recours. Pendant plusieurs
années, ils ont exercé avec honneur les droits
que le législateur de 1883 leur a accordés. On
veut les frapper, on veut les proscrire, on veut
les souffleter la face du pays. A eux de se
redresser et de protester, avec celte force et
cette unanimité qui constituent un mot
d'ordre, contre l'affront immérité quon pré
tend leur infliger.
Que les électeurs capacitaires suivent ce
conseil! S'ils donnaient dans le panneau, s'ils
prenaient au sérieux les cajoleries qu'on leur
prodigue et que Ion continuera leur prodi
guer d'ici au 19 Octobre, c'est pour le coup
que, le tour une fois joué, le Raflez-moi tout
ça de 1 Escaut d'Anvers redeviendrait le mot
d'ordre de la presse bien pensante.
M. Woeste ne veut pas de la création d'un
conseil d Etat. Il l a fait savoir hier au Patriote
pour répondre, une fois pour toutes, au Cour
rier de Bruxelles, qui, tous les quinze jours,
annonce gravement la prochaine installation
de ce nouveau rouage.
Il est évident que si M. Woeste repousse le
projet d'un conseil d'Etat, il n'y aura pas de
conseil d'Etat. C'est pour la même raison que
nous n aurons ni la revision, ni le service per
sonnel ni la réorganisation de l'armée ni
d'autres choses encore.
Maintenant, pourquoi M. Woeste ne veut-il
pas de rouage nouveau? Nous n'en savons rien.
On dit que c'est pour empêcher M. Picard, qu'il
jalouse un peu, d élre conseiller. C'est bien pos
sible.
M. Woeste, dans sa lettre au Patriotedonne
d'autres raisons pour expliquer son vetomais,
évidemment, on n'est pas obligé de les prendre
pour argent comptant. Il faudrait connaître
bien peu M. Woeste pour croire un seul instant
que la véritable cause de l opposition de M.
Woeste n'est pas son désir d'être désagréable
M. Beernaert. ou aux amis de M. Beernaert.
Or, M Picard passe pour être grand ami de
MM. Beernaert et Lejeune et depuis que l'on
fiarle d instituer un conseil d'Etat en Belgique,
e bruit court que la présidence en serait ac
cordée au candidat qui l'on doit le renverse
ment de la marmite libérale en 1884.
Depuis le départ des troupes pour les manœu
vres en terrain varié, la ville avait repris son
calme habituel et cela aurait probablement duré
quelque temps, si une nouvelle troupe n'était
venue mettre une joyeuse diversion cet état
de choses.
Au lieu de militaires qui donnaient de l'ani
mation nos rues, ce sont maintenant les cléri
caux, mais pour un motif tout différent. Il s'agit
cette fois de tirer la ville de son marasme et de
lui donner de la splendeur et des richesses in
connues jusqu'à ce jour les cléricaux seuls sont
capables de réaliser ce coup de haute école.
Aussi quel zèle et quelle activité ils déploient!
Quelles visites et quelle audace dans ces visites!
Quelles promesses et quels mensonges Vieux
jeu).
Quels mensonges grossiers et maladroits et
faut-il être bien inspiré pour espérer de placer
le quart des mensonges qu'ils débitent.
Et faut-il être de la bonne année pour ne pas
s'apercevoir que les gens chez lesquels on va
débiter ces sornettes sont plus malins que leurs
exploiteurs, et que des haussements d'épaules
sont la réponse qui finalement accueille, peine
ces intrigants partis, leurs tentatives malhon
nêtes.
Nous disons malhonnêtes et le mot est trop
poli pour les roueries auxquelles ils recourent.
Tenter la corruption, avec le sans-gêne qu'ils
y mettent, ce n'est pas seulement un acte que la
morale réprouve, c'est de plus un acte de bêtise
qui doit inévitablement tourner contre ses au
teurs.
Notre population est trop honnête pour se faire
le complice de ces abominables filouteries.
Que quelques-uns s'y laisseront prendre, nous
ne le contestons pas. Nous savons que dans le
meilleur troupeau, il peut se trouver des brebis
galeuses, mais la masse, l'immense majorité de
nos concitoyens a trop profondément gravé dans
le cœur le sentiment de l'honneur, pour que la
malpropreté des moyens par lesquels on veut les
tenter puisse avoir prise sur elle.
Nous sommes donc tranquille de ce côté, mais
il n'en est pas moins de notre devoir de mettre
en garde contre de pareilles turpitudes les rares
personnes que les procédés cauteleux de ces
jésuites en robe courte aussi bien que des jésuites
en robe longue pourraient induire en erreur.
Et qu'on y réfléchisse, si ces gens qui veulent
escalader le pouvoir, étalent aussi cyniquement
leurs agissements, c'est qu'ils n'en soupçonnent
pas la gravité e'est que telle est leur nature,
autrement dit, c'est que tels ils sont au fond de
leur caractère.
Et si telle est leur nature, rien ne saurait les
changer et tels ils se montrent dans leurs moyens
de parvenir, tels ils seraient, une fois parvenus.
Malhonnêtes avant le combatmalhonnêtes
après la victoire.
Non, ces gens sont indignes du pouvoir. La
ville d'Ypres a depuis cinquante ans été régie
par des hommes probes et loyaux on ne per
mettra pas, qu'à leur place, régnent l'hypocrisie,
le mensonge et la malhonnêteté sous toutes les
formes.
miTiXlilili""
On en dit de belles sur le banquet des cléri
caux qui a eu lieu au collège épiscopal, Diman
che 28 Septembre. Cela devait être, vu le
bariolage qui émaillait cette société choisie.
Rien donc que de naturel dans les épisodes
croustilleux qui ont marqué cette jolie fête de
famille. Mais ce qui est le plus comique de tout
ce comique, c'est le discours-toast de M. H.
Iweins. M. Iweins ne se contente pas de prédire
la victoire, (c'est pour la vingtième fois qu'il
prédit cela), mais il éprouve le besoin de se tail
ler un piédestal plus haut que celui de ses colla
borateurs en politique. A l'entendre, M. Colaert
est entré l'Hôtel-de-ville par la petite porte,
(saluez, M. Colaert) et lui, M. Iweins, y entrera
par la grande porte, (saluez, M. Colaert) lui,
M. Iweins, entrera toutes voiles dehors dans le
grand port de salut, d'une toute autre façon que
M. Colaert (saluez, M. Colaert) et les rameurs
qui travailleront avec lui conduire la barque,
sauront planter, sur le rivage, le drapeau de la
victoire, noblement. (Saluez, M. Colaert).
Ainsi parla, en se rengorgeant, le candidat
perpétuel.
Hé bien, cela ne nous étonne pas. M. Iweins
ne doute de rien et, s'il avait oao le dire, il aurait
ajouté qu'une victoire, cueillie sous une petite
porte comme celle de M. Colaert, il n'en aurait
pas voulu, lui, le fier et preux chevalier.
Qu'il est grand, ce M. Iweins.
Mais M. ColaertHein
On nous communique l'instant le menu du
fameux dîner qui a été offert Henrietje, ou
qu'Henrietje a offert lui-même ses électeurs,
l'occasion de la non moins fameuse décoration
que l'on sait, et, surtout, des élections qui vont
suivre.
Nous nous lésons un plaisir de reproduire ce
curieux document politico-culinaire
(Tout un banc.)
Potage d'eau bénite
la/Sb
Id. la bisque politique.
Escargots la cléricale.
Propos d'E. S. de V. d. d. et des B.
Oreilles de veau la jobarde.
Têtes de veau l'extra-naturel.
Poisson d'Avril la daube.
Henrietje en costume de chevalier de cape et
d'épée,
suivi d'un
Boudin grillé sur un lit de pommes cuites.
Chaufroix la Colaert.
Lapin courageux la course, sauce l'oignon.
Canards sauvages, sautés la de Gh.
Dindons piqués au vif, sur croûtes du crû.
CarotteB la Br.
Flageolets la venette.
Buisson de candidatures.
Friture de goujons.
Restes la sauce ravigote.
Prunes électorales.
Marmelade de coins.
Un grand discours d'Henrietje.
Un plat de calembours la C.
Id. de promesses la S1.
Pets-de-nonne.
Brioches locales toutes fraîches.
Bor d Château la pompe.
Champ: Ruinart (marque Br. et C.)
Des nos du Journal dans tous les coins.
But très du terroir.
Hors d'œuvre.
Relevés.
Entrées.
Rôts.
Entremets.
Fruits.
Dessert.
Soufflé la Fr....
Vins.
Petits services.