Chronique locale.
GRANDE NOUVELLE
Seulement nous blâmons hautement ces sor
tes de scènes dont tout lodieux retombe sur
ceux qui les provoquent. Qu'est-ce que les
catholiques avaient attendre lévacuation de
Aigle? Ne pouvaient-ils passer leur chemin?
Leur nombre même n'indique-t-il pas leurs
intentions hostiles? Ensuite quand M. Bossaert
s'est rendu sur les lieux et s'est adressé aux
différents groupes, leur préchant le calme et
les engageant se disperser, pourquoi, alors
que les libéraux lui ont obéi et ont montré de
la soumission vis-à-vis de leur premier magis
trat, pourquoi les stokslagers cléricaux ont-ils
continué rôder en bande compacte et hur
ler la Grand'Place? Répondez donc, Journal
d'Ypres, onctueux organe de vos fervents con
citoyens Si cest en cela que consiste la fer
veur catholiquenous n'en félicitons pas
certains personnages mine papelarde, mais
l'âme remplie de fiel.
Sérieusement, nous appelons toute la sévé
rité du parquet sur les faits qui se sont passés
Dimanche. Si la lutte électorale qui se prépare
doit commencer ainsi, elle deviendra impossi
ble.
LES EFFRONTÉS ET LES FOUS DU
JOURNAL.
L'histoire nous apprend que les Spartiates,
pour inspirer leurs enfants le dégoût de l'in
tempérance, exhibaient leurs yeux des ilotes
ivres.
Un usage plus familier et plus durable a in
troduit de corriger les chats et les chiens de cer
taines négligences de tenue, |en leur frottant le
nez dans leursdistractions.
Nous ferons comme les Spartiates et les maî
tres des prédits animaux, c'est-à-dire que dans
le but de punir et de ramener la pudeur, si
possible, les rédacteurs du Journal, nous allons
reproduire leurs propres élucubrations.
Voici ce qu'on lit dans le n° du Journal du Di
manche 5 Octobre, propos des logements mili
taires durant les grandes manœuvres
Et ces 3,000 hommes, ils ont logés (sic) en dé-
pit du bon sens, en dépit des règles les plus
indispensables de l'hygiène, en aépit des exi-
gences les plus élémentaires de l'humanité
Aussi les murs de l'hôpital militaire, nos rues,
tous nos débits de boissons et autres (sic) les
villages que nos soldats ont traversés, leurs ca-
n sernes et leurs foyers retentissent encore de
n leurs imprécations contre le misérable et in-
tolérable logement que les libérales administra-
r> lions (sic) de la ville d'Ypres les a gratifiés resic).
ri Nulle part en Flandre, pareil sort ne leur a été
fait. Nous en sommes humiliés et honteux de-
vant le pays
Si les misérables, qui, outrageant la fois la
grammaire et la vérité, ont, en dépit de l'évi
dence et du témoignage de l'autorité militaire
elle-même écrit ces lignes mensongères
étaient capable d'être honteux de quoi que ce
soit, c'est de leurs effrontées et impudentes im
postures qu'ils devraient l'être
Mais allez-moi donc chercher de la pudeur et
de la honte chez des gens qui osent tenir un
aussi perfide et aussi indigne langage
Ce ne sont plus des polémistes, ces imposteurs-
là, discutant dans un intérêt public ou préten
dument tel... mais d'ineptes ambitieux, aveuglés
par la haine de leurs adversaires; des affamés de
domination des enragés de parvenir quand
même; des gens de rien, en un mot, appartenant
tout entiers cette méprisable et risibie race de
quémandeurs que Jupiter, pour les perdre sans
remède, frappe de démence et d'incurable folie
Fous, déments ils sont Car peine ont-ils eu
l'air de s'indigner sur de faux griefs par eux-
mêmes inventes, et de verser des larmes de cro
codile sur un prétendu mauvais sort fait ici aux
soldats, que, le naturel reprenant le dessus, ils
s'écrient avec l'âpre impatience de Shylocks,
avides de rentrer dans leurs fonds
Va-t-on songer l'Hôtel-de-Ville payer ce
qui est dû aux habitants du chef de (sic) loge-
ments militaires a
Allons, Messieurs nos édiles Vite la main la
caisse Payez Messieurs S. I. F. et consorts
les quelques francs qu'ils ont dépensés pour
héberger des officiers. Et comme il y a, paraît-
il, de leurs amis qui ont échappé la charge commune,
donnez ceux-là quelques sous pour que tous
soient satisfaits
Où donc s'arrêtera la rage des patrons du
Journal
Voici que, ne sachant plus que répondre aux
reproches que, de toutes parts, leur adresse la
conscience publique indignée, ils osent évoquer
le souvenir d'une catastrophe qui, passé 21 ans,
plongea dans le deuil le plus cruel deux de nos
premières familles et épouvanta la cité entière.
Après les vivants, les morts. C'était dans la
fatalité de leur abjecte polémique. Bientôt ces
chacals de plume iront la nuit au cimetière,
déterrer leurs anciens ennemis pour en jeter les
restes la voirie
Ces vieilles familles, voyez-vous, vraiment
nobles, vraiment généreuses d'âme et de cœur,
vraiment dévouées leur ville natale dont elles
furent de tout temps l'honneur, cela gêne nos
hommes nouveaux, qui voudraient effacer jus
qu'à la mémoire des éminents services qu'elles
ont rendus Ce qu'il faudrait ces parvenus
d'hier, c'est une ville sans attaches avec le passé,
sans traditions libérales, sans souvenir des hom
mes de jadis et, surtout, sans gratitude vis-à-vis
de ceux qui furent les plus méritants parmi les
enfants de la cité une ville sans énergie, sans
vitalité, quasi morte, tendant la gorge leurs
pieds d'inquisiteurs cafards et de maîtres inso
lents
On sait de quelle manière ces sinistres ambi
tieux ont traité la mémoire vénérée de feu Mon
sieur Alph. Vanden Peereboom, et quel accueil
ils ont fait aux listes de souscription destinées
l'honorer et la perpétuer.
Eh bien Qu'ils l'entendent une fois de plus
Les Yprois ont trop de fierté encore, trop de
vieux sang communier dans les veines pour se
livrer ces Tartuffes-là, et c'est avec un senti
ment de dégoût et de mépris, qu'en grande ma
jorité, ils voteront contre eux au scrutin du 19
courant.
Nous avons reçu du papier timbré
M. Fraeys nous demande 3,000 francs de
dommages-intérêts Fichtre De quoi acheter
un second mobilier Bruxelles même sans
remise
Nous verrons cela Nous aussi, nous avons foi
dans la justice de céans
CLÉRICALISME ET INDUSTRIE.
Les menteurs qui composent la rédaction du
Journal osent dire, que si la ville d'Ypres ne
possède que peu d'établissements industriels,
c'est l'administration communale libérale qu'il
faut s'en prendre.
Nous avons démontré vingt fois que cela en
core est une des ineptes inventions du parti clé
rical, reproduite la veille de chaque élection.
Nous avons prouvé de plus, que, pour une fois
que les hauts bonnets cléricaux ont tenté d'in
troduire eux-mêmes l'industrie en nos murs, ils
ont misérablement échoué, perdant leurs peines
et leurs capitaux par leur propre faute.
Nous avons rappelé en outre que, pour les
quelques entreprises qui ont réussi, c'est ou
1 argent libéral ou l'initiative de libéraux qui a
amené le succès.
Mais ce sont nos dires, cela.
Yoici un témoignage inoins suspect et qui
tombe comme plusieurs tuiles sur les vaines dé
clamations des vingt du Journal.
On lit dans le Courrier Belge, feuille catholique
par excellence, n° du 5 Octobre courant, la pre
mière colonne de la première page
Hélas le capital n'est guère chrétien, et sur
dix industriels neufi sont libéraux et anti-chré-
tiens. 7i
Nous laissons le mot anti-chrétiens qui n'est
évidemment là que par artifice.
Mais le fait est que l'industrie n'a rien at
tendre de nos catholiques politiques.
Grappiner sur tout le monde; amasser pour
acheter les votes et les consciences afin d'arriver
la domination; oui, cela ils le tentent, et avec
assion.Mais risquer leurs fonds dans les hasards
es entreprises.... A d'autres
Anti-chrétiens est, après cela, une jolie trou
vaille.
Mais les politiques dont nous parlons sont,
eux, tellement catholiques, qu'ils ne sont même
plus chrétiens du tout
Les exemples foisonnent, et ici, Ypres même,
il ne faut pas chercher bien loin.
POMPES FUNÈBRES.
Les matadors du Journal demandent cor et
cris que le Conseil Communal pourvoie toutes
les places vacantes.
Ce n'est pas assez que l'on ait nommé l'archi
tecte, il faut encore, et de suite, que l'on nomme
un directeur des pompes funèbres.
A entendre ces hâbleurs, maîtres-pêcheurs en
eau trouble, on dirait vraiment qu'il y a péril en
la demeure que tous les morts se plaignent et
qu'eux-mêmes, sentant leur fin venir, ont souci
d'être enterrés avec le concours d'un vrai direc
teur au lieu de l'aide d'un simple f. f.
Eh bien qu'ils le déposent, ce souci-là. Que
si d'aventure l'un d'eux vient de passer de vie
trépas avant les élections, nous joindrons nos
réclamations aux leurs et demanderons avec
eux la nomination immédiate d'un directeur
pour de bon.
Quand on enterre des hommes illustres, com
me un Henritje, on ne saurait leur faire trop
d'honneur.
Après cela, nous ne souhaitons la mort de
personne pas même de celui, bien connu, qui
s'écriait cyniquement jadis, en se frottant les
mains de joie les libéraux meurent comme des
7> mouches cela ira tout seul aux prochaines élec-
77 lions 77
AUTRE ESCOBARDERIE DU JOURNAL.
Tournez-vous de grâce crie le Journal, et l'on
vous répondra.
Bien Mais tournez-vous donc d'abord un peu
vous-même s. v. p., malin confrère.
Dans un articulet qui, de même que tous les
autres articles, sent la peur la plus foncièrement
bleue, vous demandez, Mess. S., I. et Cts, tout
en invoquant l'autorité d'un M. Eymard Duver-
nay, que les magistrats, candidats d'un parti,
se retirent sous leur tente
Eh donc farceurs allez dire cela d'abord
Nivelles, où vos amis politiques mettent en
avant, pour ces mêmes élections communales du
19 courant, un autre Collart, (Auguste pour les
dames), juge d'instruction, lui aussi.
Dites vous cela ensuite, en petit comité,
vous-mêmes, vous qui avez écarté un jeune
avocat qui ne s'était jamais occupé de politique
militante, pour faire donner une place de juge
un homme qui fut longtemps, avant vous et avec
plus de tact et de talent, il faut le dire, le rédac
teur de votre pieux Journal.
Faites-cela etretournez-vous ensuite.
UNE SOIRÉE HISTORIQUE.
La soirée de Dimanche, 5 courant, a été trou
blée par des scènes, heureusement rares en notre
ville, mais qu'on ne saurait assez déplorer et
dont il faut absolument empêcher le retour.
A la même heure, 8 h., l'Association libérale
et l'Association catholique s'étaient réunies,
chacune dans son local, pour s'occuper des élec
tions et, peu près en même temps, vers les neuf
heures et demie, avaient levé leur séance.
La plupart des membres de l'Association libé
rale avaient déjà quitté leur local, quand les
derniers partants se trouvèrent tout-à-coup de
vant un groupe assez compacte de jeunes gens
appartenant au parti clérical, stationnant là,
devant l'Association, pourquoi...? Un peu plus
loin, encore un groupe semblable. Bientôt des
cris, des huées, une bagarre, des collisions, des
coups de canne sur la tête, sur le dos, partout
du sang et une mêlée effroyable.
Une nouvelle infamie du JOURNAL.
i