N° ,86. Dimanche,
50e ANNÉE.
26 Octobre 1890
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Chemin de fer.
Triomphateurs grincheux.
Un satisfait.
Chronique locale.
Encore le scrutin du 19.
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
Heures de départ partir du 1r Octobre
d'Ypres pour
Poperinghe, 6-50 9-09 10-00 12-07 3-00
YPRES-FURNES.
FURNES-YPRES.
Ypres, le 25 Octobre 1890.
Les cléricaux continuent prétendre qu'ils
ont remporté la victoire dans la journée de
Dimanche dernier mais ils ont la victoire
rageuse car voilà qu'ils recommencent avec
plus d'acrimonie que jamais leur campagne
contre les électeurs capacitaires.
Et l'abatage des capacitaires ne leur suffit
{)lus ces triomphateurs, peu rassurés sur
'avenir ce qu'il nous semble, veulent aussi
que l'on enlève le droit de vote tous les offi
ciers sans exception.
L'armée nationale sera frappée d'indignité
politique en revanche, l'armée cléricale aura
plus que jamais le droit de vote, et l'on sait si
elle en use Le Journal de Brugespar exem
ple, nous apprend qu'il y a dans cette ville
bénie quatre cents électeurs communaux ecclé
siastiques, vous lisez bien, quatre cents.
et que pas un seul d'entre eux n'a manqué au
scrutin de Dimanche dernier.
Les capacitaires étant abattus, les officiers
chassés comme indignes des bureaux électo
raux et quelques autres catégories d'électeurs
soupçonnés de libéralisme ayant été égale
ment soumises des coupes sombres, nos bons
cléricaux, modèles d'équité, de loyauté et de
modération, comme nul ne l'ignore, procéde
ront la dissolution des conseils communaux,
et alors, disent-ils fièrement, alors on
verra 1....
On verra effectivement on pourra môme
voir bien des choses non prévues au program
me de ces malandrins politiques qui voudraient
faire les élections comme on fait le porte-
monnaie au coin d'un bois.
Avant les élections communales, le Journal
de Bruxellesécrivait au sujet d'Anvers
Notre minorité de 1887 était de 1,750 voix;
si celte minorité descendait 1,000 voix, le
résultat serait brillant.
L'élection arrive. Les cléricaux reçoivent
une pile épouvantable. La minorité cléricale,
au lieu de descendre mille voix, s'éleve
2,100 voix, et le Journal de Bruxelles im
prime avec un aplomb superbe
Dans les grands centres, où l'on fabrique
volonté des capacitaires de droit, comme a
Gand et surtout Anversnous ne pouvions
pas espérer un plus grand succès que celui qui
a été obtenu.
Etonnez-vous, après cela, que l'organe offi
cieux de nos maîtres se déclaré très satisfait
des élections dans leur ensemble. 11 a la satis
faction si facile 1
Le Journal d'Ypres cherche se consoler
du départ d'Henritje. Mais il s'y prend d'une
drôle de façon. Si, dit-il, l'on enlevait MM.
Cornette, Yan Daele et Beaucourt 13 voix, ils
n'atteindraient plus la majorité absolue. Si l'on
déplaçait 20 voix, M. Gaimant rejoindrait ses
collègues cités plus haut. Si l'on déplaçait 25
voix, MM. Iweins, Cardinael et Bossaert seraient
seuls élus au premier tour. Si les catholiques
avaient obtenu le plus de voix, ils auraient
triomphé et si ma tante avait de la barbe, on
l'appellerait mon oncle
Que le Progrès puisse trouver moyen de
s'amuser de ces calculs, cela n'étonnera per
sonne. Nous avons ri de bien bon cœur. Nous
ne savions pas ce que le Journal d'Ypres allait
inventer pour dissimuler ou dissiper sa mau
vaise humeur. Nous pensions bien un peu
qu'il allait être question d'une grande victoire
morale remportée par les catholiques, mais notre
confrère a trouvé mieux il se lance corps
perdu dans le vaste champ des hypothèses. C'est
très joli, mais très inoftensif.
Ce qui n'est pas gentil de sa part, c'est qu'il
ose dire qu'il lui est indifférent que nous nous
amusions et qu'il n'écrit pas pour nous, mais
pour ses amis C'est nous faire de la peine
vraiment Nous sommes de ses lecteurs assidus,
nous parcourons deux fois par semaine ses co
lonnes avec un empressement digne des plus
grands éloges, et nous voilà payés d'ingratitude!
Ce n'est pas bien
Nous avons annoncé, dit le Journal, une ma
jorité de cent voix au moins. Oui et même da
vantage. Et ces cent voix et au-delà, nous les
eussions certainement obtenues, sans les prati
ques honteuses, immorales et méprisables aux
quelles certains de nos adversaires, pleutres de
la pire espèce, ont eu effrontément recours. Et
ce sont ces personnages qui ont, les uns, prati-
importance
Oh les indignes tripoteurs Mais est-ce
que ces gens n'ont donc aucune conscience, au
cun sentiment d'honneur Corrompre un élec
teur, acheter son suffrage, imagine-t-on bien ce
que c'est Voici un homme qui, pour tout mé
rite, n'a que des sacs d'argent... C'est, au sur
plus, le dernier des ânes... Mais il a de la
vanité, de l'orgueil, de l'ambition, et, ne pou
vant arriver par son intelligence aussi bornée
que celle d'une huître, il veut toute force par
venir par ses écus... Le soir, la nuit venue, il
sort de sa maison, les poches pleines d'or,
et s'en va, se glissant parmi les rues désertes
comme un reptile vénimeux ou un malfaiteur,
trouver, dans une ruelle écartée ou un enclos,
un pauvre diable d'ouvrier attardé son travail.
L'homme de peine a besogné dur tout le jour
il est fatigué et il songe, préoccupé et soucieux,
toutes les nécessités de la vie et la difficulté
d'y faire face au loyer échoir au boulanger
satisfaire aux vêtements renouveler aux
petites provisions faire pour l'hiver; au chauf
fage l'éclairage, etc. Il est là, entouré de sa
femme qui travaille encore comme lui, et de
ses enfants qui sont mal habillés et mal nour
ris... Le riche Monsienr a vu ce tableau tra
vers les fissures des volets mal joints... Il entre
et, tout en fesant sonner l'argent dans sa poche,
il entame l'ouvrier.
Bonsoir, mon ami. Vous êtes électeur
Oui, Monsieur.
Vous avez du mal vivre
Les temps sont durs, Monsieur.
Eh bien Voici cinquante francs et votez
pour moi et les miens. Si nous triomphons,
vous en recevrez encore autant
L'ouvrier a des préférences bien connues, si
pas une opinion politique bien arrêtée. Il a aussi
des devoirs de reconnaissance remplir. Il
hésite un instant, interrogeant d'un triste regard
sa femme qui semble lui répondre... acceptez
pour nos pauvres enfants...
Et l'homme tend la main et le marché est
conclu.
Le Monsieur poursuit sa tournée, et la scène se
renouvelle successivement, quelques variantes
près.
Après l'ouvrier, un modeste artisan après
l'artisan, un petit boutiquier après le bouti
quier, un commerçant d'un degré plus élevé
tous gens gênés pour le quart d'heure, et in
quiets, l'un au sujet d'une fourniture payer
1 autre, d'un loyer solder un troisième, d'une
traite a échoir...
Le Monsieur les connaît tous et il a de ces gens
une liste complète. Et près de ceux chez les
quels l'offre d argent n'a aucune prise, il y a les
promesses de protection ou de places puis les
menaces de retrait d'emploi ou de clientèle.
Sa vilaine récolte de votes et de consciences
faite, le Monsieur rentre chez lui. La nuit est
fort avancée. Ses corrompus ont le sommeil
troublé par la nocturne scène... Ils rêvent du
honteux trafic, et se réveillent tout agités par des
sentiments bien divers, regrettant, la plupart,
l'engagement contracté.
Le Monsieur finit par s'endormir son tour
et rêve lui aussi... Mais le remords n'entre pour
rien, ni dans ses songes, ni dans son réveil...
Il rêve que son système de corruption a réussi;
qu'il a obtenu la majorité au scrutin faussé
qu'il est hissé sur le pavois qu'on l'a nommé
LE PROGRÈS
VIRES ACQUIRIT El'NDO.
ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00.
Idem. Pour le restant du pays7-00.
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4.00 6-42 9-05 9-58.
Poperinghe-Hazebrouck, 6-50 9-09 12-07 4-00
6-42.
Houthem, 5-30 c- 8-20 11-16 5-20.
Comines,5-30 8-20 - 9-58 11-16 2-43 - 5-20
Comines-Armentières, 5-30 11-16—2-54—5-20—8-55
Roulérs, 6-157-45 -10-40— 12-20 2-45 -4-10
6-42.
Langemarck-Ostende, 4-30 (Cortemarck) 7-18 9-57
-12-17—3-56—6-21.
Courtrai, 5-30 8-20 9-58 - 11-16 2-43 5-20
(Dép. de Comines Courtrai 7-45.)
Courlrai-Bruxelles, 5-309-5811-162-43 5-20.
Courtrai-Gand. 5-30 8-20 11-16 2-43 5-20.
5-00 7-34 10-20 1-00 4-00 6-25.
5-06 7-40 10-26 1-06 4-06 6-30.
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