AVIS IMPORTANT.
Chemin de fer.
Résumé politique.
flo 91. Jeudi,
50e ANNÉE.
13 Novembre 1890
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
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FURNES-YPRES.
MM. O'Brien et Dillon obtiennent en ce mo
ment un grand succès aux Etats-Unis. Le soin
que ces deux nationalistes ont pris de dramati
ser leur départ d'Irlande en substituant une
fuite romanesque bord d'un frêle esquii, au
voyage confortable qu'il leur était loisible de
réaliser, le soin, disons-nous, que ces deux
députés ont eu de parer leur expédition d'outre
mer, dénote de leur part un sérieux talent de
mise en scène. Ils n'ont plus maintenant qu'à
recueillir des souscriptions et une fois leur ré
colte de dollars faite, qu'à venir correctement
purger leur contumace. Cependant, le gouver
nement se prépare, comme nous l'avons dit,
adopter une politique transactionnelle avec le
home rule, et, pour le moment, solliciter du
Parlement des crédits afin de venir au secours
des affamés de l'Irlande. M. Balfour vient de
parcourir le pays pour se rendre compte de
l'urgence et de l'intensité des besoins, et partout
il a reçu un bon accueil. C'est qu'en Irlande on
a faim et soif. Ceux qui ont faim demandent des
pommes de terre d'où qu'elles viennent ceux
qui ont soif sont les meneurs qui, en présence
de cette misère la fois réaliste et réelle, restent
paralysés et crient, sur le passage du ministre
Vive la reine en se battant la rue, comme
disaient nos pères pour donner entendre qu'ils
n'en pensaient rien.
M. Nicotera, que l'on avait dit prêt se rap
procher de M. Crispi, a fait Palerme une ha
rangue électorale dans laquelle il a attaqué avec
une véhémence toute méridionale la politique
du cabinet. Il semble qu'à présent, il n'y a pas
de réconciliation possible entre ces deux hommes
d'Etat. M. Luzzatti de son côté, qui fut un des
piliers de la situation, s'est prononcé très vive
ment contre l'exagération des dépenses, tout en
exprimant son admiration pour la triple alliance.
C'est illogique, mais on n'y regarde pas de si
Erès quand il s'agit de sortir d'un mauvais pas.
l'économiste ministériel s'est plaint des procé
dés douaniers de la France, qui n'a pas répondu
aux coquetteries de l'Italie propos du tarif de
représailles. M. Luzzatti a reprocné ses amis
de France leur inertie. Nous ne connaissons
pas les amis de ce confident de la diplomatie
crispienne, mais nous comprenons leur réserve
car ici nous pratiquons l'axiome Les amis de
nos ennemis sont nos ennemis.
Une dépêche d'origine allemande, reproduite
§ar le Daily Chronicle, affirme que l'état de santé
u roi d'Espagne est loin d être satisfaisant,
qu'Alphonse XIII est dans un état de faiblesse
qui ne laisse guère d'espoir et que l'on ne croit
plus qu'il puisse vivre longtemps.
Nous ignorons quelle source ont été puisées
les informations qui précèdent mais d'après les
renseignements, part un léger rhume, la santé
du jeune roi d'Espagne est bonne et, fort heu
reusement, les rumeurs pessimistes dont le Daily
Clironicle se fait l'écho ne reposent, l'heure ac
tuelle, sur aucune donnée positive.
Ypres, le 12 Novembre 1890.
M. Mélot remplace M. Devolder au ministère
de l'intérieur. Ce Monsieur Mélot n'arrive pas
au pouvoir sans émouvoir quelque peu le pays.
C'est peu près comme si on voyait arriver M.
Woesteel peut- être y a-t-il encore une nuance
en plus car si M. Mélot, comme on le dit, n'y
est poussé par M. Wocste que pour en être
l'exécuteur de ses hautes œuvres, il y fera en
core, il faut le craindre, ce que le leader du
parti catholique n'aurait peut-être pas osé faire
lui-même, mais sera enchanté de faire faire
par un autre. C'est si commode de faire tirer les
marrons du feu par un raton quelconque. Non
pas que M. Woeste ait peur de son ombre, tant
s'en faut, mais enfin, quelque audacieux qu'on
soit, il n'est pas sans agrément d'en voir un
plus audacieux que soi, quand en faisant du
zèle, il ne fait qu'aplanir la route qu'on se pro
pose de parcourir un jour soi-même. C'est
aulaut de gagné.
Enfin nous verrons et peut-être plus tôt que
nous ne le désirons. Ce sont surtout les institu
teurs en traitement d'attente qui ont lesyeux fi-
xéssur le nouveau chefdel'instructionpublique.
Ils se soucient peu, ces braves gens brutale
ment sacrifiés la haine cléricale, de savoir si
le nouveau ministre a une petite figure de
magot japonais, feuille rose ils ne s'inquiètent
que médiocrement si son éloquence a le tran
chant des couteaux de son pays, ce qui les
préoccupe, et juste titre, ce sont ses inten
tions et ce qu'il fera, quant leur traitement
d'attente. Simple député, M. Melot a montré
pour ces victimes de la rage cléricale si peu de
sympathie que, sans attendre léchant du coq,
il les aurait réduites, l'instant même, l'état
de squelette,', comme l'emblème expressif de
l'enseignement officiel.La perspective, pour ces
naufragés des écoles, n'est donc rien moins que
riante.
Mais M. Mélot oserait-il mettre en pratique
les théories qu'il professait sur les bancs de la
Chambre Quelques-uns opinent pour oui,
avec cette restriction, c'est qu'il serait accorde
aux instituteurs un délai déterminé, pour se
pourvoir ailleurs.
Nous estimons que ce serait encore trop,
c'est-à-dire, que la mesure serait encore in
juste. On ne se pourvoit pas facilement d une
place, et cela est d'autant plus difficile que
toute une éducation a été dirigée dans un sens
déterminé qui exclut pour ainsi dire toute autre
direction l'esprit. Il en reste encore malheu
reusement beaucoup d instituteurs en traite
ment d'attente, quoiqu'un grand nombre aient
disparu pour des causes diverses. Mais s'il était
si facile de se passer de cette aumône de l'Etat,
accordée de si mauvaise grâce, croit-on qu'il
en resterait encore tant
Mettant de côté toute animosité de parti, y
a-t-il une dette plus sacrée que celle que l'Etat
a contractée envers ces modestes fonctionnai
res? Qui en a fait des instituteurs qui les a
dirigés dans celte voie? Le gouvernement. Qui
leur a promis une existence assurée? Le gou
vernement. Qui les a appelés instruire la
jeunesse Le gouvernement. Qui les a façonnés
d'une manière telle que toute autre occupation
que celle pour laquelle ils ont été dressés est
difficile sinon impossible? Le gouvernement,
toujours le gouvernement, non pas, il est vrai,
celui que nous avons le bonheur de posséder
pour la plus grande gloire du niveau intellec
tuel du pays, mais iautre, celui qui a été en
glouti sous les foudres de l'épiscopat. Mais la
dette contractée par l'un est transmise l'autre,
et rengagement, car il y a engagement moral,
de l'Etat ne saurait disparaître avec les hommes
qui l'ont signé de leur nom. L'Etat est au-
dessus des hommes et de leurs rancunes. Qu'on
change de système, soit qu'on change d'insti
tutions, cela se voit dans tous les pays du
monde, mais qu'on respecte les engagements
pris, c'est un devoir et le plus élémentaire.
Supposons un instant qu'on réduise l'armée.
On ne le fera pas, nous le savons bien, et ce
serait même impossible. Mais mettons qu un
jour on le fasse, un M. Mélot quelconque,
oserait-il supprimer les officiers en leur oc
troyant parcimonieusement le tiers ou la
moitié de leurs appointements et cela pour
toujours, ou mieux encore, en ne leur conser
vant cette portion congrue que pendant un
temps déterminé Casser une légion d'officiers,
leur couper les vivres, leur barrer le chemin
qu ils avaient si bien compté parcourir bril
lamment, cela pourrait-il entrer dans la cervelle
d'un seul ministre de la guerre Cependant y
a-t-il une si grande dissemblance entre le cas
des officiers supprimés et celui des instituteurs
brutalement mis pied
Le traitement d'attente n'est donc qu'une
légère atténuation au mal qui a frappé toute
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