N°93. Jeudi,
20 Novembre 1890.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
AVIS IMPORTANT.
Chemin de fer.
Résumé politique.
M. Théodor.
Chronique locale.
Encore un camouflet
au Journal
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YPRES-FURNES.
FURNES-YPRES.
L'insurrection qui s'est produite ces jours-ci
sur le territoire du Honduras a eu un dénoue
ment sanglant, mais favorable, semble-t-il, au
rétablissement du statu quo ante. Ainsi que nous
l'a annoncé une dépêche, le général San chez, qui
s'était soulevé contre le président légal, M. Bo-
gran, a fini par avoir le dessousaprès avoir ob
tenu les premiers avantages, et a été sommaire
ment passé par les armes avec un grand nombre
des officiers associés son complot.
Nous avons du reste, aujourd'hui, l'explication
même de l'inssurection et des raisons qui fai
saient craindre l'explosion d'une guerre généra
le de l'Amérique centrale.
Le soulèvement du général Sanchez était, pa
raît-il, une des suites de la récente guerre du
Guatemala contre le San-SalvadorLe général
Ezetaprésident de cette dernière République
qui triompha avec tant d'éclat des Guatémaltè
ques aurait résolu de poursuivre son succès en
infligeant une leçon au président du Honduras
lequel avait soutenu le Guatemala de ses sym
pathies et essayé, avec lui d'imposer au San-Sal
vador le projet de confédération de tous les
Etats de l'Amérique centraleC'est lui qui au
rait instigué le pronunciamiento du général San
chez dans l'espoir de faire déposer le président
Bogran et de détacher ensuite le Honduras de
son alliance avec le Guatemala.
Tel est le plan que M. Bogran, par son énergi
que résistance aux insurgés et sa rapide et san
glante répression dumouvementvientdedéjouer,
au grand chagrin du général Elzeta. Reste sa
voir si celui-ci, déçu dans ses espérances, ne fera
pas quelque tentative directe contre le Hondu
ras. Adversaires et partisans de la Confédération
des républiques de l'Amérique centrale semblent
considérer ce projet comme une question de vie
ou de mort et, soit pour le faire réussir, sont ca
pables de courir les aventures les plus meurtriè
res. C'est une situation qui n'a pas dit son der
nier mot, apparemment.
On nous écrit de Bruxelles
Jeuiïe encore, M. Théodor, le candidat des
indépendants pour l'élection législative du 24
Novembre, montre un faux aspect de coq de
combat. Il a les yeux agressifs et le nez provo
cateur, des yeux noirs très vifs, un nez en bec
d'aigle. Sa chevelure, allé de corbeau, soigneu
sement pommadée, est partagée par une raie
correcte. Correctes également ses moustaches
noires, effilées comme celles d'un officier de
cavalerie; correct son faux-col neuf; correcte sa
belle redingote aux plis amples; correcte en
core sa cravate dernière mode. Coq de combat,
soit, mais avant le combat...
Modeste, M. Théodor s'imagine volontiers
égaler les plus grands tribuns comtemporains
par sa chaude éloquence. Opinion personnelle
que l'on ne saurait partagerSans doute
M.Théodor. grâce certains trémolos dans la
voix et force gestes encolérés, donne l'illu
sion d'une verve tribunienne mais ce n'est
qu'une illusion... Coq toujours aigle, jamais,
sinon par le nez I
Son discours a déversé un égal éloge sur la
noblesse, la bourgeoisie et les ouvriers. 11 ne
s'est montré amer que pour le collectivisme. Et
afin de reconquérir les bonnes grâces de M.
Woesle, il s'est déclaré anti-révisionniste. In
suffisant Tant qu'il n'aura pas retracté son
discours de 1888, M. Woeste ne lui pardonnera
pas et il en sera de même de M. Del mer et des
purs qui mettent la religion avant la politique.
Théodor, ne jouons plus avec les choses saintes,
n'est-ce pas
Le voilà donc, malgré M. Nothomb et M.
Woeste, malgré M. Delmer, chargé de porter
le drapeau de la coalition clérico-indépendante
l'élection du 24 Novembre. Lourde charge,
mon pauvre Théodor L'union du parti libéral
est reconstituée sur le nom de M. Charles
Graux le succès douteux hier, est maintenant
assuré. Le clairon libéral va sonner le rallie
ment de toutes les forces du parti personne ne
manquera son appel et le 24 Novembre, lâché
par les purs, bousculé par les libéraux, le tri
bun Théodor laissera choir le drapeau de ses
amis, condamné ne plus être relevé, 1890
assurant 1892.
Un nouvel exemple de la haute estime dans
laquelle les administrations communales cléri
cales tiennent l'enseignement public officiel.
On nous cite une commune de Limbourg qui
vient de mettre la disposition de l'instituteur
catholique la moitié du préau de l'école com
munale. Sait-on comment l'instituteur a utilisé
celte partie du préau? Il l'a tout simplement
convertie en jardin légumier son usage, et il
y a planté des choux.
On est toujours sans nouvelles quant l'en
quête.
Voilà huit jours que le dossier de la première
enquête est Bruges MM. Vanhee et Vercruys-
sen ont été désignés pour en vérifier l'exactitude
ou pour en faire une nouvelle ab ovo, on n'en sait
rien, pourquoi ne se pressent-ils pas Dans ces
questions où la passion politique ne prend que
trop librement son envolée, il est bon de serrer
les choses de près et surtout de ne pas donner
lieu des interprétations fâcheuses. Il y va de
l'honneur et de l'intérêt de tout le monde.
Ainsi peine la première enquête fut-elle or
donnée, aussitôt on se mit l'œuvre et, sans
f(réparation, sans retard aucuns, on l'entama et
'acheva sans désemparer. C'est la bonne façon
d'empêcher l'intrigue et le dressage des compar
ses; bref, c'est la manière franche et loyale
qu'emploie celui qui n'a rien craindre et qu'on
devrait suivre toujours en pareille occurrence.
Faire l'inverse, traîner les choses en longueur,
c'est donner aux malins le temps de dresser
leurs batteries, de styler les sujets et de pétrir
la pâte pour les besoins de la cause. C'est louche
et cela donne lieu aux commentaires les plus
désobligeants. Nous attirons la sérieuse attention
de MM. les enquêteurs sur ce côté délicat de leur
mission.
Et puis, pourquoi remettre demain ce qui
peut se faire aujourd'hui? Encore si, ce jeu
d'enfant, il y avait quelque chose gagner,
mais il en sera après comme avant et toute
la peine que se donnent les tripatouilleurs, bat
tus et pas contents, ppur échafauder un système
d'attaque que doit nécessairement démentir l'é
vidence des faits, sera de la peine perdue.
Après l'enquête comme avant, Henri restera
battu et pas content.
Encore si, par impossible,ce que nous nous re
fusons admettre, l'enquête donnait un résultat
contraire nos prévisions, il y a autre chose que
laDéputation Permanente et, Dieu merci, nous
savons ce qui nous resterait faire. Nous ne
sommes pas de ceux qui se laissent écorcher
sans crier et surtout sans se défendre, et nous ne
nous laisserons pas écorcher.
Les vingt ou les vains du Journal (plutôt ceci
que cela) ne pourront plus compter bientôt les
bottes qui leur sont portées de toutes parts par
des gens de leur propre bord.
C'est aujourd'hui de l'Afrique que leur arrive
lecoup de pied, magistralement adminis
tré par un prince de l'église.
On se rappelle l'hypocrite bruit que nos libel-
listes firent de ce que, lors du Festival, on avait
crié Vive la République française de ce que
encore, M. l'Echevin Bossaert avait, propos de
la Marseillaise, associé le souvenir de cet hymne
national quelques paroles d'éloge adressées
aux Sociétés de Bergues et de S* Omer.
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Ypbes, le 19 Novembre 1890.