Dédié aux honnêtes gens
de tous les partis.
noua aurons en maigre échange l'école régimen-
taire du lr de ligne d'Ath.
Le 25. une députation du Conseil communal,
M. le Représentant Colaert compris, se rend
en toute hâte Bruxelles près du minis
tre do la guerre, aux tins d'obtenir le retrait de
la mesure, c'est-à-dire le maintien de notre pe
tite garnison. En ordre tout fait subsidiaire,
elle demande que, tout au moins, on accorde un
sursis d'exécution.
Rien n'y fait.
M. le Ministre accueille très-courtoisement la
députation du Conseil, mais répond qu'il lui est
impossible, absolument impossible, de revenir,
même provisoirementsur une décision qui a été
prise dans un intérêt général et supérieur du
service. Il assure toutefois de nouveau que la
ville d'Ypres aura une compensation dans l'en
voi de 1 école régimentaire du lr de ligne et
que si, plus tard, d'autres occasions de favoriser
la ville se présentent, il s'efforcera de les mettre
profit.
Nos Conseillers s'en retournent avec cette eau
bénite, plus trempés que par l'eau de pluie qui
les a, paraît-il, accompagnés tout le long de leur
voyage.
Mais voici que, le lendemain, se présente chez
M.le Ministre de la guerre la députation libérale
d'Ath, M. le Comte Oswald de Kerckhove en
tête.
La situation change subitement. Ce que M. le
Ministre avait formellement promis la veille
comme une compensation aux Yprois, il le retire
prestement et promet la députation athoise
que l'école destinée Ypres leur restera.
La ville est informée de cette décision qui lui
fait une situation plus dure encore.
De nouvelles négociations s'entament immé
diatement par voie de correspondance, et voici
que Samedi dernier, midi, arrive en nos murs
une dépêche officielle du Ministre Pontus, an
nonçant, au Major commandant la place et le
bataillon, que ce dernier nous restera jusqu'à
nouvel ordre...
Que s'est-il passé dans l'intervalle Et qui,
ou quoi, devons-nous que la décision ministé
rielle n'ait pas été aussi rapportée quant nous?
Bien dès gens seront embarrassés pour répon
dre ot il y a vraiment lieu de l'être.
M. Colaert a déclaré Samedi au Conseil, que
M. Struye, M. le Sénateur Surmont et lui-même
ont fait, le même jour du 25, dans l'après-midi,
une démarche près de M. le Ministre Beernaert,
chef du cabinet, qui leur a promis d'intervenir
près de son collègue de la guerre.
C'est très bien... M. le Conseiller de Stuers les
avait même devancés près de notre Premier.
Mais il n'en est pas moins vrai que le lende
main, 26, M. Pontus, la suite de son entrevue
avec la députation d'Ath, fesait savoir l'Admi
nistration communale que l'école du lr de ligne
ne viendrait, qu'au bout de l'année pro
chaine, remplacer le bataillon toujours destiné
partir. Et ce qui est vrai encore, c'est que ce
n'est que le Samedi, 29, midi, que nos députés
ont appris, comme tout le monde, la nouvelle
du maintien provisoire du statu quo, pour Ypres
comme pour Ath.
Etrange étrange Singulière singulière que
toute cette histoire
Laissant-là pour le moment les causes, très-
obscures, de la mesure première même, et ne
nous en tenant qu'à la solution finale, il nous est
avis que si jamais il a été sérieusement ques
tion du départ du bataillon et si nous avons
être reconnaissants vis-à-vis de nos Ediles de
ce qu'ils ont tout d'abord tenté, c'est en défini
tive la Députationd'Ath que nous devons
de n'avoir rien perdu.
C'est elle, en effet, qui a amené M. le Mi
nistre de la guerre retirer sa promesse aux
Yprois, se rétracter, se dédire, se mettre,
en un mot, dans une des plus fausses positions
ou un galant homme, même ministre, puisse se
trouver....
Du retrait de cette promesse au maintien de
notre garnison, il n'y avait plus qu'un pas logi
que, nécessaire,-inévitable, faire, et nos dépu
tés et sénateur, courant, après le Conseil, chez
M. Beernaert, n'ont plus eu qu'à enfoncer une
porte déjà plus qu'à moitié ouverte
Oh nous entendons bien que nos hommes se
targuent d'avoir accompli un tour de force... Ils
l'ont même fait crier Dimanche matin soùs tou
tes les portes par l'organe de leur véridique
Journal, et, depuis, des affiches roses où ils se
congratulent et se remercient eux-mêmes, l'ont
proclamé tous les coins de rue.
Mais, franchement, tout cela rend le rôle
et l'attitude de nos cléricaux de plus en plus
louches et suspects, et le public sensé, qui n'est
point dupe de leurs grimaces et de leurs boni
ments, se pose, malgré tout, une foule de drôles
de questions.
Qui donc a conçu l'idée de retirer, en plein
Décembre, notre petite garnison pour l'envoyer
Etterbeek
Qu'on ne parle plus de nécessités de service
d'intérêt supérieur Il ne peut plus en être
question. Plus même de l'intérêt de la ville.
Qui donc est le coupable
Un vieux brocard répond que, d'ordinaire, le
coupable d'un méfait est celui qui devait espérer
en profiter... Illefecit cuiprodest...
Or, les gens qui voient clair ne sont pas sans
apercevoir qui le départ au 16 Décembre, de
notre bataillon, devait, certaine éventualité se
réalisant, causer bénéfice... On sent cela au corn-
de d'ailleurs, aan d'ellebogecomme on dit ici...
Nous savons l'objection déjà précipitamment
et étourdiment hasardée
Mais elle est puérile et même compromettante.
Qu'il y ait, parmi nos meneurs cléricaux des in
dividus qui, aveuglés par leur sotte ambition,
ne voient pas plus loin que le bout de leur nez
des personnalités qui ne prévoient pas les consé-
uences éloignées ou de second plan d'un acte
ont les résultats immédiats seuls les touchent
eh quoi d'étonnant!... Mais nous l'avons dit cent
fois il y a des maîtres imbéciles, des idiots
achevés parmi ces politiciens, et tout le monde
sait cela Ne faut-il paspar exempleêtre abso -
lument privé de sens commun et de sens moral
pour s'exposer au mépris de ses propres alliés, en
se vantant de sacrifier 50,000 francs une élec
tion Qu'un crétin d'Astèque de cette trempe
ait, avec l'aide d'un Woeste quelconque trompé
lui-même, commis une grosse sottise, n'est-il pas
du devoir des compères mieux avisés de la répa
rer aussitôt Et où est leur mérite en ce cas
Est-ce l'intérêt de la ville ou le leur propre
qu'ils servent en l'occurrence
Mais il y a une autre hypothèse; et l'aventure
est si extraordinaire qu'elle autorise toutes les
suppositions.
Il y en a qui disent, et ce sont peut-être les plus
perspicaces, que tout a été préconçu et prémédi
té, manigance et arrangé l'avance: le retrait de
la troupe le refus opposer aux démarches
inévitables du Conseil puis l'accueil favorable
faire celles, non moins prévoir, des députés
d'Ath, et, finalement, celles convenues de nos
députés nous. Tout cela astucieusement com
biné et monté en une nouvelle machine de
guerre dressée derrière la demande en annula
tion des élections, et en prévision d'un scrutin
nouveau.
C'est machiavélique, diabolique, cela, sans dou
te, et nous avons quant nous quelque peine y
croire.... Mais il faut bien le dire, de la part de
certains cléricaux, que la folle rage du pouvoir
précipite en avant, il n'y a rien qui doive sur
prendre, car il n'est rien dont ils ne soient capa
bles
Est-ce que des gens qui, après avoir mis tout
en œuvre pour fausser une élection, ont l'impu
dence d'attaquer cette même élection en nullité
devant des juges de leur bord, ne sont pas capa
bles de toutes les ruses, de toutes les perfidies et
de toutes les énormités
Evidemment.
Et puis, écoutez la vantardise finale
Bulletin spécial du Journal, supplément au n°
du 29
Boum
Le bataillon, grâce nos députés et notre
Sénateur, nous sera conservé et définitivement
peut-être
Tenez Tenez
Et l'intérêt supérieur du service
Et l'intérêt de la ville l'un et l'autre chan
geant de nature et d'exigences, suivant qu'on a
affaire un Conseil libéral ou une députation
catholique
Mais les deux intérêts ayant été successive
ment méconnus, reniés, quel 3e intérêt, supé
Nous le répétons en toute vérité il y a là an
guille sous roche ou crapaud derrière la
borne, et plus on scrute les faits, plus l'histoire
apparaît comme équivoque et louche sous toutes
ses faces. Le vraisemblable, le certain même
pourrait-on dire, est, le maintien du bataillon
n'étant que provisoireque le départ aura lieu
quand même, dès que l'intérêt électoral sera
satisfait ou hors cause.
Aussi, laissons-nous tous ceux qui ne sont
ni aveugles, ni sourds, ni absolument idiots, le
soin de conclure. Et nunc erudimini, comme dit
le Psalmiste.
Nous savons ce que les gens honnêtes, sensés,
loyaux de toute opinion pensent en ville de tout
ceci, et cela nous suffit.
Ce n'est pas encore le prétendu repêchage de
la garnison qui empêchera nos cagots de faire
un nouveau plongeon la prochaine rencontre.
Que ce soit demain ou dans trois ans.
Evénement symptômatique.
Les vingt ànJourml qui,depuisle scrutin du 19
Octobre, étaient devenus muets comme des car
pes, semblent avoir subitement recouvré la voix.
Ils parlent donc dans le dernier numéro et,
naturellement, pour dire, comme d'habitude, de
grosses sottises.
Comparant irrévéremment ces messieurs de la
Députation des gendarmes, ils allèguent que les
libéraux en ont peur.
Diable ce n'est- pas nous qui le leur avons
fait dire.
Mais si les honorables permanents doivent être
assimilés de vulgaires pandores, il ne serait
pas étonnant que nos amis en prissent un léger
ombrage.
Toute suspicion serait, en cas pareil, on ne
peut plus légitime.
Un spirituel écrivain, mort hélas! a dit si on
m'accusait d'avoir volé les deux tours de Notre-
Dame, je commencerais par prendre la fuite. Et
il parlait, plaisamment, notez-le bien, d'un cas
relevant de la justice ordinaire, rentrant dans le
droit d'investigation et de j uridiction de magis
trats désintéressés intègres consciencieux
impartiauxplacéspar la nature même de
leurs fonctions, en dehors de tout esprit de parti
et au-dessus de toute influence quelle qu'elle
pût être.
Ici au contraire, et c'est ce que la passion po
litique n'a pas permis au j ournaliste étourdi de
discerner, les libéraux sont traduits par leurs en
nemis jurés devant les meilleurs amis de ceux-
ci, et ces ennemis eux-mêmes seront entendus
la fois comme accusateurs et comme témoins en
l'instruction ouverte, le tout sans la moindre
garantie quant la véracité des témoignages.
Et qui donc n'éprouverait pas une légère ap
préhension si, ayant un litige vider, il était
complètement livré son adversaire, la fois
juge, partie et témoin
Ah ça! Mais on m'accuserait devant un tribu
nal pareil du fait le plus faux et en même temps
le plus inoffensif, par exemple, d'avoir fait la
cour un riche imbécile et de m'être attaché
sa fortune politique pour qu'il payât mes dettes,
que je m'empresserais de prendre mes deux
jambes mon cou et de mettre la frontière entre
mes bons juges et moi.
Mais nos amis ne fuiront pas, qu'on le sache
bien.
Loin de là Ils demanderont, au contraire,
être confrontés le cas échéant, et, défaut d'au
tres garanties, il est permis d'espérer qu'on ne
leur refusera pas au moins celle-là.
Les cléricaux ont éprouvé le besoin d'annon
cer leurs chers concitoyens (tiens, tiens, les conci
toyens peuvent donc leur être chers que leurs
Sénateur et Représentants sont les seuls et véri
tables fabricants du Jean-Marie Farina, qui a
nom de 3e bataillon du 3e régiment de ligne.
Voyons, MM. les Sénateur et Représentants,
êtes-vous aussi forts que vous le prétendez par
votre affiche rouge Vraiment avez-vous au mi
nistère l'influence dont vous vous targuez
rieur tousM. Beernaert est-il donc allé servir
et faire triompher près de M. Pontus