Chronique locale. Le froid sévit avec une intensité persistante. Le petit ensouffre, mais de tous côtés on vient son secours. Nous apprenons que les li béraux organisent un con cert au profit des pauvres. Nous applaudissons de tout cœur cet acte de cha rité, qui sera bien accueilli en ville. Complet. iTép un seul, le plus futile de tous, la défectuosité des isoloirs, ait été maintenu et ait servi casser l'é lection En réalité, leur seul défaut, ces iso loirs confectionnés d'après les modèles envoyés de Bruxelles, c'est d'avoir servi crouler les ca- lotins M. Woeste l'avait bien dit il faut toute force emporter cette forteresse du libéralisme Ypres, coûte que coûte Nos cléricaux ont voulu justifier ces paroles, mais ils se sont trom pés et ils se tromperont encore Regardez donc par quels moyens ils ont cherché nous leurrer Voyez toute cette question du retrait de notre garnison, où notre représentant Colaert a joué un si joli rôle, et que tous les gens sensés quali fient de triste comédie Quand connaîtrons-nous une décision défini tive Peut-être dans 3 ou 4 semaines. Nous ferons toutes les tentatives possibles Biur faire rapporter cet incroyable arrêt de la éputation permanente. Mais qu'il y ait élection de nouveau L'indi gnation est si grande, Ypres, dans toutes les classes de la société, que l'échec que nos adver saires subiront prochainement, sera un aplatis sement en comparaison de l'échec précédent. Depuis 1830, c'est la première fois qu'il y a en Belgique une annulation pour un motif aussi futile que celui invoqué par notre Députation permanente Prenons dès présent nos mesures en vue d'une nouvelle lutte. Je vous engage, lors du vote, ne donner qu'un seul coup de tampon, afin qu'il n'y ait pas d'erreur possible. Au der nier moment, l'émotion aidant, on se trompe Sarfois en voulant faire un choix entre les can- idats. Un seul coup de tampon pour toute la liste, c'est ce qu'il y a de mieux, sans compter que, si nous l'emportons par des bulletins una-. nimes, notre victoire sera plus éclatante et que nous aurons démontré combien nous sommes forts et UNIS J'engage aussi individuellement chacun des membres présents cette nombreuse réunion agir, selon son influence, sur les électeurs un peu tièdes qu'il pourrait connaître, et sur les quels il pourrait avoir certains moyens d'ac tion. De son côté, le Comité ne s'épargnera au cun effort pour assurer notre triomphe. Ce discours, plusieurs fois interrompu par des exclamations enthousiastes, se clôture par un tonnerre d'applaudissements. A son tour, M. Bossaert, sollicité par l'assem blée, se lève et prend la parole. L'honorable orateur est salué par une manifestation aussi bruyante que cordiale. Nous n'avons pas encore reçu l'Hôtel-de- Ville, dit M. Bossaert, la notification de la déci sion prise par la Députation permanente, nous n'en connaissons pas les termes, je ne puis donc pas entièrement la réfuter en connaissance de cause. Toutefois, je puis vous dire que dans le public cette décision est quasi unanimement qualifiée de scandaleuse. Nous ferons ce que nous pourrons pour la faire casser. Notre code électoral a déjà enlevé aux Dépu- tations permanentes le droit de statuer sur les réclamations contre les listes électorales et a déféré ce droit aux Cours d'Appel composées de magistrats intègres et impartiaux, placés en de hors et au-dessus des partis. N'est-ce pas une anomalie que de permettre ces mêmes Députations d'invalider ou de valider leur gre une élection suivant que les candidats élus sont ou non de leur bord Mais, ajoute l'orateur, laissons là les députés Sermanents et les manœuvres cléricales En ernière analyse, c'est le corps électoral qui sera le véritable tribunal de cassation. C'est vous tous qui déciderez en dernier ressort. Vous n'ou blierez pas que le désaveu qui vous est infligé est une injustice et une tricherie Quelqu'un disait ce matin actuellement la lutte n'existe plus entre libéraux et catholiques, mais entre honnêtes gens et malhonnêtes gens. Cela ne semble que trop vrai Mais il faut se garder d'appliquer le qualificatif de malhonnêtes tous les cléricaux' indistinctement, car il en est aussi bien d'honnêtes parmi eux. Nous n'entendons parler que de ceux qui ont manigancé toute cette affaire d'invalidation pour le seul motif que leur parti a été battu. Je vous exhorte au calme et vous conseille d'éviter les bagarres, aussi, d'éviter le piège que pourraient vous tendre vos adversaires vous provoquer pour pouvoir ensuite se poser en victimes. Soyez modérés et défiez-vous Que le calme soit du côté du bon droit Le triomphe final, soyez-en sûrs, sera aussi de ce côté-là. Nous l'emporterons en dépit de toutes les fraudes, de tous les mensonges et de toutes les injustices La séance est levée au milieu d'un enthousias me indescriptible Dimanche matin, rentrant de promenade avec mes deux chiens,j'aperçus, glissé sous ma porte, un pli mon adresse. Mes chiens avaient remarqué le pli comme moi et, après l'avoir flairé une seconde, s'étaient prestement retournés en levant, chacun, sa patte. Soupçonnant de suite quelque malpropreté cléricale, j'écartai les intelligentes bêtes et allai prendre des pincettes. Le pli ouvert et ramassé, j'y lus d'abord une impudente sottise l'adresse des libéraux. C'était sans importance. Les injures d'Hen- rietje, de Demets, de Roelens et autres Mortiers ne comptent guère. Mais, presque en même temps, je vis au bas de la page Impr. Jules Brourvers, Ypres. Ceci seul me frappa. Il manquait évidemment encore quelque chose au parti des gens que l'on sait c était d'avoir le Brouwers pour imprimeur. Maintenant on peut dire qu'il est complet, et c'est, comme j'ai pu le constater depuis, l'opi nion de tous les hommes sensés de la ville. Il va sans dire que, la constatation faite, j'ai permis mes deux fidèles gardiens d'accomplir leur premier mouvement, sur le fumier de ma cour bien entendu. S'en sont-ils donné, les honnêtes animaux Le temps et l'espace nous manquent pour donner ici un compte-rendu de la dernière re présentation flamande de notre excellente société dramatique De Vlaamsche Ster. Ce sera pour plus tard On se charge au bureau du journal de l'impression des cartes de visites et de tous genres de travaux d'impression tant en lithographie qu'en typographie. M. Bossaert examine ensuite la fameuse ques tion du retrait de notre bataillon, et confirme ce que l'honorable président avait déjà dit ce sujet. aux accusations formulées par MStruye, membre de la Chambre dee Représentants, contre la Commission Administrative des Hospices Civils Ypres. (suite.) III. Vous poursuivez voire discours en posant le prin cipe et en développant la thèse suivante Les libéraux ont bien des écoles libérales, une bienfaisance libérale, mais ce sont nos écoles publiques, c'est notre enseignement public qu'ils ont libéralisés et cela ne leur su/fit pas ils nous ont encore confisqué nos fondations catholiques Ici, je le reconnais, Monsieur le Représentant, l'Adminis tration des Hospices d'Ypres ne reçoit vos coups que de seconde main 1 A lire vos accusations, vous reconnaissez qu'elle n'a encore libéralisé que peu de chose il n'y a eu que des tentatives qui ont échoué grâce mon énergie et ma résistance mais, en principe, toutes les fondations devaient être laïcisées, libéralisées c'est ce que comptait faire la minorité rageuse qui s'imposait déjà l'Hôtel de Ville. C'est en ma qualité de Président des Hospices, il est vrai, que j'ai cru devoir ra'adresser vous mais, je suis en môme temps, un bien ancien magistrat, habitué lut ter pour faire prévaloir la justice et la vérité, et possédé d'un amour passionné pour celte dernière La vérité, on la découvre fréquemment dans l'élude im partiale de l'Histoire Or, les électeurs auxquels vous vous êtes adressé dans votre assemblée électorale du 12 Octobre, sont, en immense majorité trop jeunes pour con naître l'histoire vraie de nos établissements publics d'in struction en nombre considérable, aussi, ils sont étran gers d'origine la ville d'Ypres Ma situation spéciale signalée plus haut, et ma qualité de vieil Yprois, origi naire de notre ville, m'assureront, je l'espère, votre indul gence, si, du chapitre des actes et des œuvres des Hospices je fais une digression pour m'occuper quelques instants des anciens établissements d'enseignement de la ville d'Ypres. Cette digression vous prouvera Monsieur le Représentant, qu'en lançant votre philippique contre l'Administration Communale cinquantenaire, vous aviez oublié, ou vous ignoriez l'histoire Parmi les œuvres catholiques dont vous célébrez l'existence comme gardiennes, parmi nous, de la foi, des mœurs, des pratiques chrétiennes vous signalez, en tête, le collège de S1 Vincent de Paule. L'antithèse per met vos auditeurs de mettre en parallèle le collège com munal, qui, selon vous, met en péril, la foi, les mœurs, les pratiques chrétiennes 1 il a été Isberalisé gueusifié t parles libéraux! Or, je suis un ancien élève de ce collège communal d'Ypres qui, selon vous, le croirait-on, pour le malheur de notre ville natale et h décadence de son industrie, a dispersé aux quatre vents, du ciel, la jeunesse, qui, partout ailleurs, donne le plus d'ex- pansion au commerce, l'industrie et la population, en formant cette jeunesse fournir le plus d'employés, de buralistes et de fonctionnaires possible J'y suis entré en 1834, l'époque où s'ouvrait le Col lège Épiscopal de S' Vincent, et avec celui-ci, l'ère des tribulations pour le séculaire Collège Communal d'Ypres, De ces tribulations, je connais l'histoire j'ai quitté le Collège en 1843. Or, avant cette période, et pendant la plus grande partie de sa durée, un prêtre était chargé d'y donner l'instruction religieuse toutes les pratiques religieuses catholiques y élaîent suivies avec une fréquence et une régularité déliant les établissements similaires re ligieux les mieux établis. Faut-il que je nomme le digne prêtre attaché l'établissement pendant les années d'étu des que j'y ai passées C'était M. Demyttenaere, vi caire ds S1 Martin Il y donnait un enseignement moyen religieux complet, tous les degrés et, pour les élèves des classes supérieures, cet enseignement consistait en un cours résumé de philosophie morale, bien utile, surtout aux élèves qui ne se destinaient pas aux éludes supérieu res universitaires. Notre professeur était tout dévoué ses élèves, et soutenait, énergiquement, leur réputation la quelle d'aucuns voulaient porter atteinte! Mais, vers 1841 ou 1842, il lut retiré de ses fonctions au Collège Commu nal par l'Autorité supérieure ecclésiastique et nommé vi caire Oslende et il ne fut point remplacé par cette Autorité au Collège Communal je n'entrerai pas, ici, dans les détails du départ de M. Demyttenaere mais j'en connais de précis, et qui sont de nature ne laisser aucun doute sur sa signification Plus tard, dans les années 1830 60, surgit la convention d'Anvers, pour assurer aux Athénées et Collèges de l'Etat ou des communes, le concours du clergé; Monsieur Alphonse Vandenpeere- boom, au nom du Conseil Communal d'Ypres, fit des ou vertures Monseigneur l'Evêque de Bruges d'alors, pour appliquer notre Collège Communal, la dite convention. Il échoua dans ses tentatives de conciliation, devant la résistance de l'Episcopat et, jusqu'à cejourd'hui, malgré la loi (catholiqae> de 1887, le clergé n'entre point au Col lège d'Ypres. Si vous qualifiez celte situation de libéra lisme gueusifiée qui est-ce qui l'a prodnite Est-ce l'Autorité Communale libérale d'Ypres,ou est-ce le clergé lui-même je vous laisse la réponse Un autre étabh'ssement public d'instruction Ypres, l'Ecole primaire Communale de garçons se trouve dans la même situation que le Collège Communal, ce, depuis et malgré la loi sur l'enseignement primaire de 1842 malgré encore la loi dernière de 1884 votée par la législature ca tholique actuelle Dans d'autres provinces, Bruxelles, notamment, sous la loi de 1842, un prêtre catholique don nait l'euseignement religieux aux écoles communales de garçons; ce prêtre, je l'ai connu de 1863 1866, époque où il était Directeur de l'Institut privé du Luxembourg pourquoi ce qui se pratiquait Bruxelles, ne pouvait-il être pratiqué Ypres pourquoi ces deux poids et ces deux mesures sont ce encore les libéraux d'Ypres qui ont libéralisé l'Ecole Communale de La Loye (Pour être continué).

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Le Progrès (1841-1914) | 1890 | | pagina 2