51e ANNÉE
H Mars 1891
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Chemin de fer.
Résumé politique
Pauvre gouvernement.
l\° 19. Jeudi,
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
Y PRES-FURNES.
FURNES-YPRES.
Les Alsaciens-Lorrains doivent bénir mainte
nant les grrrands patriotes français Grâce
lents manifestations-aussi grotesques qu'intem
pestives, au moment où ils s'attendaient un
adoucissement dans les mesures concernant les
passeports, ordre est donné au', contraire de re
venir au régiràale plus sévère.
Rien n'est Jlius dangereux qu'un maladroit
ami. Les Alsaciens-Lorrains en font la doulou
reuse expérience. Et les Déroulède et compa-
fnie peuvent se vanter d'avoir fait de la belle
esogne
Si on réprouve la conduite des épil optiques
français qui ont fait "vvoqter les tentatives de
rapprochement entra la France et l'Allemagne,
on ne peut approuver pourtant l'empereur Guil
laume II qui faitpeser sur les populations an
nexées le poids (ffeoe faute quelles n'ont pas
commise. <r* ,r
On aura beau dire et beau faire, cette mesure
geraHuiijuuis Jîutfcfprété& -Ctninnu un-Ucte de
vengeance d'autant pluS^mu^jÈjûtikrg^^Mi
nement français n'a miq^ îîe
f;arder l'attitude la plu3 corrc
'Allemagne.
Il y a eu des manifestations tfe braillards et
d'agités politiques que le gouvernement, res
pectueux des libertés garanties par la charte
constitutionnelle, n'a pas pu empêcher. Il y
avait tout juste de quoi hausser les épaules avec
dédain. Guillaume II a préféré sévir.
Il a eu tort, car c'est mal reconnaître l'attitu
de respectueuse des Français sensés qui ont ac
cueilli sa mère d'une façon irréprochable.
Au Chili, les insurgés ont le dessus, malgré les
efforts désespérés faits par les troupes restées
fidèles au gouvernement.
On ne s'expliquait pas tout d'abord pourquoi
la marine seule s'était soulevée, Safls entraîner
avec elle le moindre régiment de terre. L'expli
cation est curieuse. Lors de la victorieuse cam
pagne contre le Pérou, tout l'honneur en revint
la marine; de là jalousie de l'armée et inimi
tié profonde.
Mais il parait pourtant symptôme dont il ne
faut pas se dissimuler la gravité que certains
corps ont depuis quelques jours manifesté l'in
tention de suivre la marine.
On dit même que, lors de la prise d'Iquique,
les soldats du gouvernement n'ont pas fait tout
ce qui était en leur pouvoir pour repousser les
assaillants, moins nombreux qu'eux.
Le président Balmaceda est décidé lutter
avec énergie, mais il n'est pas trop rassuré sur
l'issue de ia lutte, car il a envoyé sa fortune et
les siens dans la République-Argentine.
Une circonstance qui n'6at pas de nature
ramener le calme dans les esprits, c'est l'appro
che de la date de l'élection du président de la
République, élection qui doit avoir liçu six mois
avant l'expiration du mandatdu président actuel
M. J.-M. Balmaceda est entré en fonctions le
18 Septembre 1-886 son mandat (le mandât- pré
sidentiel est conféré pour cinq ans) expire le 18
Septembre-1891.
II faut donc que pour, le 18 courant son suc
cesseur soit désigné.
Mais, au mépris de la Constitution, qui dit
qu'un président ne peut être réélu qu'après l'ex
piration d'un délai de cinq années entre la fin,
de son mandat et sa réélection", A Balmacedâ
semble décide conservera présidence.
Ordonnera-t-if une élection où il posera in-
constitutionnellement sa candidature, ob bien
refusera-t-il de faire procéder l'élection Nous
ne tarderons pas le savoir.
En tous cas, il ne faut pas être prophète pour
prédire au Chili de nouveaux jours "très som
bres, car M. Balmaceda, prêt tout pçur main
tenir sa dictature, n'hésitera pas faife couler
encore le sang de ses concitoyens.
Ypres, le 4 Mars 1891.
Décidément, c'est Pantalon, le divin Panta
lon; qui décroche la timbale et va chausser les
pantoufles délaissées par Mélot-le-Dégomraé.
Nouveau ^fet superbe camouflet pour notre
belle majorité noire. Il y a, si nous ne nous
trompons, 95 cléricaux la Chambre, i! y en a
une cinquantaine an Sénat, et dans ces douze
loqzaineé de^égislateurs bien pensant^. élus
Je parla vmohtè toute puissante de jjïos Sei
gneurs les Evèques, Fonlanarolb-Onésipbsie
n'en a pas trouvé un seul qui fût digne'P^e§V
yeax du maroquin œinistéfrel.
Flatteur, excessivemeht flatteur.
G'fisf donc M. Jotes^Je Ruçlet, le l*!ack-boulé
de Nivelles, le députédéri^fAl éUminéen 1888,
qui devient ministre de J'intérieur* Le corps
électoral n'en veut plus Onèsiphore s'en con
tente. Comme Jenny l'ouvrière, te pauvre
homme, hélas en est réduit se contenter de
peu.
Le dénouement de la crise ministérielle cau
sée par la culbute inattendue de Plein-de-
Soupe, laissera le public fort indifférent. Que
M. Beernaert rastifôle sa guise le cabinet
moribond dont il est le chef, qu'est-ce que cela
peut bien faire au pays Tout au plus remar-
quera-t-on que le burlesque persécuteur des
ècuyères réunit toutes les conditions voulues
pour devenir le collègue des bonshommes de la
rue delà Loi. II nedeparera pas la collection.
Pour le surplus, qu'il soit ou non révision
niste, que le service personnel ait en lui un
adversaire ou un partisan, c'est là un détail
dont on se soucie fort peu. Qu'importe l'opinion
de ce ministre d un jour
Ce malheureux ministère dans lequel il n'y
a guère, en fait"de personnages de marque,que
MM. Beernaert et Le Jeune (des cléricaux qui
sentent quelque peu le roussi, on en convien
dra), est bien plaindre.
Le voilà sur le point d'être mis en faillite.
Il a signé dés promesses qu'il ne peut tenir et
trompe la crédulité publique par des engage
ments dix fois trahis.
Car enfin, on nous avait promis, n'est-ce pas,
r de la tranquillité, de la sécurité, voire de ia
prospérité, et nous pouvons voir aujourd'hui
qu'on s'est.indignement moqué de nous.
La Belgiqùe est tranquille oui. Rappelez-
vous donc les agissements des agents du gouf
"vernement dans le Centre et le Borinage
souvenez-vous des pièges tendus la classe
.- ouvrière et dévoilés par le procès du grand
complot; relisez le récit de la mutinerie mi
litaire de ces derniersJours, qui en dit long
sur les dispositions de l'armée et le respect de
la discipline pensez enfin aux menaces de
-grève et d'insurrection qui retentissent dans
les milieux ouvriers et que le gouvernement
feint de ne pas entendre pour n'avoir pas
en tenir compte I
Delà sécurité Mais lisez les interviews des
meilleurs générant de notre armée publiés ces
jours-ci par l'Etotie Belge. Tous les généraux
pensionnés (et quels généraux Liagre, Wau-
vermans, Vandersmissen, pour ne citer que
ceux-là), sont d'accord pour affirmer que
mée de 130,000 hommes dont parleMn-^tyhtus,
quand même elle existerait aiUeWSque^ar le
ieîJseraiA'sn{fiante pour déjéo|MÉNË ter.-
v
Et si- les généraux en activité de service ne
joignent pas leur voix celle dé leurs - anciens
colTôgues, c'est qu'une circulaire est venue leur
défendre de publier leur opinion et de révéler
-. la vérité. t V'""'
EstBÉitaiffUI Où s0"1 'es impôts
«SppflWs pâF* M. "Beer4aef\L? Qu'on relise
l'éloquent discours prononcé par M. Graux la
séance dh 22 Janvier on Y*erra qu'il n'est pas
de source d imposition que» ait été.majorée. Et
côté des impôts dé 18^ ^otia-Conservés et
aggravés, nowspavo^s aujourd'hui l'inique im
pôt sur la viande et fa draconienne contribu
tion des débits dé boissons.
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