28. Dimanehe,
5 Avril 1891.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Chemin de fer.
Mésaventure cléricale.
Indiscrétion.
Chronique locale.
La réception officielle
l'Hôtel-de,Ville.
51e ANNÉE.
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20.
YPRES-FURNES.
Ypres, le 4 Avril 1891.
Une ^sez singulière mésaventure arrive en
ce me. ;nt nos bons amis les cléricaux.
Pour employer une antique figure de rhétori
que, ils ont réchauffé un serpent dans leur
sein, et ils viennent d'être piqués d'une façon
si violente, que leurs cris de colère et de dou
leur ont retenti jusque dans lenceinte du
Vatican. éi
Le serpent en question est un écrivain très
pieux que fà sainte presse avait louangé outre
mesure depuis plusieurs années et qu'elle n'était
loin de nous représenter comme une des
loires de 1 Eglise militante. Le fait est que,
epuis Veuillot, le grand'Louis, le fier-a-bras
l'Univers, jamais écrivain bièn pensant
pas
de
n'avait montré plus de fanatisme implacable et
de hargneuse brutalité que M. E. Drumont.
Car c'est £Ùf»$auteur cfela France juive et de
la Fin d\ qUTy'ag^^st jçe paladin
de la saihs .use*, cet'acharné pourfendeur.-
d'Israël, qu net aujourd'hui tout le camp
catholique en émoi et soulève les protestations
indignées des feuilles sacrées.
Nous avons lu, comme tout le monde, les
ouvrages dirigés par M Drumont contre les.
juifs notre avis a toujours été qu'on en avait
beaucoup exagéré la valeur. Ils ont fait, il est
vrai, un bruit énorme ils ont eu un succès de
scandale ils ont dû soulever bien des haines
féroces, allumer bien des passions malsaines
et, pour quelques vérités qu'ils ont dites, ils ont
accrédité nombre de légendes, de mensonges
et de calomnies. Mais ils avaient le^. qualités»*
^fou plutôt les défauts qui plaisent aux doux
retiens de la bonne presse la violence, la
le ex^s" e de l'adversaire et par-dessus
tout, l'amour des personnalités blessantes et
vénimeuses. C'était un ramassis dhistoires
fantaisistes, de potins scandaleux, cueillis par
tout, collectionnes avec une froide patience,
acceptés sans contrôle et publiés avec un sans-
gêne et une butordise dont peu d'écrivains ont
donné l'exemple, même notre époque, où ce
genre de littérature Inférieur et grossier
compte cependant tant d'adeptes.
Quoi qu'il en soit, M. Drumont est rapide
ment devenu quelqu'un, et il le méritait: car
il a, au milieu de ses défauts, une qualité incon
testable il est sincère; c'est un convaincu,
c'est un croyant, un croyant, il est vrai,
capable de tout et qui demain, s'il était le
maître, ferait mettre au pillage toutes les mai
sons des juifs pour la plus grande gloire de
Dieu et le plus grand bien de l'humanité.
a Livre sincère, s'écriait le Mondeorgane
officieux de l'archevêché de Paris, en parlant
de la France juive livre tout débordant d'une
Toi ardente et courageuse....
Oui, mais voilà qu'aujourd'hui ce Torque-
mada en redingote s'en prend hprresco
referens l'épigcopat français et lé crible de
traits acérés uïjaiK'%son nouvel ouvrage, le
testament dûfeAntîsémite, absolnment.com me
s'il s'ésèrimait ëbçore contre lesrfils d'Israël. Ce
catholique enragé est furieux dé'la mollesse des
prélats de la btnie France. \Jà où il voudrait
voir des batailleurs déterminés, toujours en
champ clos, occupés sans cesse donner l'as
saut au pouvoir civil, la République, la
juiverie, il n'aperçoit que des fonctionnaires
opulemmcnt reùtes et dont le seul souci est de
vivre en paix" avec l'odieuse Marianne et de
jouir sans encombre de leurs traitements plan
tureux, de leurs renies de tout genre, des mille
avantages attachés la mitre et la crosse.
Les procédés de l'écrivain sont restés les
mêmes c'est toujours une collection d'histoi
res et d'anecdotes ramassées un peu partout et
servies la fortune du pot, et c'est pourquoi le
livre n'a pas, nos yeux, l'importance excep
tionnelle que la presse des deux partis semble
y attacher. Nous cherchons en vain ce qu'il y a
de nouveau, d'inédit, dans le Testament d'un
Antisémite. M. Drunlont nous raconte que les
évêques exercent ^sur le clergé inférieur un
pouvoir despotique c'est là un -fcit connu de
tous et que les cléricaux ëujqnçémes ne nient
pas quand ils sont d aventorâ.'en vèine de sin
cérité. 11 s'étend longuement sur les ressources
de tout genre dont ces princes 4e l'église dispo
sent sans contrôle il cite tel prélat qui se Jfait
quarante cinquante mille francs par an vvec
ia seule^collecte du Dimanché de la Quasimodo;
tel antre qui retire annuellement, rien que de
la vente du catéchisme, un bénéfice r.et de
trente mille francs mais'puv l'ignore que les
caisses épiscopales regorgent dè millions et que
ces millions ne sont pa/«<ombés du ciel. Il
nous donne des détails a&dz amusants sur la
façon dont les évêques traitent les ecTivains. de
la presse catholique et .cite ce mot de Mgr
Guihert, qui, voyant un de ses prêtres tenant
la main l'Universs'écriait Comment I
vous lisez cette canaille de journal 1 Mais le
dossier Dumont nous en a appris bien d'autres
et nous a montré notamment comment ces
messieurs traitent non seulement leurs servi
teurs, mais se traitent entre eux l'occasion,
et la boutade de Mgr Guibert est de l'eau de
rose côté de ces aménités-là.
Le piquant du livre, c'est qu'il vient d'un ca
tholique et d'un des catholiques les plus mili
tants de notre époque. A ce point de vue, c'est
un indice sérieux, une preuve de la crise grave,
redoutable, que traverse ce parti clérical, en
apparence si uni et au fond si profondément
divisé. Aussi la colère est-elle grande dans la
sainte presse en Belgique on fait chorus avec
les amis de France on leur prêle aide et assis
tance. Avec la phraséologie pompeuse d'un
père noble de province, le Bien public lance
i analhème au fils dévoyé de l'Eglise, qui se
retourne contre sa mère et diffame toute la
grande famille religieuse. (Trémolo l'orches
tre....)
Et pour achever et parachever cette petite
fête intime, voici que l'on annonce que les
évêques attaqués ont porté leurs doléances aux
pieds du Saint-Père et que le Testament d'un
Antisémite va être mis l index.
C'est un véritable coup de fortune pour
l'écrivain et son éditeur. La mise l'index, c'est
au bas mot un tirage supplémentaire de deux
cent mille exemplaires. Fortuné Drumont I Cet
ennemi des Hébreux a décidément toutes les
chances.
Dans une importante commune flamande,
un libéral a trouvé une lettre adressée par une
dame (la femme du bourgmestre clérical) une
de ses parentes. Cette lettre contenait le passage
que voici', dont ledit liôé'ri garantit l'authen
ticité
Vous savez sans doute que le clergé entre
chez nous par le jardin, ca qui nous est tous
souvent de grande utilité, surtout par ces temps
de travail électoral. Riea d'aussi beau, en effet,
que l'autorité ecclésiastique (sic) ne faisant
qu'un et se voyant tous les jours avec l'autorité
laïque. iyf
Beau Plus que beau - i
Touchant I émouvant e'surtout édifiant
A la réception du corps enseignant par M. Sur
mont, le 31 Mars, la note dominante a été l'in
fluence religieuse dans les écoleff C'est
pénétrer l'esprit de l'enfant des principes reli
gieux qu'il faut surtout s'attacher. Sans atmos
phère religieuse, tout est désordre, anarchie. La
prière, la piété peuvent seules sauver la société
des maux redoutables qui la menacent, et c'est
parce que leB écoles ont été trop longtemps neu-
LE PROGRÈS
VIRES acqdirit eundo.
ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00.
Idem. Pour le restant du pays7-00.
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le restant de la Belgique et de l'Etranger 1'Agence Rossel, 44, rue de la Madeleine,
cl c, lue de l'Enseignement, Bruxelles.
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cê'Ypres pour
Popermghe, 6-50 9-09 10-00 12-07 3-00
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6-42.
Houthem, 5-30 8-20 11-16 5-20.
Comines, 5-30 - 8-20 - 9-58 11-16 —2-43 - 5-20
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Roulers, 6-15- 7-45 -10-40— 12-20 2-45 -4-10
-6-42.
Langemjirck-Ostende, 4-30 (Cortemarck) 7-18 - 9-57
-12-17 3-56—6-21.
Courlrai, 5-30 8-20 9-58 11-16 2-43 5-20
(Dép. de Comines Courtrai 7-45.)
Courtrai-Bruxelles, 5-30 9-5811-162-43 5-20.
Courtrai-Gand, 5-30 8-20 11-16 2-43 5-20.
5-00 7-34 10-20 1-00 4-00 6-25.
TUMï ES-YPKESr~~
5-06 7-40 10-26 1-06 4-06
6-30.