RÉUNION
M° 36. Dimanche,
SI* tMÊE.
3 Mai 1891.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Chemin de fer.
DE L'ASSOCIATION LIBÉRALE,
le Dimanche 10 Mai,
Le travail avili.
Les tarifs douaniers.
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
Y PRES-FURN ES
7.34 10-20 1-00 4-00 6-25.
FURNES-YPRES.
7_40 10-26 1-06 4-06 6-30.
Ypres, le 2 Mai 1891.
A l'heure où 1 avilissement des salaires dans
certaines industries soulève, de la part des ou
vriers et de ceux qui s'intéressent leur sort,
de si retentissantes protestations, il ne sera pas
inopportun de signaler et de dénoncer au tra
vail libre la. ruineuse, odieuse et irrésistible
concurrence d.u travail cénobitique.
Tous les "métiers-exercés par des femmes
voient leurs profits se réduire et leurs salaires
se déprimer a mesure que se développent les
couvents.
- Et-Tdfr^aii si, depuis quelque temps, ces
Rieux et mercantiles établissements ont pris de
extension.
Les couvents de nonnettes, et surtout les
couvents-écoles, sont autant de foyers d'une,
concurrence effrénée contre laquelle le travail
libre ne peut guère songer lutter.
Dans ces ateliers sacro-saints qui ne paient
point de patente et n'ont point payer le tra
vail, on utilise d'abord les loisirs permanents
des religieuses, et on soumet ensuite une ex
ploitation en règle le^llettes qui sÀt censées
y recevoir l'éducation. On leur seijLifn c^art-
d'heure de catéchisme, un quart^î,hérite cle
lecture et le reste du jour, sous prétexte de
leur enseigner les ouvrages-dé lingerie, on les
astreint une besogne écrasante qui ne varie
jamais jCoudre, toujours coudre^du malin au
soir.
Cette couture ne coûte rien, et permet aux
chères sœurs de se contenter d'une rémunéra
tion infinitésimale. Tout est bénéfice, pour
elles, dans le prix qu'elles se font payer pour la
main-d'œuvre.
Kl voilà comment il se fait que la plupart de
nos couvents de femmes sont des ateliers des
mieux achalandés, honores d'une clientèle gran
dissante et favorisée d'une prospérité inouïe.
Voilà comment il se fait aussi, que les mai
sons de lingeries les mieux montées voient se
raréfier leur clientèle, succombent sous la con
currence des nonnettes, et que les ouvrières,
ridiculement payées, en sont réduites la
famine.
De là tout ce que nous savons, et tout ce
que nous ne savons pas.
M. Valère Mabille, président de la Chambre
de commerce française Charleroi, prend le
premier la parole. Il veut expliquer comment
l'état d'esprit en France est devenu protection
niste et combien il importe de réagir.
M. Valère Mabille s'est exprimé en ces termes:
L'esprit en France est devenu protectionniste.
Il importe beaucoup de réagir contre cette opi
nion. Peu de personnes, dit-il, s'occupent des
questions des traités de commerce et des tarifs
douaniers parce qu'elles sont très arides et
bourrées de chitlres au milieu desquelles on se
perd.
L'orateur se plaçant au point de vue des rela
tions particulières entre la France et la Belgi
que, constate qu'il se fait un commerce énorme
entre ces deux pays.
Après avoir constaté qne l'exportation fran
çaise en Belgique est plus importante que celle
des Belges en France, il reproche l'enquête
qui a été faite sur la question de la protection
qu'elle ne s'est adressée qu'aux chambres de
commerce et aux grands industriels, et non pas
aux consommateurs qui sont cependant le grand
nombre, et dont le budget sera ensuite sensible
ment augmenté, si le projet de la commission
des douanes venait être voté.
A l'appui de ces intéressantes explications, il
montre dans un langage très pittoresque l'ou
vrier grevé d'impôts de toutes sortes.
Dès son lever, le matin, il e§t tenté d'ouvrir sa
fenêtre, il y regardera deux fois; si par malheur
il casse un carreau, il aura le payer plus cher*,
qu'auparavant le prix étant augmenté pan les
nouveaux tarifs
L'orateur éuumère ensuite les augmentations
qui grèveront le linge de toilette de 20 p. c., le
savon de 283 p. c., le bois de construction de
fr. 1.50 le mètre cube, la pierre de 187 p. c.
par mètre cube, le café de fr. 2.08 par kilo la
chicorée elle-même est augmentée de 150 p. c.,
le sucre de fr. 1.60 le kilo.
Si, dit-il, l'ouvrier, énervé par tout cela, re
pousse la soupière, si ensuite il la casse, celle-ci,
auparavant entrée en franchise de port, paiera
maintenant 5 francs de droits.
Et quand il s'acheminera vers l'atelier, la
cloche qui l'appellera au travail paiera 80 p. c.
d'entrée, la machine motrice 300 p. c., la ma
chine outils 673 p. c., la courroie ae transmis
sion 100 p. c.
A son repas, il trouvera les légumes augmen
tés de 6 francs l'hectolitre, le jambon paiera 10
francs au lieu do 4.
Le hareng lui-même n'a pas trouvé grâce.
Le sommeil seul du travailleur n'a pas été
imposé.
La commission n'a pas osé le taxer, dit M.
Mabille au milieu des rires de l'auditoire.
Toutes ces augmentations successives grève
ront de 1 fr. 50 par jour le ménage ouvrier.
La politique économique aura un résultat
déplorable.
A l'intérieur elle aboutira la suppression et
la diminution des exportations, l'extérieur
elle isolera la France des autres nations.
Pour éviter ces inconvénients multiples il faut
que chacun se fasse l'apôtre de l'idée de la
liberté commerciale pour que le projet de la
commission des douanes ne soit pas voté.
L'ordre du jour proposé est le suivant
La réunion, considérant que les tarifications
proposées soit par le gouvernement, soit par la
commission des douanes de la Chambre, si elles
étaient adoptées, entraîneraient la déchéance
de la France, amèneraient l'isolement de notre
pays au milieu de toutes les nations civilisées,
ruineraient son industrie, priveraient de tout
travail des milliers d'ouvriers, rendraient impos
sible l'alimentation des travailleurs, employés et
tous ceux qui demandent au travail les ressour
ces journalières de la vie matérielle; les repousse
l'unanimité, confirme les vœux exprimés les
18 Février et 11 Avril courant dans les réunions
organisées par le comité de défense de l'expor
tation française, proteste énergiquement contre
toute augmentation du tarif actuel des douanes
et demande le retour au régime des traités de
commerce qui donnèrent la France 30 ans de
prospérité indiscutable.
Cet ordre du jour a été voté.
Aussi fortes que soient les attaques dont
nous serons l'objet, nous n'en continuerons pas
moins maintenir nos revendications.
Nous avons fait toutes les concessions possi
bles. Certaines industries auxquelles notre sys
tème eût été fatal se sont vu accorder des com
pensations, comme les dégrèvements des droits
sur les matières premières, par exemple.
Nous sommes forts de l'appui des chambres de
commerce que nous avons côttsuljjées et de l'avis
des producteurs que nous avons-èntendns
L'acharnement vraiment extraordinaire et
aussi la grande âpreté-de la campagne prouvent
que les importateurs disposent de moyens puis-
LE PROG
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Roulers, 6-15- 7-45 -10-40— 12-20 2-45 -4-10
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Langemarck-Ostende, 4-30 (Cortemarck) 7-18 - 9-57
-12-17 3-56—6-21.
Courtrai, 5-30 8-20 9-58 11-16 2-43 5-20
(Dép. de Comines Courtrai 7-45.)
Courtrai-Bruxelles, 5-30 9-5811-16 2-43 5-20.
Courtrai-Gand, 5-30 8-20 11-16 2-43 5-20.
5-00
5-06
A 8 HEURES DU SOIR.
Importante réunion Paris.
Pabis, Dimanche Le comité de défense de
l'exportation française a organisé cette après-
midi, avec le concours du groupe économique
du Sénat et de la Chambre, des chambres de
commerce française l'étranger, du Parti ou
vrier et de tous les comités républicains et so
cialistes de la Seine, une réunion pour protester
nouveau contre la politique économique de la
commission des douanes. Quinze cents person
nes environ assistent la séance, présidée par
M. Lockroy.
Une interview de M. Méline.
Pabis, 27 Avril. Dans une interview que
M. Méline a eue avec le Figaro sur son program
me économique, M. Méline dit