RÉUNION ive générale. N° 57. Jeudi, 51e ANNÉE. 7 Mai 1891 JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. DE L'ASSOCIATION LIBÉRALE, le Dimanche 10 Mai, Le système de l'occupation Le discours de M. Woeste. 6 FRANCS PAR AN. PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20. A 8 HEURES DU SOIR. Ypres, le 6 Mai 1891. Au moment où se discute l'adaptation possi ble nos mœurs électorales du système Anglais de l'occupation, il n'est pas sans utilité de résumer sommairement les dispositions essen tielles de la législation électorale d'outre- Manche. Dans le Royaume-Uni, les membres de la Chambre des communes sont élus directement Ear des électeurs censitaires des comtés et des ourgs et par les électeurs attribués aux uni versités. Sont électeurs, tant dans les bourgs que dans les comtés 1° Les hoeseholders (locataires d'une maison) ayant un an de domicile et payant directement ou indirectement la taxe des pauvres 2° les lodgers jtfocataites d'un appartement ayant un an de domicile et un loyer de 10 livres (250 fr.); 3° les propriétaires d'un immeuble d'un revenu net de 10 livres, payant la taxe des pauvres. Sont électeurs, dans les bourgs seulement, ceux qui, d'après les lois locales, portent la qualification de francs-bourgeois. Sont électeurs, dans les comtés seulement les francs-tenanciers possesseurs d'un freehold (terre libre) d'un revenu de 40 shellings (50 Irancs 2° les freeholders(tenanciers de terres libres), les copyholders(tenanciers de terres redevances) et les fermiers ayant au moins 60 ans de bail et un revenu net de 5 livres 3° en général, tous les propriétaires et locataires au tres que les précédents, pourvu que l'immeuble possédé ou exploité ait un revenu net de 12 •ivres (300 fitepcs[ et soit situé dans le comté il faut aussi avoir un an d'occupation et payer la taxe des pauvres. Sont dispensés de Joutes condilions^de cens "et soumis seulement a'ux; règles générales de l'âge et du domicile, fë» maîtres es-arts ou gradués des universités "dAngléterre, d'Ecosse et d'Irlande. On le voit, l'organisation électorale anglaise comporte des éléments multiples l'occupation n'en est pas le seul facteur, et c'est la mutiler étrangement que de la limiter cette seule donnée, en l'isolant de cet ensemble de dispo sitions spéciales et traditionnelles où sè retrouve l'esprit de la vieille Angleterre. La division du pays en bourgs et comté»,su cités administratives qui se superposent et s'enchevêtrent, la subdivision des contribuables en propriétaires et tenanciers, JolMigation,. de )ayer la taxe des pauvres, tout cela né fffp- - jelle-t-il pas le moy'en-âggél n'at— i 1 pas 'indestructible permanence des attaches féo dales Le régime de l'occupation, enté sur ces traditions vieillies, est propre au sol où elles continuent de végéter et ne saurait être trans planté ailleurs. N'est-ce pas le cas de dire, avec Béranger Redoutons l'Anglomanie, M. Woeste a daigné parler une fois de plus aux populations. C'est devant l'assemblée générale de la Fédé ration catholique que loracle d'Alost s'est fait entendre. Seulement, lexemple de son collègue de Delphes, l'Apollon clérical est bien obscur en ses prédictions. Elles prêtant au double sens. Peut-être est-ce fait exprès, pour éviter les commentaires désagréables de 1 Etoile belge toujours disposée reprocher ce pauvre M. Woeste ses opinions d'autrefois. Les journaux cléricaux prétendent qu'il a voulu viser seulement la philosophie positi viste celle qui ne nie ou n'affirme aucune chose qui ne puisse vérifier l'expérience. 11 nous semble que dans les circonstances graves où se trouve le pays, un homme politi que, un chef de parti, ne peut s'attarder ainsi l'examSn de théories pures. 11 doit y avoir plus <<dans le discours de M. Woeste. Etudiant de près ses paroles, il nous parait qu'elles s appliquent fort justement l etroitesse d'esprit de nos gouvernants, qui s'obstinent refuser la démocratie belge l'émancipation politique dont elle s'est montrée digne. Ce n'est peut-être pas ce que voulait dire l'orateur. Cependant, on peut fort justement re tourner ses paroles contre lui et contre ses amis. Quelle est, a-t-il dit en substance, en effet, la doctrine qui, 1 heure actuelle, cherche pénétrer dans tous les domaines de l'activité humaine C'est cette doctrine, la plus désolante de toutes celles qui ont vu le jour, celte doctrine qui cherche concentrer toutes les sollicitudes dej'homme c'est le positivisme. Pour le positiviste, il n'y a pas lieu de se préoccuper de l'origine et de la fin des choses. Le fait seul'doit é'ire considéré. Au-delà est l'in- cognoscible. lajppssiblé de l'explorer. Cette définition4's'applique admirablemeht la politique de M. Woeste et de ses amis. Il n y a pas lieu de se préoccuper do l'ori gine etjle la fin des choses. Ainsi} il importe fort peu que tout pou yTèmanc de la nation il importe peir que là jus- feojgmp la moraJe, commande Je respecter mverainetè populaire? fait s&nl doit Jtrc'^L^idéré: Or, le faît un[ftatani .pcnirM. Woeste-; aitois, c'es>.d(? garderie pouvoir - En voyant cette préoccupation constante et égoïste des classes dirigeantes, qu'elle sera i at titude des prolétaires M. Woeste va encore nous l apprendre Cette doctrine égoïste éveille chez les clas ses laborieuses le mépris de la hiérarchie, le désir de travailler moins et de gagner davan tage, la passion du nivellement dont le dernier mot est collectivisme. Dans l'ordre intellectuel, elle engendre les compositions les plus rebutantes du réalisme moderne. Il n'est pas jusqu'au théâtre où ne s'etalent les négations les plus radicales et où Wotan, le père et le créateur des dieux, mar que l'asservissement universel comme la der nière expression de ses volontés. On se demande avec effroi ce que devien drait le monde si une semblable doctrine était la maîtresse des populations. Il est évident, soit dit en passant, que si les populations s'avisaient de parler toutes comme Wotan, la Belgique, qui n'est déjà pas d'une gaîté folle, ne serait plus tenâble. Les plus féroces wagnériens eux-mêmes demanderaient grâce. Après avoir signalé le mal, M. Woeste veut bien nous indiquer le remède II est temps que le peuple revienne la reli gion catholique. II n'aura pas le droit de suffrage, mais peu importe le royaume des cieux lui sera ouvert. Il restera misérable tant mieux pour lui L'Evangile n'a—t-i 1 pas dit «Bienheureux ceux qui souffrent: ils seront consolés... plus tard Le pays ne sera pas défendu contre les con voitises de ses voisins. Ceux qui voudraient armer la nation, confier chaque citoyen la mission de défendre le sol natal, ceux-là sont des rêveurs dangereux. L'homme positif se paie un remplaçant: cela fait, il est quitte avec son pays. Si la Belgique est envahie, si les paperasses accumulées au ministère de la guerre ne suffi sent point pour lui servir de remparts, si les tirailleurs embusqués du bon M. Vanden Bemden ne peuvent arrêter l'ennemi, eh bien, il nous restera le pieux devoir de remercier Dieu pour cette épreuve, et nous lui offrirons, comme action de grâces, le spectacle de notre couardise. - Sont-ce là les doctrines généreuses que M. Woeste voudrait voir propager? Nous avons, en effet, dit-il, avec l univer-1 sité catholique un programme commun: l'union de la science et de la religion, et nous ne san- rions oublier, quelle forme chaque année ces' légions nombreuses- de jeunes Jalenls qui se répandent sous .tous les points du territoire, y son^ les plus solides appuis de nos convic- Qe quelles "conviction^ Mbhsieur Wceste Celles que vous exprimiez dans la Bévue géné rale, ou celles d'aujourd'hui ÇhrôniqiieA- Dans une réunidn" ienuè, hier après midi, la Maison du Peuple Bruxelles, la grève générale a été décidée. LE PROGRÈS vires acqdirit ecndo. ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00. Idem. Pour le restant du pays7-00. INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25 Insertions Judiciaires la ligne un franc. Les annonces sont reçues Pour l'arrondissement d'Ypres aux bureaux du Progrès Pour le restant de la Belgique et de l'Etranger 1'Agence Rossel, 44, rue de la Madeleine, et i,"i'ue de l'Enseignement, Bruxelles» Elle a déjà gâté tout. in-teceecee* ot5=-—

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Le Progrès (1841-1914) | 1891 | | pagina 1