Chronique locale.
Finances.
Spectres et fantômes.
Dans le même ordre d'idées, et pour faire
suite 1 article précédent, signalons un curieux
compte-rendu de notre confrère Champal, de
la Réformequi a été voir de près l'autre jour
les pèlerinages Monlaigu
La recette de l'eglise de Montaigu, qui
paie, parait-il, annuellement une redevance
énorme l'archevêché de Malines, consiste,
en dehors du produit des troncs multiples dis
posés partout, dans laverse des pièces de
monnaie que les pelerins jettent au pied de
l'autel principal.
La balustrade qui clôture le tremplin et les
marches de l'autel est pourvue d'un grillage, et
c'est dans cette enceinte, mesurant cinq ou six
mètres carrés, que vient s'abattre pendant l of—
fice la grêle des pièces de monnaie lancées de
tous les points de l'eglise.
Quand la couche de billon qui s'accumule
ainsi sans cesse a atteint une certaine épais
seur, un serviteur attire l'argent lui avec un
rateau et disparait avec son fardeau le manè
ge se renouvelle, parait-il, souvent.
Lorsque j ai pu in'approcher de cette cor
beille, j'ai constaté que dans la nappe de sous
et de gros sous qui recouvrait l'enceinte grillée
scintillaient un assez grand nombre de pièces
de 50 centimes, de I et de 2 francs. Cet argent
avait été jeté par de pauvres gens manquant
probablement de tout
Et le reporter de la Réforme ajoute que c'est
là un spectacle pittoresque, mais découra
geant....
ERRATUM. Dans notre numéro du 11 Juin,
nous avons dit propos du budget de 1889
il se soldait avec un boni de fr. 1343-00, tandis
que le compte de la même année se soldait avec
un excédent de fr. 4771-22 au lieu de fr.
4771-22, il faut lire fr. 47771-22.
Ainsi résumons-nous
Le budget de 1886 clôturant avec un excédent
de fr. 441-48, le compte de cette année se clôtu
rait avec un excédent de fr. 77596-00
Le budget de 1887 prévoyait un excédent de
fr. 480-71, le compte finissait par un boni de fr.
45484-79
Le budget de 1888 laissant un excédent de
fr. 2318-91, le compte se soldait avec un boni de
fr. 40165-56
Le budget de 1889 présentait un excédent de
fr. 1343-00, le compte laissait un excédent de
fr. 47771-22
Enfin 1890 qui n'a qu'un excédent de fr.
615-89, verra son compte se clôturer avec un
excédent d'au-delà fr. 50000-00.
En remontant plus haut que 1886, les mêmes
différences se reproduiraient. Inutile d'aligner
des chiffres nouveaux qu'on peut vérifier
tous les jours. Ce que nous avons voulu
prouver, c est que les budgets ne disent rien,
ce sont les comptes et les comptes seuls qui don
nent une idée exacte de la situation réelle.
Le budget, c'est le canevas, la chaîne et le
compte, c'est le tissu ou encore, le budget,
c'est l'os, le compte, la moelle ou bien encore,
le budget, c'est le cadre et le compte, le tableau.
M. Surmont, en tablant sur le budget de
1891, n'a fait que tirer parti de chiffres son
profit et dans le seul but de dénigrer des adver
saires qu'il voudrait montrai? comme dilapida-
teurs de la fortune p'ublfifue, comme des^dmi-
nistratgurs prodigues et incapables que le
Zaalhof a eu raison dé remplacer l'Hôtel-de-
Ville par des lapins .comme ceux qui y trônent
actuellement.
Mais le public qùi "raisonne ne se Miss^Êa pas
prendre ces grosses malices et la vérité finira
par triompher, en dépit de toutes les finasseries
qu'on accumulera dans un but trop facile
comprendre.
Nous aurons, d'ailleurs, plus d'une occasion
de revenir ce point qui fait le cœur du débat.
Pour aujourd'hui nous cueillerons quelques au
tres fleurs qui ornent le rapport du Collège éche-
vinal, car il en est plusieurs et toutes sont
également intéressantes.
L'exercice de 1888 empiète pour 15000 fr.
sur 1889. Celui-ci empiète sur 1890 et ainsi de
suite dit le rapport.
De combien 1889 empiète-t-il sur 1890, le rap-
Sort ne le dit pas et il nous est impossible de
ire si cela est ou n'est pas, n'ayant pas notre
disposition les pièces nécessaires pour en faire
le contrôle Toutefois nous sommes tentés de
croire que 1889-n'empiète pas autant sur 1890
que 1888 sur 1889, car, avec la bienveillance et
1 esprit de charité qu'y met le rapporteur, il
aurait eu bien soin de nous le dire, si le chiffre
en eût valu la peine. Mais même en admettant
que tout cela fût et que tous ces chiffres cités
par M. Surmont fussent exacts, qu'est-ce que
tout cela prouve 1888 empiète sur 1889 de
15000 fr., le compte de 1888 se soldant avec un
excédent de fr. 40165-56, ces 15000 fr. laisse
raient-ils cette année en déficit 40165-56
15,000, il resterait encore un excédent de fr.
25165-56. Cela est-il la misère, cela est-il sai
gner une ville blanc? Et ces 15000 fr., ne
dirait-on pas qu'ils faussent la situation et qu'ils
constituent une perte pour la caisse Mais grand
financier de mon cœur, si ces 15000 fr. sont repor
tés sur l'année suivante, ou si comme vous dites
1888 empiète sur 1889 pour 15000 fr., ces 15000
fr. feront le premier poste de dépense de 1889.
De sorte que 1889 prend autant sa charge sur
1888. Or, il se fait que même avec cette pre
mière charge, 1889 se solde, quand même et de
toute façon, avec un boni de fr. 47771-22. En
core une fois cela est-il saigner une ville
blanc
Mais nous disons plus, nous disons, nous pré
disons, nous affirmons que M. Surmont, ce pu
riste de la finance, en fera autant, et il en fera
autant, qu'ii le veuille ou non, parce que cela
est forcément ainsi et qu'ii est quasi impossible
d'y échapper. Oh le ciel est pavé de bonnes
intentions et encore plus pavé que M. Surmont,
et cela n'empêche qu'au ciel on ne fasse pas tout
ce que l'on veut.
Et quand le rapport dit que ces empiéte
ments et ces virements sont la conséquence de
l'insuffisance des crédits et du mode suivi dans
l'exécution des travaux nous attendons M.
Surmont l'œuvre et il fera comme tout le
monde, depuis le plus grand ministre jusqu'au
plus petit bourgmestre de village:
Il augmentera les crédits Eh bien, il les
mangera, parce qu'on est facilement tenté de
grapiller ce qu'on a, sans déduction de la
petite queue qui vient s'y ajouter comme par
un phénomène de génération spontanée.
Et puis augmenter les crédits, c'est bien vite
dit, mais pour faire un civet de lièvre il faut un
lièvre. Le lièvre ici c'est la recette, augmente-
ra-t-on la recette, autrement dit, les impôts
Pratiquement et économiquement mieux vaut
encore s'en tenir l'usage généralement suivi,
c'est simple et finalement très facile régulari
ser, au besoin, moins qu'on ne possède le
secret de la multiplication des pains et ce secret,
jusqu'à présent un seul, dit-on, a montré qu'il
l'avait. On ne peut donc pas trop y compter.
Continuons.
En confiant ces travaux des ouvriers en
titre, on crée une place dont l'ouvrier se croit
assuré. Le travail s'exécute avec lenteur, sans
soin et un prix plus élevé qu'il ne devrait
coûter.
En bon français, cela veut dire qu'on ne tar
dera pas renvoyer quelques ouvriers pour les
remplacer par des assidus du patronage, et ceux-
ci, une fois installés,resteront et ce ne Beront pas?-*
des ouvriers en titre
Et ces nouveaux ouvriers, qui ne seront pas dés
ouvriers en titre, travailleront comme des nègres
et pour un morceau de pain! Ce _seraJ:out profit:
d'abôrd ils ne seront pas en? titre, ce'qui est un^
avantage .qu'on ne sararâiffassez apprécier^" ils
abattront dp d'ouvrage cçmmê quat^aéetjiour
rien et puis, pensez donc, ils seront
dés par uù vicaire de larparoisse vcfllà cPfjui
s'appelle administrer. Si après, cela le budget
ne se solde pas avec un boni a faire envie
Langrand-Dumonceau, c'est qu'il est survenu
un bouleversement complet dans les lois de
l'économie politique.
Après cela on ne connaît plus qu'un seul
moyen de travailler meilleur compte, c'est de
prendre le tablier et la pioche et de se mettre
soi-même l'ouvrage. Cela s'est vu.
Mais où apparaît le grand et véritable admi
nistrateur, c'est dans le potin suivant
Dans le système actuel, il y a un surcroît de
dépenses. Je veux vous citer un exemple d'un
ordre particulier, dit M. le rapporteur. J'a
vais faire faire des imprimés (Ici nous aver
tissons le lecteur qu'il doit se tenir ferme, car ce
que va raconter M. Surmont est absolument
renversant et sans exemple dans aucune partie
du monde). Il avait donc des imprimés faire
faire. Le modèle qui m'a été soumis avait
coûté 8 fr. le cent. On le prenait au mille. J'ai
fait demander un imprimeur quel prix il de
mandait au mille. La réponse fut 16 fr. J'avais
donc pour 16 fr. ce qui avait coûté 80 fr. Un
autre imprimé avait coûté 12 fr. Je l'obtiens,
sans le mettre au rabais, 4 fr.
Cela est—il sérieux? Comment M. Surmont
obtiendrait pour 16 fr. ce que les autres font
payer 80 fr. Il y aurait donc entre un impri
meur catholique et un imprimeur libéral la dif
férence de 1 5 Nous n'hésitons pas dire,
et le public ne saurait conclure autrement,
que l'imprimeur libéral est un voleur Mais
nous nous refusons absolument conclure, com
me le potin dont s'agit nous y convie. -
Nous ne saurions comprendre qu'un institu
teur, improvisé imprimeur qu'un Monsieur
qui n'a jamais fait que fumer des cigares, qu'un
bottier, incomplètement outillés puissent four
nir, sans y perdre de l'argentpour 16 fr. ce qu'un
imprimeur, au courant de son métier, bien ou
tillé, fournit pour 80 fr. Le proverbe dit que
qui prouve trop ne prouve rien, n'est-ce pas le
cas
En tous cas, M. Surmont fait là une fière ré
clame en faveur de ses amis les cléricaux. Les
imprimeurs bien pensants avaient toute la clien
tèle catholique, églises, couvents, etc. de la
ville et des environs, d'où les libéraux étaient
impitoyablement exclus maintenant on leur
donnera les imprimés de l'administration, en
ventant leur bon marché et en présentant les
autres comme des voleurs, c'est-à-dire tout ce
qu'il faut pour enlever ceux-ci le peu qui leur
reste. C'est l'ère de l'égalité.
Nous savons que cette assertion de la part de
M. Surmont a jeté une certaine émotion parmi
les anciens fournisseurs de la ville, et nous le
concevons, il y a de quoi. Si le fait était vrai,
exact en tous points, il recevra le qualificatif
qu'il mérite, mais que dire s'il ne Test pas
N'appuyons pas et passons au paragraphe
suivant, toujours pour faire voir combien de
prix il faut attacher aux critiques de M. le rap
porteur
L'insuffisance des crédits est telle qu'à cha
que compte le crédit est employé jusqu'au der
nier franc, parfois jusqu'au dernier centime
il en est ainsi chaque année depuis longtemps.
Cela signifie bien clairement que tfows.les cré
dits sont dépassés et ^a'aucun ne suffit. On ne
saurait l'interpréter autrement. Or, cela est et
doit nécessairement être faux, car comment ex
pliquer que les comptes se soldent avec un ex
cédent D'où viendraient les excédents' (et tous
les comptes de toutes les apnées en donnent) que.
nous avons signalés la fin de chaque exercice?
En admettant que tous les crédits soient annuel
lement épuisés jusqu'.au dernier fragc,,ot qu'il
ne soit pas fait mention dans cet-exercice de
toutes les* sommes qui ont dépassé ces crédits,
lesquelles sommes auraiént ëté'portéessurl'exer-
cice suivant (simple supposition faite pour dé
montrer toute l'absurdité de l'allégation), il se
ferait que le compte dût être preSfenté comme
clôturant avec zéro ou bien, l'excédent des
dépenses sur les crédits étant mentionné air-
compte correspondant, le compte devrait se clô-
R turer en déficit. Or, il n'en est rien, absolument
rien. Les excédents des comptes sont là pour le
démontrer et la thèse de M. Surmont est de la
force de celui qui voudrait nous faire accroire
que quand il quitte la table en y laissant une
demi-botte d'asperges il en a mangé plus qu'il
n'y en^vait.