Chronique locale. Poperinghe. fessionnelle qui prouve que le magnétisme animal s'exerce dès le plus bas âge. Les premiè res années de M. Helleputte se passèrent derrière le comptoir du caboulot où son père débitait des épiceries mêlées des denrées vaguement colo niales. L'histoire critique de cette partie de sa vie le représente comme nettoyant avec la plus parfaite habileté les pots de confitures et les fonds de prùneaux avariés qui constituent les revenants-bons des dauphins d'épiciers. Au bout de quelques annéas, on agita la question de sa voir si le jeune Helleputte prendrait la direction suprême des réserves de cannelle paternelles. Mais, ayant montré des dispositions dans l'usage du tire-ligne, on lui devina immédiatement un grand tempérament d'architecte, et, après des études moyennes, il s'en fut l'école du génie civil. Il en sortit vei*s 1872, avec un diplôme mérité par son application têtue, obstinée, et se lança dans la politique. A cette époque, le parti clérical n'avait pas encore imaginé les mille œuvres diverses de pro sélytisme qu'il a fondées depuis. Son activité se concentrait Gand dans les parlottes du Cercle catholique, les sociétés de S1 Vincent de Paul, les patronages d'ouvriers. M. Helleputte se jeta dans tout cela avec l'ardeur d'un néophite agité, fiarlant haut au Cercle, toujours le premier 'église ne se bornant pas comme M. Woeste une messe quotidienne, mais fréquentant encore, par sucroit, les sermons et les chapelets de l'a près-midi. Les patronages ouvriers, amusements chrétiens garantis le dimanche, billard, loto et sermons mêlés, avec eau de coco discrétion comme liquide, n'eurent pas de protecteur plus zélé que M. Helleputte. Mieux encore il créa Gand, parmi les blancs d'Kspagne du parti, une ligne anti-chorégraphique, composées de jeunes gens et de jeunes personnes pieuses, qui s'enga geaient ne jamais danser, et promettaient d'exécuter chaque année une neuvaine au novi ciat de Tronchiennes, en expiation des péchés commis Gand par les valseurs et valseuses de la ville. Le succès de ces théophilantropes per fectionnés fut naturellement très grand, et quel qu'un résuma avec clarté le sentiment général en disant u Ou bien Helleputte est le petit cousin de Saint-Jean Berchmans, ou bien c'est le syndic des farceurs. Question qui n'a pas encore reçu de solution complète et satisfaisante. Naturellement, ces aptitudes diverses et spéci ales devaient attirer sur M. Helleputte toute la bienveillante attention de l'épiscopat. Ces six vieillards encombrants se rappelèrent qu'il était architecte, et lui confièrent le cours de construc tion l'Université de Louvain. C'est depuis son séjour VAlma mater que M. Helleputte trouva sa voie définitive et affermit sa situation par son mariage avec Mlle Schollaert, fille de l'ancien transfuge libéral de ce nom, et sœur du député actuel de Louvain. Accentuant son attitude et son ambition, il imagina d'abord de poser en 1886 sa candidature parlementaire Gand. Mais nul ne devient prophète dans son épicerie, et son ultramontanisme théâtral rencontra, l'hos tilité très carrée des Faux-Visages de l'Impartial, les madrés qui, aux jours d'élections, mettent leur drapeau papal en poche et jouent de leurs pipeaux en agitant le drapeau tricolore. On dis cuta sa candidature juste assez pour ne pas outrager le3 Léger, les Lammens, etc., qui l'ap puyaient, et entre deux portes on l'étouffa avec les assurances d'une considération distinguée. M. Helleputte se résigna attendre des jours meil leurs et un arrondissement ménagements inu tiles, terre bénie des candidats d'un écoulement difficultueux, où les électeurs prennent leur homme des mains des curés, de confiance, chat en poche. Pour passer le temps et user sa frin gale, il construisit quelques maisons gothiques Louvain, une Pédagogie, et contribua garnir Êlusieurs de nos plus belles églises des abomina- les statues coloriées qui les souillent. L'école Saint-Luc, enchantée, le porta aux nues. Depuis deux ou trois ans, les grâces d'architec te de M. Helleputte se sont extraordinairement développées. Il a accaparé toutes les comman des, toutes les constructions dans les communes cléricales de l'arrondissement de Louvain. Intro duit en 1885, par le cabinet actuel, la Com mission Royale des monuments, il a voulu y occuper une situation prépondérante. Pour y arriver, M. Helleputte a institué, l'archevêché de Malines, une succursale bien pensante et oc culte de ce collège officiel. Les questions soule ver la Commission des monuments, qui peuvent avoir un intérêt pour le clergé, y sont Ëréalablement examinées, discutées, résolues. Helleputte est ensuite chargé de signifier les décisions au gouvernement qui les exécute fidè lement avec le respect que mérite ce Couseil des Dixartistique. La disparition de M. Cornesse terrible ora teur que la mort protège contre les vengeances des journalistes do la tribune parlementaire ouvrit M. Helleputte les portes du Parlement. Il y eut bien un léger tirage les aigles autoch tones, les aborigènes cléricaux de Maseyck pro testèrent un peu mais l'évêché de Liège, bien stylé, tout fait dans le mouvement, fit feu des quatre pieds on promit aux rebelles une pluie de croix de l'Ordre de Léopold, de croix civiques, de croix agricoles, et sous cette crucification va riée, .tout rentra dans l'ordre accoutumé. M. Helleputte fut nommé. Un tel spicimen ne devait pas attendre long temps avant de commettre un impair la gaffe prévue, inexorable, le guettait. Cela ne manqua pas. M. Helleputte fit un discours immense sur le Pape, le règne social de la papauté, la souve raineté du Saint-Père, un sermon de petit sémi naire, tellement bizarre que M. Doucet lui-même, le doux aliéné, lui confia qu'il y aurait regardé deux fois avant de se lancer ainsi. Depuis, M. Helleputte a continué dans cette voie de la gaieté parlementaire. Ce puissant esprit a récem ment affirmé que l'Académie de Belgique était trop libérale, et il en trouvait la preuve judi cieuse dans ce fait que, depuis 1868, il y a tou jours eu plus de libéraux que de catholiques dans les jurys chargés de juger les concours littéraires et dramatiques M. De Burlet lui- même a rappelé llélu de Maseyck une pudeur élémentaire. C'est aussi M. Helleputte qui a dé claré, dans la discussion du budget des beaux- arts, que l'acquisition du carton superbe de Lambeaux, les Passions humainesétait une mau vaise action, que cette œuvre était immorale, etc. Même droite on l'écoutait avec stupeur. Il est vrai de dire que, conséquent avec lui-même, répondant un membre de la gauche qui, en conversation de couloirs, lui objectait Tiepolo et certaines fresques de Michel-Ange au Vatican, auprès desquelles les gravures des suppléments du Gil Blas sont virginales. M. Helleputte répon dit que s'il était Pape, il les ferait enlever. Dès lors, toute objection tombe. Rien dire. Cet homme est la logique cristallisée. Malgré ces débuts prometteurs, la Chambre. M. Helleputte n'a pas encore donné tout ce dont il est capable. Son puissant cervelet contient des réserves qui s'épancheront un jour. Cet agité de quarante-deux ans est aujourd'hui intimement persuadé de l'universalité de son génie. 11 a déjà touché la politique et aux beaux-arts Les finances, l'économie politique, la sylviculture, la pisciculture, le droit, les travaux publics au ront leur tour. Les prinkères cérébraux et les araignées intellectuelles sont inexorables. Ces insectes s'apaisent quelquefois, sommeillant et donnant du répit mais le jour fatal arrive où ils se mettent en mouvement, détraquent irrémé diablement la machine, et alors les grands phé nomènes se produisent. Voyez M. Meyers c'était également une manière de Helleputte, ambitieux, politiquailleur, ayant du bagou revendre et du génie provincial replacer. Il venait bien de 'longres, au lieu de Maseyck, mais ce détail ne faisait rien la chose. Dès la première séance, son araignée s'est manifestée dans la fameuse histoire du discours anticipatif, et depuis ce jour, M. Meyers et son génie sont morts. Le même événement se produira avec M. Helleputte. C'est écrit. Sachons attendre, patien tons, et pour le moment, jouissons en silence des grâces joyeuses et des polichinelleries de ce délicieux limbourgeois. (Etoile Belge.) Société pour la propagation de renseignement par l'aspect. Lundi 25 Janvier 1892, conférence avec pro jections photographiques-lumineuses, 8 heures du soir, en la Salle de Spectacle (Place Vanden- peereboom). sujet VOYAGE EN SUISSE La vallée du Rhône, par R. Cordenier. PS. Des mesures seront prises pour que la salle soit convenablement chauffée. Toute personne étrangère la Société paye un droit de 70 centimes. Conseil de milice. Sont nommés membres effectifs du Conseil de milice et membres suppléants, pour la levée de 1892, de l'arrondissement d'Ypres, les conseillers provinciaux ainsi que les administrateurs com munaux désignés ci-après Président effectif, M. Iweins d'Eeckhoutte, conseiller provincial Ypres suppléants du président, MM. Parret, id. Zonnebeke et Fraeys, id. ùpres membre effectif, M. de Gheus, bourg mestre, Voormezeele suppléants du membre effectif, MM. Victoor, id. Messines et Van Wal- leghem, Zonnebeke. Depuis plusieurs jours le nommé I. D., mar chand boucher, Gheluwe, a disparu de sa de meure conjugale, laissant sa femme et ses enfants dans une grande désolation. La police a reçu connaissance de cette absence. On craint un malheur. Société de Gardes Civiques d'Ypres. tir ordinaire. Boedt, Léon, 25 25 20 25 25 120 Butaye, Arthur, 25 20 20 25 25 115 Minnekeer, Ange, 25 25 20 20 26 115 Masschelein, Alph. 20 25 25 25 20 115 Froidure Robert, 20 25 25 25 20 115 Vermeulen Henri, 25 20 25 25 20 115 Ligy Albert, 25 25 25 20 20 115 Justice Jean, 20 15 25 25 25 110 Gaimant Arthur 25 20 20 20 25 110 Le premier concert de l'année, donné par la Société Philharmonique, a obtenu un grand et légitime succès. M. Coryn, baryton, lauréat du Conservatoire royal de Bruxelles M. Lampens, professeur de violoncelle au Conservatoire de Gand et M. De Mulder, membre d'honneur de la Société, prê taient leur concours cette fête artistique. Nous devons remercier tout d'abord M. De Mulder pour la gracieuse obligeance qu'il a toujours mise répondre aux invitations que la Philharmonie lui a faites. Excellent musicien et amateur distingué, M. De Mulder a toujours ob tenu dans les différents concerts dans lesquels nous avons eu le plaisir de l'entendre le succès le plus sympathique et le plus mérité. Nous lui exprimons ici tous les regrets que nous éprou vons pour la décision qu'il a prise de ne plus se faire entendre en public et nous nourrissons l'espoir qu'il reviendra sur cette décision et que nous pourrons encore lui prouver par nos ap plaudissements combien son talent est apprécié. M. Coryn, dans les différents morceaux qu'il a chantés, a obtenu un succès bien mérité. Cet ar tiste très remarquable possède une des plus bel les voix que l'on puisse entendre. Son phrasé et sa diction.sont parfaits et si, comme on le dit, M. Coryn se destine au théâtre, nous sommes convaincus qu'il ne tardera pas y occuper une place distinguée. Les différents morceaux exécutés par M. Lam pens ont ravi l'auditoire. Le plaisir, éprouvé par le public, était d'autant plus grand que nous avons rarement l'occasion d'entendre l'instru ment sympathique par excellence le violon celle. Aussi les chaleùreux applaudissements et les rappels du public ont dû prouver l'excel lent artiste et professeur combien son beau et magistral talent a été apprécié la Philharmo nie. Pour le Comité Eug. VEULEMANS. Tir du Jeudi 21 Janvier 1892.

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Le Progrès (1841-1914) | 1892 | | pagina 2