IV0 8. Jeudi,
28 Janvier 1892.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Le grand ministère.
Chronique locale.
Une enquête.
52* ANNÉE
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
Il reste établi que le gouvernement clérical,
qui devait être celui des réductions de dépenses
et des dégrèvements d'impôts, n'a su ni réduire
ni dégrever.
11 reste établi que, sans les impôts que le
ministère libéral avait eu la loyauté de faire
voter en 1883, le déficit qui nous menace de
nouveau n'eût pas manqué d'exister dès le
premier jour.
Car il est avéré que, malgré les économies
dont M. Beernaertse targue et ses légendaires
prétentions l'impeccabililé financière, nous
sommes tombés dans une situation voisine du
déficit.
Pour qui sait lire entre les chiffres, l'équilibre
du budget de 1892 est factice et instable. 11 a
fallu se livrer des prodiges de prestidigita
tion pour faire cadrer les ressources et les dé
penses, et un mécompte de 100,000 francs sur
un budget total de trois cents millions, suffirait
détruire la balance.
Cette situation n'est pas rassurante mais
elle s'assombrit singulièrement si l'on songe
certaines dépenses que lavenir, et un avenir
prochain, viendra nous imposer.
Les forts de la Meuse, l'achèvement des for
tifications d'Anvers, laugmentation inévitable
de 1 effectif grèveront dans d'effrayantes propor
tions nos futurs budgets extraordinaires.
Une autre éventualité se présente. Le gou
vernement a signe avec la France, il y a
quelques années, une nouvelle convention mo
nétaire, qui l'oblige reprendre toutes les piè
ces de cinq francs Belges et les payer en or
leur valeur nominale. La perte qui résultera
de cet échange sera de trente millions Où M.
Beernaert prendra-t-il la somme?
Quand la convention a été faite, on avait
laisse entendre que des ressources seraient pré
parées, qu'une combinaison permettrait d'eco-
nomiser un fonds de garantie. Or, rien n'est
fait
Et nous verrons bien certainement, avant
peu, le ministère du dégrèvement accule la
nécessite de demander de nouvelles ressources
l'impôt.
Ce sera l'épilogue de cette vaste comédie que
donne au pays, depuis sept ans, le cléricalisme
parlementaire.
Après avoir escaladé le pouvoir aux cris de
A bas les impôts il a augmenté la produc
tivité de toutes les taxes, jadis conspuées par lui
et combattues comme inutiles.
Après avoir fait de i'antimililarisme un
moyen d'opposition et de propagande électo
rale, après avoir promis de n'augmenter l'armée
ni d'un homme, ni d'un cheval, ni d'un canon,
il a augmenté d'un tiers le budget de la guerre!
Après avoir préconisé la paix scolaire, il a
détruit l'enseignement public
LE PROG
vires acqcirit ecndo.
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Idem. Pour le restant du pays7-00.
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et 2, rue de l'Enseignement, Bruxelles.
Ypres, le 27 Janvier 1892.
Nos deux députés y ont donc été chacun de
son petit discours, M. Colaert en répétant tant
bien que mal, comme le dit l'Etoile Belgece
qu'avait dit en excellents termes, M. Woeste,
que M. Colaert n'avait aucun besoin de corri
ger. H
Plutôt donc que de répéter la paraphrase
superflue de M. Colaert-, mieux vaut renvoyer le
lecteur au discours de M. Woeste, s'il tient abso-
meut savoir de quels arguments le leader de la
droite a appuyé sa demande de 100,000 fr. pour
les écoles adoptables.
Mais comme le lecteur, pas plus que la Cham
bre, part un M. Colaert et deux ou trois autres
valets de curés, ne tieut ce que l'on jette l'ar
gent du pays dans des écoles qui se sont toujours
vantées de pouvoir vivre de leurs propres res
sources, il ne se souciera pas davantage du dis
cours de M. Woeste que de celui de sa pâle
ombre.
Disons plutôt quelque chose de M. Struye, lui,
au moins, sert un plat de sa façon et son plat
favori, ce sont les écoles officielles réduites en
bouillie, et tellement bien réduites qu'il n'en
resterait plus miette, si on le laissait faire.
Pour le moment, M. Struye demande la suppres
sion des écoles communales de Boesinghe et de
Westvletereu, si nous avons bonne mémoire.
M. de Burlet a répondu qu'une enquête était
ouverte et qu'il fallait en attendre le résultat.
L'enquête laquelle se livrera M. de Burlet est
toute faite et nous la ferons connaître l'instant
même.
Sous l'empire de la loi de 1879, l'école com
munale de Boesinghe comptait quatre-vingts
élèves et l'école du curé cinquante. Total po
pulation scolaire de 130.
Avec la loi de 1884, avec cette loi qui a été faite,
au dire des cléricaux,pour avoir la paix scolaire,
le clergé a continué sa guerre avec une violence
qui ne s'est pas démentie un seul instant, tant et
si bien, qu'il a arraché, de l'école officielle, tous
les jours un élève et qu'aujourd'hui, cette der
nière n'en compte plus que dix.
Et l'école du curé, s'est-elle enrichie de tout
ce qu'on a enlevé l'autre Il faut croire que
non, puisqu'elle ne compte que 60 élèves. Ce qui
porte la population scolaire 70.
Où sont donc les autres, les enfants qui for
ment la différence entre la population scolaire
sous la loi de 1879 130 et la population
actuelle 70
Les uns courent les rues, d'autres se rendent
aux écoles des communes environnantes, des
troisièmes viennent en ville, soit l'école com
munale d'Ypres, Boit l'école S1 Aloïsius. Le
fait est que ceux qu'on a arrachés de vive force
l'école officielle de Boesinghe se refusent de
mander leur instruction au curé.
C'est donc que l'école du curé n'a pas la con
fiance des pères de famille. Et c'est au profit
d'une pareille école, chère M. Struye, et dont
les Boesinghois ne veulent pas, qu'on jette l'in
terdit sur l'école communale
Que le curé et ses acolytes cessent leur sys
tème de persécution contre l'école Geldof, et de
main celle-ci sera remplie et plus que jamais.
Et alors seulement, quand le curé aura désarmé,
et, que tout le monde sera livré sa propre vo
lonté, on aura la paix scolaire.
Si donc l'école officielle n'est pas peuplée
comme elle devrait et mérite d'être, c'est que
défense est faite aux parents d'y envoyer leurs
enfants.
Et si l'école, chère M. Struye, ne prospère
pas raison du drainage qu'on opère dans la
première, c'est qu'elle ne jouit pas de la con
fiance des pères de famille, et cela pour une ex
cellente raison, c'est que l'instruction n'y répond
pas aux vœux des parents.
Et tout s'explique aisément. L'instituteur
officiel est son école aux heures réglementaires,
régulièrement. L'instituteur catholique, qui est
en même temps sacristain, n'est libre qu'après le
service divin et quand la chasuble, l'aube, les
bures, etc., sont remises en place l'instituteur
ne vient qu'après le sacristain et la porte de
l'école'ne s'ouvre que quand celle de la sacris
tie est fermée, ce qui tourne aux environs de
dix heures, le plus souvent, et plus tard les
jours extraordinaires. Les villageois pensent,
dans leur gros bon sens, et constatent qu'une
école ainsi dirigée, très catholiquement, est peu
propre faire des Pic de la Mirandole, ils ne
professent pour M. le sacristain qu'un enthou
siasme très modéré et qui explique la faible fré
quentation de son école.
Voilà l'enquête pour Boesinghe. Si M. Struye
tient ce que les choses ne souffrent âne un re
tard, qu'il commence par l'apporter M. de
Burlet qui pourra se dispenser de pousser ses
investigations plus loin.
Nous en ferons autant pour Westvleteren
mais déjà dès aujourd'hui nous pouvons dire
que ce sera comme pour Boesinghe.
A la suite des énormités de l'école cléricale
que nous avons signalées dans l'un de nos der
niers numéros, le Journal d'Ypres qui a un talent
tout particulier échapper par la tangente, au
lieu de nier, ou de confesser, ou d'expliquer les
faits dont il s'agissait, a mieux aimé, selon 6on
procédé ordinaire, accuser ses adversaires des
mêmes fautes. Le Journal s'est bien gardé de
citer ou de préciser des faits ni même un fait,
il s'est contenté, tâche infiniment plus facile,
d'accuser vaguement et de faire croire que
les écoles officielles n'ont rien reprocher
leurs concurrentes, que s'il y a du chiendent
dans les unes, il n'y a pas moins de ronces dans
les autres.
M. Verduyn, l'instituteur en chef de l'école
communale, qui a la prétention de savoir mieux
ce qui se passe chez lui que les sacristains qui
rédigent la sainte feuille et dont la peau n'a pas
l'insensibilité du pachyderme, s'est senti atteint
dans son honneur et calomnié dans ce qu'il a de
filus cher, la bonne renommée de son école. De
uue lettre de protestation en dûe et bonne
forme, écrasante pour le Journal.
Mais le Journal, c'est comme la vipère quand
on a mis le pied dessus et qu'on croit l'avoir
aplatie, elle glisse sous l'herbe verte et reparaît
plus loin, prête piquer de nouveau. Ce n'est
pas le directeur, dit-il, que nous visons ce n'est
fias lui qui frappe les élèves et qui est cause de
a désertion de son école,ce sont les instituteurs;
car lui, M. Verduyn, est un excellent directeur
et s'il nous donne un démenti, il est de bonne