Chronique locale. Théâtre. Tournée artistique. grave, et, pour un gouvernement prudent et sage, la peur des barricades, c'est le commen cement de lù" sagesse. Chronique On écrit de La Louvière la Chronique Le préjudice que causera l'industrieet au commerce de noire région la prochaine appli cation du nouveau tarif douanier l'entrée en France, est réellement considérable. De nom breux ateliers de construction de la frontière, qui trouvaient facilement écouler leurs pro duits dans le Nord et le Pas-de-Calais, se ver ront fermer les frontières par suite de l'aug mentation énorme des droits d'entrée, portés, pour les pièces mécaniques, en général, de 8 francs par 100 kilos. Une industrie qui est fort compromise aussi, c'est celle des produits céramiques et rèfraclaires,dont plusieurs fabri ques très importantes sont installées dans la région. Aussi, plusieurs industriels se verront- ils dans la dure nécessité de congédier de nom breux travailleurs et d'aller installer en France, la frontière, des usines où ils travailleront leurs matières premières, pour lesquelles le droit d'entrée n'existe pas. Il est encore d'autres industries moins importantes qui subiront un sensible préjudice et qui ne sauront pas réagir en allant s'installer dans le Nord. C'est avec beaucoup de plaisir que nous ap- Srenons l'arrivée, pour Mardi prochain,2 Février e la troupe de Tournai qui nous donnera opéra-comique en 3 actes (paroles de Chivot et Dura, musique d'Audran) ainsi qu'un petit lever de rideau les Deux Timides. Il paraît que Gillette de Narbonne a obtenu beaucoup de succès Tournai il y a donc tout lieu d'espérer qu'ici également, nous aurons une belle représentation. Au reste, part le Grand Mogol, qui n'a pas bien marché, pâr suite de rhumes et d'influenza, le public et les abonnés ont été généralement fort contents de la troupe de Mme Borès. C'est un peu cause de la maladie la mode qui a sévi Sarmi ses artistes, que Mrae Borès a dû suspen- re, pendant toute une période, la série de ses représentations Ypres. Mardi prochain, Gillette de Narbonne pourra être donnée dans d'excellentes conditions. Avis aux amateurs. P.S. Nous engageons vivement la direction commencer de bonne heure et heure précise, afin de donner satisfaction au vœu du public, qui, généralement, n'aime pas de rester au théâ tre plus tard que vers onze heures. Nous avons le plaisir d'annoncer nos lecteurs que l'excellente troupe de M. Saint-Omer, don nera sur notre scène, Vendredi 5 Février pro chain, une représentation extraordinaire com posée de comédie-opérette en trois actes, de MM. A. Hen- nequin et A. Millaud, musique de M. Boulard. La célèbre actrice Mra8 J. Saignard remplira le rôle de la Comtesse (Niniche). La représentation se terminera par les BOUS- S1GNEUL, comédie-opérette en 3 actes, de MM. Marot, Pouillon et Philippe, musique d'Abo- lowicz. La bonne réputation dont jouit la troupe de M. Saint-Omer nous promet une excellente soi rée et un public nombreux. On se rappelle encore que la fille de Ange Costenoble, de Boesinghe, âgée de 14 ans, se noya il y a sept semaines, dans le canal. Avant- hier on a retiré son cadavre juste en face de la demeure de ses parents. Gillette de Warbonne, \iniche, Un des derniers chevaliers de l'ordre militaire de Guillaume. Lundi passé, 18 Janvier, 3 heures de relevée, on conduisait sa dernière demeure, le capitaine pension né D.-J.-B. De Groote, de l'armée des Indes Orien tales néerlandaises, beau-frère du lieutenant-colonel llannefstingels, commandant l'école des pupilles de l'armée. Né Ypres le 8 Juillet 1801, De Groote était entré dans l'armée des Pays-Bas en Septembre 1820, en qualité de tambour volontaire il quitta le service comme caporal tambour, se réengagea en 1820", passa ensuite l'armée coloniale et s'embarqua au Texel le 21 Juin 1830, bord du vaisseau Jeanne Philippi ne. On était loin de prévoir alors dans l'armée des Pays-Bas le déchirement de Septembre 1830 la guerre dite de cinq ans Java venait de se termi ner par la capture du sultan Dipo-Negoro elle avait coûté la vie plus de 16,000 hommes, dont 8,000 Européens et nécessité une dépense d'environ 25 mil lions de florins le gouvernement des Indes dut alors augmenter ses forces dans l'île de Sumatra et y répri mer des séditions sans cesse renaissantes. Débarqué Batavia et placé au dépôt général en Novembre de la même année, De Groote servit ensuite au 3e bataillon, commandé par le major Eilers. De Groote, enlevé il y a quelques jours peine, l'âge privilégié de 88 ans, jouissait dans sa ville natale de la retraite paisible et honorable que le sort si capri cieux de la guerre réserve parfois ses élus. Après avoir vu cent fois la mort en face, après avoir bravé des dangers inouïs, son corps robuste, frappé plusieurs fois du fer de l'ennemi, miné aussi par les fièvres paludéennes, a triomphé de tous ces obstacles, et, hier encore, le vieux camarade des van Beethoven des van Holydes van Tscîiudydes Logemanétait debout Il y a près de dix ans, lorsque nous avons publié l'Histoire des Belges aux Indes néerlandaises, nous sommes allé le consulter c'est de sa bouche, de sa main vaillante, qui certes maniait mieux le glaive que la plume, que nous avons recueilli ces quelques frag ments historiques le vieux guerrier racontait simple ment, ne se plaignant jamais, croyant, comme de raison, que la plus belle récompense est celle du devoir accompli. Guerre de Sumatra.Insurrection des Padries. Le 24 Août 1833, jour anniversaire de la fête du roi Guillaume, le major Eilers reçoit l'ordre de quitter Aer-Bangis la tête d'une colonne de 175 hommes et de se diriger vers le nord-ouest de l'île de Sumatra, au pays des Batta's après quinze jours d'une marche des plus pénibles, travers des bois, des taillis, des marécages et des jungles, la colonne atteint le district du petit Mandeling le 10 Septembre elle arrive au fort Amerongen,commandé par le lieutenant Logeman, où quelques renforts l'attendait le commissaire géné ral des Indes lieutenant généra! van den Bosch, donne l'ordre d'attaquer plus au nord, Bondjol, centre de l'insurrection des Padries, où régnait en maître absolu le toewankoe Iman, adversaire redoutable. Dans l'après-midi du 16 Septembre, l'avant-garde arrive à.Batoe-Bedindi aperçoit l'ennemi posté sur une colline où il semble s'être sérieusement retranché. Si nous les enlevions avant l'arrivée du gros demande le sergent De Groote au lieutenant van Tschudy Tombe qui tombe s'écrie le lieutenant, i en avant Aux cris de hurrah Amok De Groote entraîne l'avant-garde, se précipite vers la colline, essuie une décharge d'artillerie, débusque et refoule l'ennemi qui abandonne des morts, des blessés, des armes, des baga ges et une couleuvrine, appelée en indien lila. Im médiatement après l'arrivée du gros de la colonne, le major, le régent, tous les officiers viennent féliciter l'humble sergent. Le 18, on atteint avec grande peine, Loeboe-Sika- ping, vaste kampong fortifié et, trois heures de l'après-midi, le combat s'engage aux environs de Bond jol De Groote, atteint par une balle qui le blesse et lui brise son fusil, essuie peu de temps après un nou veau coup de feu qui lui enlève une mèche de cheveux la lutte est inégale, les Hollandais doivent battre en retraite, guerroyant sans cesse et harcelés vivement par plus de 3000 insurgés le 21, De Groote a le bon net de police traversé par une balle et la garde de son sabre aplatie par un projectile enfin le 24, trahie et abandonnée par les indigènes, la petite troupe regagne Rau et le camp d'Amerongen. A la fin du mois d'Octobre, les forces ennemies as siègent le camp néerlandais la garnison fait une sor tie vigoureuse, De Groote pénètre le premier dans les positions des assiégeants il fait prisonnier un des chefs des tribus hostiles, mais comme celui-ci opposait une résistance sérieuse et allait être délivré par ses partisans, De Groote l'étend mort ses pieds. Apsès un siège de quarante jours, les Néerlandais manquant de tout, vivres et munitions, étaient bout de forces comme on ne pouvait compter sur aucun renfort, le major Eilers donna, le 28 Novembre, l'or dre d'enclouer les canons, d'abandonner le fort et de se replier sur le district de Mandeling. Au ltver de l'aurore, raconte tristement De Groote, nous aperçûmes le fort Amerongen, ainsi que le camp, livrés aux flammes bientôt ce ne furent plus que des débris fumants Inutile de relater le bonheur avec lequel on bivoua que Limoen-Manis, dans un Kampong sûr, et l'abri des attaques incessantes de l'ennemi. Il y a avait plus de six mois, écrit laconiquement De Groote, que nous n'avions plus de chaussures aux pieds, ni de che mises au corps, ni de pantalons pour nous couvrir dé cemment, six mois sans solde, sans la moindre ration d'Arac, dans des régions marécageuses, excesssivement malsaines Quelques jours après, De Groote, la tête d'une centaine d'hommes, reçoit l'ordre de se porter vers le grand Mandeling et d'y construire un fort qui, grâce son zèle et son activité, fut achevé dans l'espace de deux mois en Juillet 1834, il repousse une attaque du chef rebelle Tamboesi, lui enlève armes et bagages et est félicité par le capitaine van Beethoven, comman dant la section septentrionale en Septembre de la même année, il déjoue une conspiration des chefs indi gènes contre la Néerlande, pénètre seul, au péril de ses jours, dans la demeure du radjah Kalie-Monin, lui place la pointe du sabre sur la poitrine, et le somme de lui remettre une lettre qu'il savait avoir été envoyée par d'autres conjurés il n'y a pas se faire illusion, sans la présence d'esprit, le sang-froid et l'intrépidité du sergent De Groote, c'en était fait du fort Elout les faibles, troupes, qui y étaient retranchées, auraient succombé devant les nombreux guerriers de Tamboesi et on aurait eu enregistrer un nouveau massacre. Au mois d'Août 1835, De Groote fut remplacé dans le commandement du fort Elout par le lieutenant Dado, rétrograda de nouveau vers Rau et fut chargé de re construire le fort de Loender, détruit en 1833, et où fut massacré le loyal lieutenant Engelbert van Bever- voorden et toute sa troupe. En moins de IfV redoute fut mise en état de défense et put résister une attaque de l'ennemi. De Groote, qui avait l'œil tout et se tenait prudemment sur ses gardes, averti par ses espions, put repousser une nouvelle attaque du radjah Tamboesi sur Loender le capitaine van Beet hoven, dans une lettre autographe qu'il lui adressa, le 5 Novembre 1836, l'informa qu'il le signalerait l'at tention du général commandant de la côte. Nous venons de relater quelques faits d'armes d'un simple sous-nfficier; quelle terrible responsabilité avait pesé sur lui la maladie et le feu ennemi privaient fré quemment les colonnes des officiers les plus aguerris de simples gradés, d'un rang inférieur, les rempla çaient et devaient parer tout. Qu'on ne nous taxe pas d'exagération, mais la conduite de ces braves, dans ces lugubres contrées, fut admirable il fallait être tou jours sur le qui-vive, entouré d'embûches et de dan gers tout soldat isoléûombait sous la flèche empoison née d'un Padrie ou la griffe d'un tigre. Et lorsqu'il relevait le fort de Loender, que de sinis tres pensées ne devaient pas assiéger l'esprit du brave De Groote, l'idée que le sol qu'il remuait était encore tout imprégné du sang généreux de ses amis Le gouvernement, néerlandais ne fut pas ingrat en vers l'humble sergent la récompense la plus noble et la plus belle, celle qu'on n'accorde qu'aux militaires qui l'ont conquise au prix de leur sang et de leur vaillance, vint trouver notre compatriote Loender nous som mes fier de pouvoir l'enregistrer. Dans un ordre général, daté de Batavia, 2 juin 1836, le général^ Cochius, commandant de l'armée des Indes, informa 1 armée que, par arrêté royal du 29 Octobre 1835, le sous-officier d'infanterie D J.-B. de Groote, était nommé Chevalier de l'Ordre militaire de Guil laume des Pays-Basen récompense de sa vaillante conduite sur la côte occidentale de Sumatra, pendant les derniers mois de l'année 1833. Nommé lieutenant en second, le 26 décembre 1836, il fut de nouveau porté l'Ordre du jour de l'armée au nom du Roi, par le lieutenant général Dominique- Jacques de Eerens, gouverneur général, en date du 4 Octobre 1837 premier lieutenant le 28 Avril 1840, il prit encore part, en 1849, la troisième expédition contre l'île de Bali. Capitaine le 26 Mars 1850, sa rentrée d'un voya ge fait en Europe, pendant lequel il eut l'honneur

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Le Progrès (1841-1914) | 1892 | | pagina 2