AVIS.
Chronique locale.
De quoi
vivent les Écoles Laïques.
7 Février 1892.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Le lieuleiianl-général Chazal.
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PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
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Monsieur P.DEUÈGE, professeur de musique,
directeur de la Grande Harmonie de Comines-
France, a l'honneur d'informer les intéressés,
qu'à partir de ce jour, il donnera des leçons de
SOLFÈGE, de PIANO et de CHANT. S'adresser
pour renseignements XHOTEL DE LA TÊTE D'OR,
rue de Lille.
Ypres, le 6 Février 1892.
Nommé pour la première fois ministre par arrêté du
12^août 1847, M. Chazal eut comme début combattre
une proposition, soutenue entre autres par M. Osy, et
tendant réduire le budget de la guerre 25 millions
et l'effectif de l'armée soixante mille hommes. Ce fut
son début d'orateur politique l'impression de sa paro
le fut si vive que le lendemain de la séance du 27 no
vembre 1847, les journaux de toutes opinions célé
braient le talent d'exposition, la clarté française,
l'élégance de parole du nouveau ministre. Le succès
fut tel, que le Roi lui écrivit ce propos une lettre de
félicitations personnelles. C'est dans cette discussion
que le 28 novembre le général Chazal fit cette
déclaration, tant de fois invoquée, qu'il n'y a pas un
homme d'Etat, un militaire ayant l'intelligence de la
position de la Belgique, qui oserait assumer la res-
ponsabilité du maintien de l'indépendance, de l'hon-
neur national et de l'ordre public, si l'armée subissait
une nouvelle réduction.
Le 31 Mars 1848, M. Chazal déposa une demande
de crédits supplémentaires de neuf millions pour faire
face aux dépenses du département de la guerre,
proposition justifiée par les événements graves qui
bouleversaient l'Europe. M. Jules Mâlou fit rapport
sur le projet. C'est alors que M. Castiau donna en
pleine séance sa démission de membre de la Chambre,
parce que, républicain convaincu, il se trouvait en
désaccord politique avec l'arrondissement qui l'avait
envoyé la Chambre. M. Chazal intervint dans ce
débat et, tout en combattant les théories de M. Castiau,
rendit un magnifique hommage la sincérité des opi
nions de ce député.
On ne peut que difficilement se fawe aujourd'hui une
idée de l'ardeur des discussions qui se produisirent au
Parlement l'occasion des fortifications d'Anvers.
Le 20 juillet 1859 pendant la session extraordinaire
en 1859 M. Frère-Orban déposa un projet de 20
millions de francs pour l'agrandissement de la ville
d'Anvers, et l'établissement de travaux de défense. M.
Orts fit le rapport, et le débat s'engagea dans toute
son empleur. MM. Anciauet Goblet proposèrent l'ajour
nement novembre. M. Chazal le combattit avec une
extrême virulence. Eh ajournant le projet, dit en-
c tr'autres le ministre de la guerre, on perd un temps
énorme, une année entière, et la situation de l'Euro-
pe est telle, qu'on ne peut perdre une année impuné-
ment. D'ailleurs, la demande d'ajournement est un
rejet déguisé, sans franchise, sans courage, un rejet
qui n'est pas désiré de la Chambre et du pays. Il
faut que ceux qui ne veulent pas le projet le rejettent
.c franchement. S'il en est qui veulent courber la tête
sous le joug de l'étranger (applaudissements dans les
tribunes), s'il en est qui veulent passer sous les
fourches caudines de l'étranger, qu'ils le disent
(Nouveaux applaudissements dans les tribunes.}
Quant lui, ce qu'il veut, c'est remplir son devoir.
On lui a accordé la naturalisation. Enfant de la Bel-
gique, il cherchera la défendre jusqu'à la dernière
c extrémité, et c'est ce devoir qu'il remplit en ce mo-
ment. (Applaudissements
Tel était le ton général du débat. L'ajournement
fut repoussé par 58 voix contre 43, et le crédit de 20
millions adopté, dans la séance du 20 août, par 57
voix contre 42 et sept abstentions. Les attaques aux
quelles le général Chazal fut exposé Anvers, le dé
bat qui eut lieu en mai 1862 sur les fameuses péti
tions anversoises peut en donner une idée. M. I.e-
beau prononça, cette occasion, un grand discours
qui fut un hommage au caractère et aux services de
Chazal. Un orateur des meetings anversois, dit-il, a
e proposé de lier le ministre de la guerre la bouche
<r d'un canon. Le général Chazal a attaché son nom
l'existence de la Belgique et si le pays était envahi,
ce bourgeois d'Anvers serait le premier souscrire
4 pour la statue que la reconnaissance décernerait au
général Chazal au successeur du grand Carnot.
Le général Chazal était grand et maigre. La physi
onomie et les allures avaient une rare distinction. La
voix brève et le verbe ironique dans la conversation
courante, se faisaient doux, aimables, insinuants quand
il parlait la Chambre. Lorsque l'indignation ou la^po-
lère l'animait la tribune, il avait l'allure des grands
orateurs, l'organe retentissant et sonore, le geste élo
quent et démonstratif. On ne saura jamais quel point
le roi Léopold 1er l'honorait et l'estimait. Pendant les
débats sur les fortifications de la Meuse et les difficul
tés qui suivirent, i! échangeait avec son ministre une
correspondance presque quotidienne, le soutenant, l'ex
citant, le félicitant des résultats obtenus. Cette corres
pondance était d'une liberté extrême, d'une familiarité
et d'une justesse de jugement qui frapperaient vivement
le public s'il lui était donné d'en prendre connaissance.
Elle prouve quelle confiance extrême, le Roi avait dans
son ministre qui était la fois pour lui un conseiller et
un ami. Cette correspondance royale fut communiquée
une seule fois, et avec l'autorisation du Roi lui-même,
par M. Chazal M. le baron Nothomb, notre ancien
ministre Berlin.
Le général Chazal vivait Pau fort simplement, dans
un castel entouré d'un parc-jardin assez spacieux, qui
était plutôt une villa, dans ce Midi ou les villas devien
nent des châteaux et les châteaux des palais. Il
avait un équipage modeste qui lui servait lui et
Mme Chazal, po«r visiter les nombreux amis qu'il pos
sédait dans ce charmant pays, où il jouissait d'une po
pularité extrême. On l'y appelait volontiers le minis
tre belge. Tous les instants que n'accaparaient pas
ses travaux et sa correspondance qui était considérable,
il les consacrait au jardinage et la culture des roses
dont il possédait une fort belle collection. Pau a tou
jours été une des stations hivernales les plus distinguées
du Midi. Des familles de la plus haute situation, en
France comme en Angleterre, viennent séjourner
dans ce beau lieu. Près de toutes, le général Chazal
trouvait le haut et bienveillant accueil que méritaient
sa situation et son autorité. Il y a deux ans encore
lord Randolph Churchill vint avej lady Churchill pas
ser quelques semaines Pau, et le jnune politique
anglais ne manqua pas de se rendre chez le général
belge et d'entretenir avec lui des relations qui furent
remarquées. Dans la société de Pau même, le général
Chazal avait des amitiés sincères, entre autres celle
du baron de la Grèze, conseiller la cour de cette ville,
où la magistrature eut toujours un renom particulier,
et historien de haut mérite qui n'a précédé M. Chazal
que de quelques semaines dans la tombe.
Il venait une fois par an en Belgique, ordinairement
vers le mois de juin. Il logeait Bruxelles chez un de
ses fils et demeurait un mois parmi nous, visitant les
hommes politiques, les ministres, ses anciens collègues.
Une étroite amitié l'unissait M. Frère-Orban,
avec lequel il se'trouvait en commerce épistolaire suivi.
Pendant ces voyages, il s'arrêtait chaque fois Paris,
où il avait deux relations marquantes, le maréchal de
Mac-Mahon qui, depuis des années le traitai: en
vieil ami, et le baron Haussmann. Une des dernières
excursions qu'il fit de Paris pendant ses séjours dans
cette capitale, fut la visite du château de Pierrefonds
avec M. Patrice de Mac-Mahon, aujourd'hui capitaine
de chasseurs en garnison Amiens.
Il eut la douleur, il y a quelques années, de perdre
son fils ainé, un officier des plus remarquables, colonel
d'un des régiments des guides, qui ressemblait énormé
ment son père, dont il avait la caractéristique phy
sionomie. Son second fils est aujourd'hui major dans le
corps d'état-major.
Un détail, l.e général Chazal eut comme chef de
cabinet, alors qu'il était ministre de la guerre, le géné
ral Brialmont puis comme aide de camp le général
Sterckx. Le général Nicaise figura aussi au nombre des
attachés de son cabinet. Il entretint toujours la plus
affectueuse intimité avec le général Brialmont jusqu'au
moment où il crut devoir prendre l'attitude que l'on
sait dans la question des forts de la Meuse. Depuis
cette époque, ces relations s'étaient naturellement quel
que peu refroidies.
Par sa mort, et celle récente de M. Jacobs, le nom
bre des ministres d'Etat est réduit douze. Voici les
noms des membres de ce collège MM. Fière-Orban,
Bara, De Lantsheere. d'Elhoungne, de Mérode-Wester-
loo, Lambermont, Nothomb, Tesch, Guillery, Woeste,
de Jonghe et t'Kint de Roodenbeke. On remarquera
aussi que de tous les grands corps de l'Etat, l'armée
seule n'a plus de représentant parmi les ministres d'Etat.
Sous ce titre, le Journal d'Ypres commente,
dans son numéro de Samedi dernier, une saisie
faite chez un M. D., de notre ville. Cet article,
digne du dernier des jésuites, est malveillant au
plus haut point. Le Journal ne trouve pas un mot
ae blâme adresser ceux qui poussent l'arbi
traire jusqu'à ordonner la violation du domicile
des particuliers, mais il a l'effronterie de mettre
en suspicion l'honnêteté de M. D. C'est tout-
à-fait digne de Loyola. Le peu scrupuleux
personnage qui déverse sa bile dans les co
lonnes du pieux organe, n'a même pas dit
qu'il s'agissait de la Patrouilleparce qu'il a
voulu faire supposer par ses lecteurs quantité
de choses plus ou moins aimables pour M. D. Il
ne parle rien moins quo d'une saisie d journaux
pornographiques. Or, tous ceux qui connaissent la
Patrouillesavent que ce journal ne contient de
pornographes que les articles relatifs aux acta
des petits-trères et autres ensoutanés. Loin de
nous la pensée de défendre ce journal, il a bec
et ongles lui-même, mais nous croyons que le
parquet, sous l'instigation du ministère, a voulu
mettre un frein la publication des acta sancto-
rumdes acta de ces saints personnages qui, sous
des dehors trompeurs, ne cachent trop souvent
que des saligauds. On veut sans doute voiler au
public la turpitude et les saletés des gens d'église
LE
PROGRÈS