Chronique locale.
Les nouveaux Pompiers.
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pour dégâta commis dana son cabaret, le lr Fé
vrier 1891 (Conseil 9 Mai 1891) 417-42
Le total des rappels est de 21,954-33
2. Rappels 21,954-33
Total des dépenses extraordinaires 139,897-39
Récapitulation générale (page 19).
1. Recettes ordin. 314,434-62 in71,nn
2. Dépenses 303,720-70 exc' 10>713-92
3. Recettes extraord. 132,740-98
4. Dépenses 139,897-39 defic' 7,150-41
1-3. Recettes génér. 447,175-60 Q -,
2-4. Dépenses 443;618-09 exc" 3'55^51
Les modifications proposées sont approuvées.
VII. Etat de situation de la caisse communale.
Excédent du compte communal de l'exercice
1890 53,107-06
(Lisez bien, ami lecteur fr. 53,107-06 d'ex
cédent qu'a laissé l'ancienne administration sur
l'exercice 1890. Autrement dit, elle a légué ses
successeurs un BONI de fr. 53,107-06 et non des
dettes comme on aurait voulu le faire croire.)
Les recettes faites jus
qu'au 19 Février 1892 mon
tent Bavoir
Sur l'exercice 1891 342,660-45
Sur l'exercice 1892 41,482-09
Total des recettes 437,249-60
Les dépenses faites jusqu'au 19 Fé
vrier 1892 montent savoir
Sur l'exercice 1891 360,206-13
Sur l'exercice 1892 13,082-95
Total des dépenses
Excédent conforme au journal
livre de caisse
413,289-08
23,960-52
Dont le Receveur justifie comme suit
Inscription au crédit communal (titre) 3,800-00
Dépôt provisoire la caisse d'épargne 172-85
Mandats provisoires régulariser 5,026-17
Numéraire en caisse 14,961-50
du
Total conforme l'excédent
journal 23,960-52
VIII. Alignement de la rue des Veaux.
Le Collège propose de modifier l'alignement
de la rue des Veaux, plusieurs constructions
devant se faire sous peu, il y a lieu de trancher
la question au moins en principe.
Adopté.
IX. Hospices civils: compte 1890 et budget 1892.
Accepté.
La séance publique est levée 6 h. 30 m.
Ils sont propres, les nouveaux pompiers, très
propres même. Nous en avons eu un échantillon
Dimanche dernier. Les pompiers et les musiciens
communaux, invités par le Collège échevinal,
dit-on, se trouvaient réunis une heure la
Salle de Théâtre où les attendait un banquot qui
rendrait jaloux Sardanapale lui-même bœuf
la flamande, rôti de veau aux pommes et pou
lets. De l'avis de beaucoup de convives, ce ban
quet n'était pas fort gras et la franche cordialité
y a complètement fait défaut faute de sauce,
quelques-uns versaient de la bière ou du vin
dans leur assiette d'autres, manquant de rôti
et de poulet passaient leur temps se chamailler
et se dire des choses plus ou moins aimables.
Pendant que les musiciens exécutaient un mor
ceau, les pompiers s'emparaient de leurs bou
teilles de vin et les vidaient sans autre forme de
procès. A un moment donné ce fut un véritable
tohu-bohu. fcnpassibles, les officiers des Pom
piers laissaient faire Le marché aux poissons,
ses plus beaux jours, n'était rien en comparai
son de la Salle de Théâtre, Dimanche après-
midi. Nous constatons que la conduite du plus
grand nombre des hommes a été tout bonne
ment scandaleuse. Beaucoup d'entre eux, ayant
mangé et bu outre mesure, au détriment des
autres, n'avaient pas le temps de se lever de
table pour satisfaire un besoin tout naturel en
cette occurrence. La Salle de Théâtre et les
aboutissants exhaleront longtemps encore l'o
deur nauséabonde des mets qui ont subi une
seconde préparation. Au dessert, le bruit était
tellement intense, les discussions tellement vi
ves, qu'un ancien libéral, le bijoutier Ceriez,
sous lieutenant, s'est levé et a essayé d'imposer
silence; les hommes, forts de l'impunité ou ju
geant peut-être ce pantin sa juste valeur, se
sont ouvertement moqué de lui Assis la
tabled'honneur, le renégat Ceriez Valentin,
en entendant tout ce vacarme, doit s'être rappelé
la journée du 7 Septembre 1884, Bruxelles;
seulement.ici il n'y avait pas de horions dis
tribuer et de grosses caisses défoncer.
A l'heure des toasts, M. Baus, commandant,
valet de M. Surmont, a engagé ses hommes
suivre l'exemple de leurs prédécesseurs. Le
pompier Doola cru bon d'ajouter qu'ils
allaient encore faire mieux. Beaucoup se sont
mis rire en voyant que l'interrupteur était un
individu qui avait passé les plus belles années
de sa jeunesse la compagnie de discipline,
Vilvorde.
M. Berghman, en l'absence de MM. Surmont
et Colaert, a parlé au nom de l'administration
communale.
M. Fraeys Ernest, banquier, etc...., a parlé
au nom de la commission de l'Harmonie com
munale.
Vers six heures, le fameux banquet était
terminé.
Maintenant nous voudrions savoir quels sont
ceux qui payeront les frais de ce banquet.
Seraient-ce les contribuables Seraient-ce MM.
Surmont, Berghman et Colaert Serait-ce le
généreux M. Colaert, seul Lui qui d'ordinaire
prend tout sur lui
La réponse est au Journal d'Y près.
Après le banquet, certains pompiers ont livré
des batailles en règlq.
Dans un cabaret de la Grand'Place, un briga
dier s'est colleté avec ses hommes qui, comme
lui, étaient ivre-morts.
Cr.... maréchal des logis, quelque peu dans
les vignes du Seigneur, a été très malmené par
des subalternes.
Quelques jeunes gardes catholiques, fiers de
porter l'uniforme, se prévalaient d'être les auxi
liaires de la police Aussi, gare ceux qui
avaient l'audace de "les regarder Le dobbel rosien
et quelques autres de son espèce doivent en sa
voir quelque chose.
Coin dé la rue du Quai et du Nouveau Marché
au bois, les pompiers Vet D.... rencon
traient un vieillard, le sieur Pierre Derille, fon
deur. Ces ladres, ces auxiliaires de la policeont
eu l'insigne courage d'attaquer cet homme inof
fensif, de le rouer de coups, de le jeter terre et
de mettre ses vêtements en lambeaux
L'autorité communale ne réprimera-t-elle pas
ces faits hautement repréhensibles Conservera-
t-elle aux pompiers des individus indignes de
porter l'uniforme? Peut-elle adjoindre àla police
des repris de justice, des renvoyés de l'armée,
des déserteurs, des soûiards et des voleurs Der
nièrement encore un clairon des pompiers a été
condamné trois mois d'emprisonnement pour
vol.
M. Baus avait raison d'engager ses hommes
prendre exemple sur leurs prédécesseurs. J amais
les anciens pompiers ne se sont conduits comme
ceux que notre cléricale administration a ra
massé un peu partout. On n'a jamais pu dire
un ancien pompier que sa conduite laissait
désirer. Aussi pour être admis au corps f illaii-il
être sans tâche, et la moindre incartade le
renvoi ne se faisait pas attendre. ÏLes pompiers
de l'ancien corps qui ont dû faire partie du nou
veau peuvent eu témoigner ils ont également
pu juger de la différence, Dimanche après-midi.
Nous le répétons, la conduite des pompiers a
été SCANDALEUSE. Ce sera l'éternelle honte
de l'administration catholique, d'avoir formé le
Corps des Pompiers d'un ramassis de gens tarés.
M. COOMANS.
Récapitulation des dépenses extraordinaires.
§1. Crédits divers 117,943-06
M. le Président présente quelques observations
sans importance concernant la rédaction du bud
get et du compte, et en propose l'adoption.
Les jours de grandes séances, pendant les discus
sions des budgets de la guerre et de la justice surtout,
vous apercevez au haut des bancs de la droite, au-
dessous de la tribune de la questure, un vieillard aux
mouvements encore vifs, la tête chauve ornée de quel
ques cheveux blancs, longs et rebelles, le corps affais
sé, indifférent en apparence ce qui se passe autour
de lui, n'écrivant jamais une lettre, les bras croisés,
les yeux clos dans une espèce d'ensommeillement pâ
teux. Cet ermite parlementaire est l'homme le plus
spirituel de la droite, ce qui ne veut évidemment pas
dire qu'il soit spirituel. M. Coomans a reçu de ses col
lègues et de la clientèle de petits journalistes, petits
vicaires, petits politiciens qui dispense les réputations
dans le parti clérical, l'auréole d'un écrivain de premier
ordre et d'un homme qui n'aurait fait qu'une bouchée
de Voltaire, du prince de Ligne, de M. de Talleyrand'
etd'Aurélien Scholl. La vérité est qu'il lui reste d'une
éducation première .très négligée, l'habitude de mettre
les coudes sur la table et les pieds dans les plats. Il
expectorait, dans son jeune temps, de grasses plaisan
teries scatologiques, d'épaisses observations, des calem-
bourgs de vieux coiffeur, des coqs-à-lane de tabellions
en goguette, une manière brutale d'interrompre les
conversations, sabrant le dialogue d'une réflexion
bizarre par l'accouplement des mots, pillant sans ver
gogne Alphonse Karr, tenant de petits carnets de
i mots de la fin, les relisant domicile pour les rem-
p'acer l'occasion.
M. Coomans s'aperçut jadis que ce système lui
attirait l'admiration des peuplades cléricales, que les
cercles catholiques écoutaient, épanouis et pâmés, les
traits délicats recueillis pieusement dans l'almanach
Van Snoeck, que ses calembourgs, au lieu de donner la
fièvre tierce ses auditeurs, les plongeaient dans une
joie hilare. Il trouva la veine bonne, excellente, et se
dit avec infiniment de raisonsi d'autres étaient
arrivés par l'histoire du moyen-âge comme M. Kervyn
de Lettenhove, par les huiles, comme M. de Decker,
par les harengs secs comme M. Van den Bemden,
il lui serait assez aisé d'arriver par la nouvelle la
main. Aujourd'hui, M. Coomans n'a ni plus ni moins
d'esprit qu'il y a trente ans. Il est resté le même, sans
modification. Ses plaisanteries, qui'semblent séniles,
tellement qu'en l'écoutant, on regarde toujours s'il no
porte pas une cuiller passée sa boutonnière, ont tou
jours eu le pareil degré d'imprévu, de grâce et de
finesse. Son interruption la plus spirituelle consiste
attendre la fin d'un discours écouté, émotionnant,
d'un orateur de l'opposition, puis de lancer dans le
silence un Oye Oye Oye gémissant, pro
longé et moqueur. Ce hululement de café-concert ne
manque jamais son effet sur la droite. Les bancs
d'Ypres, d'Audenarde, de Courtrai, de Poperinghe, de
Dixmude tressaillent, le gloussement gagne de proche
en proche, tandis que M. Coomans se renverse sur son
banc, goguenard, regardant son public, en disant
Voilà comme on traite cette opposition.
M. Coomans a toutefois des mérites qui valent mieux
que ses faiblesses de tambourinaire campinois. Ce
Valmajour retraité a été un laborieux tenace, habile
et rusé. Sa fortune car il est riche il se l'est
créée, chose rare, dans la presse où il est arrivé au
bon moment, et par des coups d'adresse bien montés.
Demander, par exemple, des renseignement^ ceux
qui il a vendu te Journal de Bruxelles. Vi'.ux bruxel
lois, M. Coomans est né dans la capitale en 1813.
Candidat en droit de 1833 de l'Université de Gand, il
se rendit Paris pour achever ses études. Il y vivait
dans la familiarité de l'excellent, du doux et fromageux
Charles Nodier. M. Coomans a raconté lui-même dans
sa préface de Fortunalus ses relations avec lui. La
page est curieuse, car elle donne la mesure de la naï
veté de pensée et de style du député de Turnhout.
J'eus le bonheur, écrit-il, de voir souvent dans
l'intimité l'excellent Charles Nodier qui daigna m'ap-
prendre le peu de français que je sais. Un jour, vou-
d lant m'encourager sans doute, il m'engagea tra-
duire pour une revue parisienne, quelqu'échantillon
de la littérature flamande. Je songeai aussitôt
Fortunatus, et mis en prose, plus ou moins fran-
çaise, le livret imprimé Gand par Van Palmel,
seule édition que je connusse alors. Ma besogne
finie, je courus près de Nodier, qui écouta en sou-
riant la lecture du premier chapitre. Au second, il
m'arrêta court, en ces termes Malheureux jeune
homme, ce n'est pas un ouvrage flamand que vous
k m'apportez là c'est un livre universel, appartenant
l'humanité entière, comme l'odysséq, d'Homère,
l'Enfer du Dante et le Paradis perdu 3e Milton. Je
connais Fortunatus depuis bien des années, et n'ai
jamais osé y toucher, quelqu'envie que j'en eusse.
Rien de délicat comme le tissu de cette histoire,
rien de gracieux comme les broderies qui l'ornent.
Exercez longtemps votre plume avant d'entrepren-
dre le récit des charmants aventures du Gil Blas
cypriote, grand-père du Gil Blas espagnol.' En
attendant, faites des articles politiques pour les
journaux, des romans de pacotille pour les revues
et des mémoires poui* les académies. Il n'est pas
nécessaire que ces choses, dites sérieuses, soient