AVIS.
Persécution scolaire.
Chronique locale.
Le nouveau budget.
Erratum.
N° 17. Dimanche,
28 Février 1892
JOURNAL D'APRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
6 FRANCS PAR AN.
52e ANNÉE.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
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A l'occasion du Carnaval, le Progrès ne
paraîtra pas Jeudi prochain.
Ypres, le 27 Février 1892.
Un récent arrêt de la Cour d'Appel de Liège
dénonce l'indignation publique et flétrit en
termes sévères les incroyables agissements
d'un conseil communal limbourgeois et les
scandaleux procédés employés par ces satrapes
campagnards pour se débarrasser d'un institu
teur fidèle ses devoirs et au pays.
Il s'agit du conseil communal de Rothem.
La persécution qu'il a organisée contre un
fonctionnaire irréprochable mérite d'être rap
pelée, comme un triste exemple des excès de
haine et de cruauté auxquels s'emporte, dans
notre malheureux pays, le fanatisme clérical.
Nous savons tous que cet exemple n'est pas
isole, que les instigations du clergé ont créé,
dans cent autres communes, des situations sem
blables, que la complicité du gouvernement et
le silence des victimes ont fait échapper l'in
tervention vengeresse du pouvoir judiciaire.
Voici le texte de Parrêt il est remarquable
et accablant
«Attendu que l'appelant était titulaire des
fonctions d instituteur de l'unique école com-
munalc de Rothem au jour delà promulgation
de la loi du 20 septembre 1884
«Attendu que le conseil communal de cette
commune a pratiqué contre lui, dans une
pensée hostile, toute une série de manœuvres
illégales, souvent incohérentes etcontradic-
toires fermeture, puis suppression de lecole
communale, adoption de lecole privée, reou-
verture de l'ecole communale, mais avec ré-
duetion des appointements de l'appelant
«nouvelle suppression de lecole avec mise en
disponibilité de l'instituteur rétablissement
de l'école mais avec nomination d un sous-
instituteur, mieux rétribue que le chef de
lemploi transformation de ce sous-institu-
leur en deuxième instituteur attribution
ce dernier, pourune école non mixte, du local
de l ecole communale; enfin suppression défi-
nitive dë celle-ci, et refus de payer tout trai-
tementà l'appelant, avec sommation d'aban-
donnerson logement dans les locaux de l'école;
Attendu que l'administration de Rothem a
persisté suivre la voie de l'illégalité et
infliger rappelant, instituteur ayant 35 ans
de bons et loyaux services, la défaveur d'une
destitution déguisée et la nécessité d'un pour-
voi en justice pour faire reconnaître son droit
viole.
Par cesmotifs, laCour condamne lacommu-
ne de Rothem payer l'appelant, tant ti-
tre de traitement quà titre de dommages-in-
térêts, la somme de 5000 fr.
De pareils arrêts, qui sont l'honneur de la
magistrature belge, frappent d'infamie l'odieuse
politique cléricale.
Par l'extrait du discours prononcé au Sénat
par M. Surmont, lequel extrait nous avons re
produit dans notre numéro du 21 dr, on a pu voir
quoi vise M. le Sénateur-Bourgmestre d'Ypres:
M. Surmont ne demande ni plus ni moins que
le3 installations électorales soient arrangées de
manière assurer d'une façon absolue le secret
du vote. Le ciel n'est pas plus pur que le fond de
son âme et, l'entendre, il ne sera content que
quand l'électeur sera mis l'abri des indiscré
tions de la partie adverse.
Nous sommes entièrement de l'avis de l'hono
rable Sénateur, quant au but atteindre. Mais
pour ce qui est des moyens, nous diflérons com
me la fraude diffère de la sincérité.
Allonger les cloisons élever les isoloirs ap
profondir les cellules séparer les comparti
ments, tout cela est juste ce qu'il faut pour ob
tenir le contraire de ce que M. Surmont semble
réclamer. Veut-on généraliser dans tout le pays
ce système d'isolement compb.i, comme le de
mande l'apôtre du secret du Yote, on aura doté
le pays du plus sûr moyen d'exercer en grand la
fraude que nous avons tout intérêt, nous libé
raux, éviter.
Nous savons, et nous ne le savons que trop,
ce que signifie l'isolement de l'électeur. Entrer
dans le compartiment de manière y être sous
trait tous les regards y sortir de sa poche les
petits papiers qu'on a reçus de3 mains de M. le
•vicaire ou de l'un ou l'autre expert en super
cherie électorale y tripatouiller le bulletin
essayer la colle ou le sachet ou tout autre engin
que des perfectionnéments ultérieurs auront fait
surgir et que la sagacité cléricale saura modifier
en temps et lieu pour dérouter la vigilance que
l'expérience des adversaires aura éveillée re
mettre en poche et rapporter la pièce contrôle;
en un mot liberté et facilité plus grande pour
l'électeur de se livrer tous les exercices né
cessaires une élection qui ne peut rater et qui
pourrait rater et raterait infailliblement sans ces
précautions qui sont la condition première du
succès, voilà quoidevraitse décider le gouverne
ment. Le gouvernement s'y décidant, l'interven
tion de la députation permanente deviendrait
inutile, et cette intervention, on l'a bien vu
Ypres, a toujours quelque chose d'artificiel, de
forcé, de révoltant, et prête tous les soupçons.
Une bonne loi décrétant un système d'isoloirs
où l'électeur s'enfermerait comme un capucin
dans sa cellule, serait le necplus-ultra d'un mode
de votation selon le cœur de MM. les cléricaux.
Hé bien, n'en déplaise ces protecteurs du se
cret du vote, cette boîte, ce cabinet de toilette,
ou cette cage, comme on voudra l'appeler, ne
saurait nous convenir.
Le \v Février nous en a appris déjà assez long
là-dessus et il est tout-à-fait inutile qu'on per
fectionne ce qui ne l'était déjà que trop. C'est
trop beau et nous nous contenterons de moins.
Un appareil, fonctionnant automatiquement,
égal pour tous qui marque le vote sans que
son auteur puisse se faire connaître l'électeur
entrant dans son bureau, ne recevant rien, n'y
apportant et n'en rapportant rien et ayant fina
lement exprimé son vote sans qu'on puisse le
surprendre ou qu'il puisse le communiquer
d'autres le résultat final étant en somme aussi
brutal que la machine qui l'a produit c'est tout
ce que nous demandons et si ce n'est pas le secret
du vote, tel que le réclame M. Surmont, c'est
un autre et qui vaut bien le sien. Et ce moyen
n'est pas introuvable.
Edison a inventé plus difficile que ça. Nous
soumettons l'idée M. Surmont; elle n'est pas
neuve, mais elle n'est pas mauvaise pour cela et
pour les amateurs du secret, comme M. Surmont,
elle n'en est pas moins digne d'attention. Parions
qu'il y trouvera redire et qu'il préférera en
core sa cellule de capucin.
Et comme corollaire, il faut le vote obliga
toire.
Comme on a pu voir, non sans étonnement,
l'objet principal de la séance du 20 Février der
nier, a été le remaniement du budget de 1892.
Ce budget avait été dressé le 2 Janvier, laissant
un excédent, de fr. 14,499-73 on a trouvé que
c'était trop beau et on s'est arrangé de manière
que les fr. 14,499-73 se présentassent sous la
figure infiniment plus modeste de fr. 3,557-51,
chiffre représentant l'excédent du budget de
1892 dernière manière. Pour peu qu'on tarde
d'envoyer ce drôle de budget la Députation
permanente, et quon se donne la fantaisie de
l'habiller renouveau, les 3,557-51 disparaîtront
comme la muscade du père Courtois.
C'est que le3 prévisions budgétaires étaient
faites avec un soin tel que seuls en sont capables
les financiers que nous avons enfin le bonheur de
posséder la disection de la caisse. Aussi l'ont-
îls dit il n'y a qu'eux et après eux on pourra
tirer l'échelle.
Il n'y a qu'eux pour jeter 5000 fr. la recher
che d'une eau filtrée dont le degré de tempéra
ture est encore déterminer.
Et comme tout doit être d primo cartellopom
pes incendie, ci 4,000-00 drapeau et instru
ments de musique 2,000-00 réception de M. le
Gouverneur, fr. 8,690-86 (saluez, MM. les con
tribuables) etc., etc., il se fait enfin de compte
que quand on passe la main dans la sacoche, au
lieu d'y trouver intacts les beaux écus qu'on y
avait soigneusement fourrés, la main y rencontre
un vide, quelque chose comme un trou travers
lequel les patacons ont glissé. C'est qu'ils sont
ronds les patacons et rien pour les arrêter cela
roule que c'est une vraie bénédiction.
Cela n'empêche qu'au jour donné, les vrais
financiers de la vraie Jean-Marie Farina seront
nos maîtres, et les gâcheurs, les banqueroutiers
seront les disparus, qui ont laissé en partant la
caisse en un état si lamentable fr. 53,107-06
d'excédent, juste de quoi permettre ces admi
nistrateurs de haut vol de faire les rodomonts
bon marché.
Dans le nouveau projet de budget, deuxième
page, première colonne, du Progrès du 25 Fé
vrier, au lieu de
Les dépenses faites j usqu'au 19 Février mon
tent savoir
Sur l'exercice 1892
Lisez
fr. 13,082-95.
fr. 53,082-95.
PROG
ÈS