JOURNAL D'APRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Chronique locale.
La critique est aisée, mais.
i\° 18. Dimanche,
52e ANNÉE.
6 Mars 1892.
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
Yoilà ce que c'est qu'un passé qui vous pèse
et vous serre comme la robe de Nessus. On a
beau faire, se tourner et se secouer, il faut la
subir, et elle vous emprisonne comme les tenta
cules de la pieuvre.
M. Surmont en fait la triste expérience. La
gestion de l'administration communale et celle
des Hospices, comme tout ce que faisaient les
libéraux, ont été tellement attaquées avec une
opiniâtreté que rien ne lassait, qu'à moins de
passer pour de vieux hâbleurs payés aux gages,
il faut tout prix, maintenant qu'on est mis
sur la sellette, donner, si non des preuves, au
moins des signes d'habileté plus grande que ceux
qu'on s'était donné la mission de turlupiner
tout propos et hors de tout propos. Il ne se con
cevrait, en effet, pas, que parce qu'on est arrivé,
on trouvât excellent ce qu'on a jadis déclaré si
mauvais. D'où, pour échapper au ridicule, con
tinuation du système de dénigrement et, en
avant! la critiqua. Malheureusement, ou pour
mieux dire heureusement, cela ne réussit
pas toujours comme on le désirerait, on l'a
bien vu lors des critiques de la comptabilité
de la ville on l'a vu propos de l'abat
toir; on le verra encore dans d'autres circonstan
ces, et aujourd'hui, M. Surmont a jugé bon,
propos de la comptabilité des hospices, d'essayer
son dard sur la caisse d'assurances, précisément
sur cett.e institution type qui devrait exciter son
admiration comme elle excite celle de tous les
hommes que n'aveugle pas une opposition systé
matique. Mais il n'est pas difficile de voir qu'à
cette besogne, le Père de la cité usera sa lime,
moins que les faits ne soient plus des faits et
qu'on ne place ses petites passions au-dessus de
l'intérêt général, ce qui serait une victoire trop
chèrement achetée et ce que nous nous refusons
admettre.
Nous venons de citer la Caisse d'assurances des
Hospices. Cette caisse ne plaît pas M. Surmont
et il voudrait la voir disparaître. Pour quelles
raisons Il ne le dit pas. Cela en valait cepen
dant bien la peine. Dans une question aussi im
portante, on ne saurait trop préciser ni trop
motiver. Il dit bien, il est vrai Y a-t-il
avantage réel être son propre assureur
quand, on possède des établisseme?its considéra
bles et de grande valeur Je ne le crois pas.
En ce qui concerne ces établissementsle risque
est trop grand et la prime annuelle riest pas
élevée. Je ladmets lorsque le risque n'est pas
considérable pour les biens rurauxpar exem
ple. D'après ce système un capital de 100.000
fr. serait suffisant. Quoiqu'il en soit, la comp
tabilité est régulière et nous proposons l'appro
bation du compte de la caisse d'assurances.
Voilà donc la comptabilité approuvée, cette
comptabilité qui a été tant de fois mise en sus
picion, et sur laquelle on avait tant de fois crié
haro
Reste cependant la caisse elle-même, blâmée
comme institution. Mais le pourquoi, oui le
pourquoi Car dans tout ce que dit M. Surmont,
y a-t-il une raison péremptoire, des faits, des
chiffres, des comparaisons, enfin un argument
convaincant Des mots, des allégations vagues,
indéterminées, et c'est tout. Cela ne suffit pas et
ne convainc pas. 11 faut autre chose et nous
allons suppléer ce qui manque nous présente
rons des faits, des chiffres, non pour arriver fa
conclusion chère M. Surmont, mais une con
clusion tout opposée. Que voulez-vous, les faits
sont les faits et les chiffres sont les chiffres, et
nous, il ne nous faut pas autre chose.
Avant d'aller plus loin, nous poumons rappe
ler que toutes les Sociétés d'assurances font des
affaires magnifiques. Si les Sociétés, qui ont des
frais considérables d'administration, de repré
sentation et de propagande, sont, malgré cela,
très prospères, pourquoi les Hospices, qui ont
un patrimoine considérable sauvegarder, ne
pourraient-ils pas profiter des mêmes bénéfices,
eux qui n'ont pas supporter les frais des
autres
Au surplus, ces Sociétés n'ont-elles qu'à ré
pondre de biens ruraux
Cette considération, elle seule, vaut déjà
qu'on s'y arrête et milite en faveur de l'institu
tion adoptée par notre premier établissement de
charité.
C'est peut-être ce qui a déterminé les auteurs
de cette institution l'adopter. Et en supposant,
ce qui est probable, même certain, que leurs pré
visions aient été appuyées d'une bonne opéra
tion de calculs de probabilitéscela ne ferait qu'a
jouter leur mérite, et nous ne nous tromperons
pas beaucoup en leur taisant cet honneur, car
les administrateurs de cette époque, tout comme
leurs successeurs, n'étaient pas les premiers ve
nus, et loin d'y aller par des à-coups, comme
nous sommes exposés de la part de nos maîtres,
ils savaient prendre des mesures sages dont nous
recueillons encore tous les jours les fruits.
A preuve, c'est le résultat qu'on constate au
jourd'hui et, qu'à moins de cécité incurable, il
faut voir, clair comme le jour.
Voici donc comment les Hospices ont procédé.
En Février 1841, la Commission administrati
ve des Hospices résolut de se faire son propre
assureur.
Si elle s'était assurée pour l'ensemble de ses
immeubles, par des Sociétés, elle aurait eu
payer annuellement la somme defr. 2,266-00.
Elle ne paya rien aux Sociétés, mais elle créa
une caisse part dans laquelle elle versa annuel
lement les 2/3 de fr. 2,266 00 soit fr. 1,700-00,
Plus tard, les ressources le lui permettant,elle
y versa parfois plus que fr. 1,700-00 et toujours,
ces annuités s'ajoutant, avec leurs intérêts et
leurs intérêts composés, 5 d'abord, plus tard
4 1/2, 4 (l'intérêt de l'argent ayant tou
jours été en diminuant), au capital, il s'est fait
qu'en 1873, la caisse d'assurances rapportait an
nuellement en intérêts fr. 9,196-50, représentant
aujourd'hui un capital de fr. 300,000-00 3
Dès ce jour, la somme de 300,000-00 étant, de
l'avis unanime, suffisante pour faire face des
éventualités, même extraordinaires, il fut mis
un terme l'accumulation ultérieure de ce ca
pital, et le revenu, fr. 9,196-50, jusqu'ici affecté
grossir la caisse d'assurances, fut versé, désor
mais, la caisse ordinaire de revenus.
Voilà donc depuis 1873 que plus un centime
n'est dépensé ni perdu le capital reste intact et
son revenu accroit le patrimoine des pauvres.
Que serait-il arrivé si au lieu de garder cet ar
gent de vers soi, l'administration eût versé pen
dant ces cinquante ans, de 1841 1891, la somme
de fr. 2,266-00 entre les mains de sociétés étran
gères Elle aurait versé fr. 2,266-00 x 50
113,300-00, ce qui aurait fait finalement, en
ajoutant les intérêts composés de ces sommes
versées, les unes depuis 50 ans, les autres depuis
49 ans, depuis 48 ans, E. A. D. S. non plus fr.
113,300-00, mais 250,000-00 environ, en tenant
compte de la valeur de l'argent ces différentes
époques.
L'administration aurait donc eu payé fr.
250,000-00. Aujourd'hui elle possède, depuis
1873, un capital de 300,000-00 et elle a encaissé
de plus depuis 1873, chaque année fr. 9,196-50
soit de 1873 1891 ou 18 fois fr. 9,196-50
fr. 73,572-05.
Donc au profit des Hospices fr. 300,000-00
73,572-05 873,572-05, sans compter les inté
rêts de ces 9,196-50 versés depuis 18 ans, au lieu
d'avoir eu payer fr. 250,000-00. Comptez.
Mais, dit M. Surmont, j'admettrais cette
caisse si tous les immeubles étaient des biens ru
raux, le risque n'étant pas grand de ce côté.
Erreur.
Depuis 1841, les Hospices ont reconstruit, la
suite d'incendies, en tout et pour tout, pour la
somme de fr. 38,500-00, dont 37,454-67 ont servi
la reconstruction d'une ferme Boesinghe et
un bon millier de fr. en ville, entr'autres, lors
d'un petit incendie l'école Ste Elisabeth.
Ce n'est donc pas, en ces 50 ans, la ville que
les flammes n'ont pas épargnée, mais la campa
gne. Ce n'est donc pas, comme le pense M. Sur
mont, sur les biens ruraux que les Hospices au
raient principalement bénéficier, mais sur les
immeubles de la ville. D'ailleurs, il est constant
que les incendies sont plus fréquents, toutes
choses égales d'ailleurs, la campagne qu'en
ville.
Et quand il brûle la campagne, que reste-t-
il faire, si ce n'est, laisser brûler. 11 n'en est
Eas de même en ville un incendie, est
ien vite éteint. A part les magasins de bois, le
magasin Vanden Broelen en 1853 et le magasin
de bois de la ville, en 1891, qui se souvient d'un
incendie de quelque importance
Ce sont donc les immeubles de la ville que
les Hospices ont prendre pour leur compte
avant tout autre, les risques y étant moindres.
Une expérience de 50 ans a certes sa valeur;
et s'il le fallait, on pourrait remonter plus haut
et arriver aux mêmes conclusions.
Et sans médire des sociétés d'assurances, qui
sont toujours honnêtes, c'est entendu, mais qui
ne négligent pas leurs petits profits, tout est-il
dit quand, après un incendie, elles viennent ré
gler leurs comptes Sur quel pied paient-elles
Croit-on par hasard que la ferme Vermeulen de
Boesinghe, en supposant qu'elle eût été assurée
une Venetia quelconque, eût été reconstruite
par cette société comme elle l'a été pay les Hos
pices Les Hospices, sans brader, y ont dépensé
37,400-00 fr.; la Venetia en eût-elle fait autant?
La Venetia y eût consacré une partie et les Hos
pices le reste.
N'oublions pas ce dernier point quand on fait
le compte exact.
Il y a plus, supposons qu'après un incendie
d'une ferme assurée par une Venetia, nous disons
Venetia. comme nous dirions, une Nymphéa, les
Hospices aient intérêt ne pas reconstruire et
jugent bon de tirer parti de leur propriété autre
ment qu'avant, ils ne seraient pas libres de le
LE PROGRÈS
vires acquirit eondo.
ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00.
Idem. Pour le restant du pays1-00.
i.i-c-r- ic jrtiroaï ûi».i t. :.'dré».-'- i'caiîCnr, rin :îc - .:rre, 20.
INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25
Insertions Judiciaires la ligne, un franc.
Les annonces sont reçues Pour l'arrondissement d'Ypres aux bureaux du Progrès Pour
le ïgstarjt de la Belgique et de l'Etranger 1'Agence Rossel, 44, rue de la Madeleine,
uë cfo' rSnsgigr.emeiviftroxfor-