Tête de linotte linotte
entière.
Voilà le respect des morts que professent les
catholiques Tous ceux qui ne sont pas avec
eux sont contre eux et pour ceux-là, pas de res
pect, rien que la haine et la vengeance et au be
soin l'outrage. Le Journal d'Ypres donne l'en
terrement imposant et digne qui a eu lieu Mardi
8 Mars, le nom d'enfouissement. La prose de ce
rédacteur de bas étage serait canaille si elle
n'était odieuse. Si nous, libéraux, devions appe
ler enfouissements les enterrements religieux, les
catholiques ne trouveraient pas assez d'ordures
dans leur encyclopédie pour nous les lancer la
tête. A-t-ou jamais vu un libéral ne pas se dé
couvrir au passage d'un convoi funèbre, quel
qu'il soit Que dirait le Journal si nous ne nous
découvrions pas au passage même d'une proces
sion Il y a cependant beaucoup de gens qui
ne se pâment pas d'admiration devant toutes les
exhibitions religieuses, mais tous sont tolérants.
Le respect des morts est tellement dans nos
mjjpurs, qu'une circulaire ministérielle enjoint
l'armée de saluer les morts. Les gentlemen ca
tholiques sont trop bien élevés pour faire la
même chose.
Nous avons dit que c'était M. Eug. Leboucq
qui dirigeait les travaux du canal de la Lys
l'Yperlée, dont il avait conçu et dressé tous les
plans. Pourquoi la vérité ne peut-elle donc pas
être dite
Nous avons constaté l'absence l'enterrement,
du successeur de M. Leboucq. Le Journal
d'Ypres dit que nous avons blâmé cette absence
soit, nous lui concédons cela, quoique nous ne
Payions pas écrit. Il pouvait toutefois nous pa
raître étrange de voir que celui qui avait tra
vaillé pendant deux ans chez M. Leboucq, fût le
seul ingénieur qui ne se soit pas dérangé pour
conduire sa dernière demeure un ami qui fut
pour lui plus qu'un collègue.
Pour finir, le Journal d'Ypres décoche encore
une méchanceté aux personnes qui ont suivi le
cercueil. C'était dans l'ordre on insulte d'abord
le mort puis ses amis. Sachant que les vingt
rédacteurs sont aptes tout faire, il nous aurait
étonné de ne pas leur voir salir une fois de plus
leur chiffon de papier. Ils ont toujours le gour
din la main, la menace la bouche et la ven
geance au cœur, ces doux moutons, ces petits
chérubins.
Au zieïverkooper de l'invention du Journal
d'Ypres, nous avons opposé la légion de zielkoopers
du lr Février, en chair et en os. Cela met la tête
du rédacteur de l'officieux l'envers et il fait
une salade très embrouillée du lr Février et du
19 Octobre, confondant tout et mettant finale
ment son salut dans les six des plus dignes magis
trats de la province qui ont été expédiés ici pour
présider le scrutin du lr Février.
Avant de parler du lr Février, il y a le 19 Oc
tobre, celui-ci condamné avant toute opération
par les hommes avides de pouvoir, au cas où il
n'aurait pas satisfait les ambitieux qui ne pou
vaient plus attendre. Ils étaient fatigués d'atten
dre. Les portes ne s'ouvrant pas d'elles-mêmes,
on les a forcées. Chacun sait cela, ça été d'une
évidence aveuglante. Il fallait casser tout prix
et on a cassé, sans égard la loyauté, la pro
bité, l'honnêteté, ou qu'en dira-t-on. Il y avait
carte blanche et on en a profité.
Les isoloirs, c'était cela qui gênait la victoire
et c'est cela qu'il fallait approprier.
Il fallait de nouveaux isoloirs, on les a eus et
M. Surmont, qui n'est pas encore tout-à-fait ras
suré, demande qu'on les perfectionne. Vous ver
rez qu'on les perfectionnera. Moi, je demande,
pour plus de sûreté, qu'on vote la sacristie
chacun dans l'église de sa paroisse.
Avec de nouveaux isoloirs et le reste, il fallait
de nouveaux présidents, six magistrats des plus
dignes de la province Tous les six du plus pur
cléricalisme.
Et les nôtres n'étaient pas des plus dignes
Le Journal le fait croire. Est-ce pour cela qu'on
les a remplacés par les six que nous avons eu le
bonheur inestimable de posséder ici?
Les nôtres, nos magistrats, mis de côté, rébu
tés Joli, le compliment de l'organe attitré de
la morale et du respect, l'endroit de nos ma
gistrats Merci, bien merci, pieux Journal.
Votre naïveté est éloquente, mais peu flatteuse.
On n'est pas plus maladroit ce dernier coup de
griffe était de trop, et pas n'était besoin, pour
masquer vos tartuferies, de rappeler, en des ter
mes aussi amers, les blessures prodiguées gratui
tement et injustement, il est superflu de le dire.
Et les linottes où sont-elles
Ménagerie Franco-Russe.
Nous avons vu bien des ménageries déjà et
avons assisté aux exercices périlleux de domp
teurs. Cependant nous avouons, en toute sincé
rité, n'avoir jamais été témoin d'une intrépidité,
disons mieux, d'une témérité qui puisse être
mise en parallèle avec l'audace déployée par M.
Lardeux. Nous avions déjà entendu parler de
lui, mais nous sommes heureux de reconnaître
que sa réputation est méritée, sa ménagerie pré
sente un grand intérêt par elle-même, et les
exercices des trois dompteurs sont de nature
donner pleine satisfaction au public le plus avide
d'émotions.
La dompteuse miss Batistina présente cha
que séance un travail vraiment intéressant et
qui certes montre un courage rare chez une fem
me. Ajoutons que cette intrépide dompteuse est
toujours sortie victorieuse des terribles assauts
qu'elle soutient avec ses ours bruns, surnommés
les ours équilibrâtes et danseurs. A noter aussi
son entrée dans la cage de sa magnifique pan
thère de Java. On connaît la férocité de ce terri
ble lélin, qui passe pour être vraiment redouta
ble. A l'aide d'une simple cravache, cette jeune
demoiselle dompte et terrorise sans cesse le
fauve dont la gueule menaçante semble toujours
prête dévorer sa faible proie.
CUIQUE SUUM.
Cette semaine a eu lieu, en notre ville, l'enfouis-
sement (sic) d'un libre-penseur accompli sans l'ombre
d'une cérémonie religieuse.
Ces sortes de manifestations antireligieuses pro-
voquent toujours parmi nos catholiques populations
un souverain mépris.
Pour nous, un tel couronnement d'une vie toute
matérielle nous semble trop logique, et, d'autre part,
nous respectons trop les deuils, quels qu'ils soient,
pour faire de la polémique sur une tombe peine fer-
mée, en joignant nos protestations aux protestations
instinctives du peuple.
Mais ce droit qu'à la mort notre respect ne sau-
rait avoir le pas sur les droits de la vérité et de la
justice.
Et voilà pourquoi nous tenons relever certains
passages des articles nécrologiques que le Progrès
consacre au défunt dont il s'agit. D'autant que, dans
ces mêmes articles, ce journal reproche plusieurs
de nos amis de manquer de respect envers les morts.
Et d'abord, nous ferons observer ce professeur de
convenances, qu'il a, lui, trop de respect pour les
morts, du moins quand ces morts se sont distingués
par leur haine antireligieuse. Et il est vraiment ré-
voltant de voir pousser ce respect l'égard d'un mort
jusqu'à l'injustice l'égard d'un vivant, et de voir
imprimer en toutes lettres des mensonges voulus com-
me celui-ci C'est lui (le défunt) qui dirigeait les tra-
vaux du canal de la Lys l'Yperlée, dont il avait
conçu et dressé tous les plans.... Progrès du 6
Mars). Et comme si ce mensonge doublé d'injustice
ne lui suffisait pas, dans le numéro suivant, en plein
récit de l'enfouissement (sic) de cet ingénieur(le mort
a dû bondir d'aise devant cette délicate attention
politique), il décroche un autre ingénieur, un nou-
veau trait, un double trait de méchanceté d'abord
en blâmant son absence de l'enterrement, sans signa-
1er, sans même s'enquérir des motifs de cette absence;
ensuite en le rabaissant au niveau d'un simple ap-
prenti de l'ingénieur défunt Progrès du 10 Mars).
Ce même rédacteur du Progrès était tellement
rempli de son respect pour les morts, qu'il a vu sur
tout le parcours de ce cortège imposant, la foule,
silencieuse, composée en grande partie d'ouvriers,
qui saluait au passage la dépouille mortelle
Il y avait foule, en effet, car de pareils enfouisse-
ments (sic) ne se voient pas tous les jours, ni même tous
les 10 ans mais cette foule n'était point silencieuse
du tout, et, par respect pour le deuil, nous nous dis-
penserons de dire de quelles réflexions cette foule
saluait au passage, le chapeau sur la tête, la dépouil-
le du libre-penseur.
Au surplus, nous doutons fort que ce fût par res-
pect pour le mort que certains individus figuraient
dans la suite des individus qui ne connaissaient le
défunt ni de près ni de loin, mais qui sont toujours de
la partie dans toutes les manifestations gueuses. En
tout cas, ils n'honoraient guère le défunt en faisant
partie de sa dernière escorte.
Bref, le Progrès est mal venu de prêcher le respect
de la mort certains catholiques qui, pas plus que la
foule, n'ont éprouvé ie besoin de se découvrir au pas-
sage d'un convoi où rien n'imposait le respect.... au
contraire.
Il suffit qu'on préconise nos campagnards un nouveau
mode de culture pour qu'aussitôt ils se raidissent et, dé
fiants et sceptiques, vous donnent pour réponse que ce
nouveau mode ne saurait être bon puisque leurs aïeux ne
l'ont jamais pratiqué ni enseigné leurs descendants,
puisque ça va sans cela, puisque toutes ces innovations
sont inventées par des gens qui écrivent des livres et qui
n'ont jamais tenu une bêche en main.
C'est en vain que vous leur ferez observer qu'ils versent
dans une profonde erreur, qu'il est une science agricole
comme il est des sciences mathématiques, physiques, etc.,
qu'on peut être savant sans ignorer l'agriculture et que
les procédés nouveaux de culture que vous préconisez ont
été soumis des essais rigoureux et multiples. Toute votre
dialectique sera parfaitement inutile.
Le campagnard ne connaît que sa routine et la routine
ne cède le terrain une innovation qu'au bout de dix ans
au minimum, alors que déjà un progrès supérieur vient
pour supplanter celui que le campagnard se décide enfin
adopter, par nécessité plutôt que par goût.
En présence de cette calamité, il faut bien se dire que
celui-là aura réalisé le plus merveilleux des progrès qui
aura déraciné la routine de l'esprit de nos campagnards.
Car elle s'identifie avec le caractère même de leur race
et ne saurait, par conséquent, disparaître facilement.
Race énergique autant que simple, fortement attachée
la foi, aux mœurs et aux traditions de ses pères, la race
flamande a les défauts de ses qualités. A bon droit dé-
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fiants des importations étrangères et des innovations en
général, nos campagnards sont trop portés les considérer
toutes comme mauvaises et les confondre toutes dans
une même proscription.
Une fois ralliés une opinion, ils s'opiniàtrent dans
celle-ci. De même pour les systèmes de culture qu'ils ont
adoptés.
Il faut dire aussi que; tantôt par la faute de certains ré
novateurs de contrebande, tantôt par suit# de leur défaut
d'instruction spéciale, ils ont vu échouer maintes'expérien
ces tentées sur la foi de ceux qui les leur conseillaient.
Il n'en fallait pas davantage pour les brouiller tout
jamais avec toutes les innovations.
Quelques exemples
L'année dernière, de nombreux essais ont été tentés
dans notre pays en vue d'éprouver la valeur du traite
ment au sulfate de cuivre préventif et curalif de la mala
die des pommes de terre.
Rudement éprouvés, chaque année pluvieuse, par
les ravages exercés par la maladie dans leurs champs de
pommes de terre, nos cultivateurs ont assez volontiers
tenté l'i ssai.
On sait que les premiers essais ne datent ici que de
deux ou trois ans et que, au moment de les renouveler
l'année dernière, on n'était pas encore d'accord sur la
raeilleuredose employer, bien que l'efficacité du remède
fût déjà un fait acquis.
Certains cultivateurs ont-ils employé une dose mal ap-
propriée aux besoins de la maladie ont-ils recouru au
remède alors qu'il n'en était plus temps? l'ont-ils mal ap
pliqué? Il est certain que, tantôt séparément, tantôt réu
nies, ces trois causes principales d'insuccès ont largement
contribué faire échouer de nombreux essais. Inutile de
dire que les cas de succès, bien qu'en grande majorité, ont
été relégués l'arrière-plan et que les cultivateurs qui
n'avaient pas réussi dans leurs essais, reprenant avec
amour leur scepticisme et leur esprit de routine, ont pro
clamé qui voulait l'entendre que le remède préconisé ne
valait rien.
Inutile aussi d'ajouter qu'on les a cru sur parole et que
la routine a fait un grand pas en avant.
Un autre exemple.
On sait aujourd'hui ce que valent tous ces préjugés de
la lune rousse, de l'influence prépondérante de la lune
sur le temps, du pouvoir qu'auraient sur la végétation les
différentes phases de notre satellite, les dictons de la
Saint-Médard, des Saints Pierre et Paul, etc. Cent fois
tous ces dogmes de la météorologie de nos cultivateurs ont
été convaincus d'imposture, par eux-mêmes, car l'im
posture leur crevait les yeux, et malgré cela ils n'en
continuent pas moins y ajouter une foi aveugle et ré
gler sur eux différents travaux agricoles.
Je crois inutile de m'étendre davantage sur les causes
principales de l'état arriéré de notre culture maraîchère,
et j'ai hâte de rechercher le remède cette situation.
(A suivre).