Chronique locale.
Portrait d'un journaliste
clérical.
Les spectacles féroces.
Le Concert de la garnison
d'Ostende.
sciemment la vérité la Chambre pendant plus
de deux ans, et qu'après avoir accepté l'entière
responsabilité de tous les faits, le cabinet cher
che aujourd'hui faire retomber celle-ci sur ses
fonctionnaires.
M. Frère-Orban a tracé l'historique des faits.
Le gouvernement a voulu, disait-il, fortifier la
Meuse pour enlever la France et l'Allemagne
la tentation de passer par notre pays en cas de
guerre.
En votant contre ces fortifications, dit M.
Frère, nous n'avons pas agi dans un intérêt de
parti, tandis que les catholiques ont combattu
toujours nos dépenses militaires indispensables.
M. \Voe8te, défenseur attitré du malheureux
général Pontus, a jugé prudent d'intervenir ce
moment pour essayer de sauver le loyal rond de
cuir.
M. Woeste a annoncé 5 h. 10 qu'il démontre
ra demain que le général Brialmont a été aussi
inexcusable dans les détails qu'il l'a été dans les
grandes lignes du projet.
Et tout serait dit, parce qu'on aurait feint
de croire (pue Reuske était un scrofuleux, un
hydropique qu'il a fallu remplacer
Et on espère ainsi expliquer la volte-face
Et on lui fait maintenant des œillades,
Reuske
Et maintenant c'est notre excellent ami
Reuske ce Reuske qu'on a voué mille lois
tous les diables de l'enfer
Non, le public ne s'y laissera pas prendre. Ce
Reuske qu'on a repris et promené en ville, c'est
toujours le même Reuske de tous les temps, dont
les catholiques ne voulaient pas, qui les gênait
comme tout le reste les gênait et qui restera la
reuve la plus gigantesque de la sincérité et du
ien ionde de toutes les extravagantes inj ustices
auxquelles se livraient les catholiques dans l'op
position.
Et cet hydropique, ce mélange impossible de
matamore et de poupon, le Journal d Yprès sait-
il qui il est C'est celui-là même qui date des
temps les plus reculés, qui, par une consécra
tion nouvelle, a été remis neuf en 1683 pour
figurer la procession du troisième centenaire
du siège d'Ypres. La gravure sur bois de
cette époque repose la bibliothèque et existe
l'Hôtel-de-Ville et c'est d'après ce dessin
qu'il a été habillé, rafistolé. Ce poupon est
un document historique et tout ce qui s'en
éloigne est faux et menteur. On ne corrige pas
l'histoire, si ce n'est dans l'école du père Lori-
quet.
C'est de tous les géants le plus magnifique il
est la personnification d'un illustre et majes
tueux Seigneur disent les chroniques du
temps.
Malgré la noblesse de sa race et sa position
élevée, ce descendant des titans était bourgeois
même le plus vieux bourgeois cCYpres.
Aussi sa descendance était nombreuse, com
me on peut le voir l'essaim d'enfants, de
petits-enfants et d'arrière petits-enfants qui sau
tillent autour de sa personne.
D'humeur conciliante et uniforme, il adore ses
amis et a pitié de ceux qui le jalousent. Comme
tous les naturellement grands, il est sans mor
gue il est familier, il salue, il danse et au be
soin sait être majestueux.
Dans son costume qui est un costume officiel
auquel il est défendu de toucher, et dans sa
personne il y a un mélange de grandeur et de
simplicité.
Il est habillé la turque.
La main gauche, sur sa hanche, tient un scep
tre, emblème de sa puissance.
Il est coiffé d'un turban grande aigrette les
bras sont nus.
Son manteau est jeté sur les épaules, dans un
négligé de grande allure.
La taille est prise dans une cuirasse éclatante;
le milieu du corps est enveloppé d'une tunique
qui retombe sur une jupe aux couleurs riantes.
A droite, il porte le cimeterre musulman
poignée tête d'aigle.
C'est celui-là, cet hydropiquece soulard scro-
fuleuse cabochequi figurait jadis dans toutes les
fêtes, dans toutes les grandes processions des ju
bilés, qui a été ressuscité dans son intégrité, par
les affreux libéraux c'est lui le seul et uni
que dont nos pères disaient,dans leur allégresse:
Et c'est le même que forcément ses plus
cruels ennemis entourent maintenant en grima
çant, qu'ils font mine de chérir et qui prend son
caractère particulier, non dans une tête d'em-
runt, mais dans son passé, dans sa légende,
ans ses titres la sympathie de tous ses co-
bourgeois.
Jamais il ne fut d'un parti. Les cléricaux
seuls ont voulu le bannir du leur et seuls, ils
voudraient l'attirer, par ruse, et le reprendre
leur profit.
Trop grossière, la comédie. Reuske d'aujour
d'hui est le Reuske de jadis. Seulement son en
tourage a changé et cela il ne le comprend pas
bien.
Il est méfiant et il a raison.
Et Vair de Reuske, cet air si populaire, si en
traînant, si simple et si beau dans sa simplicité,
cet air tour tour proscrit, réadmis, toléré, re
proscrit et finalement encore une fois repris,
est-il aussi devenu clérical après avoir été char
gé de tous les péchés d'Israël Est-ce qu'on
dira aussi qu'il est changé, que ce n'est plus le
même
I-J00O93QQPQ0QH
Il y a dans la rédaction d'un journal catholi
que de cette ville, un tout petit jeune homme
aux traits verdâtres comme la peau d'une vipère,
au nez en lame de couteau, généralement dissi
mulé derrière des lunettes qui lui donnent un
faux aspect de prédicateur protestant.
Il est entré dans la maison précédé d'une répu
tation que ne justifient en rien ni ses études ni ses
aptitudes spéciales. Son bagage littéraire est
mince. A force d'avoir lu, son style a pris le
coloris affadissant mais empoisonneur que l'on
trouve chez l'auteur du Maudit... Un style part,
le stylet du bandit de plumepourrait-on dire....
Une assurance qui ne se dément jamais, une
tranquille audace qui semble se jouer au milieu
du danger et qui lui vaut de se tirer les grègues
blanches de plus d'un mauvais pas.
Nul ne s'entend mieux que ce petit jeune hom
me au démarquage nul ne possède comme lui
l'art de se parer des plumes du paon
Décidément le Journal y tient. Rien de beau
comme un particulier qui va plonger sa tête
entre les mâchoires du roi du désert. C'est un
spectacle comme un autre, dit-il. Degustibus
Et où serait le danger, dit-il A moins d'être
poussés par la faim, et quel que soit le nombre
de victimes qu'ils font, ils (les lions) ne font pas
un carnage inutile, ils se contentent de prendre
le nécessaire. Bien bon, le lion.
Le Journal dit avoir lu cela dans les naturalis
tes et les chasseurs de lions.
Très bien. Et les naturalistes disent donc que le
lion ne prend que le nécessaire, c'est-à-dire qu'il
n'avale pas jusqu'au dernier ongle de la der
nière phalange. S'il en est ainsi, puisque dans
le cas dont il s'agit, il se contenterait de ne
gober que la tête, 'on ne doit pas trop s'effarou
cher. Nous disons qu'il se contenterait de la
tête, ce qui est permis de supposer, car il n'est
pas probable qu'ayant la tête dans sa gueule, il
s'amuse l'écarter pour aller chercher le pan du
veston de l'amateur.
Et encore faut-il, d'après les naturalistes du
Journalque l'animal soit poussé par la faim.
Or, comme il n'a presque jamais faim, vous
comprenez
Et puis y a-t-il un exemple qu'un montreur
de lion ait jamais été avalé jusqu'au dernier
poil Y a-t-il même des exemples de domp
teurs trompés par leur bête avec laquelle ils
avaient joué, jusque là, plus ou moins impuné
ment
D'ailleurs, riposte le confrère, il y a bien d'au
tres choses qui sont dangereuses et qu'on laisse
subsister.
En effet. Ce n'est qu'un danger de plus. Donc
ce n'est rien.
Et puis, et puis, celui qui ne supporte pas.ee
spectacle, dit le Journaln'a qu'à s'en abstenir.
Profondément raisonné.
Cela nous donne immédiatement la recette
contre la chute des pots de fleurs et les mollets
des grosses femmes.
Le règlement qui défend de placer des pots
de fleurs sur la tablette extérieure des fenêtres
peut être abrogé. Le bourgeois n'a qu'à renon
cer aux trottoirs et prendre le large.
Et s'il ne veut pas voir la grosse femme des foi
res, il n'a qu'à passer d'un tout autre côté. Do
rénavant les grosses femmes auront beau jeu
avec nos protecteurs de la morale. C'est toute
une révolution. Qui se serait attendu tant de
largeur de vues.
o^G^Ooo-
On nous écrit d'Ostende
Messieurs les officiers du 3e régiment de ligne
avaient organisé, pour le Samedi 9 Avril, dans
les salons du Casino, une grande fête, au profit
de la caisse de prévoyance et de secours pour les victi
mes des accidents du travail.
Un public nombreux et choisi avait répondu
l'appel, et la recette nette, m'assure-t-on, attein
dra les deux mille francs.
Le concert a débuté par la Grande marche natio
nale Belge de Th. Radoux. L'excellente harmonie
militaire, dirigée de maîtresse façon par Mon
sieur Charles Simarfils, (qui n'est pas un
étranger pour vous), a exécuté la perfection
cette œuvre de mérite. Simar et ses artistes se
sont encore fait applaudir dans la deuxième par
tie, en nous donnant Y Ouverture de Don Juan de
Mozart.
C'est Gand et la patrie du noble Reusjequi
ont fourni les autres éléments du programme.
Monsieur Georges Vermeeren a chanté l'air du
Caid de laçon assez terne la voix est faible et
la diction peu nette. Ses deux monologués marol-
liens, de la seconde partie, ne brillaient pas pré
cisément par le bon goût.
Une jeune pianiste d'avenir, Mademoiselle Van
den Meersschauts'est fait vivement applaudir
dans la Polonaise en mi bémol de Chopin, ainsi que
dans la Grande Tarentelle de Gottschalch.
La cantatrice, Mademoiselle Parezest douée
d'une voix bien timbrée, mais un peu rude. Pro
fesseur de chant, elle fait preuve d'une méthode
toute classique. Son succès a été grand et mérité.
Le commandant Dansardqui lui donnait la
réplique dans le duo de Carmena eu, lui aussi,
sa part de bravos.
C'est Monsieur le lieutenant colonel Lalou,
président du comité organisateur, que nous de
vons d'avoir pu fêter le célèbre quatuor d'Ypres.
Ce sont ces messieurs qui ont donné la fête de
Samedi dernier le véritable cachet artistique.
Dois-je bien m'étendre longuement sur le ta
lent de Messieurs A GaimantALigyAWec-
kesseret E. GaimantCertes non! Les Yprois
ont déjà pu souvent l'apprécier. Mais pour le
public ostendais c'était une révélation. Dans
toute la salle ce n'étaient qu'éloges enthousiastes
et applaudissements chaleureux. 11 serait diffi
cile, si pas impossible, de rencontrer quatre
solistes d'un talent aussi personnel, et arrivant
ce merveilleux ensemble.
Figuraient au programme Y Allegro vivacer de
MendelssohnYAndante cantabile de tschaïkomshi
le Moulin de Raff, et le Nocturne de Boradinne
morceaux de caractère bien différent et d'une
difficulté d'exécution rare. Vos compatriotes les
ont rendus la perfection.
Espérons que ces excellents artistes garderont
un bon souvenir d'Ostende, et qu'ils nous procu-
Scrofuleuxhydropiquemélange impossible de ma
tamore et de poupon, soulard de premier ordre et gueux
finic'était le Goliath d'il y a deux ans, selon le
Journal d'Ypres. Et maintenant, le Géant de la
mi-carême Ah c'est son excellent ami Reusje,
c'est son adoré, son amour, son petit cœur, son
chou Pas de folies, n'est-ce pas Cela de
vient dangereux.
Die spant de kroone boven allen reus van 't land.