Encore M. E. Froidure.
Société de l'enseignement
par l'aspect.
Nécrologie.
INCENDIE DES BOIS A RECKHEIM
Ah ça, cela devient comique, ce petit Mon
sieur qui croit devoir occuper le public de sa
petite personne. C'est comme un bolide, ça
vous tombe des nues, un éclair, un léger éblouis-
sement et puis... plus rien. Qui s'occupait de
ce M. E. Froidure, il y a quelques semaines,
si ce n'est le monsieur lui-même
Et comment fait-il son entrée dans le monde
Par la plus grosse étourderie qu'on puisse
rêver.
Décidément, se disait-on, ce n'est pas ici son
milieu. Que ne reste-t-il en commerce nocturne
avec Saturne, Mars et autres noctambules aé
riens qui lui jouent de si beaux tours dans le
tuyau de sa lunette Cela fait-il, décidément,
voir le monde terrestre l'envers
Croit-il sincèrement que parce qu'un beau
garçon, un Adonis, soit placé en contemplation
devant une Armide plus ou moins authentique,
ce Cupidon soit, par là même, déshonoré
Et ce Cupidon du Toekomstquel est-il Où
est son extrait de naissance, la preuve de son
identité
Et cela serait juste, bien tapé, où est le mal
Bien sensitives, les âmes météoriques.
Et voyez combien ces sensitives sont délicates
et ménagent la peau des autres elles croient les
laver d'une accusation imméritée et, pour se
faire pardonner le péché de légèreté, elles leur
disent simplement, sans détour, sans périphrase:
je puis m'être trompé envers vous, M. A. T.,
mais qui la faute, puisqu'il y a beaucoup re
dire sur votre compte.
N'est-ce pas ça, en somme, dans je com
prends que ces personnes, pour peu qu'il y eût
redire sur leur compteaient prétendu se recon
naître dans le personnage dépeint dans ma let
tre. Mais cela, je ne puis rien.
Hé bien, M. Froidure, si cela vous ne pouvez
rien, restez dans la lune, mais vos compli
ments sont singulièrement tournés. Noircir quel
qu'un en lui faisant des excuses, c'est un singu
lier système. Cela ne rappelle-t-il pas quelque
peu le baiser de Judas
Pour votre décharge, M. Froidure, nous vou
lons bien croire que vous ne comprenez pas la
valeur des mots.
Très intéressante et très instructive la confé
rence donnée Jeudi passé par M. Véron De
Dey ne- Le sujet choisi La Mine et les Mineur Su
avait, par son caractère d'actualité, attiré un
public fort nombreux.
M. De Dey ne a développé son thème avec
beaucoup de brio, et est parfois entré dans des
détails d'une haute portée scientifique. L'ora
teur a parlé de la formation géologique de la
houille et des premiers efforts auxquels on s'est
livré pour son extraction.
Il a passé en revue les divers perfectionne
ments successivement apportés par la science
dans le creusement des mines, dans leur organi
sation et leur aménagement. Il a exposé les dif
férents systèmes d'éclairage, les transformations
graduelles des lampes et les précautions prises
en vue d'éviter le contact des gaz meurtriers.
Des vues frappantes ont fait assister les specta
teurs aux désastres occasionnés par ces terribles
ennemis du mineur le grisou, les inondations
et les éboulements. Enfin, par différents tableaux
d'une vérité saisissante, le conférencier a rap
pelé les tristes péripéties de la récente catastro
phe d1 Anderlues
En somme, M. De Deyne nous a fait passer
une soirée des plus agréable il a récréé son
auditoire en l'instruisant.Nous le félicitons pour
sa consciencieuse étude.
Le Willems-Fonds de notre ville donnera le
24 Avril prochain son dernier concert d'hiver,
pour lequel il s'est assuré le concours de plusieurs
amateurs distingués. Nous publierons ultérieu
rement le programme de cette fête.
Le Lundi de Pâques les bureaux de l'Hôtel-
de-Ville seront fermés l'Etat-civil seul
sera ouvert de 9 11 heures du matin.
Nous avons appris avec de vifs regrets la mort
presque subite d'un de nos compatriotes, Mon
sieur le L'-Colonel Gustave Antony, du 5e de
li^ne. Cette triste nouvelle a produit ici l'effet
d'un coup de foudre, car tous les Yprois con
naissaient cet homme si affable et si sympathi
que qui venait fréquemment en ville visiter sa
famille et ses nombreux amis. Il ne se plaisait
qu'au milieu de ses compatriotes, pour lesquels
il n'avait pas assez de démonstrations d'amitié
quand il les rencontrait l'étranger. De longue
date il avait annoncé que, quand l'âge de la re
traite aurait sonné, il serait allé s'installer dans
sa ville natale, centre de toutes ses affections.
Monsieur le LMJolonel Antony est décédé
Anvers Jeudi passé, après deux ou trois jours de
souffrances, li était sur le point d'obtenir le
grade de colonel, quand la mort inexorable est
venue briser cette belle carrière. A son lit de
mort, en pleine présence d'esprit, M. Antony a
exprimé le désir d'être inhumé au cimetière
d'Ypres, où reposent les restes de ses parents.
Le service funèbre a eu lieu ce matin Anvers,
et le corps doit arriver cet après-midi 4 heures
de relevée en gare d'Ypres.
Nous donnerons ultérieurement un compte-
rendu des funérailles.
HOMMAGE A LA DIRECTION.
La planète Vénus continue croître d'éclat
chaque soir. Pendant plus de deux mois, elle est
destinée charmer nos yeux par la pureté et la
force de sa lumière. M. Janssen, ayant terminé
complètement ses études préliminaires, vient de
commencer, l'Observatoire de Meudon (France),
la série d'observations destinées l'analyse de
l'atmosphère de cette belle planète.
Si, comme tout porte le croire, le directeur
de Meudon y constate la présence de la vapeur
d'eau, comme il y a reconnu déjà la présence de
l'oxygène, on devra conclure de ce fait que la
surface de ce monde si brillant doit être peuplée
de plantes et d'animaux analogues ceux qui
couvrent la surface de la terre et n'offrant avec
ceux ci d'autres différences que celles qui sépa-
avec du lait et du vin. Le Sacrificateur trempoit des
branches d'olivier dans de l'eau lustrale, et en arrosoit
les Àssistans. Après cette cérémonie, une Pleureuse
disoit haute voix le mot t licetc'est-à-dire, allez
tous enil est permis. Alors tous les Assistans disoient
au défunt le dernier adieu, lui promettant de le rejoin
dre quand le Destin auroit marqué leur dernière
heure. X.
«jreg99QOQaoe»
Les élèves de l'École de Bienfaisance de l'État,
l'œuvre.
Mardi, 5 Avril dernier, vers une heure, un grand incen-
pie s'est déclaré, au Molenberg, dans les bois de la com
mune de Reckheim les bois Je M. le comte Du Monceau
ont également été détruits par le feu sur une assez vaste
étendue
Les estimations du nombre d'hectares incendiés diffè
rent énormément. D'après les uns, les bois détruits occu
pent une étendue de 15 hectares, d'après les autres au
moins 35 40 hectares. Jusqu'à présent la grandeur du
désastre n'a pu encore être précisée.
Cet incendie, d'une violence extraordinaire, s'étendait
sur une largeur d'au moins 500 mètres et dévorait tout
sur son passage.
Vers 2 1/2 heures, M. Laport, qui chassait heureuse
ment dans ces parages, envoya un exprès la gendarme
rie, pour annoncer que le feu avait pris dans les bois de
la commune de Reckheim. L'administration communale
télégraphia immédiatement M. le Gouverneur, deman
dant des troupes, afin de combattre l'élément destructeur;
mais sur ces enlrefaites on eut l'heureuse idée de deman
der du secours au personnel de l'Ecole de Bienfaisance.
Le commandant de la gendarmerie se rend immédiate
ment chez M. le Directeur, lait part de l'accident et lui
demande cent hommes. L'honorable Directeur, "M. le
Major Vereecke, acquiesce sur le champ cette demande
et prend provisoirement le commandement. Aux clairons,
qui sont là contmueflêrlfieflt sa disposition, il donne un
ordre court et énergique de cesser le travail et les champs
résonnent des cris Au feu Au feu Un spectacle
sans pareil s'en suit. De tous côtés accourent les jeunes
gens et leurs surveillants, ils sautent des fenêtres des
ateliers, enjambent lés murs et franchissent tous les ob
stacles pour être plus rapidement sur les lieux. En moins
de trois minutes, toute la colonie est réunie tous veulent
prêter main-forte et la difficulté n'est pas de les emmener
au foyer de l'incendie mais de dompter leur zèle.
Sur un commandement militaire les plus grands et les
plus forts s'avancent. Ceux-là s'y rendront. Mes en
fants, leur dit M. le Directeur, non loin d'ici, il y a du
danger, il y a du feu, allez-y et sauvez ce qui peut l'être
encore. Le devoir vous appelle j'ai la conviction que
vous remplirez votre tâche.
Par un hourra retentissant on répond ce bref discours
et en un instant, toute la section armée de fourches, bê
ches, hàcbes et autres outils, sous l'habile direction de M.
Leén, instituteur en chef, de MM. Smets, Francisi, Fier-
mans, Maesen et Mennens, surveillants, passe au pas ac
céléré par le village.
On arrive l'endroit du sinistre et on se met immédia
tement l'œuvre. Déjà quelques ouvriers de M. le comte
Du Monceau, toute la brigade de Lanaeken et cinq gen
darmes de Reckheim avec leur commandant étaient sur
les lieux. MM. Col, échevin. H. Kusters et J. Humblé,
conseillers communaux, y étaient également.
Après quinze minutes d'efforts, on parvient éteindre
le feu dans les bois de M. le comte Du Monceau. Le grand
danger se trouve dans les bois de Reckheim où le feu sévit
avec intensité, il semble impossible de l'éteindre. Néan
moins, n'écoutant que leur courage, ils recommencent
avec ardeur, sous la direction de leurs supérieurs, des
gendarmes et des membres du Conseil communal. Le feu,
la chaleur, la fumée font parfois reculer les sauveteurs,
mais un instant après ils attaquent I élément destructeur
avec une nouvelle énergie et après une heure de lutte, la
dernière flamme disparaît.
Un malheur irréparable était évité Les dégâts étaient
relativement minimes.
Un quadruple hourra retentit par la bruyère On se
donne la main, on danse, on crie do joie ta vue de ce
résultat inespéré qui venait de couronner leurs efforts
réunis.
Jamais on n'a vu un pareil dévouement, un tel dédain
pour le danger, que celui des élèves, de l'Ecole. Un con
seiller communal, qui nous communiquait ces détails, ne
pouvait tarir en éloges. Des hommes habitués au danger,
comme les commandants de gendarmerie de Reckheim et
de Lanaeken, se sentaient poussés attester publique
ment la conduite héroïque des élèves de l'Ecole de Bien
faisance. Et, comme disait un des assistants Ce sont
des démons, ils ont dévoré le feu. Tout le monde était
d'accord pour manifester son admiration sous cette forme
un peu rude.
Entretemps, M. le Bourgmestre venait de recevoir le
télégramme suivant
50 hommes viennent train 8-18 h. Lanaeken et iront
sur les lieux du sinistre.
Le Gouverneur,
(Signé) Vicomte Goupy.
En prévision de cette éventualité, un exprès fut envoyé
du Molenberg, Reckheim, avec la lettre suivante
Incendie entièrement éteint. Si l'on a requis des trou
pes Hasselt, veuillez immédiatement donner contre
ordre.
(Signé) H. Col, Echevin.
Ceci fut immédiatement fait et ainsi les soldats res
taient exempts de cette pénible corvée, grâce aux élèves
de l'Ecole de Bienfaisance.
Apre» que luut (langer fut disparu, le retour coromonç».
Les clairons font entendre le i rassemblement et M.
Leén constate avec plaisir que pas un des élèves ne man
que l'appel. L'on se met en route pour Reckheim, les
membres du conseil communal entête, puis la gendarme
rie et l'école. Tout coup une bêche se montre au-dessus
du groupe, elle fait service du cartel sur l'un côté, on
lit c'est fini sur l'autre tous présents.
Tout en chantant des gais refrains, on arrive la pre
mière auberge où l'on boit un verre de bière bien mérité
et l'on fume un cigare. On se repose un peu et en avant
marche jusque chez Cardoes, au pavé, où encore une
fois la soif ues sauveteurs est étanchée. Ensuite l'on se
rend en chantant Reckheim, où le cortège est accueilli
avec enthousiasme par la fouie.
Arrivé l'école, M. l'avocat Humblé témoigna, au nom
de l'administration communale, sa reconnaissance M. le
Directeur pour le service que celui-ci avait rendu la
commune et rendit un hommage bien mérité la con
duite, le courage et le dévouement des élèves.
M. le Directeur répondit qu'il en était fier et heureux et
il donna la certitude que, si quelque danger survenait,
l'on ne ferait jamais vainement appel sa bienveillance et
au secours courageux de ses enfants.
Après l'échange d'une cordiale poignée de main, l'on se
sépara jusque fort tard dans la soirée les cabarets res
taient pleins de mouvement et d'animation, et naturelle
ment l'on discutait chaudement les différents épisodes.
L'on nous assure que le Conseil communal de Reck
heim fera parvenir l'honorable Directeur Vereecke,
MM. les commandants de gendarmerie Questroy de
Reckheim et Colombie de Lanaeken et leur personnel
un témoignage officiel de gratitude.