i\° 52. Jeudi,
52e ANNÉE.
21 Avril 1892.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Chemin de fer.
Le Congrès progressiste.
Ce qu'ils veulent
Quelle colère
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
Heures de départ partir du 1r Octobre
d'Y près pour
Poperingbe, 6-50 9-09 10-00 12-07 3-00
Y PRES-FU RNES
FURNES-YPRES.
Ypres, le 20 Avril 1892.
Le Congrès progressiste a eu lieu Dimanche
dernier. Belle salle et une ferme volonté de ne
pas gâter ce qu'on a eu tant de mal mener au
point où l'on en est.
Et ce qui en résulte de plus clair et de plus
consolant,ce n'est pas un ensemble de décisions
qui apportent une nouveauté quelconque, mais
une modération d'esprit qui fait bien augurer
de l'avenir.
On's'en est tenu voter toutes les proposi
tions du comité central, le suffrage universel,
comme plate-forme (ou platform comme di
sent les purs) électorale puis~en sous-ordre, le
référendum, la représentation proportionnelle,
la réorganisation du Sénat, ces derniers points
étant laissés irrésolus et l'appréciation de
chacun, le suffrage universel restant le seul
point sur lequel il n'est pas permis de transi
ger, quand on est progressiste. Le temps déci
dera du reste.
A vrai dire ce n'était guère la peine de réu
nir tout un Congrès, pour venir affirmer une
fois de plus ce qui était déjà implicitement et
explicitement arrêté quant au suffrage univer
sel. Les autres questions ne recevant pas de
solution complète ou définitive, pour autant
bien entendu, qu'un Congrès ait voix au cha
pitre, c'est comme si on n'avait rien fait. Et, en
vérité, c'est ce qu'on avait de mieux faire.
Si nous louons le Congrès, ce n'est pas tant
pour la besogne qu'il a abattue ce n'est pas
davantage pour la lumière nouvelle qu'il a jetée
sur les questions secondaires qui ont cependant
leur importance et qu'il a laissées telles qu'il
les a trouvées, mais ce que nous y avons ad
miré et ce dont on ne saurait assez le féliciter,
c'est son esprit de modération, sa sagesse, son
sens pratique. Si par moments certains ora
teurs ont apporté dans le débat quelque anima
tion, reflet naturel d une conviction sincère et
ardente, il n'y a eu ni aigreurs dans le combat,
ni attaques passionnées contre des individua
lités ou des doctrines plus ou moins contraires,
et, c'est là, selon nous, le côté le plus encoura
geant de ces assises révisionnistes.
Le Conseil général a été constitué comme
suit
Elus par le congrès MM. Avedyck, Bourlard,
E. Brunet, Cambier, Demeur, De Poortere, de
Sélis, des Essarta, Fagnart, Feron, Fléchet, Fur-
némont, Hanrez, Heuse, Heynderickx, Houzeau,
Janson, Lorand, Lynen, Peemans, Robert, Van-
de Walle.
Pour la province d'Anvers MM. Callewaert,
Depauw
Pour le Brabant MM. Levêque, Lepoutre.
Pour la Flandre occidentale MM. Deswaerte,
Vermeulen
Pour la Flandre orientale MM. Kops, H. Du-
mont
Pour le Hainaut MM. Michel, Roger
Pour Liège MM. Gilon, Hénault
Pour le Limbourg MM. Jaminé, Schoolmees-
ters
Pour Je Luxembourg MM. L. Lambiotte,
Lambert
Pour Namur MM. Franceschini, Gillard.
Les cléricaux ne disent pas souvent ce qu'ils
veulent et ce n'est guère que par la duplicité,
et les fausses promesses qu'ils sont parvenus
imposer au pays leur politique néfaste et caute
leuse.
En ce moment encore nous les voyons pren
dre une attitude des plus équivoques, pour ta
cher de se faire accepter par le corps électoral
A les en croire ils sont de bons patriotes qui
depuis longtemps ont renoncé aux prétentions
des vieux partis ullramonlains, aristocratiques
ou féodaux
A les en croire les idées modernes n'ont pas
de partisans plus dévoués qu'eux et ils sont plus
que personne décides respecter les faits ac
complis depuis la grande révolution de 1789.
Malheureusement, tous les dévôts n'ont ni le
même tempérament, ni la même prudence
Il en est qui trahissent maladroitement leurs
secrètes esperances
Commesi le Ministère de l'agriculture n'exis
tait pas et n'avait pas fonctionné depuis bientôt
huit années.
N'est-ce pas d'une brutale et révoltante au
dace, et les pointus du Bien Public doivent-ils
croire le parti libéral tombé assez bas pour
oser recommander aux Chambres futures l'o
dieuse perpétration de celle longue série d'ex
cès
Les libéraux ne sont pas disposés subir
pareil régime
L'alliance conclue entre la Ligue et lAssocta-
tion a fait crouler-comme château de cartes
toutes les espérances que le parti clérical avait
fondées sur nos vieilles querelles libérales.
Aussi, quel déchaînement de colère dans les
journaux cléricaux 1 Pacte honteux, dit l'un.
Pacte infâme, dit l'autre. C'est qui trouvera
dans l'honnête indignation de son âme l'épi—
thète la plus énergique pour flétrir ces libéraux
sans pudeur qui ne rougissent pas d'échanger
publiquement a le baiser de Judas
11 faudrait avoir le caractère terriblement
mal fait pour se plaindre de ces injures. Les
cléricaux sont furieux. Il y a de quoi. Pensez
donc que, sans cettealliance infâme, ils allaient
pouvoir tripatouiller, tout l'aise, une petite
revision selon leur goût, et que celte alliance
LE PROGRES
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Courlrai-Bruxelles, 5-30 9-56 11-16 2-46 5-20.
Courtrai-Gand. 5-30 8-20 11-16 2-46 5-20.
5-00 7-34 10-20 1-00 4-00 6-25.
5-06 7-40 10-26 1-06 4-06 6-30.
Et par ceux-là le drapeau de la réaction religieuse, de
la théocratie sectaire et intransigeante est déployé avec
une ardeur de défi dont l'hypocrite modération du minis
tère Beernaert nous avait déshabitué.
Le Bien Public de Gand ouvre la campagne. Il compte
bien que l'écrasement du libéralisme, (qu'il entrevoit com
me une conséquence de nos dissentiments qu'il escompte),
permettra ses amis, de renoncer tous ménagements et
de poursuivre l'intégrale et logique application de leurs
doctrines.
Nous voulons en revenir, s'écrie-t-il avec l'accent
du triomphe, l'application loyale de la Constitution
Belge.
Nous voulons, notamment, que les autonomies pro-
vinciale et communale soient respectées et garanties, et
que l'action envahissante du pouvoir central soit limitée.»
Cela veut dire, ou cela n'a pas de sens, qu'il faudra
laisser les conseils communaux des bourgs-pourris contre
carrer les lois nationales, et supprimer par des règlements
que leur aura dictés le clergé la liberté de conscience, la
liberté de la presse et la liberté de réunion.
Que ceux de nos concitoyens, dit encore le Bien Pu-
blic, t qui ont l'âme assez haute pour se dévouer dans le
sacerdoce au bonheur de leurs frères puissent suivre
librement leur noble vocation.
Comme si quelqu'un songeait les en empêchet Mais
la liberté 'du sacerdoce, pour l'école ultramontaine, c'est
le droit pour le prêtre de se mettre au dessus des lois, de
s'exonérer de toutes les changes civiques, de vivre dans
une atmosphère de privilèges et d'immunités, de ne relever
en toutes choses que de lui-même.
Continuons... Qu'après avoir joui de la liberté pendant
notre vie, nous puissions reposer en paix côté de nos
frères dans la foi.
C'est-à-dire qu'il faut que l'autorité civile s'occupe de
nouveau, comme il y a quelques vingt ans, de parquer
les morts en élus et en réprouvés, et de refuser les hon
neurs d'une sépulture décente ceux que l'Eglise aura
rejetés de son sein. La voilà rouverte, l'irritante et odieuse
question des cimetières
Après l'excommunication civile des libres-penseurs, la
spoliation des familles par la pieuvre monacale Que
»'la volonté des testateurs soit respectée, et que l'Etat ne
détourne plus des biens qui ne lui appartiennent pas.
C'est-à-dire qu'il faut restaurer la main-morte, accorder
aux couvents la personnification civile, et empêcher les
tribunaux d'entraver les moines de toutes robes dans leur
chasse aux testaments
Vient enfin, comme couronnement de ce programme
moyen-âgeux, la suppression de ce qui nous reste d'ensei
gnement public.
Qu'à la place du ministère de l'instruction publique
nous voyions constituer un ministère chargé de soutenir
notre agriculture menacée et notre iudustiie compromi-
se que nous voyions cesser les gaspillages scolaires, et
que l'Etat abandonne aux pères de famille et aux corpo-
rations encouragées par eux l'éducation des jeunes géné
rations
s-
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