Chronique locale.
Goliath Lille.
EXPLOSION AU CAFÉ VÉRY.
Après un échange d'observations où il est
démontré que cette parcelle de terrain ne peut
convenir qu'aux Dames de Rousbrugge, la pro
position de M. Surmont est adoptée.
8. Ecole moyenne compte 1891. Remis.
9. Egoûts Approbation procès-verbaux d'ad
judication.
Le devis estimatif de l'égoût construire en
briques, rue de Menin, s'élève fr. 11,968-28 c.
Ont soumissionné MM. Vanassche, Roose et
Boisée.
M. Boisée, dont la soumission ne s'élève qu'à
11,400 fr. est nommé adjudicataire.
Le devis estimatif de l'égoût construire au
Kalfvaert, est de fr. 3,681-16 c. MM. Huyghe et
AllaerBont nommés adjudicataires, au prix de
5,180 fr.
M. Boisée ayant déposé une soumission pour
la construction d'un égoùt en béton, M. Colaert
demande s'il n'y aurait pas lieu de recourir une
réadjudication.
10. Rôle de la taxe communale sur les chiens
et sur les chevaux. Adopté.
11. Alignement de la rue des Veaux. Cet
alignement est adopté nonobstant une réclama
tion du génie, qui a été rejetée.
12. Alignement de la rue des Riches Claires.
Adopté.
13. Emission de bons de caisse. Remis.
La séance publique est levée 6 1/4 heures.
Oui, c'est comme j'ai l'honneur de vous le
dire Goliath a été Lille, non seul, réduit sa
plus simple expression, mais accompagné par sa
petite famille et de plus,ô luxe inouï, escorté par
un peloton de Pompiers. La musique des Pom
piers avait reçu ordre de se préparer faire le
même voyage et maintenir la réputation de la
ville aux yeux de nos bons voisins, en faisant
retentir les échos Lillois de l'air de Reuskemais
cette dernière partie du programme n'a pas
reçu d'exécution, les musiciens des Pompiers
obéissant, en cela, un amour propre qu'on ne
saurait blâmer et qui leur dit que quand on ne
peut se présenter convenablement en bonne so
ciété, mieux vaut rester chez soi.
On ne s'attend pas, certainement, ce que
nous relevions ce qu'il y a d'extraordinaire
cette sortie du géant autrefois si houspillé parce
qu'il prenait le même chemin. On en a assez
parlé et les lazzi et les gorges chaudes qu'on en
a faites assez mordants, pour que nous nous dis
pensions de répéter tout cela. Le fait est là,
acquis, désormais ineffaçable et ce n'est, après
tout, qu'une pantalonnade de plus ajouter
tant d autres, tant et si bien, qu'en haut lieu, on
Î>ense qu'on s'y habituera et que là où il y a de
a gêne, il n'y a pas de plaisir.
Et du plaisir il y en a revendre car si on a
ri depuis huit jours, c'est bien ici. Qui, diable,
aurait j amais cru que sous une administration
cléricale, qui compte tant de types de saules
pleureurs, on fût au fond si farceur. Car, là, la
main sur la conscience, inventez-moi quelque
chose de plus esclaffant que nos matagots tout
fiers de mener, dans les rues de Lille, ce pelé,
ce galeux, leur intime bête noire. Il n'y a que
nos joyeux drilles pour se dandiner aussi preste
ment dans leur casaque retournée.
Enfin cela fait toujours plaisir de voir réhabi
liter un personnage, la bonté même, même par
ceux qui l'ont le plus abîmé.
Et quand nous disons abîmé, le mot peut être
et .doit être maintenu dans ses diverses significa
tions. Car si Reuske a été abîmé, dans le temps,
au moral, maintenant il l'est au physique, mal
gré toute la sollicitude dont il est entouré et,
cela a été parfaitement remarqué, Lille.
On n'a pas oublié, Lille quelle joyeuse en
trée fit Goliath, il y a deux ans sur la Grand'-
Place, on fit cercle autour de lui, on dansa, on
chanta et des milliers de voix répétèrent dans un
transport indescriptible le vieux air de Reuske,
pendant que Reuske, touché et fier de tant de
marques de sympathie, fit le tour de la Place,
saluant, avec reconnaissance et majesté, cette
population affolée.
Tout le Nord en parla et le souvenir en est
resté vivace.
Etait-ce ainsi Dimanche Comment se fait-il,
se disaient ces bons français, que le Géant d'Y-
pres, autrefois» si galant, si aimable, si poli, si
enjoué, soit devenu si froid, si raide Naturelle
ment, on ne va pas leur dire la cause véritable
de ce revirement. Malgré tout, on a encore un
peu d'amour-propre et on n'avoue pas tout,
même quand on a passé la frontière.
Au fond il y avait cela deux raisons qu'entre
nous on peut bien se dire la première que tous
les Yprois connaissent Reuske ne sera content
que quand il aura retrouvé ses anciens amis la
seconde, qui pèse bien aussi un peu dans la ba
lance, c'est que pour saluer, tourner la tête,
comme il faisait autrefois, il faut savoir la tour
ner, et pour la tourner, il ne faut pas qu'elle
soit vissée. Or, c'est ainsi que ses nouveaux
maîtres l'ont arrangé. Allez-moi cligner l'œil,
gauche et droite, aux gracieuses françaises,
avec une tête boulonnée sur un pieu.
Cela faisait d'autant plus mauvais effet, que
les géants de Bruxelles, de Nivelles et d'autres
encore, saluaient, se retournaient, et avaient
des manières gracieuses, même coquettes.
Et voilà comment Goliath n'a pas eu Lille
tout le succès d'autrefois.
Heureusement, il est resté le plus grand de
tous et cela, il sait qui il le doit. Pourvu qu'un
de ces quatre matins on ne le rogne encore de ce
côté-là.
Société pour la propagation
de l'enseignement par l'aspect.
YPRES.
La conférence annoncée pour le 28 Avril, est
remise au Lundi 2 Mai 1892.
Un terrible accident est arrivé Ylamertinghe.
Le nommé Aloyse Cornille, âgé de dix-neuf ans,
fils d'un cultivateur de Kemmel, conduisant un
cheval, s'arrêta près de l'estaminet De IJzeren
meg, Vlamertinghe. Il n'était pas encore rentré,
lorsqu'il s'aperçut que le cheval s'était tourné.
Il sortit et voulut saisir les brides la bête s'ef
fraya, se ramassa et voulut prendre la fuite. Dans
ses évolutions, le cheval frappa le malheureux
dans le cou d'un coup de pied qui l'étendit raide
mort.
Samedi après-midi, Poperinghe, les enfants
de Charles Bileau jouaient autour d'un puits
eau côté de leur maison, lorsque tout coup le
plus jeune, âgé de deux ans, tomba l'eau. Avant
que la mère ne parvint retirer le petit de sa
pénible position il était trop tard, ce n'était plus
qu'un cadavre.
Dimanche après-midi une habitation deux
demeures a été complètement détruite par le feu
Poperinghe. Rien n'a pu être sauvé.
Vendredi matin on a trouvé Rousbrugge sur
la voie publique, un voiturier, presque mort de
froid. Il avait été saisi cet endroit d'une indis
position subite et n'avait pu continuer sa route.
Quelques heures plus tard il a expiré.
Dans la matinée du 20 courant, le nommé Dé
siré Delahaye, boutiquier Neuve-Eglise, a con
staté qu'on avait cassé le carreau qui se trouve
placé derrière le soupirail de sa cave et qu'on
avait enlevé un jambon pesant 6 kilos, valeur 12
fr., un gâteau valeur 3 fr. ces objets se trou
vaient sur un banc un mètre du soupirail. On
suppose que le voleur se les sera approprié au
moyen d'une fourche, le soupirail n'ayantque 30
centimètres de diamètre.
Dans la nuit du 21 au 22, on a volé l'aide
d'effraction et d'escalade, 15 20 poules, au pré
judice d'Emile Biervliet, maréchal-ferrant Do
mines.
On n'a pu trouver aucune trace des voleurs. Le
lendemain on a retrouvé, proximité, une pou
le avec le cou tordu.
Nous lisons dans VEcho du Nord, 26 Avril 1892:
Goliath d'Ypres.
Que les temps sont changés Sous l'admi
nistration libérale, Goliath, au dire du Journal
d'Ypres, était un scrofuleux, un pelé, un galeux
on ne trouvait pas assez de sarcasmes, assez de
méchancetés pour lui lancer la tête. Aujour
d'hui, le même Journal d'Ypressous la domina
tion cléricale que nous subissons, adore ce qu'il
a brûlé. Nos Maîtres font maintenant ce que ja
dis ils ont critiqué, mauvaise foi et déloyau
té
A Lille on a remarqué que Goliath avait, de-
Suis deux ans, changé de tête et de casaque.
ous le croyons sans peine la tête achetée
grands frais Bruxelles ressemble celle d'un
brigand calabrais et la défroque faite par un ra-
piéceur quelconque n'a rien envier celle de
St-Labre.
Nouvel attentat anarchiste
Paris.
Les anarchistes parisiens ont mis leurs mena
ces exécution une explosion a eu lieu hier
soir au Café Véry, où Ravachol a été arrêté.
Voici les premiers détails
L'explosion s'est produite dans la soirée.
L'engin explosif a dû être déposé soit dans le
soupirail, soit derrière le comptoir, une heure
où la foule est toujours considérable dans le
café.
Les dégâts sont importants. La boutique offre
l'aspect d'un trou béant. Tout l'ameublement a
été détruit dans le magasin voisin.
Il y a cinq victimes.
La première est M. Véry, le directeur du res
taurant il a eu la jambe fracassée, il a dû subir
l'amputation.
Sa femme, qui est la sœur de Lhérot, auquel
est dû l'arrestation de Ravachol, a été brûlée
la figure.
Un ouvrier typographe, Victor Hamond, a
d'affreuses brûlures sur toutes les parties du
corps son état est grave.
Un autre typographe, nommé Gaudon-Leger,
a été contusioné et brûlé.
Lhérot, qui se trouvait au fond de la salle,
n'a pas été blessé.
M. Surmont répond que l'on pourrait consul
ter les autres soumissionnaires.
M. Vermeulen désire savoir si l'on a tenu
compte des raccordements.
M. Surmont dit que tout est prévu.
Pour le Comité
Eug. YEULEMANS.
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Le Goliath d'Ypres est certainement un des clous de la
promenade des géants il a neuf mètres de hauteur et pèse
420 kilos. C'est que sa carcasse, au lieu d'être en osier,
est en bois massif. Dans la main droite, il tient une énor
me massue; il s'appuie de la main gauche sur un immense
cimeterre. Il est accompagné d'enfants et de folies en
costumes Moyen-Age et de toutes couleurs qui dansent au
tour de lui sur le rythme du Reuselied.
Goliath remue la tête de droite gauche, la secoue de
haut en bas, disant oui, non, en roulant des yeux terribles.
Vêtu l'orientale turban plumes, manteau court,
cotte de mailles et robe longue flottante, c'est le vrai type
du sarrasin un reste des Maures d'Espagne.
Signe particulier ressemble, s'y méprendre au sâr
Joseph Peladan.
Cinq blessés. M. Véry amputé d'une jambe.