AVIS TRÈS IMPORTANT.
X0 7«». Dimanche,
18 Septembre 1892.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Nous rappelons tous
nos amis que les listes élec
torales qui doivent servir
Tan prochain aux élections
communales sont affichées
depuis le 15 Août.
Tous les libéraux sont
instamment priés de signa
ler l'Association libérale
les électeurs catholiques
qui figurent indûment sur
ces listes et les libéraux
qui négligeraient de se faire
inscrire.
Une
circulaire ministérielle.
Démentis faciles.
S2' ANNÉE.
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
tout ec qui uonfarna la journal doit Atr« l'éditeur, rue 3u Beurre, 20.
La presse française, le prenant sur un ton
de plus en plus rogue, n'admet pas que la Bel
gique puisse se plaindre ofliciellement des vio
lences dont les mineurs borainsont été victimes
dans le Pas-de-Calais et dans le Nord. Si notre
gouvernement intervenait ce sujet auprès du
gouvernement français, une pareille démar
che n'aurait pas une ombre de justice. C'est
le Temps qui s'exprime de la sorte, et il ajoute
que c'est là un point sur lequel la France ne
saurait admettre même un commencement de
discussion, d'autant plus qu'en réalité, on
cherche créer une diversion au sujet des res
ponsabilités apparemment encourues au Con
go?...
La Gazette répond en ces termes la feuille
parisienne
Nous ne sommes qu'un petit peuple dont on
n'a pas redouter la colère mais notre amitié
n'est point mépriser et, certaines heures, on
s'est fort bien trouvé de la rencontrer.
Les événements du Pas-de-Calais nous pa
raissent un peu plus sérieux que ceux du Congo,
un peu plus concrets et plus clairs surtout. Tous
les jours nos compatriotes sont assaillis, on les
assomme moitié, puis on les chasse. Cela, c'est
établi. Et il y a autre chose d'établi aussi, c'est
qu'alors que pour la moindre grève, il s'empres
se d'envoyer des escadrons de cavalerie, le gou
vernement français s'est contenté, cette fois, de
mettre dans toute une région soixante gendar
mes pour rétablir l'ordre, soixante gendarmes
qui ne sont même pas secondés par les municipa
lités complices des fauteurs de troubles, des as-
sommeurs de Belges, par des municipalités la
tête desquelles se trouvent des maires comme
celui de Wingles excitant leurs administrés con
tre nos compatriotes.
Nous trouvons, quoi qu'en pense le Temps,
que cela vaut un incident diplomatique, que cela
vaut des explications du gouvernement français
nous trouvons même cela autrement grave que
le meurtre de M. de Poumeyrac par quelques
nègres avec qui nous n'avons rien de commun.
Le ministre de l'intérieur et de ce qui peut
bien rester de l'instruction publique, vient
d'apposer sa griffe au bas d'une nouvelle cir
culaire relativeaux ouvrages classiques, élabo
ration sénile dont l'auteur a certes mérité les
chevrons de la retraite.
De son côté, le ministre ne s'est probablement
pas rendu compte de toute la portée de cette
pièce qui constitue, pour le corps des inspec
teurs primaires, la plus sanglante injure, la
plus cruelle accusation qui puisse leur être
adressée. On ne traite pas avec plus de désin
volture, chez les Cosaques, les gêneurs qui
n'ont pas léchine assez souple.
La loi scolaire de 1884 a remis, comme on
sait, les destinées de renseignement primaire
aux mains des communes; ellea, naturellement,
laissé les administrations communales maî
tresses du choix des ouvrages scolaires Or,
le gouvernement, dans son admirable mansué
tude, veut bien leur venir en aide en leur ren
seignant les ouvrages revêtus de son estampille
l'estampille Ad majorem Dei gloriam 1 Les
municipalités, toutefois, restent libres toujours
de puiser ou de ne pas puiser dans ce catalogue
d'œuvres désinfectées, pour nous servir d'un
mol la mode.
Ceci rappelé, arrivons la circulaire fameuse
entre touics et que nous transcrivons tout en
tière pour la complète édification de nos
lecteurs
A l'administration communale de
Messieurs,
Un certain nombre d'inspecteurs de l'ensei
gnement ont publié, l'usage des écoles primai
res, des manuels classiques qui n'ont pas été
portés aux catalogues des livres recommandés
par le gouvernement aux administrations com
munales. Ces inspecteurs ont néanmoins fait ou
laissé admettre leurs manuels dans les écoles de
leur ressort.
Cette situation qui est de nature affaiblir
l'autorité des inspecteurs sur le personnel ensei
gnant et taire suspecter leur délicatesse, ne
peut être maintenue plus longtemps. J'ai besoin,
pour y mettre tin, de votre obligeant concours,
et je vous prie de vouloir bien me l'accorder.
Vous trouverez ci-jointe la liste des manuels
ayant pour auteurs des inspecteurs et ne figurant
pas au catalogue des ouvrages recommandés. Il
est désirable qu'à partir du commencement de
l'année scolaire 1892-1893 les livres portés sur
cette liste ne soient plus mis entre les mains de
nouveaux élèves et que ces manuels actuellement
en usage soient remplacés, pour le commence
ment de l'année scolaire 1893-1894, par des ou
vrages inscrits aux catalogues publiés par le
gouvernement.
Signature illisible mais connue
Epluchons maintenant ce factum mirifique.
11 parait donc qu' un certain nombre d in
specteurs ont publié des manuels classiques qui
n'ont pas été portés au catalogue des livres
recommandés.
Parbleu puisque ces ouvrages, comme
celait leur droit, n'ont pas réclame {estampille
et n'ont pas été soumis l'orthodoxe comité des
cstampiileurs.
Ces inspecteurs ont néanmoins fait ou
laissé admettre leurs manuels clans les écolos
de leur ressort.
Ah ça I pourquoi diable les auraient-ils pro
duits L'observation est naïve pour le moins
a Cette situation ne peut être maintenue plus
longtemps.
Et pourquoi, Excellence Ces ouvrages sont-
ils mauvais? A quel point de vue et qui donc
les a jugés tels Emanent-ils de pédagogues
incapables En ce cas, ce ne serait guère que
depuis que le ministre recrute son personnel
dans le camp des instituteurs libres. En résumé,
Je gouvernement ou l'administration a a besoin
de l'obligeant concours des administrateurs
communaux pour porter remède celte situa
tion évidemment intolérable pour les intérêts
de M. X... ou de M. Y... Et le deburlesque do
cument, après cet appel, publie en queue, la
liste des ouvrages mis l'index et voués désor
mais la réprobation des écoles 1
Holà Excellence, et la loi qu'en faites-vous?
Que devient la liberté des communes? La di
gnité du corps des inspecteurs Que faites-
vous du peu qui reste de l'indépendance de
l'instituteur De quel droit proscrivez-vous
des ouvrages l'examen desquels vous n'avez
point procédé De quelle injustice enfin vous
targuez-vous pour condamner ces livres ayant
reçu déjà l'approbation des communes et des
instituteurs
Répondez franchement et laissez, de grâce,
l'attirail jésuitique que vous dissimulez sous
ces vocables délicatesse et suspicion
Vous feriez croire que celle misérable circu
laire ne doit le jour qu'à des considérations
très peu scolaires et moins encore pédagogi
ques I
Et puis, votre ukase est incomplet pour
quoi vous arrêter en si beau chemin, pourquclle
raison En effet, pourquoi fulminer contre les
seuls inspecteurs et détourner votre tonnerre
des ouvrages émanant dinstiluleurs, insti
tuteurs qui se sont, avec un sans gêne égal,
passés de votre sacro-sainte estampille?Mys
tère et boutique Mais au fait, où et quand s'ar-
rèterontccs mesquines, ces indignes vexations?
Que dira M. l'inspecteur Brouwers do celte
circulaire?
Tout mauvais cas est niable, dit le proverbe.
Et comme les mauvais cas abondent dans le
clan clérical, les journaux du parti se bornent,
PROGRES
TIRES acquihit eundo.
ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00.
Idem. Pour le restant du pays7-00.
INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25
Insertions Judiciaires la ligne, un franc.
Les annonces sont reçues Pour l'arrondissement d'Ypres aux bureaux du Procrês Pour
le restant de la Belgique et de l'Etranger I'Agence Rossel, 44, rue de la Madeleine,
et 2. rue de l'Enseignement, Bruxelles.
Ypres, le 17 Septembre 1892.
Le ministre de l'intérieur
et de Vinstruction publique.
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