ASSOCIATION^ LIBERALE.
Assemblée générale, Di
manche, 9 Octobre, huit
heures du soir, au local de
la Bourse, rue Carton.
Question des eaux.
i\° 81. Dimanche,
S2e ANNÉE.
9 Octobre 1892.
6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
(Il n'y aura pas d'autre convocation.)
Ypbbs, le 8 Octobre 1892.
Rapport sur les moyens em
ployer pour améliorer l'ali
mentation en eau potable de
la ville d'Ypres.
IIe suite.
Il devient tous les jours de plus en plus évi
dent que la pression naturelle ne suffit pas pour
élever les eaux aux diflêrents robinets établis en
ville, et que certains quartiers sont, plus souvent
privés d'eau qu'ils n'en sont fournis. D'où la né
cessité de machines, d'un château d'eau et peut-
être d'un réservoir de décantation l'entrée de
la ville. Delà, 3 systèmes
1° Etablissement de machines Dickebusch,
le réservoir (château d'eau) en ville l'esplana
de. C'est le système Leboucq -,
2° Etablissement de machines et d'un réser
voir Dickebusch
3° Etablissement de machines et d'un réser
voir en ville.
Analysons rapidement chacun de ces systèmes.
M. Leboucq, frappé de la diminution du débit
fourni par la grande conduite d'amenée, (la con
duite de Dickebusch Ypres), se livra cet
égard des recherches prolongées et finit par
conclure que l'aire de la conduite, en certains
points, avait subi une réduction sensible, que les
parois étaient tapissées de corps étrangers, que
ces corps étrangers s'accumulaient en certains
points et étaient autant d'obstacles l'écoule
ment libre et plein des eaux. Selon M. Leboucq
ces obstacles étaient principalement formés par
le sable et l'argile entraînés et déposés là par le
flot liquide.
M. Temmerman, d'après ses expériences lors
delà construction d'un syphon de rechange sous
le canal Lys-Yperlée, n'a pas trouvé trace de
sable ou d'argile, il y a trouvé des dépôts de
moules, de bryozoaires ou polypes d'eau douce.
Soit. Il y a donc des dépôts, moules, sables,
l'efîet est le même. M. Temmerman y a même
constaté une couche épaisse d'une matière semblable
de la rouille ayant attaqué profondément la fonte de
la conduite et couvrant le paroi d'une surface rugueuse
en lames et présentant donc des aspérités. Tout cela
doit inévitablement diminuer la surface interne
des tuyaux et augmenter le frottement, c'est
dire occasionner une diminution de débit.
Quoi qu'il en soit, on voit que les deux ingé
nieurs sont d'accord au fond, que le débit va en
diminuant par suite d'obstacles physiques.
Comment y remédier
M. Leboucq déduit de ses expériences que la
vitesse maxima obtenue actuellement n'est pas
suffisante pour empêcher les dépôts de se former
ni pour enlever ceux existants qu'il faudrait
faire arriver l'eau avec une vitesse plus grande
que celle qu'elle a maintenant quand on l'aban
donne son cours naturel. Il établit qu'avec une
Serte de charge, au débouché de la conduite, de
m. 17 c.,la vitesse n'est que de 0,25 et il estime
que cela ne suffit pas pour chasser les dépôts.
Même en ouvrant complètement la vanne de dé
charge, alors qu'on n'a pas les inconvénients
d'une contre-pression, les eaux coulant libre
ment, il y aura bien une certaine augmentation
de vitesse, soit 0,27 ou 0,28, mais cela suffit-il
pour expulser les coquillages ou les matières
adhérentes aux parois Et si cela ne suffit pas,
l'encroûtement n'ira-t-il pas en augmentant
De plus peut-on continuellement laisser couler
librement, sans contre-pression Sans contre-
pression on ob'ient 70 litres la seconde, soit
2600m3 par jour et il n'en faut que 1700. Il y au
rait donc là une dépense inutile, ce qu'il faut
éviter. Et pour l'éviter, c'est dire pour dimi
nuer le débit, il faut diminuer la vitesse, mais
alors l'encroûtement, les incrustations restent.
N'est-ce pas tomber de Charybde en Scylla
M. Leboucq en arrive donc établir une ma
chine Dickebusch dQnt on réglera le mouve
ment selon les besoins et qui en fonctionnant
empêchera toujours la réduction de la surface
interne de la conduite d'amenée. De cette con
duite l'eau s'élèverait directement dan3 le châ
teau d'eau d'où elle descendrait par son propre
poids dans les canaux de la ville.
Afin que le préposé la manœuvre des pom-
f>es Dickebusch soit prévenu toutes les fois que
es niveaux maximum et minimum sont atteints
dans le château d'eau, M. Leboucq établit une
communication électrique entre le château d'eau
et l'étang de Dickebusch. Cette communication
est mise en mouvement automatiquement au
moyen d'un flotteur ménagé dans la cuve métal
lique.
M. Temmerman n'est pas partisan de ce sys
tème. Il n'est pas rassuré sur le bon fonctionne
ment du flotteur et du fil électrique. Il craint la
négligence de l'agent placé Dickebusch, la dif
ficulté de la surveillance. Il n'est pas sûr que la
conduite d'amenée puisse résister la pression
exercée par la machine enfin comme il a con
staté sur le parcours de Dickebusch Ypres un
grand nombre de fuites aux joints, et il y a 1600
joints, il rappelle que d'après les ingénieurs an
glais et américains, ces fuites s'élèvent souvent
jusque 60 de la consommation totale et sont
d'autant plus importantes que la pression est
plus forte.
Certes toutes ces objections ne sont pas sans
valeur mais n'y en a-t-il pas également pour la
solution troisième préconisée par notre judicieux
ingénieur C'est ce que nous verrons plus loin.
Et quant aux objections soulevées contre le
système Leboucq sont-elles absolument décisi
ves
L'inconvénient d'un agent seul préposé la
manœuvre des machines existera toujours et
partout, Ypres comme Dickebusch. N'y obvie
rai t-on pas en reliant Dickebusch Ypres au
moyen d'un téléphone et d'une sonnerie
Eu obligeant le machiniste sonner toutes les
2 ou 3 heures, ne pourrait-on pas ainsi constater
sa présence Et ce téléphone ne serait pas plus
exposé que celui qui relie Ypres Furnes, Po-
peringhe Kousbrugge, etc.
La rupture de la conduite, parce que la pres
sion serait augmentée Cette différence de pres
sion est-elle assez grande pour justifier cette
crainte Avec une machine Lickebusch il
y aurait une pression de combien De deux at
mosphères Or, les tuyaux ont été éprouvés
cinq atmosphères. Au pis aller, un demi-jour
suffirait pour réparer l'accident, on l'a bien vu le
4 Octobre lors de la rupture du tuyau près de la
boucherie.
Quant aux fuites, avec leur 60 de perte, que
n'en parle-t-on pas quand on calcule le temps,
7 mois, 3 jours, auquel fera face la provision
d'eau de l'étang Et si ces fuites doivent nous
mettre en garde pour l'établissement d'une ma
chine en ville, n'en faut-il nullement tenir
compte quand on l'établit en ville C'est ce que
nous verrons.
N'oublions pas qu'à Dickebusch la machine a
pour effet do faire des chasses dans la conduite
et d'empêcher ainsi les incrustations et les dé-
Eôts. M. Temmerman voit un danger 15 où M.
leboucq voit des inconvénients. Qui a raison
Selon M. Temmerman l'action directe des
eaux cesse aussitôt que le fer est recouvert d'une
couche protectrice, mais recommence avec plus
d'intensité aussitôt que la couche est enlevée. Il
faut donc laisser cette couche et pour cela ne pas
chasser trop violemment l'eau dans la conduite
afin de ne pas mettre la fonte nu.
M. Leboucq, lui, dit si vous n'avez pas une
vitesse suffisante que procure la machine, les
dépôts vont s'accumuler, les tuyaux s'obstrue
ront graduellement et le débit deviendra insuffi
sant.
Mais M. Temmerman répond encore que les
dépôts seront considérablement diminués par le
curage de l'étang et la décantation Dicke
busch.
Oui, réplique M. Leboucq, mais cette décan
tation aura-t-elle les effets que vous en atten
dez En admettant que les eaux soient sensi
blement. purifiées, ne déposeront-elles jamais
rien et les mollusques et les bryozoaires dispa
raîtront-ils absolument et pour toujours
M. Temmerman compte pour obvier au besoin
cette obstruction sur la machine placée en
ville.
Il établit donc la machine en ville. L'eau arri
ve naturellement par la conduite d'amenée et se
jette dans un réservoir qui est tout trouvé, entre
la route de Poperinghe et la route de Furnes,
un fossé incomplètement remblayé d'une surface
de 4400 mètres carrés et une profondeur moyen
ne de 4m,00 qu'on pourrait sans frais porter
4m,50.
M. Temmerman n'y prévoit aucune végétation
et vu la profondeur du réservoir l'eau y restera
Sure. Seulement pour empêcher l'eau de débor-
er ou pour augmenter la capacité de ce réser
voir, il faudra surélever les digues. A son entrée
dans le réservoir, la conduite est munie d'un ro
binet qu'on ferme lorsque le bassin est rempli
ou aussi longtemps qu'il contient assez d'eau.
Sans ce robinet régulateur ou d'arrêt, comme
on veut l'appeler, l'eau arrivant continuelle
ment déborderait bientôt et s'écoulerait en pure
fierte, moins de surélever de quelques mètres
es bords, ce qui occasionnerait une dépense que
le robinet permet d'éviter.
LE PROGRÈS
tires acqcirit eundo.
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