ASSOCIATION LIBERALE AVIS IMPORTANT. RÉUNION GÉNÉRALE Lundi 26 Décembre, Armée. 18 Décembre 1892 JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. ,\o foi. Dimanche, 6 FRANCS PAR AN. PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. D'YPRES. RUE CARTON, 7 heures du soir, ORDRE DU JOUR: DISCUSSION DU RÈGLEMENT. Ypres, le 17 Décembre 1892. A propos de l'élection communale qui a eu lieu l'été dernier Haute-Croix, élection inva lidée par la députation permanente, validée par le gouvernement, M. Huysmans a dénon cé, la Chambre, les faits de pression exercés par le parti catholique afin de s'assurer une majorité qui lui était nécessaire pour l'adoption d'une école congréganisle. Des abstentions ont été achetées, des votes largement payés et les électeurs qui ont résisté au prestige des pièces de cinq francs ont été l'objet de menaces. Aussi tous les actes de fraude et de dol étant venus la connaissance de la Députation permanente du Brabant, s'est-elle empressée d'invalider une consultation électorale falsifiée avec autant d'audace. Legouverneur lui-même, dont tous, libéraux et catholiques, apprécient l'esprit de modération et de justice, a blâmé ces agissements en les signalant au ministre. Il était du devoir de M. de Burletde tenir compte de la résolution prise par la Députation permanente et des observations présentées par M. Vergote. Or, la Chambre, en répondant l'honorable député de Bruxelles, il a simulé l'i gnorance. Ce n'est pas sérieux... Le ministre dédaignerait-il alors les princi paux devoirs de ses fonctions et laisserail-il aux bureaux le soin de trancher et d'expédier les affaires Personne ne croira une pareille lé gèreté. La vérité vraie, c'est que le ministre a vouju absoudre le vicomte Jolly, accusé de ces prati ques électorales tout au moins singulières et qu'il a tenu permettre la constitution fraudu leuse d une majorité catholique. Celle-ci, grâce au gouvernement, a pu assouvir sa haine contre 1 enseignement public en adoptant une école religieuse. M. de Burlet a posé là un acte de parti haute ment blâmable et ce n'est pas son ignorance feinte qui l'excusera d'avoir validé une élection entachée de dol et de fraude. M. Huysmans a eu raison de protester et tous ceux que l'esprit de parti n'aveugle pas joindront leurs protesta tions aux siennes. Nous reproduisons ci-après la séance de la Chambre des Représentants du 15 c\ On y verra avec quelle désinvolture nos ministres savent excuser la fraude quand elle leur profite, et que Gouverneur et Députation permanente ne comptent plus quand leur opinion ne sert pas la cause cléricale. C'est vraiment édifiant. m. reynaert. Il s'agit de ne pas être dupe. (Le bruit con tinue.) m. de burlet, ministre de l'intérieur. Vous n'avez pas le droit de vous exprimer ainsi l'égard de M. Jolly. m. de burlet, ministre de l'inlérieur. Il ne faut pas divi ser une déposition il faut l'examiner dans son ensemble. Nos lecteurs apprécieront. Un arrêté royal spécial porte Notre Neveu bien-aimé Son Altesse Royale le Prince Albert de Belgique, élève de la 41* promotion de l'école militaire (infanterie et ca valerie), est nommé sous-lieutenant d'infanterie. Il sera inscrit au contrôle du régiment des grenadiers. Ont été nommés sous lieutenants d'infanterie le3 élèves de la 41e promotion de l'école militaire 52® ANNÉE. LE PROGRÈS tires acquir1t eundo. ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00. Idem. Pour le restant du pays7-00. tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20. INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25 Insertions Judiciaires la ligne, un franc. Les annonces sont reçues Pour l'arrondissement d'Ypres aux bureaux du Progrès Pour le .mi de la Belgique et de l'Etranger I'Agence Rossel, 44, rue de la Madeleine, et 2, rue de l'Enseignement, Bruxelles. LE PROGRÈS sera envoyé gratuitement jusqu'au premier Janvier prochain, aux personnes qui s'abon neront, pour une année, dater de cette époque. au Café de la BSouese^ m. de burlet, ministre de l'intérieur Cette affaire, a dit M. Huysmans, a donné lieu une enquête énorme Avant de répondre son argumentation, je ferai une remarque bien simple l'honorable membre a eu des ac cents indignes propos de la pression exercée Haute- Croix et des pièces de cent sous Or, nos adversaires n'ont pas se targuer, en celte matière, d'être des puristes tous ceux qui les ont vus l'œuvre sur le terrain électoral doivent reconnaître que contre eux certaine pression'n'est autre chose que de la légitime défense. (Exclamations gauche) m. graux. C'est l'apologie de la fraude, cela (Bruit droite.) m. bara. La corruption est défendue par la loi i m. de burlet, ministre de l'intérieur et de l'instruction publique. N'exagérez pas la portée de mon argument... (Interruptions gauche.) Je ne veux pas faire Vapologie de la fraude... a cal'che. Mais vous l'avez fait m. paternoster. C'est ce qui condamne un régime. (Bruit.; m de burlet, ministre de l'intérieur. Quand on voit les conservateurs lutter pour le succès de leur parti, ils sont en étal de légitime défense en se servant des moyens que vous employez vous-mêmes. (Nouvelles interruptions.) Mais je ne dis pas que la pression et la fraude sont recom- mandables... (Exclamations.) m. houzeau de lehaie. Ni même légitimes. m. de burlet, ministre de l'intérieur. M. Huysmans a lu ici des dépositions dont il résulte que des électeurs ont été mandés chez des personnes influentes, parmi lesquelles M. le vicomle Jolly, auquel M. Huysmans a fait le procès, alors que ce bourgmestre a déposé en toute sincérité. m. graux. C'est la sincérité du coupable. m. de burlet, ministre de l'intérieur. Qu'est-ce que M. le vicomte Jolly a déclaré Qu'il avait fait venir chez lui quelques personnes avec lesquelles il était en rapport qu'il a fait appel leurs bons sentiments en faveur du parti conservateur et qu'il a employé leur égard les ar guments ordinaires. Puis, après la conversation, il donna aux plus pauvres d'entre eux une pièce de cent sous. (On rit gauche.) M. Huysmans pense-t-il que ces électeurs aient été ache tés par cette pièce de cent sous Il a reconnu lui-même que les électeurs de Haute-Croix n'étaient pas acheter ce prix, puisqu'il nous a parlé de sommes de 50 francs et de 75 francs offertes par un sacristain On voit donc que la déposition de M. le vicomle Jolly n'a pas la valeur qu'y donne M. Huysmans. (Protestations gauche.) Je ne dis pas que le procédé soit recommanda- ble... (Nouvelles exclamations.) m. houzeau de lehaie. Il ne manquerait plus que cela m. bercé. C'est même un procédé canaille. (Murmures droite.) m. bergè C'est le procédé que je qualifie acheter et corrompre les électeurs, qu'est-ce que c'est m. bergé. J'examine le procédé employé par M. Jolly et non M. Jolly lui-même. m. de burlet, ministre de l'intérieur. J'ai déjà dit tantôt que je ne fais pas l'apologie de ce procédé. m. bergé. Si vous le blâmez, nous sommes d'accord. m. de burlet. ministre de l'intérieur. Je blâme la cor ruption, mais M. Jolly a déclaré lui-même que sa pièce de cent sous constituait une charité. (Hilarité gauche M. Huysmans aurait dû démontrer que les dix voix de majorité auraient disparu si les faits établis ne s'étaient pas pioduits or, il n'a pas fait cette démonstration. L'arrêté royal a résumé, en somme, les faits de pres sion et d'abstention relevés par la députation permanente mais les indications de l'enquête étaient absolument insuf fisantes. La députation permanente s'est basée en outre, sur la commune renommée. Du reste, trois des quatre lé- moins qui se sont abstenus déclarent que leur abstention était décidée bien avant l'élection et parfaitement volon taire. Dès lors, on ne pouvait attribuer l'abstention la pression. L'appoint de leurs voix ne pouvait d'ailleurs faire triompher les libéraux. m huysmans. Et les trois autres qui ont reçu cent sous et ont voté m. de burlet, ministre de l'intérieur. Nul ne sait pour qui ils ont volé. (Interruptions gauche.) Vous l'ignorez également. Vous voulez ici encore exagérer la déposition de M. Jolly. Sans doute, il a eu tort de faire ce moment une charité qui pouvait paraître suspecte, mais ce u'étail qu'une charité. ("Nouvelles protestations.) La uépulation permanente allègue encore qu'on avait donné de l'argent pour faire annuler des bulletins l'en quête a prouvé l'inanité de ce grief, car il n'y a eu qu'un seul bulletin nul et il n'est pas conforme au mode d'an nulation qu'on prétend avoir été préconisé. Il ne restait donc rien pour annuler une élection, où, sur soixante-six électeurs, la majorité a été de dix voix. Au surplus, si les catholiques ont été actifs et vigilants, croyez-vous que les libéraux sont restés chez eux La lutte a été violente de part et d'autre quand on a perdu, il faut être beau joueur et savoir respecter le verdict du corps électoral. En réalité, on pouvait tirer un bel effet d'audience de la déposition de M le vicomle Jolly, qui, avec une loyauté de soldat, a dit nettement ce qu'il avait fait. m. bara. Il aurait dû avoir cette même loyauté vis-à-vis des électeurs appelés chez lui. m. de burlet, ministre de l'intérieur. On sait le parti qu'on a tiré de cette loyale déclaration on ne peut la di viser, il faut la prendre toute entière telle qu'elle est. Quant l'avis de M. legouverneur il est libre mais le gouvernement l'est également. Après une étude attentive de l'affaire, le gouvernement a cru devoir valider l'élection de Haute-Croix. Il estime avoir fait œuvre de justice et non de parti. Je pourrais rappeler bien des décisions de la députation permanente du Brabant où le gouvernement a rétabli le vrai caractère des élections. Dans l'arrondissement de Ni velles, notamment, la députation permanente trouvait moyen d'annuler les élections favorables aux catholiques et le gouvernement a fait œuvre de justice en annulant ces décisions comme il l'a fait pour celle de Haute-Croix.

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Le Progrès (1841-1914) | 1892 | | pagina 1