Chronique locale. AVIS. Ça n'y est pas. Armée. AVIS. Théâtre d'Ypres. A l'occasion du Nouvel An, le Progrès ne paraîtra pas, Dimanche prochain. Le grand Démosthène a parlé. Le parlement belge a eu le rare bonheur de pouvoir entendre le savant économiste, l'orateur distingué dont l'Europe entière admire le talent. Depuis l'ou verture de la session législative tout 1 arrondis sement était en éveil et attendait avec impa tience l'heureux moment de voir défendre ses intérêts par son cher Représentant. Mons Colaert a l'habitude de placer chaque session législative un discours magistral sur l'un ou l'autre point politique, sur l'un ou l'autre point d'économie sociale, qui intéresse l'univers en général, la Belgique et l'arrondissement d'Ypres en particulier. Cette fois Mons Colaert n'a pas vole jusqu'aux hautes cimes des montagnes, il n'a pas sus pendu son auditoire ses lèvres en traitant la question si palpitante des armements des peu ples ou des scandales du Panama, mais il l'a fait en parlant d'un intérêt local, qui intéresse au plus haut degré la généralité de ses commet tants. Mons Colaert s'est rappelé Bon jeune âge, le temps où il vivait entre le chou et la betterave. Il s'est ressouvenu, que ce sont les électeurs de la campagne, les cultivateurs, qui l'ont- bom bardé jusqu'à ce jour député. Naturellement donc, Mons Colaert a parlé d'agriculture. Mais au lieu de prendre le taureau par les cornes, au lieu de prononcer un discours, lui paysan flamand, qui eût pu servir de leçon d'économie rurale, au lieu de faire ressor tir les anomalies, les injustices, que l'on rencon tre et qui sont consacrées par notre droit civil, en démontrant clairement ce qu'il faut notre agriculture pour l'émanciper et la faire pros pérer, Mons Colaert a simplement paraphrasé quelques lieux communs de son calibre pour de mander, quoi Des droits protecteurs, c'est-à- dire un emplâtre sur une jambe de bois, tout en étant convaincu que, si bas que puisse tomber la valeur des produits agricoles, jamais le gou vernement actuel n'établira des droits sur les blés. Parler de la sorte, c'est donc tromper sciem ment ses commettants. C'est les prendre pour des nigauds. Dans l'occurrence Mons Colaert avait un beau rôle remplir, lui paysan, lui qui devrait se dire démocrate. Au lieu de cajoler les propriétaires et au lieu de faire miroiter aux yeux des occupeurs la terre promise dans laquelle ils ne pourront ja mais entrer au moyen de droits protecteurs, son devoir était de faire un exposé réel de la situa tion agricole, de celle qui devrait être la préoc cupation principale de nos hommes politiques, de ceux qui ont la prétention de s'occuper des intérêts de nos fermiers. Si nous voulons nous occuper d'agriculture jetons au préalable un regard autour de nous. Nous verrons immédiatement que les pays protection souffrent autant et pluBqueles pays de libre échange. Les cultivateurs français souffrent et se plaignent autant que les nôtres. La valeur des terres en France est inférieure la nôtre. D'où nous pouvons conclure que l'amélioration qu'attendent nos cultivateurs ne peut venir par des moyens factices. Il est évident et rationnel que le propriétaire désire de gros revenus, tout le contraire est le désir du fermier, qui demande de bas prix. Mais au-dessus de ces deux desiderata, il y a la réalité qui doit être la loi de tout le monde. Les bas prix de nos productions agricoles sont le résultat de leur abondance et nous devons y ajouter un autre élément notre système mo nétaire. Il n'est pas en notre pouvoir de modifier cette situation qui forme une loi naturelle, éco nomique, immuable. Nous devons nous y sou mettre. Nous devons prendre notre parti en brave et oser préconiser les remèdes aux maux agricoles là ou ils se trouvent. Nous n'avons point le droit d'imiter l'autruche quand le chas seur la poursuit. Aujourd'hui notre froment, comme dirait Mons Colaert, vaut peine 15 17 fr. les 100 kilogrammes. Que demain il descende 10, 12 fr. faut-il pour cela ruiner tous nos cultivateurs en exigeant un bail comme si le blé se vendait de 25 il 30 francs les 100 kilogrammes Le remède est donc, ailleurs, nullement dans les droits protecteurs. La question des rapports entre la propriété et l'occupation doit être paternellement et patrio- tiquement abordée, alors qu'il en est temps encore. On ne peut oublier que la culture des terres, l'exploitation des fermes est complètement transformée. Jadis on comptait dans les com munes un grand nombre de familles, proprié taires de leur exploitation agricole. Cette situa tion, très favorable l'ordre social, diminue d'année en année. De la règle les propriétaires- fermiers forment aujourd'hui la grande excep tion pour disparaître complètement avec le temps. La terre est devenue un placement de capital par excellenôe, seulement ce placement ne peut continuer qu'à une condition, c'est que le capitaliste sache limiter son dividende, qui est ici le bail, de même que l'industriel est obligé de limiter son revenu en rapport direct avec le produit de son industrie. Les mêmes principes sont applicables dans toutes les sphères de la production du capital. L'agriculture, en sa qualité d'industrie mère, mérite que cette base équitable lui soit la pre mière appliquée. La terre doit donner ce qu'elle peut produire: en temps de crise peu, en temps d'abondance beaucoup. Voilà la vérité, voilà ce qui doit être dit chacun. Le grand Démosthène, s'il ne veut patauger dans l'erreur et paraphraser des économistes de 4e catégorie, doit carrément aborder la question agricole au lieu de débiter des pasquinades, telles: que sur les impôts de consommation il est de l'avis de M. Woeste et qu'il aime mieux l'im- x pôt sur les coupons des valeurs mobilières de M. de Broqueville que la thèse de M. Nyssens, etc., etc.!! Mille discours de cette valeur de Mons Co laert ne feraient pas avancer la question agricole d'un pas. En cette matière, comme partout ailleurs, Mons Colaert, comme la grenouille de la fable, veut se faire aussi gros que le bœuf. Malheu reusement pour lui, après un enfantement dou loureux, il ne sait accoucher que d'une souris. Après cette comédie, c'est le cas de poser cette question Les cultivateurs-électeurs se laisse ront-ils encore longtemps ronger leur blé par les productions de la montagne Nous venons de recevoir la lettre ci-dessous que nous nous empressons de reproduire. Monsieur Vermeulen nous prie de compléter notre article par les paragraphes qu'il nous in dique, pourvu que nous allions les cher cher dans sa brochure. A tout autre, nous dirions cherchez vous-même et faites vous- même les ajoutes que voua croyez indispen sables. Mais M. Vermeulen est un ami et nous ferons pour lui ce que nous ne ferions peutrêtre pas pour un autre; nous le faisons d'autant plus volontiers que cela ne change rien ce que nous avons dit, quant au fond, mais il y a quel ques lignes de plus. On n'a qu'à comparer. Voir le Progrès du 25 Décembre. Voici la lettre Ypres, le 26 Décembre 1892. Dans votre article de Dimanche dernier vous dites propos de ma brochure d'après ce nouveau travail MM. Vermeulen et François, les eaux de Dicke- busch ne vaudront jamais les quatre fers d'un chien. Comme il importe que le public connaisse l'exacte vérité sur cette question de la qualité des eaux, je vous prie de vouloir bien insérer dans votre plus pro chain n° 1° Le passage du rapport de M. le chimiste Kemna' en date du 25 Février 1891relatif aux eaux de Dicke- busch, passage qui commence par ces mots Tous les échons sont troubles et finit par ceux- ci mais la poilulion est surtout d'origine végétale et qui est reproduit p. 12 de ma brochure. 2° Le 1er en entier de ma conclusion, p. 37, que vous citez, mais en omettant par inadvertance, sans doute - la dernière phrase qui qst essentielle. Agréez, Monsieur le Rédacteur, l'assurance de mes sentiments distingués. P. VERMEULEN-DECOENE. Et voici maintenant les passages réclamés Commençons par la page 12 Tous les échantillons sont troubles et une décanta- c tion prolongée ne parvient pas les clarifier ils ont une odeur et un goût marécageux très prononcés. Le n° 5 (robinets en ville) a nne odeur franchement pu- tride. Tous montrent au bout de peu de jours une pullulation d'organismes inférieurssurtout dans l'échantillon n° 5. Dans leur état actuel (1), toutes ces eaux sont non potables par suite de leurs caractères organoleptiques c et de leurs caractères chimiques elles contiennent un grand excès de matières organiques et d'ammonia- que albuminoïde. Les impuretés sont la fois d'origine animale comme le montrent les chiffres pour l'ammoniaque c albuminoïde, et d'origine végétale, comme le mon- trent ceux pour les matières organiques totales, mais la pollution est surtout d'origine végétale. Voici maintenant la page 37 La Commission des eaux est partie de ce principe, qu'il ne faut admettre les eaux dd Dickebusch que dans le cas où l'impossibilité d'utiliser des eaux de drainage serait absolument démontrée (2). Or, il est incontestable que cette démonstration n'est pas faite. «Et cependant elle s'impose plus que jamais, depuis que les analyses des eaux de Dickebusch faites par M. Kemna sont venues mettre en pleine lumière une situation vraiment intolérable Voilà qui est fait. Par arrêté royal du 25 Décembre dr, M. Vre- bos, lieutenant au 2« bataillon du 3® de ligne en garnison en cette ville, est nommé capitai ne en second de 2e classe. Par le même arrêté, M. de Calonne Beau- faict, capitaine en second de 2® classe, instruc teur l'Ecole d'Equitation, est nommé capitaine en second de 1® classe. M. le lieutenant de gendarmerie Bruyninckx, commandant la lieutenance de cette ville, est nommé capitaine en second de 2® classe. Monsieur le Bourgmestre de la ville d'Ypres recevra, le 1r Janvier, partir de 10 1/2 heures jusqu'à midi. Nous aurons, ce soir, la Salle du Théâtre, une magnifique représentation composée de Le voyage de M. Perriehon, comédie en 4 actes du Gymnase, par Labiche, et Les Deux Timides, comédie en un acte, par Labiche et Mar. Michel. Comme le succès de la troupe de M. Fonte- nelle va toujours croissant, nous engageons les amateurs se rendre temps cette représenta tion, s'ils veulent avoir une bonne place. Les bureaux s'ouvriront 7 heures. Lever du rideau 7 1/2 heures très précises. Monsieur le Rédacteur du Pkogbès, ooci^oc"' (1) Elles prennent cet état fréquemment et en toute sai son, mais moins longtemps qu'en 1890-91. (2) Voir le procès-verbal de la lr< séance.

HISTORISCHE KRANTEN

Le Progrès (1841-1914) | 1892 | | pagina 2