8 Janvier 1895 JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. Le vote obligatoire. Industrie nationale. Les propositions gouvernementales. l\° 5. Dimanche, 53e ANNÉE 6 FRANCS PAR AN. PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. VIRES ACQU1HIT fcUNDO. Ypres, le 7 Janvier 1893. S'il se confirme que la Chambre, la rentrée, délaissant ces braves budgets dont personne ne s'occupe plus, commence avec entrain l'analyse des propositions ministérielles, nous reverrons les grandes séances sensationnelles. De nouveau, M. De Lantsheere devra subir le siège de nos élégantes, ce qui ne lui sera pas trop désagréa ble, et les questeurs, MM. de Jonghe d'Ardoye et Visart, auront résister un siège non moins actif pour la conquête des places. Car la lutte commencera cerlainement de vant les tribunes combles, la curiosité long temps émoussée devant se raviver et se rallu mer au moment psychologique si longtemps at tendu. Celte suprême bataille parlementaire promet d'offrir beaucoup d'attrait, les élections de l'an dernier ayant envoyéà la Chambre des orateurs comme MM. Feron et Vanderkindere, Robert et De Mot, fluysmans et Bergé, etc., dont l'in tervention dans le débat marquera côté de celle de MM. Frère, Bara, Janson et Graux, gauche, de Mil. Beernaert et YVoeste, adroite. Ilfaudra plusieurs séances, quatre, huit, dou ze peut-être, pour examiner fond les propo sitions ministérielles, celles-ci touchant divers points de la plus haute importance. Quoi qu'il en soit, la discussion de la loi électorale qui impliquera le scrutin uninomi nal, la représentation des minorités, etc., le vole obligatoire, le vote la commune, le mode de votation, etc., etc., exigera un tout autre labeur. Plus de deux mois seront nécessaires pour l'achever. La Chambre, suivant toutes les prévisions, ne prendra pas ses vacances avant le 15 Août, après avoir épuisé un ordre du jour formidable qui marquera dans les annales au Parlement. Bah elle a si souvent cultivé la paresse que personne ne la plaindra d'être condamnée enfiD et pour quelques mois une rude tâche. A la bonne heure Puisque tant d'honorables citoyens, avec rai son, réclament le droit de suffrage, il est juste de les obliger, leur vœu accompli, se rendre au scrutin. Quelques-uns seront légèrement attrapés, car il est dans la nature de certains hommes de dédaigner ce qu'ils ont réclamé avec le plus de ferveur quand ils l'ont obtenu. Un confrère a rappelé ce propos ce qui s'est passé en Espa- gne. A la première consultation du corps électoral sous le régime nouveau du suffrage universel, on constata deux tiers d'abstention. Evidemment les Belges, cest heureux pour nos compatriotes, n'ont pas l'originalitépolitique des Espagnols. Mais enfin, il faut compter avec la paresse des électeurs, l'indifference des uns, le scepticis me des autres or, en présence des graves questions que la législature nouvelle aura trancher, cette mollesse ne sera plus déraison. Bon gré mal gré, sous peine d amende, les citoyens devront la secouer, la chasser et ac complir leur devoir électoral. C'est bien. Les paresseux seuls protesteront. Les exploitants d'ardoisières belges, syndi qués avec leurs clients du grand duché de Luxembourg, viennent d'assigner le gouver nement grand-ducal en remboursement des droits perçus par ce gouvernement en violation du traite de 1843. Us reclament trois cent mille francs de dommages-intérêts et ont pris pour avocat M. Schmit, membre de la Chambre luxembourgeoise. La convention de 1843 est la seule marque d'inlerôt que le gouvernement belge ail donnée jamais notre province du Luxembourg, dont l'exploitation des ardoisières est la seule indus trie uu peu importante. Eh bien depuis de longues années, cette convention de 1843 n'est même plus respectée par le gouvernement grand-ducal. Etnotregouvernementa eu l'insigne faiblesse délaisser laire il na pas eu un instant le courage dedefendre les intérêts de nos natio naux, en rappelant le Grand-Duché l'obser vance d une convention semi-séculaire. Mais il y a plus fort, infiniment plus fort que cela Dans ioccurrence presenie, il était du devoir du chef de noire cabinet, n'est-ce pas? d'appuyer, diplomatiquement, les revendica tions si justement portées par les exploitants belges devant Injustice luxembourgeoise. Eh bien au moment où leur assignation était lancee, M. Beernaert déposait un projet de loi ayant pour but de rapporter la conven tion de 1843 (11!). C'est-à-dire qu'il prenait parti pour l'étran ger contre les intérêts belges... Faites vos réflexions. Le paragraphe 2 de 1 article 49 (47 ancien) proposé par le gouvernement est conçu comme suit Depuis plus de dix ans, j'habite le rez-de- chaussée d'une maison dont les doux étages sont également loués. Donc, trois locataires, payant directement leur loyer au propriétaire, lequel, bien entendu, n'habite pas la maison. Qui sera le principal occupant A mon avis, personne. Je ne pourrai donc pas devenir clecleur. Cependant, je paye un loyer de six cents francs, supérieur au loyer d'un cabarelier illet tré, mais principal occupant d'une ignoble bicoque située non loin de chez moi, et qui de viendra électeur, lut 1 Voilà un des jolis côtés du mirifique projet Beernaert. La Commission est presque au complet. M Frère a ouvert le feu. 11 a lu une note déclarant que les propositions du gouvernement ont été pour lui une décep tion. 11 y retrouve le système de 1 habitation taux différentiel, qu'il a toujours combattu. La con cession apparente sur la base de la capacité est illusoire Fresque toutes les capacités de droit disparaissent et, d'autre part, le programme d'examen si élémentaire que fixe le projet lais serait pénétrer dans le corps électoral un grand nombre d ignorants. M. Frère a insisté sur les mérites de la loi de 1883, qui pourrait être étendue. Il déplore que le gouvernement seloigne de son programme primitif, qui ne créait que six cent mille élec teurs, et veuille former aujourd'hui un corps électoral où l'ignorance dominera. Dans ces conditions, déclare, en terminant, M. Frère, nous ne pouvons accorder notre con cours au gouvernement. Sur la proposition de M. Janson, on décide l'impression de la note de M. Frère. MM. De Smet de Nayer, Woeste et Deburlet s'étonnent du refus de concours de la gauche modérée. Ils essayent de démontrer que le taux différentiel n écrase pas les villes et que la pro portion des chiffres pour les villes et les cam pagnes serait identique celle donnée par la loi de 1883. On discute longuement ensuite pour savoir si le régime ressemble ou non au remme an- glais M. Coremans n'est pas surpris de I altitude de la gauche moderee. Il n'a jamais compte sur le concours de cette fraction du Parlement et il espère même que son altitude ralliera au projet ministériel les membres de l'extrême gauche. Quant lui, le grand nombre d'électeurs ne l'effraie pas. M. Janson a combattu le régime du taux dif férentiel. M. Frère-Orban a longuement insisté pour dire qu'il ne refuse pas de discuter, la condi tion que le gouvernement déclare ne pas faire de l'occupation et du taux différentiel la condi tion sine qua non de la solution et qu'on lui assure que si des propositions contraires sont formulées, on ne leur opposera pas une absolue fin de non-recevoir. M. Woeste assure que la droite est prêle tout discuter sans parti pris. M. Frère insiste auprès de M. Deburlet, Je seul ministre présent la réunion, pour obte nir une déclaration identique. LE PROGRÈS ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00. Idem. Pour le restant du pays7-00. tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20. INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25 Insertions Judiciaires la ligne, un franc. Les annonces sont reçues Pour l'arrondissement d'Ypres aux bureaux du Procrés Pour Je restant de la Belgique et de l'Etranger 1'Agence Rossel, 44, rue de la Madeleine, I et 2, rue de l'Enseignement, Bruxelles. 2° Ceux qui habitent, depuis un au au moins, en qualité de principal occupant, une maison ou partie de maison... La Commission de la Chambre. I

HISTORISCHE KRANTEN

Le Progrès (1841-1914) | 1893 | | pagina 1