Chronique locale. JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. Bulletin politique. Contre l'habitation. Ce bon Fontanarose. l\° 5, Dimanche, 55e ANNÉE. PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. VIBES ACQUIR1T EUNWO. La crise que la France vient de traverser par suite de la désastreuse affaire du Panama semble entrer dans une nouvelle phase. S'il faut en croire les bruits qui circulent au Palais, M. de Franqueville serait sur le point do rendre une ordonnance de non lieu en faveur des Sénateurs et des Députés impliqués dans la demande en autorisation de poursuites MM. Rouvier, Jules Roche, Emmanuel Arène, Dugué de la Faucon nerie, Devès, Léon Renaut, Albert Grévy et Péral. Seuls, les administrateurs Sans-Leroy et Baïhaut sont reconnus jusqu'à présent passibles de la cour d'assises. En Allemagne, la grève de la Sarre prend un peu meilleure tournure. Hier 11,171 mineurs sont descendus au trait du matin. Le calme rè gne dans la région. L'explosion de dynamite ae Gelsenkirchen a eu lieu devant l'hôtel Bau- meister, non loin de la gare il n'y a eu aucun blessé mais toute la façade de l'hôtel est lézar dée et les vitres ont été réduites en miettes. Il paraît, d'après un télégramme reçu Lon dres d un correspondant du Times n Tanger, que le gouvernement britannique a donné 48 heures au Sultan pour accorder une indemnité en réparation du meurtre commis sur la per sonne d'un résident anglais. On annonce sous toutes réserves qu'un soulè vement dirigé contre le prince Nicolas aurait éclaté au Monténégro. Les rebelles auraient leur tête un chef de tribu dont le prince aurait méconnu les privilèges. Ypres, le 14 Janvier 1893. Les lenteurs de la procédure révisionniste ont diminué beaucoup l'intérêt, la passion, peut-on même dire, qui s'attachait au début la réforme électorale. 11 y a un an peine, les propositions ministérielles auraient soulevé des protestations violentes dans une campagne gé nérale de meetings et de reunions publiques. La rue se serait montrée et nous eussions été menacés sérieusement d'une grève dans tous nos bassins houillers. Aujourd hui, on doit le reconnaître, l'agitation est surtout la surface et les assemblées populaires ne parviennent pas secouer l'indifférence du public, lassé, fatigué par les retards, toujours renouvelés, de la revi sion. Cependant, il ne faudrait pas trop s'y fier. Que demain M. Beernaert, sous un prétexte quelconque, escamote la solution attendue par le pays, qu'il ajourne de nouveau la question résoudre, et l'on peut être assuré que l'indiffé rence cessera aussitôt. Il serait imprudent de pousser le pays bout, car il sortirait alors de son calme et l'on se demande ce qu'il advien drait. Aussi, les gens d'ordre, qui redoutent une crise grave, apportant une perturbation dans les affaires, sont ils unanimement d'avis qu'une solution s'impose en dehors de la dissolution. C'est aux XXI la trouver dans le plus bref dé lai possible. A la première séance révisionniste qui a suivi le dépôt des propositions ministérielles désor mais légendaires, M. Frère-Orban a annoncé, après avoir donné lecture d une note dévelop pée, qu il ne pouvait accorder son concours au gouvernement. Celte noie, il nous est impossi ble de la reproduire, vu sa longueur. Elle com porte contre l'habitation un écrasant réquisi toire, impossible réfuter. Après avoir argumenté contre le système cher M. De Smet, M. Frere déclaré que si l'adhésion au principe de l'habitation cens différentiel est la condition sine quanon du projet de revision, elle rend par cela même toute discussion inutile et toute conciliation im possible. L'honorable ministre d'Etat ne veut pas du suffrage universel des ruraux au détriment de la bourgeoisie. Et il prouve, ce que nous n'a- p9iwtc paysan, bi(>r ignorai t, propriétaire d'une petite parcelle de i,., rU do 5,000 francs, qui ne sera cree électeur Nous"sommes animés envers nos amis de la campagne du plus vif esprit de fraternité, mais ils ne trouveront pas mauvais que nous tenons défendre nos droits et que nous désirons être mis, électoralement parlant, sur le même pied qu'eux. Toute différence au profit des campa gnes serait choquante et anti-nationale, puis qu'elle diviserait la nation et créerait au profit de l'élément rural un privilège au moment où l'esprit public parle de les supprimer tous. L'opposition de M. Frère au taux différentiel de l'habitation est dans l'esprit même du libéra lisme et ne saurait être trop approuvée. Pas un libéral digne de ce nom ne voudrait se rallier au système Beernaert, que l'on doit continuer dénoncer comme une simple filouterie politi que. En attendant de prendre sa retraite, M. Beer naert s'est décide se rendre la Commission des XXI de la Chambre. Et là, défendant ses propositions, ce bon Fan- tanarose a débuté par une déclaration char mante, exquise, qui mérite d'être savourée par les lecteurs du Progrès. Mes projets ont été inspirés, a-t-il dit, par le désir de satisfaire les trois partis. Toutes nos félicitations. 11 y a pleinement réussi. Les trois partis s'unissent aujourd'hui, non pour accepter ses propositions, mais pour les répudier et les combattre. Après un tel succès, M. Beernaert n'a plus... qu'à entrer la Cour des Comptes. Nous avons vu, dans un précédent article, quels moyens ont recours les instituteurs des écoles privée.? pour faire quelque peu figure dans les concours scolaires c'est Monsieur Colaert lui-même, qui ne nous l'apprend pas, nous le savions, mais l'a déclaré la Chambre, avec une naïveté dont les instituteurs communaux doivent lui savoir gré. Dans les écoles privées, quelques élèves, les meilleurs, sont stylés exclusivement en vue du concours, les autres sont le menu fretin dont on ne s'occu pe guère et dont l'instituteur pourrait, comme ce curé légendaire parlant de ses ouailles, dire bêtes, je les ai reçus, bêtes, je les ai laissés. Après cela, ou pourrait croire que M. Colaert aurait eu le bon esprit de ne pas en dire davan tage. Mais s'arrêter temps n'est pas son fait, il faut qu'il allonge son discours, sans cela, il craindrait que cela ne fît pas d'effet. Or, c'est pour l'effet qu'on parle et qu'on se fait ensuite imprimer en long et en nr>"9 arl^i que possfbTér Et ls résultat Le résultat, c'eh' que cc4a huit par ne plus rien sigigdiei du t&uV et que le discours, si péniblement echafaudé, si pompeusement étalé, tourne contre son aufceart En effet, qu'avait-il besoin de dire que l'en seignement adopté est admirablement organisé en notre province Si cet enseignement est si admirablement organisé, comment expliquer le système de trucage dévoilé par M. Colaert Ou bien est-ce le trucage qui est si admirable ment organisé Allons, avouez-le encore une fois, M. Colaert, c'est ceci, n'est-ce pas, qui fait votre admiration? Quant l'enseignement, ne vaudrait-il pas mieux n'en plus parler, après ce que vous en avez dit. Cependant, prenons-le tel qu'il est comment existe-t-il Par la destruction des écoles pu rement communales. Et quand le Représentant de Poperinghe et autres lieux fait sonner bien haut que sur les 250 communes de notre province, il y a 197 éco les purement communales, pourquoi ne dit-il pas combien de ces 197 écoles sont vraiment et effec tivement communales Cela, il ne le dira pas, parce qu'il ferait trop clairement voir que le chiffre est trompeur et que communal n'est ici que l'enseigne que les trois quarts de ces 197 n'ont de communal <jue le nom et qu'en toute vérité, c'est le cierge qui y domine et tient l'in stituteur sous sa férule. Sauf dans quelques rares communes privilé giées, et qui, par leur position exceptionnelle, confirment la règle, l'école communale partout est battue en brèche, et si l'heure de son trépas n'a pas encore sonné, c'est que l'instituteur, par instinct de conservation, se soumet humblement au curé, ne bouge plus, ne dit mot et va même, pai'fois, hélas jusqu'à afficher une dévotion qui n'est que le tribut payé aux momeries offi cielles, exigées en notre temps d'intolérance et de dégradation morale. Y a-t-il une commune où l'instituteur officiel ose seulement former un capacitaire Sous la loi de 1879, les instituteurs commu naux, indistinctement, ouvraient des cours aux jeunes gens aspirants-capacitaires. Les institu teurs privés en taisaient de même. Aujourd'hui la fabrication des capacitaires est devenu le mo- LE PROGRES ABONNEMENT PAR AN Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00. Idem. Pour le restant du pays7-00. tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20. INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25 Insertions Judiciaires la ligne, un franc. Les annonces sont reçues Pour l'arrondissement d'Ypres aux bureaux du Procrês Pour le restant de la Belgique et de l'Etranger 1'Agence Rossel, 44, rue de la Madeleine, éT 2,-rue de l'Enseignement, Bruxelles. r,quiiifest-sr

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Le Progrès (1841-1914) | 1893 | | pagina 1