Les procès électoraux. La solution. En Belgique et en France. Le pauvre homme Les élections en Espagne. A Middelkerke. Incendie de trois villas. Ypres, le 15 Mars 1893. Au moment où le Gouvernement et sa majo rité rêvent d'imposer au pays un régime élec toral hybride, mélangé de cens et de capacité, impliquant des justifications laborieuses et de méticuleuses vérifications, il convient d'insister encore une fois sur les inconvénients, les vexa tions et les abus que recèle pareille législation. Les procès électoraux sont un fléau qui ne sévit qu'en Belgique. Nulle part ailleurs, on ne voit le pretoire de la justice envahi par des mil liers de réclamations relatives lelectorat. Nulle part ailleurs on n'a vu grandir et se dé velopper ce monstrueux champignon qui s'ap pelle la procédure électorale. Elle est faite de délais observer, de formes suivre, de nullités éviter, de forclusions conjurer, de pièces produire, d'enquêtes et d'expertises faire aboutir. Toutes les subtilités de la chicane, tous les raffinements de la mau vaise foi s'y donnent rendez-vous. Notre droit électoral est devenu une véritable science, que nul ne peut se vanter de posséder complètement, tant les détails en sont innombrables, tant les ramifications en sont compliquées, tous les principes en sont diversement appliqués. Il y a eu l an passé, dans le seul ressort de la cour d'appel de Bruxelles. 12000 procès électo raux. Il y en aura 20000 avec le système de Ihabilalion.grâceàrelargissemcntconsiderable du corps électoral, la plus grande facilité des combinaisons frauduleuses. Kl ce sera recommencer tous les ans, car les plaideurs électoraux ne se lassent jamais. Com me l'inscription sur les listes n'a lieu que pour une annee, on voit se reproduire, chaque re vision, les mêmes procès. Des cercles politiques ont demandé avec acharnement, grand ren fort de documents spécieux et d articulations plausibles, la radiation délecteurs dont le droit avait été déjà cinq ou six fois reconnu par la justice. Ils escomptaient, soit la lassitude des intéressés, soit les variations de la jurispruden ce, soit l'oubli de quelque formalité irritante. Ce que 12000 procès électoraux représentent d'ennuis, de tracas, de démarches, de recher ches, d'écritures et de frais, ceux-là seuls qui, pour leurs péchés, ont été condamnés triturer cette pâte nauséabonde, peuvent en faire une idee. Mais cette processive efllorescence offre un autre et plus grave inconvénient. Pendant deux mois tous les ans, elle suspend le cours de la Justice et empêche les plaideurs sérieux d'ob tenir la reconnaissance de leurs droits. Pendant deux mois elle distrait notre haute magistrature de ses occupations normales pour la vouer l'épluchage de billets de contributions, de dé clarations successorales, de certificats de toute nature, besognes ineptes et veules. Les procès importants, les contestations dont dépendent (honneur et la fortune des citoyens, attendent leur tour de plaidoirie et demeurent suspendus et entravés, tandis que s'élabore cette fastidieuse revision de la paperasserieélectorale. Les débiteurs de mauvaise foi sont seuls bénir cette belle législation. Grâce elle, ils envoient promener leurs malheureux créanciers. Tâchez de tenir bon jusqu'à la période élec torale, tel est leur langage l'adresse de leur avocat, et si l'avocat a la faiblesse de s'y prêter, le fripon nargue I honnèle homme. Est-il possible que pareil régime puisse per durer, et que cette situation, où le ridicule le dispuleà lodieux, continue d'être la loi du pays? A juste litre tout le monde se demande ce qu il adviendra du débat révisionniste. On écrit de Bruxelles, ce propos, au Journal de Huns, les lignes suivantes El la solution Tant que les propositions transactionnelles finales n'auront pas ete dépo sées, nul n'oserait prophétiser ce qu iI advien dra. Il y a, au sein de la représentation nationale, 115 députés environ hostiles au suffrage universel et 30 35 qui lui sont favo rables. Logiquement, l'alliance devrait donc se faire entre les adversaires du régime du nom bre M. Vanderkindere l'a proposée, M. Graux l'a demandée et M. Woeste l'a reconnue. Mais cela ne suffit pas. Il faut autre chose 3ne des souhaits et des désirs, entrer dans le omaine de la réalité. M. YVoesle a indiqué plusieurs bases d'entente. Nous tenons de bonne source que la gauche modérée les exa minera et prendra une résolution dans le cou rant de Icusemaine prochaine. I! est temps de se hâter Il ne reste plus avant les vacances de Pâ ques que trois semaines, temps peine néces saire pour terminer la discussion, la Chambre n'ayant pas l'habitude de siéger le Vendredi- Saint, ni le Samedi, veille de Pâques. Comme elle a résolu de tenir des séances le Samedi, elle peut encore en consacrer douze ce grand débat. On voit qu'elle na plus perdre une minute, en quête de la transaction souhaitée par tous. On a lu le compte-rendu d'un grave incident ?ui s'est produit Samedi dans le procès du anama. Mme Cottu, femme d'un des administrateurs arrêtés, a mis en cause M. Soinoury, chef de la Sûreté, qu'elle a accuse de lui avoir offert la mise en liberté de son mari, si elle pouvait procurer au gouvernement une pièce établis sant la complicité d un membre quelconque de la droite dans le scandale du Panama. A peine cette déposition est-elle connue du garde des sceaux, M. Bourgeois, qu'il donne sa démission, jugeant qu il était de la dignité du gouvernement que l'ombre d'un soupçon ne pût atteindre I honneur d'un de ses membres. Voilà ce qui se passe en France. En Belgique, M. Beernaert est convaincu, en pleine cour d assises, d'avoir entretenu des relations avec un agent provocateur de la pire espèce, et ce ministre reste la tête du cabi net. Si nous avions eu le suffrage universel, notre premier n'eût pas eu cette audace. [Opinion). Voici quelques détails au sujet des dons reçus par le Pape, propos de son jubilé Les pèlerins italiens n'ont pas apporté moins d'un million. La collecte pour la messe jubilaire a rapporté 800,000 francs l'œuvre de Saint-Vin cent-de-Paul a donné 130,000 fr. les dames du Sacré-Cœur ont offert 50,000 et un autre groupe de dames a versé 40,000 l'Amérique du Nord a envoyé environ un million -, de l'Amérique du Sud le seul évêque de Montevideo a versé 37,000 fr., mais d'autres villes ont fait des offrandes analogues. Ainsi l'Uruguay a donné une somme considérable dont on ignore encore le chiffre. Le duc de Norfolk, Lundi dernier, a consigné au Pape, de main propre,un chèque de 40,000 livres sterling (un million accompagné d'un billet portant les mots suivants Au Saint-Père, of frande d'un Anglais dévoué. Les Anglais ont donné 75,000 livres sterling par l'intermédiaire du dit duc de Norfolk, et les Irlandais, 35,000. En outre, l'empereur d'Autriche, comme offrande personnelle, a fait remettre au Pape, par les mains de l'ambassadeur Revertera, la somme de 100,000 Ir. l'aristocratie autrichienne n'a pas envoyé moins de 100,000 fr. On voit donc que les prévisions de ceux qui, il y a quelques mois, assuraient que les offrandes qui seraient faites au Saint-Père l'occasion de sonjubilé atteindraient un chiffre ridicule, étaient absolument erronées. La foi catholique ne s'est pas attiédie l'Eglise ne craint pas les attaques du siècle l'Eglise est inébranlable, éternelle, vu qu'elle repose sur une base éternelle la bêtise humaine Le résultat général des élections en Espagne ne changera rien ni la forme du gouverne ment, ni la composition du ministère, quoi qu'en disent et en pensent les républicains de Madrid, qui, comme vous le savez, ont obtenu une assez forte majorité. Ce triomphe des républicains dans la capitale n'a ému personne, malgré les illuminations, les fêtes et les banquets que se sont payés ces mes sieurs et la presse espagnole ne considère même pas ce mouvement comme sérieux. La tranquillité et l'ordre n'ont été troublés nulle part, et c'est peine si, en province, on a entendu parler de quelques cas isolés de coups de navajaou de prise de boc. Le calme est complet dans toute l'Espagne. Société pour la propagation de renseignement par l'aspect. Y PRES. LUNDI, 20 MARS 1893 conférence avec pro jections photographiques-lumineuses, en la salle de spectacle [place Vandenpeereboom] huit heures précises du soir. sujet de la conférence t SOUVENIRS ANTIQUES par M. J. Justice. pour le comité P. S. Toute personne étrangère la Société paye un droit d'entrée de 1 fr. Par arrêté royal du 6 Mars 1893, la croix de 1™ classe est décernée M. Dalmote, docteur en médecine et membre du Comité de salubrité pu blique d'Ypres, en récompense des services qu'il a rendus l'occasion de maladies épidémiques. Dimanche, vers 4 heures de l'après-midi, la place communale de Zillebeke, quatre jeunes gens qui s'étaient attardés et étaient éméchés sortirent d'un cabaret, lorsque un autre buveur survint, armé d'un couteau effilé et les attaqua en frappant gauche et droite. L'un des jeu nes gens reçut une profonde blessure et se sauva comme un fou. Une demi-lieue plus loin, il s'af faissa le long d'un bois perdant son sang en abondance. Un autre de la bande reçut égale ment un coup qui l'empêchera de travailler pendant quelque temps. Le troisième fut légère ment atteint. Mais le quatrième fut plus mal arrangé, il reçut un coup de couteau sous le bras, un deuxième dans le flanc gauche qui pa raît dangereux et un troisième dans le bas ven tre par où les intestins sortirent aussitôt. Il tomba et fut rapporté dans le cabarêt où un mé decin fut appelé pour le soigner. Le coupable, pour ne pas dire l'assassin, lut arrêté plus tard par le garde-champêtre et ame né Ypres par la gendarmerie. Un incendie a éclaté Dimanche soir, vers 6 heures et demie, dans une des villas de la digue habitée pour le moment par un Allemand, M. Schurmann. Quand celui-ci s'est aperçu de la présence du feu, l'escalier brûlait déjà, et M. Schurmann a dû se sauver par la fenêtre. Pour donner l'alar me, il a tiré plusieurs coups de revolver, qui ont Le Secrétaire, Eugène VEULEMANS. Décoration civique Coups de couteau.

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Le Progrès (1841-1914) | 1893 | | pagina 2