Chronique locale.
9 Avril 1895.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Chemin de fer.
l\° 29. Dimanche,
53e ANNÉE.
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
VIRES ACyUIRIT EDAIlO.
YPRES-FURNES.
FURNES-YPRES.
Nos lecteurs ne s'attendent pas ce que nous
répondions longuement aux deux articles qui
ont paru dans le dernier numéro du Journalau
sujet de la fête de Lundi passé.
Ce serait faire trop d'honneur aux polissons
qui les ont écrits.
Il y a d'ailleurs mieux faire.
L'histoire nous apprend que les anciens Spar
tiates, pour inspirer leurs enfants le dégoût et
l'horreur de l'ivresse, leur offraient en spectacle
des esclaves ivres.
L'exemple est encore bon et nous allons le
suivre.
Nous allons donc offrir nos lecteurs la re
production textuelle des poissardes insanités
vomies par les rédacteurs du pieux journal. Pour
ceux qui dédaignent de lire la feuille éhoutée,
même en la maniant avec des pincettes, ils pour
ront, une fois de plus, justifier leur invincible
répugnance.
Ceci dit, voici les articles en question
Adonc, Lundi dernier, leur jour de gloire
était arrivé et contre nous le drapeau bleu tout
flambant neuf était levé (air de la Marseillaise).
On se serait cru un jour de grande bataille
électorale, avec cette différence toutefois que
les voitures d'ambulance surmontées du drapeau
bleu n'étaient pas de service. (Il n'eût plus man
qué que cela vraiment que pour une simple ma
nifestation on eût réquisitionné les mourants et
les infirmes). (1) A part ceux-là, bien peu man
quaient i'appel.
Au reste, défaut des mourants on a essayé
de mettre contribution les morts pour un
peu on serait aile les déterrer au cimetière on
s'est borné prier ceux qui avaient leur statue
de s'associer un instant la grande démonstra
tion.
Et tout cela l'occasion du remplacement
d'une loque par un drapeau présentable
C'était vraiment lui faire trop d'honneur, ce
dernier.
Non pas que nous cherchions amoindrir ses
mérites. Nullement.
Nous reconnaissons sans détours qu'il était
non seulement présentable, mais qu'il était mê
me très-convenable pour son prix.
C'est même probablement là ce qui a décidé
M. Bossaert et quelques autres libéraux conve
nables se mêler, pour la première fois, aux
peu intéressants litils de Mm® Beaucourt
pardon, de Beaucourt, (2)
Mais enfin, si convenable qu'il fût, c'était
toujours un drapeau aux couleurs politiques, le
même que nous voyons, tout moment, sur le
sol de la Belgique monarchique, s'associer au
drapeau rouge des révolutionnaires et des enne
mis de ta patrie.
Et le grand honneur qu'on faisait ce dra
peau contrastait singulièrement et jurait avec la
parfaite indifférence et le mépris manifeste que
montrent, tous moments, la généralité des
libéraux pour les Te Deum et autres cérémonies
patriotiques célébrées sous les plis du drapeau
national. (3)
Ce mépris de l'emblème patriotique s'est ré
vélé encore, d'une façon très-significative,
Lundi dernier.
Alors qu'on avait tout fait, tout épuisé ar
gent, (4) instances, propagande inouïe jusque
dans les écoles pour donner la manifesta
tion le plus d'éclat possible, ou n'a pas même
daigné arborer. C'est peine s'il y a eu quatre
drapeaux deux rue au Beurre, un Grand'Place
et un rue des Chiens, au local de la musique (5)
Quoiqu'il eu soit, si l'on s'est rudement fiché
du drapeau national, on a été tous égards pour
le drapeau bleu. 11 est vrai qu'il avait été offert
par les dames. Dès lors, la galanterie s'en mê
lant, tout s'explique; jusqu'aux roses même
dont M11® ltoose a été bombardée en même temps
que MmeBeaucourt... pardon, de Beaucourt, ou
suivant Robertus, qui a eu soin de nous appren
dre cela, Dimanche, dans le Progrèsen vue de
la circonstance du lendemain, von Bôkart (Bô
pour Beau et Kart pour Court), les dits de Beau-
court on vou Bôkart étant seigneurs de Créhin-
gen et Pittingen (1300-1440). Presque des descen
dants des croisés, quoi
En tout cas, Mmes Rossa (6) et von Bôkart....
pardon, de Beaucourt, étaient toutes deux égale
ment rayonnantes. Et quand elles apparurent
au balcon, ou plutôt aux fenêtres de leur hôtel,
on n'eut pas de peine se convaincre que ce
drapeau était le plus beau jour do leur vie
Elles avaient rajeuni d'au moins 50 ans.
On sentait même que ces courts instants de
gloire les dédommageaient amplement de tous
les déboires qu'elles avaient essuyés au cours de
leurs interminables pérégrinations, diurnes et
nocturnes, la recherche de fonds.
Enfin, tout est bien qui finit bien. Même nous
sommes sûrs que si ces dames s'étaient aussi bien
chargées des tenues, elles auraient réussi égale
ment produire quelque chose de bien.
Mais il y a des limites tout, au dévouement
comme la générosité. C'est ce que la nouvelle
tenue des musiciens nous apprend par sa par
faite insignifiance.
On dirait un moyen terme, mal conçu, entre
l'uniforme du bataillon d'administration et ce
lui de l'orphelinat. (7) C'était bien la peine de
faire tant des embarras pour finir par exhiber
quelque chose d'aussi commun
C'est égal, pour être vulgaire et sans cachet,
la nouvelle tenue n'en est pas moins parfaite
ment appropriée. C'est son principal mérite. ^8)
IL Le libéralisme n'a pas de patrie.
Beaucoup de gens ont été, paraît-il, trés-éton-
nés de voir M. Bossaert se fourvoyer dans cette
galère.
M. Bossaert, disait-on, est un homme qui se
respecte, s'il est libéral, c'est avec modération,
et jamais on ne le verra aller bras-dessus bras-
dessous avec les radicaux et les socialistes au
surplus, M. Bossaert, depuis un an ou deux, ne
cache plus personne son parfait dégoût pour
la politique laquelle il a renoncé définitive
ment et patati et patata....
Ce qu'il y a tout de même de braves gens en
ce bas monde nous voulons dire de gens naïfs.
Car enfin, en faut-il de naïveté pour prendre
pour de l'argent comptant les belles déclarations
d'un libéral, même sérieux
En faut-il de la naïveté pour croire la mo
dération d'un libéral soi-disant modéré En
faut-il surtout pour croire que M. Bossaert soit
soumis d'autres lois que celles qui régissent
tous les libéraux l'intérêt, l'ambition ou la
haine auticléricale. (9)
LE PROGRÈS
ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00
Idem. Pour le restant du pays. 7-00.
tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20.
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Les annonces soni reçues Pour l'arrondissement d'Ypres aux bureaux du Progrès Pour
le k* ~:nl de ia Belgique et de l'Etranger I'Acence Rossf.i 44, rue de la Madeleine,
et 2, rue de l'Enseignement, Bruxelles.
Heures de départ partir du 1' Octobre
d'YpREs pour
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2-43 3-43 6-25 8-38 9-41.
Poperinghe-Hazebrouck, 6-55 8-52 11-50 3-43
6-25.
Houthem, 5-13 8-00 10-59 5-03 7-35.
Gommes,5-13 7-44 8-00 -9-41— 9-46 10-59
2-29 2-35 5-03 7-35 8-40.
Comines-Armeutières, 5-13 7-44 10-59 2-35
5-03 8-40.
Roulers, 5-58 7-46 -10-23— 12-03 2-44 3-53
6-23.
Langemarck-Ostende, 6-569-45 11-57 3-39
6-03.
Courtrai, 5-13 8-00 9-41 10-59 2-29 5-30
-7-35.
l'ourlrai-Bruxelles, 5-13 9-41 10-59 2-295-03.
('.ourtrai-Gand, 5-13 8-00 10-59 2-29 5-03
5-37.
4-43 7-23 9-49 12-43 3-43 6-28.
4.47 7_27 9-53 1-03 3-47 6-19.
I. L'Harmonie franco-républicaine.
Contrt nous, ah certes on l'eut dit, voir
leur mépris provocateur et leurs rangs com
pacts.
(1) Comme les cléricaux aux dernières élections
(2) Oui, de M"" de Beaucourt-Struye, nom plus réel,
plus vrai que celui d'Eeckhoulte ou de Volsberghe par
exemple, noms nouveaux, hybrides et lout d'emprunt
ceux-là.
(3) Quel pavé pour N.N. S.S. les évêques boudant le
glorieux anniversaire de 1880
(4) On sait que la caisse des acheteurs de votes et des
trafiquants de consciences n'est jamais épuisée.
(5) Mais, sots écrivailleurs, aussi étourdis que mé
chants, c'eut été associer les couleurs nationales un dra
peau que vous taxez de compromis. Qu'eussiez-vous dit
alors
(6) On a de l'esprit chez les XXI. Et demain le Journal,
pris une fois de plus en flagrant délit de lâche outrage
des femmes, niera pour la 21e fois s'être dégradé ce
point.
(7) Pourquoi pas entre celui de Sénateur et celui de
Bourgmestre
(8) Elle en a encore un autre, mal déguisé sous le rire
jaune qui affecte de le dissimuler. C'est celui d'avoir été
offerte par le public et de n'être point, par suite, la livrée
de Monsieur un tel.
(9) Hélas hélas où est l'époque lointaine où M. Sur
mont de Volsberghe, alors Surmonl tout court, disait
tout venant qu'il ne serait jamais rien