Chronique locale. Théâtre d'Ypres. u n Arts, Sciences, Lettres. Peu après, une troisième bagarre a lieu place de Louvain. La police et quelques pompiers re foulent avec rage les manifestants, qui s'en vont furieux en criant qu'ils vont acheter des cannes. Tout cela se passe rapidement, et jusqu'à cinq heures, la foule reste calme. A ce moment, les grenadiers de service l'in térieur de la Chambre passent pour retourner la caserne. On les acclame vigoureusement en agitant des chapeaux et des mouchoirs. Il est cinq heures. Et pendant toute cette effervescence, MM. les députés sortent tranquillement par la rue de la Loi, filant prudemment d'un tout autre côté. Seul, M. Buis revient parleTreurenberg.il passe peu près inaperçu dans la foule La foule stationne jusqu'à cinq heures et de mie sans autre incident. Puis, après un entretien entre les commissaires de police Dielman et De Smeth, les pompiers et la police se replient par groupes, insensiblement. La circulation aussitôt se rétablit. Un quart d'heure après, le quartier a repris son calme. M. le procureur du roi Willemaers et M. le substitut Nagels sont restés place de Louvain jusqu'à ce que l'effervescence lût calmée, se pro menant dans les groupes, écoutant et méditant. Vers cinq heures, on a vu le baron Lamber- mont, ministre d'Etat, interviewer longuement un agent de police. Des mesures d'ordre spéciales ont été prises pour la soirée. M. Buis, rentré l'hôtel-de-ville, a convoqué d'urgence les corps spéciaux. On s'attend des manifestations pour aujour d'hui. On annonce l'arrivée des socialistes gan tois. Aujourd'hui, la Chambre continuera voter. On sait, dès présent, qu'il y a entente entre le gouvernement, M. Feron, représentant l'ex trême gauche, et M. Nyssens, chef de la jeune droite. La gauche modérée s'est réunie l'issue de la séance d'hier. La réunion n'a duré que quelques minutes les députés qui y avaient assisté étaient muets comme des carpes ils vous répondaient mysté rieusement Nous avons pris l'engagement de nous taire Parbleu ils connaissaient l'entente entre le gouvernement et les groupes avancés, et tous leurs conciliabules in «tfrewîwpeuventse résumer par cemot peu parlementaire, mais juste: Nous sommes flambés En quittant les abords de la Chambre, les ma nifestants se sont formés en cortège et se sont rendus la Maison du Peuple, où a eu lieu un meeting. Un orateur a conseillé la grève générale pour Jeudi matin, après que le Parlement aura rejeté le projet Nothomb. On aura ainsi un double mo tif, et la lutte pourra mieux s'organiser. Mais l'assemblée, très nombreuse, a réclamé la grève immédiate. Un manifestant, ayant pris la parole dans ce sens, a été longuement acclamé et la salle s'est vidée aux cris de Vive la grève générale Vive le suffrage universel Vive la révolution Le conseil général du Parti ouvrier, réuni hier soir la Maison du Peuplea décrété pour au jourd'hui, Mercredi, la grève générale. Cette décision a été communiquée aux ouvriers présents, lesquels ont aussitôt formé un cortège qui a circulé en ville. Les manifestants, au nombre de 2,500 environ, criaient Vive la grève Vive le suffrage universel Cette bande s'est fractionnée en plusieurs co lonnes qui ont parcouru tous les points de la ville et des faubourgs. Devant l'église du Finistère, rue Neuve, un groupe nombreux a fortement houspillé un co cher qui avait lancé des coups de fouet dans la foule. Heureusement pour l'automédon, la police est intervenue promptement et l'a retiré des mains des manifestants. Le groupe continue vers la gare du Nord, re vient par les boulevards du centre et la rue du Marché-aux-Poulets. Rue au Beurre, une pierre est lancée dans la vitrine d'un magasin de mercerie. Grand'Place, la police est huée. Les manifestants rentrent en suite la Maison du Peuple. A la Permanence siègent le parquet et les com mandants des chasseurs et des volontaires, dont les corps sont convoqués. On ne signale aucun désordre en ville ni dans la zone neutre. Chemin de fer vicinal d'Ypres la frontière française. Cette question, si importante pour la ville d'Ypres, et qui depuis longtemps aurait dû avoir une solution selon les vœux, si souvent expri més par le Cercle Commercial, traîne, et cela cause de certaines influences occultes, qui tendent sacrifier l'intérêt général l'intérêt privé. L'intérêt général dans la construction de cette nouvelle voie de communication demande que la ligne desserve le plus de communes belges et eût pour têtes de ligne Ypres et Armentières. L'intérêt privé, habilement conduit, veut au contraire le moins de communes belges et com me têtes de ligne Ypres et le Séau. Le commerce Yprois demande, et c'est lui le plus intéressé, voir passer la ligne par Kem- mel, Neuve-Eglise, Ploegsteert et le Bizet là, n'étant plus qu'à deux kilomètres de l'impor tante agglomération de la ville d'Armentières (une soixantaine de mille âmes) elle serait bien vite raccordée celle qui est en construction d'Armentières Halluin. Quelques intéressés exigent la ligne au Séau, un hameau formé d'une dizaine de maisons, dont huit cabarets au moins, se trouvant 6 kilomètres de Bailleul,à 3 1/2 de Steenwerck,7 d'Armentières et 3 1/2 de Neuve-Eglise, au milieu de champs de navets et de carottes. Quelle amère dérision Les mêmes prétendent que cette ligne serait bientôt rejointe par une autre ligne qui parti rait de la ville d'Armentières vers Bailleui. Sur quoi se fondent-ils pour avoir cette assurance Est-ce sur la promesse que la ville d'Armentiè res aurait exprimée de faire les démarches en faveur de cette ligne Mais que peut-elle contre la volonté bien arrêtée de la Société du Nord, très puissante, de ne pas tolérer une ligne pa rallèle, qui lui ferait la concurrence Les mêmes, toujours les mêmes, soutiennent que la ville d'Armentières s'oppose la con struction de la ligne vers le Bizet. Profonde erreur de leur part, puisque l'administration municipale de cette ville si industrielle, qui a eu se prononcer sur les deux projets en présence, sur la demande faite de la Société des chemins de fer vicinaux, a émis dans une des délibéra tions de l'année 1888, confirmée par l'adminis tration actuelle, une simple préférence pour la ligne vers le Séau. Et la raison do cette pré férence de sa part est très admissible. La voici La ville d'Armentières craint, et non sans rai son, que beaucoup d'ouvriers, une fois la ligne belge construite et raccordée au Bizet la ligne française, iraient se fixer en Belgique, parce que les vivres y sont meilleur compte et les contri butions moins élevées. Mais ce qui constituerait une perte pour elle, deviendrait une source de prospérité pour la commune de Ploegsteert et une bonne aubaine pour le vicinal belge. En effet, plus la population du Bizet et de Ploegsteert deviendra aense, plus les recettes de la ligne seront élevées; c'est ce que les intéressés ne doivent jamais perdre de vue. Nous ne devons pas sacrifier nos préférences celles de la ville d'Armentières, puisque celle-ci n'intervient financièrement dans aucun projet belge. Tout ce qu'elle accorde,c'est son concours bienveillant, mais purement platonique. Cepen dant nous ne pouvons pas nous passer d'elle au point de vue de l'avenir de notre ligne, car c'est son activité et sa prospérité qui doivent en constituer les principales ressources. On dit encore, faute d'arguments sérieux, que la ligne au Bizet coûte plus cher et que le capi tal de la ligne au Séau est trouvé. A ces objections, bonnes pour effrayer les naïfs, nous pouvons répondre que jamais un industriel, quand il s'agit d'améliorer ses instal lations en vue d'arrondir son chiffre d'affaires, ne recule devant un supplément de dépenses, mais que le même industriel, alors même que le capital serait déjà formé, renoncerait son pro jet aussitôt qu'il lui serait démontré qu celui-ci est mauvais. Comme c'est le cas avec la ligne d'Ypres au Séau, nous prions nos édiles d'agir de même. Vouloir faire autrement serait s'ob stiner contre l'évidence et engager la légère les finances de toutes les communes intéressées. C'est ce qui doit absolument être évité, mainte nant que rien n'est encore arrêté. Par arrêté royal du 9 Avril 1893, la croix civi que de lre classe est décernée M. Labaere, ca poral la Garde Civique active d'Ypres. Celle de 2e classe, MM. Toussaert et Verhae- ghe, capitain2s la Garde Civique active de la dite ville. TOURNÉES SAINT-OMER. Comédie en 3 actes, de MM. de Najac et A. Hennequin. Il y avait longtemps que nous ne nous étions amusés de si bon cœur. Cela est étourdissant de verve et de gaieté. Les coups de théâtre abon dent et les mots pétillent. Le second acte surtout est d'une drôlerie in concevable. Il s'y trouve une des meilleures scènes de vaudeville que je connaisse, celle qui sera célèbre demain Paris sous ce nom La scène de la leçon de droit. Le public tout entier a été pris d'un fou rire si intense, que l'on en a perdu la moitié. Ce sera là, je crois, un grand succès. Vous pouvez retenir vos places de con fiance. Jamais vous ne passerez une soirée plus gaie au théâtre. Francisque Sakchy. Extrait de la séance tenue hier par l'Acadé mie française de médecine M. Hervieux entretient longuement, et avec la compétence que l'on sait, la compagnie de ces questions. Il arrive, en résumé, dans son travail aux conclusions suivantes L'immunité vaccinale naturelle est rare dans l'espèce humaine. L'immunité n'est conférée par la vaccine qu'à dater du septième jour après l'inoculation. Faible l'origine, elle n'atteint son maximum de puissance qu'au bout de douze quinze jours. La période d'état de l'immunité vaccinale ne dure guère que sept huit ans. C'est de huit dix ans que commence la période de déclin. La sortie des députés. La Grève générale. pq Décorations civiques. Représentation du Mercredi 12 Avril. De Vimmunité et de la réceptivité vaccinales. M. Hervieux définit, avec M. Bouchard, l'im munité vaccinale un état particulier de l'orga nisme qui s'oppose l'évolution du virus vaccin et la réceptivité, cet état de l'organisme qui est particulièrement favorable l'évolution du vaccin.

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Le Progrès (1841-1914) | 1893 | | pagina 2