Les listes électorales. Les Deux Gendarmes. tir un internement de dix années, est sans appel. En fait, qu'est—il arrivé C'est que les Juges de paix, aussi hommes de cœur que le Ministre, ont préféré l'acquittement et l'impunité la barbarie d'une séquestration prolongée, et ont acquitté dans presque tous les cas. Sur 7972 poursuites, il y a eu 7826 acquittements. Pareil état de choses est intolérable. Il abou tit l'anarchie, l'indiscipline, la multipli cation effrénée des jeunes mauvais sujets. Une reforme s'impose. cC~i$ o a Du correspondant bruxellois de l'Union libérale Les Administrations communales ne tar deront pas recevoir, de la part des gouver neurs de province, les instructions nécessaires, afin de commencer sans retard la confection des listes électorales sur la base du nouvel article 47. Ce ne sera pas trop tôt, les lenteurs bureau cratiques tant suffisamment connues et les listes devant entrer en vigueur deux ou trois mois avant les élections, afin d'être contrôlées et revisées. Mais tant que la loi électorale n'aura pas été votée, le travail sera fort insuffisant et in complet, puisque c est la législature et non la Constitution déterminer les cas d'indignité, d'exclusion, et indiquer les fonctions publi ques ou les professions qui donneront le double suffrage capacitaire. Est-ce que les Administrations commu nales devront encore, comme autrefois, afficher les listes électorales Evidemment non. Il faudrait, pour de vas tes arrondissements, posséder des monuments comme le Palais-de-Justice afin de les tapisser des dites listes, qui, surchargées de noms, se dérouleraient sur dos dizaines et des centaines de mètres. Cependant il sera indispensable de les im primer, afin den rendre la revision possible. Car la fraude subsistera et s'exercera évidem ment sur le double suffrage accordé aux capa- citaires. C'est là une question secondaire que la loi électorale aura trancher avec beaucoup d'autres. On ne s'expliquerait pas quelle fût ajournée au mois de Novembre, le vole de cette loi devant faciliter le travail des Administrations communales, le compléter et permettre la bureaucratie de faire vite et bien, se débarras sant ainsi d'une réputation qu'elle a méritée trop souvent. m A l'occasion de la mort; de Nadaud, on a beau coup parlé dans ces derniers temps de la chanson des Deux Gendarmes qui valut au grand chanson nier des désagréments judiciaires. Le gouverne ment y vituneinsulte la maréchaussée, Nadaud fut poursuivi et acquitté la grande confusion de la magistrature. Nous croyons être agréable nos lecteurs en donnant le texte de cette inoffensive satyre, quelque peu oubliée de la génération actuelle Deux gendarmes, un beau dimanche, Chevauchaient le long d'un sentier L'un portait la sardine blanche, L'autre le jaune baudrier. Le premier dit d'un ton sonore Le temps est beau pour la saison, Brigadier, répondit Pandore, Brigadier, vous avez raison. Phœbus, au bout de sa carrière, Put encore les apercevoir; Le brigadier, de sa voix fière, Troubla le silence du soir Vois, dit-il, le soleil qui dore Les nuages l'horizon. Brigadier, répondit Pandore, Brigadier, vous avez raison. Ali c'est un métier difficile Garantir la propriété Défendre les champs et la ville Du vol et de l'iniquité Pourtant, l'épouse qui m'adore Repose seule la maison. Brigadier, répondit Pandore, Brigadier, vous avez raison. Il me souvient de ma jeunesse, Le temps passé ne revient pas... J'avais une folle maîtresse, Pleine de mérite et d'appas. Mais le cœur... (pourquoi?... je l'ignore,) Aime changer de garnison. Brigadier, répondit Pandore, Brigadier, vous avez raison. La gloire, c'est une couronne Faite de rose et de laurier J'ai servi Vénus et Bellone Je suis époux et brigadier. Mais je poursuis ce météore Qui vers Colchos guidait Jason... Brigadier, répondit Pandore, Brigadier, vous avez raison. Puis ils rêvèrent en silence On n'entendit plus que le pas Des chevaux marchant en cadence Le brigadier ne parlait pas Mais, quand revint la pâle aurore, On entendit un vague son Brigadier, répondit Pandore, Brigadier, vous avez raison. Le Concours Musical du Cateau. Dana un de nos précédents numéros, nous avons fait ressortir l'importance artistique que prendra ce Concours disons quelques mots au jourd'hui de la ville elle-même qui a un passé historique dont il reste encore de nombreux et curieux vestiges. Le Cateau-Cambrésis est formé de la réunion des villages de Péronne et de Vendelgies. L'évêque Gérard Ier y fonda une abbaye en 1020. Au XVe siècle cette place tomba au pou voir des Anglais qui furent forcés de la rendre Dunois en 1477 les Autrichiens s'en emparèrent en 1793 et y séjournèrent quoique temps. C'est là qu'en 1559 fut signé entre Henri II roi de France et Philippe II, roi d'Espagne, allié des Anglais, le traité dit de Cateau-Cambrésis. Les armes du Cateau sont de gueules, au château d'argent de deux tours surmontées d'un donjon couvert en pointe et girouetté. Le Cateau est la patrie du maréchal Mortier, duc de Trévise. Une magnifique statue en pied se dresse sur la Grand'Place et rappelle les traits de l'illustre catésien mort, en 1835, victime de la machine infernale du conspirateur corse Fie- schi. Dans quelques jours, nous parlerons des mo numents de la ville. Les grèves de Roubaix se développent depuis quelques jours. Dans une douzaine d'établisse ments où l'on fait seulement la teinture des matières filées ou peignées, le travail a cessé. Trois cent soixante ouvriers ont quitté le travail. Voici la manière d'opérer des grévistes Quelques-uns vont l'atelier et font appeler un ouvrier sous un prétexte quelconque, ils lui font part des décisions prises par la réunion syndicale. L'ouvrier rentre et annonce ces déci sions ses camarades. Le mot d'ordre général est dix heures et un salaire plus élevé. La plupart des patrons refusent d'accorder aucune de ces concessions. La grève s'étend aux alentours, Wasquehal et Hem dans cette dernière localité, les gen darmes ont dû opérer plusieurs charges pour protéger les ouvriers de la maison Leclercq qui refusaient de se mettre en grève. A Roubaix, l'établissement Requillart et Scrive a accordé ce qui était demandé par les grévistes, une augmentation de 10 p. c. et les 10 heures voulues. MM. Legrand frères, par contre, ont fait fer mer leur établissement jusqu'à nouvel ordre. A l'usine Lepoutre, rue de la Redoute, des Îiièces de fer et de bois ont été introduites dans es métiers au moment de la mise en marche, la plupart de ceux-ci ont été détériorés. Dans le Pas-de-Calais, les briquetiers belges employés Lens se sont mis en grève. Ils de mandent le rétablissement du supplément de 5 centimes par 1000 briques qui leur avait été supprimé il y a quelques mois. Us parcourent les rues en chantant. e— Un assassinat suivi de suicide Marchienne-au-Pont. On écrit de Charleroi Un terrible drame a mis hier soir en émoi la Vieille-Rue, une des plus populeuses et des plus animées de Marchienne. Un individu du nom de Lejeune a tué sa femme et a tenté ensuite de se suicider. Ce Lejeune, un ouvrier menuisier, âgé de 52 ans, avait déjà, vers la fin de l'année dernière, tenté d'assassiner son épouse en la jetant dans la Sambre. Une nuit, il avait ordonné sa fem me d'aller jeter dans la rivière une certaine quantité de ferrailles recelées. La femme obéit, mitdans son tablier les objets en question et se dirigea vers la Sambre, qui passe une centaine de mètres de la demeure de Lejeune. Celui-ci suivit son épouse, et, au moment où elle arrivait au bord de la Sambre, il la poussa dans l'eau et prit ensuite la fuite. Il faisait nuit noire, et la malheureuse se fût certainement noyée, si ses cris de détresse n'avaient été entendus de deux ouvriers se ren dant leur besogne et qui parvinrent, l'aide d'une perche, la ramener sur la rive. La fem me Lejeune en fut quitte pour quelques jours de repos. Quant l'assassin, il avait disparu. Son signa lement fut envoyé partout, et quelque temps après, il était arrêté Anvers au moment où il allait s'embarquer pour l'Amérique. Se voyant pris, il saisit un rasoir qu'il avait en poche et se fit une horrible entaille la gorge. Lejeune fut transporté l'hôpital Sainte-Eli sabeth. Quoique sa blessure fût au début consi dérée comme mortelle, il parvint guérir. Quelques mois après, il était en convalescence et il profita d'un relâchement de surveillance pour escalader un mur et prendre la clef des champs. Cela se passait au mois do Mars dernier. Nous le retrouvons quelques jours après Charleroi, où il est arrêté dans un cabaret. Il était d'une faiblesse extrême, et sa blessure im parfaitement cicatricée le faisait énormément souffrir. Ecroué la prison de Charleroi, il essaya diverses reprises de se pendre dans sa cellule. Chaque fois on parvint l'en empêcher, mais ces diverses tentatives altérèrent sa santé au point que l'on fut obligé, il y a quelques jours, de le transporter l'hôpital. Or, dimanche, c'était jour de visite l'établis sement hospitalier. Lejeune profite du va et vient des visiteurs pour s'évader.Il se rend chez M. André, armurier, place du Sud, achète pour 20 francs un revolver de gros calibre et se dirige ensuite vers Marchienne. Vers 9 heures, il entrait chez sa femme. Celle- ci était assise auprès de sa mère. Sans mot dire, Lejeune sort son revolver de sa poche et décharge une première balle qui ne porte pas. La femme s'est levée en apercevant son mari, elle parvient gagner la porte et se sauve dans la rue, mais son mari se met sa poursuite et tire un second coup de feu bout portant. La malheureuse est mortellement frappée et tombe sur le pavé. La balle l'a atteinte sous l'omoplate gauche. Son forfait accompli, Lejeune rentre chez lui, suivi par un voisin qu'il menace de son revolver, monte dans sa chambre et se tire un coup de feu daus la bouche. C'est là que M. le commissaire de police Masset l'a trouvé quelques instants après, râlant sur son lit. Il a été transporté l'hôpital, et l'on croit qu'il pourra survivre son atroce blessure. En voilà un qui peut se vanter d'avoir la vie dure. Quant sa malheureuse femme, ce n'est plus qu'un cadavre que des voisins relevèrent et transportèrent son domicile. Le parquet s'est rendu sur les lieux de cet épouvantable drame, qui a, ainsi que nous le disonsplus haut, jeté la consternation dans ce populeux quartier.

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Le Progrès (1841-1914) | 1893 | | pagina 3