Une tuile.
L'absolution.
Le danger clérical.
i\° 41. Dimanche,
55e ANNÉE.
21 Mai 1893.
Hi
6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'APRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
Ypres, le 20 Mai 1893.
Les cléricaux s'entendent merveille pour
rester au pouvoir le plus longtemps possible,
que M. Beernaert ou M. Woeste en tienne les
rênes Ils ont conçu le projet de prolonger
leur règne de cinq mois rien que cela 1 Voici
comment... La discussion de la revision qui
reprendra Mardi se prolongera pendant trois,
quatre ou même cinq semaines, c'est-à-dire
jusqu'au 20 Juin. Pendant que les articles revi
sés seront soumis au Sénat, le gouvernement
invitera nos honorables discuter et voter
les crédits extraordinaires. On gagnera ainsi
le mois de Juillet, date indiquée déjà dans les
cercles ministériels comme devant être celle
des vacances.
Quant la loi électorale, on en renverrait
l'examen au mois d Octobre 1893 et l'on pren
drait prétexte du relard occasionné par les
listes électorales pour reporter les élections
législatives au mois d'Octobre 1894, ce qui
donnerait cinq mois de plus au ministère, cinq
mois pendant lesquels il continuerait prépa-
ror l oohoûnoo électorale tout en nommant ses
créatures toutes les places et fonctions pos
sibles.
L'idée de changer la date des élections, de
les fixer en automne, est une habileté cléricale.
Au mois de Juin, beaucoup d'ouvriers agrico
les partent, soit pour la France, soit pour
d'autres provinces se priver de leur concours,
y pensez-vous? En Octobre, ils seront tous au
poste, et les cléricaux, qui s'entendent les
flatter, obtiendront ou espèrent obtenir leurs
voix, du moins dans les pays flamands. Il y
aura donc tout bénéfice pour eux retarder la
date du renouvellement législatif.
Que diable on va proroger d'un an les Con
seils communaux, on prorogera bien la Cham
bre de cinq mois, et le tour sera joué. Le
moyen On le trouvera...
Lors de la dernière session, M. Beernaert a
posé la question de cabinet quand, devant la
Chambre, vint la discussion de la revision de
l'article 48, impliquant le principe de la re
présentation proportionnelle.
M. Woeste s'inclina et s'abstint, mais, tout
en s'inclinant, il jura qu'il la trouvait mauvaise
et que devant la Constituante il ne ferait plus
montre de semblable magnanimité. M. Beer
naert, le sachant tenace dans ses rancunes, est
persuadé qu'il ne recueillera pas les deux tiers
des voix pour cette réforme, plusieurs libéraux
la condamnant avec non moins d'ardeur que le
député d'Alost.
Que va-t-il faire Tout simplement, il pro
posera de ne pas en inscrire le principe dans
la Constitution et de laisser la loi électorale
le soin d'en déterminer l'application. Il lui suf
fira alors de la majorité simple pour faire
passer ce système. Il espère la trouver par
1 adjonction des voix de l'extrême gauche qui
compensera la perle des suffrages de I cxtrôme
droite. Lhabileté n'est pas mince Machiavel-
Beernaert décidément est capable de rouler
Woeste-le-Terrible d'une façon définitive et
irrémédiable.
Braves gens, dans le calme de leur con
science, sans reproche, ils avaient, avec un
soin minutieux, après un travail très long,
fabrique un Sénat tout battant neuf, reluisant,
superbe, qu'ils admiraient dévotement, fiers
de leur œuvre.
La presse, en silence, les avait laissé confec
tionner ce monument de reaction, se disant
qu'un seul coup de pied suffirait pour le pul
vériser et qu'il serait toujours temps de le
donner.
Ne voyant pas l'opinion publique s'émouvoir,
dédaigneuse de cette fantaisie, les XXI s'ima
ginaient déjà que la Chambre et le pays al
laient, les yeux fermés, accepter leur Sénat.
Excellents naïfs...
M. Woeste, propriétaire d'un caractère ai
mable, s'est charge le premier de porter un
rude coup leurs illusions. Dans une phrase
typique, la Chambre, il a condamne leur
œuvre anticonservatrice et antidémocratique.
Quelle tuile pour les pères conscrits
Attaqués par M. Woeste, lâchés par le gou
vernement, regardes par les libéraux comme
des êtres préhistoriques, les XXI et leur pro
position abracadabrante, n'auront pas l'aumône
d'un suffrage.
En vente, la réorganisation du Sénat.., en
sera le Waterloo.
«waaaoaam
Des élections municipales ayant eu lieu dans
une localité du département du Finistère
(France), les candidats cléricaux furent élus.
Les libéraux protestèrent contre ce résultat,
entaché, disaient-ils, de fraude, parce que le
clergé avait abusé de son influence pour forcer
les citoyens pratiquants voter contre leur
conscience.
Les élections furent annulées.
Naturellement, les journaux cléricaux sont
furieux.
A la fin d'un long article dan& lequel il
plaide la liberté du confesseur de refuser ou
d'accorder labsolulion, l'Univers dit La
liberté de refuser les sacrements qui n'en
est pas digne, et notamment qui se fait le
complice des ennemis de iEglise, est un droit
essentiel du prêtre.
Voyez-vous passer le bout de loreille
Les ennemis de l'Eglise sont les libéraux,
il y a des libéraux qui sont restés dans l'Eglise.
S'ils votent pour des républicains en France,
pour des libéraux en Belgique, on leur refusera
labsolution, dont ils se seront rendus indignes
en se faisant les complices des ennemis de
l Eglise
C'est cela, la morale de l'Eglise. Admirez,
mes frères...
Conclusion d'un .article de la Chronique
Nier qu'il existe un danger clérical, c'est
aberration.
Pour le combattre, ne comptons que sur
nous-mêmes. A I heure du péril, les démocra
tes catholiques nous abandonneront entre les
intérêts de la religion et ceux du peuple, entre
leur destinée céleste et leurs intérêts terres
tres, ils seront avec les excommunicateurs
contre nous, les excommuniés.
Le catholicisme ne se contentera jamais de
régner seulement sur les croyances comme le
dit son chef infaillible, il doit aspirer diriger
la politique.
Notre devoir est dès lors tracé.
Sans cesser de combattre pour les réfor
mes sociales et économiques, nous devons nous
préparer la lutte contre le cléricalisme, qui,
pour nous, fut, est et sera toujours l'ennemi.
C'est parfaitement dit.
Au parti libéral tout entier se grouper,
se reorganiser, pour avoir raison de cet adver
saire dangereux et puissant.
La représentation tripartite.
Le gouvernement est la recherche d'un
système nouveau pour le régime électoral
communal. Laurait-il trouvé?
Le Patriote écrit
On dit, dans les régions gouvernementales,
S [ne le ministère inclinerait de préférence, en
ait de régime électoral communal, vers le sys
tème prussien représentation des contribua
bles par classe. Subsidiairement, le gouverne
ment admettrait, avec des amendements sérieux,
le système de la représentation tripartite des
intérêts.
Allons tant mieux Avec la représentation
tripartite, ça ira tout seul ça sera d'un simple
surtout
Chers lecteurs, veuillez m'en croire, vous ne
vous ennuierez pas trop quand tous ces systè
mes nouveaux fonctionneront pour la pre
mière fois.
Pluralisés, tripartisés, etc., si vous ne vous
montrez pas satisfaits, cest que vous êtes d hu
meur bien difficile. En attendant, de grands
jours se préparent pour la Belgique.
La jurisprudence électorale.
Au moment où va s'élaborer une loi électo
rale qui, quoi qu'on fasse, ne peut manquer de
fournir matière des difficultés contentieuses
et de nombreux procès, il nest pas hors de
propos de rechercher les moyens qui pourraient
être utilement employés pour en réduire la
trop encombrante accumulation et introduire
LE PROGRÈS
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