Eaux alimentaires. Correspondance. Devant ce résultat négatif, restait résoudre la seule question de l'enseignement religieux donner par le clergé aux èleves du Collège communal et de lEcoIe moyenne. Le refus de l'Evèque fut catégorique. Et pourquoi Parce que pareille mesure aurait infailliblement pu nuire la prospérité du Col lège épiscopal. Voilà la vérité. Le reproche d'irréligion dont on se faisait une arme si puissante contre les établissements officiels serait devenu inefficace! Cest l aide de cette calomnie qu'on cherche toujours effrayer certains parents, et lorsque, grâce cette calomnie, toutes sortes de per sécutions, en exploitant les sacrements de l'eglise, la première communion et mille autres moyens, on est parvenu empêcher le déve loppement numérique de la population du Collège, on vient sous pretexte d économies, en proposer la suppression I Nous ne pouvons que remercier le Conseiller Iweins de nous avoir rappelé ce projet de 1854 qui n'a aucun rapport avec l'odieux projet de 1893. Si au moins, répéta notre brave et vieux catholique, si au moins il avait pu se taire Une objection qui se dresse impitoyable ment en face de nos maîtres rien de M. Colaert et laquelle on n'a pas répondu, est de savoir qui leur a donné le mandat de dé truire nos ecoles? Où et quelle élection le bourgeois, le détaillant, lélecteur en un mol, petit ou grand, a-t-il été appelé se pronon cer sur la question de savoir si l'enseignement devait être exclusivement confié aux prêtres Catégoriquement, jamais. Avant les élections, tout ce qui a été dit ce sujet, l a été par les candidats et les journaux libéraux qui ont fait entrevoir la ruine de renseignement officiel au cas où les cléricaux arrivassent au pouvoir, et les libéraux finissaient toujours par triompher; nous ne parlons pas de la honteuse journée du 1r Février, encore moins de la sombre nuit. Conclusion les électeurs se sont toujours prononcés contre l'enseignement exclusif des prêtres et des nonnettes. Et il n'y a pas ergoter dans un sens con traire. Jamais les cléricaux l'époque des élec tions n'ont déployé franchement leur drapeau. Tout ce qu'ils ont fait, c'est protester de leur respect pour la liberté de renseignement. Ils ont menti et, maigre ce mensonge, les électeurs leur ont invariablement donne tort. Et c'est dans cette situation, claire et indiscutable, où I on ne trouve qu une expression évidente le maintien des écoles publiques, qu'on ose por ter une main sacrilège sur nos écoles Dé truire nos écoles, contrairement l'opinion publique aussi clairement manifestée Et cela se ferait sans consulter le corps électoral, la question étant nettement posée, sans subter fuge, sans ambages, sans jésuiterie Et cela se ferait, prenant tout au mieux pour nos adversaires par huit voix contre sept!! A une voix de majorité, trancher une si grosse et capitale question Une question vitale Et pour comble, avec un Collège échevinal divisé, l'un de ses membres, le principal, l'Echevin de l'Instruction publique, du côte de la minorité iNon. cela est impossible, la raison, la justi ce, l'équité s'y refusent. De tous les membres du Conseil, le plus fou- creux adversaire des établissements d'instruction 3e la ville, est M. Henri Iweins après M. Sur mont le plus féroce de tous, mais jusqu'ici plus contenu que le premier. Et pourquoi chez celui- ci tant de haine et de fiel? Parce que, dit-on, son instruction laisse tant désirer. Il en veut l'Ecole communale, sur les bancs de laquelle il a été assis, alors que son père ne jurait que pour les écoles officielles il en veut au Collège communal dont il est un ancien élè ve, parce que le français qu'il écrit est du fran çais de caporal et qu'il croit que la faute en est cet établissement. Ainsi, la mort de son père, aucien échevin de la ville, il annonce au Collège des Bourgmestre et Echevins t le douloureux événement et demande qu'un échevin veuille tenir un des coins du POIL de son cher Papa (textuel) et jamais il n'en fait d'autres. Ses auns le lui font sentir, cela l'irrite et de là sa colère contre l'enseignement officiel. Hé bien, si c'est là le motif, M. H. Iweins a tort de s'en prendre au Collège qui n'y est gour rien. M. H. Iweins aurait été au Collège tanislas, au Collège des Jésuites de Tournai ou l'Athenée de Zoutenaye, que ç'eût été la même chose. A cela il n'y a rien faire, et on l'habillerait des pieds la tête eu français, par exemple, une chemise faite de feuilles du dictionnaire de l'Académie française, un veston de Littré, un gilet du dictionnaire La Châtre, une camisole de Bescherelle, un pantalon de Larousse et on le coucherait dans cet accoutre ment, le restant de sa vie dans le fauteuil du président de la Sorbonne, ce serait comme si on n'avait rien fait Envoyez un peu une carpe au Conservatoire et dites-moi si elle y apprendra chanter Lucie de Lammermoor L'homme qui a éprouvé des douleurs plus ou moins aiguës, les oublie vite une fois que le mal a disparu. 11 en est de même du public; il oublie vite les maux dont il a souffert lorsqu'un nouvel état des choses a succédé l'ancien et amélioré sa situation. Il en est spécialement ainsi des eaux alimentaires. Il y a 15 20 ans, de nombreux puits recevant les eaux des fortifications servaient l'alimentation publi que. La plupart de ces puits étaient dans un état de vétusté tel que dans plusienrs s'infiltraient les eaux ménagères et même parfois autre chose. On n'avait boire qu'une eau souvent infecte ou boueuse, et il arri vait même fréquemment des interruptions dans le ser vice. En journées d'ouvriers et en réparations, on dé pensait annuellement des sommes relativement impor tantes. Une nouvelle distribution a été établie les habitants jouissent d'une eau abondante malgré la longue séche resse et quoi qu'on en dise, la qualité de l'eau est infiniment supérieure ce qu'elle était avant la nou velle distribution. Mais on oublie vite ce qui fut, et au lieu de comparer l'état actuel de l'alimentation publique par la nouvelle distribution avec ce qui existait jadis, on compare avec ce qu'on voit en rêve, et grâce des ruses de politique, on se laisse leurrer par des projets de dépen ses excessives, projets qui ne sont au fond qu'une ex ploitation de la crédulité publique pour faire réussir des plans que leurs inventeurs n'osent pas exposer avec franchise. Non pas qu'il entre dans notre pensée qu'aucune amélioration ne puisse être introduite dans le système qui fonctionne. Mais nous sommes de l'avis de ceux qui envisagent cette question sans visées poli tiques. impartialement et mus par le seul but de rendre meilleure la salubrité publique. Comme l'a dit M. de Stuers, l'tau de Dickebusch sera toujours l'eau de Dickebusch, quelque soit la nature des tuyaux qui l'auront amenée chez les habitants, et si on voulait se contenter de certains travaux d'amélioration sans se laisser entraîner des travaux de luxe et sans se lais ser guider par d'autres désirs que celui de rendre ser vice la santé publique, il ne faudrait ni des centaines de mille francs ni même cent mille francs. Et la ques tion des impôts serait résolue comme celle du maintien des établissements d'instruction publique. Mais hélas non. Ne faut-il pas jeter la pierre ses devanciers Et chercher se créer un piédestal en travestissant et en critiquant tous leurs actes C'est le moyen auquel ont recours les petits esprits incapables de rien concevoir de granJ, de beau et de juste, ils déploient en vain les ailes ils sont trop lourds pour s'élever au-dessus du sol leur rôle con siste y ramper et semblables aux limaces, ils n'y lais sent d'autres traces que la boue gluante qui coule au fur et mesure qu'ils avancent. Quand ils sont rentrés dans leur trou, on nettoie le parquet et on s'estime heureux s'ils n'ont pas causé un dégât irréparable. Si nous n avons pas Ypres la meilleure eau de la Belgique, nous n'avons pas non plus la moins bonne. A Anvers, les plaintes sont générales. Et voici ce que disent les journaux (voir notamment Journal de Bruxellesdu 8 Juillet). On ne se fait pas d'idées des plaintes qui surgissent propos du service de la distribution d'eau. Ce n'est plus de l'eau que livre la puissante compagnie ses consommateurs, mais de la boue J'ai étendu dire un médecin officiel que c'était scandaleut etc. Et cependant Anvers on a dépensé des millions Et ce sont les travaux exécutés Anvers qu'on rêve de faire exécuter partiellement Ypres. Il ne suffit pas d'imiter, il faut bien choisir son modèle - Monsieur I'Éditkur, Je suis de ceux, bien plus nombreux qu'on ne pen se, qui suivent avec une palpitante attention la grosse affaire soulevée au sein du Conseil communal en ce qui touche les écoles. La solution de cette grave ques tion, au lieu d'être brusquée par un vote d'étrangle ment, ainsi que le voulait certain conseiller, jaloux, dirait-cn, du renom d'Erostrate, a été suspendue et remise une prochaine séance. C'est d'une sage et prudente résolution, et il est encore permis, aux nom breux partisans de l'enseignement officiel, d'espérer que la majorité du Conseil, mieux éclairée, mieux ré fléchie, reviendra d'un projet dont l'exécution ne serait lien moins qu'un odieux et funeste coup de parti. Ce n'est pas, en effet, dans les conditions où elle se trouve, que la dite majorité pourrait honnêtement réaliser l'œuvre de suppression, de destruction que des fanati ques Seuls OUI re->ar Laissant même de côté le mode de son avènernem, il est certain qu'elle n'a point eu pour mission de sup primer ni l'ancien Collège communal, ni les écoles gar diennes annexées aux écoles primaires, ni les écoles d'adultes, ni aucune école, quelle qu'elle soit. Les der nières élections nese sont point faites sur cette ques tion si peu même, que plusieurs des nouveaux élus ont eux-mêmes protesté contre toute intention qu'on pour rait leur prêter de porter une main destructrice sur l'enseignement officiel. Que ces messieurs aient changé d'idée depuis, soit Mais qu'avant de mettre leur idée nouvelle en pratique, ils aient au moins la patience et la loyauté d'attendre que des comices nouveaux, organisés suivant la nouvelle loi, aient confirmé et renouvelé leur mandat au point de vue exprès dont s'agit Et encore, cette éventualité se réalisant, de vraient-ils y regarder deux fois avant de s'aven turer. Les majorités de nombre ne sont pas toujours les majorités vraies, et que vaut une différence de trente- cinq, de cinquante, decent votes même, votes souvent in conscients, obtenus d'électeurs sans conviction par des intrigants sans scrupules et l'aide de toutes sortes d'inavouables moyens Ces majorités peu vent changer d'ailleurs d'une élection l'autre,et il ne faut pas que l'une détruise ce que l'autre s'empres serait de refaire, alors, notamment, qu'il s'a.it de services de premier ordre, tel celui de l'instruction publique. L'instruction est libre, dit-on, et il appartient aux différents partis de l'organiser, chacun sui vant ses principes et ses tendances. C'est bien. Mais les cultes sont libres aussi, et serait-il bon, souhaitable, que l'on en vînt un jour réaliser ce rêve extravagant de quelques cerveaux irréfléchis la séparation com plète de l'Eglise et de l'Etat Et cependant, c'est ces rêveurs exclusifs que les partisans, tout aussi exclu sifs, du principe des Pouvoirs hors de l'école prêtent inconsidérément le flanc, lorsqu'ils viennent procla-

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Le Progrès (1841-1914) | 1893 | | pagina 2